Avangard Omsk - Yunost Minsk (7 janvier 2007)

 

Finale de la Coupe Continentale, troisième journée.

Le Yunost sait que la victoire finale ne passe pas par quatre chemins : Zakharov a donc mis en place une tactique défensive parfaitement appliquée pour neutraliser les nombreuses armes offensives de l'Avangard : les défenseurs Denisov ou Ignatov, d'où partent souvent les actions russes, le centre Artem Chubarov, clé de voûte du jeu sibérien, ou encore la vitesse de joueurs comme Konstantin Gorovikov ou Pavel Rosa.

Omsk ne semble pas trouver la solution, et en est réduit à essayer des lancers de loin face à un bloc très regroupé. Mais les rares fois où le Yunost est inquiété en première période, c'est parce que le gardien Stepan Goryachesvkikh se fait des frayeurs tout seul. Il aura largement de quoi se rattraper par la suite et faire oublier cette nervosité initiale...

En deuxième période, le jeune Goryachesvkikh réalise en effet un arrêt-miracle en parant une tentative du techniquement excellent Maksim Yakutsenia, qui avait déjà levé les bras. Malgré des essais répétés de Kuryanov et compagnie, le score est toujours de 0-0.

Entre la 27e et la 55e minute, Minsk, souvent poussé à accrocher les attaquants adverses, passe la moitié de son temps en infériorité numérique, sans jamais atteindre le point de rupture. Tout le monde défend avec acharnement et même les ailiers les moins défensifs se sacrifient devant le palet. À cinq minutes de la fin, après un énième effort vain, le capitaine sibérien Dmitri Ryabykin en fracasse sa crosse en regagnant son banc. La deuxième meilleure attaque de Superliga a été complètement frustrée par Goryachevskikh et sa défense emmenée par les expérimentés Vladimir Kopat et Igor Khatseï.

Le simple fait d'avoir poussé Omsk à la prolongation semble donner des ailes aux joueurs du Yunost Minsk, qui dominent étonnamment les cinq minutes de temps supplémentaire. Aleksandr Fomichev, préféré à Norm Maracle dans les cages de l'Avangard, s'interpose face à deux grosses occasions d'Andrushchenko et Chlubna.

On en vient donc aux tirs au but. Pavel Rosa ouvre parfaitement la série en marquant sous le bouclier de Goryachevskikh. Mais le quarantenaire Andrei Kovalev feinte Fomichev de si belle manière qu'il n'a plus qu'à pousser le palet dans la cage ouverte.

C'est le Biélorusse d'Omsk, Aleksei Kalyuzhny, qui s'élance : va-t-il priver ses compatriotes d'une victoire historique ? Non : Goryachevskikh lit parfaitement sa feinte et l'anticipe d'un bon poke-check. Evgeni Krivomaz cherche la lucarne mais tire au-dessus, et les deux équipes sont toujours dos-à-dos.

Le troisième duel peut donc être décisif. Anton Kuryanov essaie de conclure du revers, mais l'efficacité l'aura fui durant tout le match. C'est donc Igor Andryushchenko, 39 ans, déjà décisif pour la qualification en finale, qui récidive.

La soirée s'annonce joyeuse pour le Yunost, tandis que les joueurs de l'Avangard Omsk rentrent au bord des larmes dans le bus qui les reconduira à leur avion privé. La victoire annoncée s'est envolée. Ce n'est pas faute de leur avoir promis une prime incitative, puisque la somme qu'ils auraient dû toucher en cas de succès était dix fois supérieure à celle de Minsk. Cette prime est maintenant virtuelle, alors que les joueurs du Yunost conserveront longtemps le souvenir de cette date marquante, le premier succès international d'un club biélorusse.

Ce triomphe, qui illustre la montée en puissance du championnat du Bélarus, ne rend pas forcément service à la décision de la fédération de ce pays de fusionner de force les trois clubs de Minsk en une seule équipe destinée à être engagée dans le championnat russe pendant que sa réserve jouerait le championnat national. Le soir même de cette victoire, une réunion a d'ailleurs lieu à Minsk entre le président de la fédération Vladimir Naumov et les représentants des supporters. Ses explications sur la nécessité de contrer les naturalisations des joueurs biélorusses évoluant en Superliga en les regroupant dans une formation basée à Minsk ne suffisent pas à convaincre ses interlocuteurs, persuadés que les progrès du Bélarus sont dus surtout à la hausse de niveau de son championnat (rejoignant l'avis de la plupart des experts internationaux...). La réaction de l'audience tourne tant en défaveur de Naumov qu'il paraît beaucoup moins convaincu et assuré qu'il y a deux semaines quand il avait annoncé en grande pompe l'accord passé avec Tretiak. Maintenant, à propos du projet qui paraissait entièrement ficelé, le président de la fédération indique que rien n'est encore décidé...

Le tir au but vainqueur d'Andryushchenko a peut-être gagné plus qu'un trophée : il a peut-être sauvé le Yunost de la disparition programmée, et il a peut-être épargné à tous les supporters du Bélarus un championnat national privé de son intérêt, où tout le travail accompli aurait été ruiné. Qui sait ?

Désignés joueurs du match : Stepan Goryachevskikh (Minsk) et Sergei Ryabykin (Omsk).

Commentaires d'après-match

Valeri Belousov (entraîneur de l'Avangard) : "Catastrophe... Je félicite les Biélorusses pour leur victoire tout à fait méritée : ils ont pris comme arme un hockey pragmatique, en jouant clairement la carte de la défense. Ils ont joué pour faire un résultat, de façon classique, et ils ont gagné à la loterie. Nous avions toujours des ressources physiques, mais nos échecs chroniques pour marquer nous ont affectés émotionnellement. C'était d'autant plus frustrant que nous entrions facilement dans leur zone. Nous avons essayé de provoquer une rupture en passant à trois lignes, mais cela non plus ne nous a pas aidés. Ils défendaient encore très bien."

Mikhaïl Zakharov (entraîneur du Yunost Minsk) : "Je suis fier de mes joueurs, qui ont réalisé ce qui était considéré comme pratiquement impossible, gagner la Coupe Continentale. C'est un énorme succès non seulement pour le Yunost, mais pour tout le hockey biélorusse. Seule la discipline et la concentration les plus strictes ont pu garantir ce succès. Il fallait aussi réduire les pénalités, et quand nous n'y parvenions plus, Goryachevskikh nous a sauvés dans les moments critiques. [...] Comme vous le savez, je ne suis pas tant supporter de l'entrée dans le championnat russe que de la création d'une ligue unifiée des pays post-soviétiques. J'espère que cette idée se concrétisera tôt ou tard. Par ailleurs, le concept de la fusion des trois clubs de Minsk est contestable. Cette victoire est celle de tout un système qui fonctionne bien et qu'il ne faut pas casser sans y prendre garde. Il est sûr qu'avoir battu un club de Superliga donne une couleur particulière à ce succès. Cela n'aurait pas été pareil avec des Suédois ou des Tchèques."

Andrei Kovalev (attaquant du Yunost) : "On y croyait. On savait qui on devait affronter mais personne ne pensait à baisser les bras. On blaguait, on s'encourageait. Par exemple, j'ai rappelé à mes coéquipiers que je n'avais jamais perdu contre Omsk et que je n'avais pas l'intention de commencer. Bien sûr, l'histoire de mes confrontations avec Omsk se limitait à un match au début des années 90... D'une manière ou d'une autre, on a su leur opposait une résistance à laquelle ils ne s'attendaient pas. On peut dire que cette Coupe Continentale est le plus grand succès de ma carrière. Mais je ne suis pas pressé de la terminer pour autant."

Sergei Erkovich (capitaine du Yunost) : "Peut-être que la chance nous a aidés. Les Sibériens ne pouvaient manquer de souffrir du décalage horaire, et la phase la plus délicate à gérer tombe justement trois-quatre jours après l'arrivée. Néanmoins nous avons mérité cette victoire. Je ne dirais pas que c'est le plus fort qui a gagné, ce serait trop prétentieux, même si dans notre effectif il y a des joueurs qui ne sont pas moins bons que ceux de l'Avangard. Mais le charme de telles compétitions, c'est que le talent et le budget ne garantissent pas le succès. Nous l'avons prouvé."

Vladimir Kopat (défenseur du Yunost) : "Le titre de meilleur arrière du tournoi m'a sans doute été attribué sur mes mérites passés - ils se souviennent de mon but contre les Suédois aux Jeux olympiques 2002. Chaque défenseur du Yunost aurait mérité ce trophée."

 

Avangard Omsk - Yunost Minsk 0-0 (0-0, 0-0, 0-0, 0-0) / 1-2 aux tirs au but
Dimanche 7 janvier 2007 à 15h30 à Székesfehérvár (Hongrie). 2845 spectateurs.
Arbitrage de Brent Reiber (SUI/CAN) assisté de Miklos Haszonits et Gergely Kincses (HON).
Pénalités : Avangard 8' (6', 2', 0', 0'), Yunost 22' (6', 8', 8', 0').
Tirs : Avangard 36 (9, 11, 15, 1), Yunost 20 (7, 8, 2, 3).

Tirs au but :
Avangard : Rosa (réussi), Kalyuzhny (arrêté), Kuryanov (arrêté).
Yunost : Kovalev (réussi), Krivomaz (au-dessus), Andrushchenko (réussi).
 

Avangard Omsk

Attaquants :
Pavel Rosa - Artem Chubarov - Aleksei Kalyuzhny
Vitali Yachmenev - Konstantin Gorovikov - Evgeni Khatsei (2')
Aleksandr Popov - Anton Kuryanov - Maksim Yakutsenia
Sergei Payor - Andrei Bashkirov - Sergei Topol

Défenseurs :
Dmitri Ryabykin (C) - Aleksei Troshchinsky (2')
Denis Denisov (2') - Kirill Koltsov
Nikolai Ignatov (2') - Nikita Nikitin
Vladimir Pervushin - Evgeni Dubrovin

Gardien :
Aleksandr Fomichev

Remplaçant : Norm Maracle (G). Absents : Aleksei Cherepanov (Mondial juniors), Boris Tortunov (opéré du genou).

Yunost Minsk (2' pour surnombre)

Attaquants :
Mikhaïl Buturlin - Artiom Volkov (2') - Igor Andrushchenko
Vladislav Klochkov (2') - Oleg Voshchenikin (6') - Sergei Salnikov (2')
Mikelis Redlihs - Stepan Ponomarev (2') - Andrei Kovalev
Tomas Chlubna (2') - Aliaksei Krutsikau - Sergei Shitkovsky

Défenseurs :
Siarhei Paklin - Siarhei Erkovich (C, 4')
Igor Khatseï - Evgeni Krivomaz
Nikolaï Stasenko - Oleg Leontiev
Andrei Karev - Vladimir Kopat

Gardien :
Stepan Goryachevskikh

Remplaçant : Edgars Masalskis (G). Absent : Aliaksei Efimenko (cervicales).

 

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