Canada - États-Unis (27 décembre 2006)

 

Championnats du monde des moins de 20 ans 2007, premier tour, groupe A.

C'est un choc au sommet attendu entre les voisins nord-américains qui vient clore cette deuxième journée du mondial. Le double tenant du titre face à son grand rival, qui l'avait battu en 2004 en finale, privant donc finalement la feuille d'érable du triplé. Le Canada est en confiance après avoir battu la Suède 3-0, alors que les Américains sont déjà dos au mur après avoir été surpris par l'Allemagne. Les recruteurs NHL sont nombreux : on compte pas moins de 18 joueurs choisis au premier tour des draft 2005 et 2006, et quelques jeunes éligibles 2007 particulièrement convoités comme Kane, Gagner ou Alzner.

Le premier tir du match est américain mais, trop excentré, il n'inquiète pas Price. Les rouges canadiens vont jouer leur tactique traditionnelle, c'est-à-dire un jeu très solide défensivement, et ils bénéficient en plus du dernier changement. L'opposition de lignes sera donc de mise. L'impact physique jouera lui aussi un rôle clé, Daniel Bertram se charge de le rappeler avec la première grosse mise en échec dans la neutre. Les deux formations s'observent et se montrent patientes, les deux gardiens ne touchent pas le palet pendant plusieurs minutes. En fait, les deux formations disposent de défenses si solides et si habiles au pressing qu'il n'y a pas beaucoup d'espaces. On assiste plus à un festival de bon placement et d'échec avant pendant plus de six minutes qu'à des envolées offensives !

Les Américains sont les premiers à se mettre un peu en route, sous l'impulsion de Kyle Okposo. Ses accélérations ont le mérite de réveiller le match, et le Canada emboîte le pas avec une bonne présence dans les balustrades. James Neal prend deux minutes pour une charge trop appuyée sur Bill Sweatt qui protégeait son palet le long de la bande. Le jeu de puissance américain s'était montré faible face à l'Allemagne (1 sur 10) et ne fait guère mieux sur ce début de match. Les défenseurs canadiens sont redoutables, à l'image de Marc Staal, et contiennent le jeu sur les bandes. Il faut toute l'énergie du lutin Nathan Gerbe derrière le but pour obtenir une occasion qui fait briller Price. Sur cette action, Ryan Parent a fait le ménage de manière illégale et c'est un bref cinq contre trois. Jonathan Toews gagne la mise au jeu et aide ainsi à tuer le court double avantage. Marc-André Cliché se montre tout aussi efficace sur son travail défensif. Les Américains ne passent pas et s'exposent aux contres, notamment ceux de Tommy Pyatt qui sollicite Zatkoff. Le Canada est impérial en défense, Marc Staal pulvérisant Gerbe sur une mise en échec appuyée. C'est ainsi au tour des attaquants de relancer la machine. La ligne Marchand-Cogliano-Downie met le feu dans la défense adverse et se crée deux bonnes occasions. C'est fort logiquement qu'ils sont récompensés peu après. Au quart d'heure de jeu, Steve Downie profite d'une montée hasardeuse de Jack Johnson pour s'offrir un deux contre un. Seul Kyle Lawson a pu se replier et bloque la passe, mais Downie expédie le palet entre les jambières de Zatkoff depuis le cercle.

Les attaquants américains manquent de soutien dans les instants qui suivent, le petit Gerbe trouvant Price sur sa route mais personne pour se saisir du rebond. Les duels s'intensifient en revanche, Little étant à son tour piégé sur une bonne mise en échec, avant que l'agitateur Downie ne cherche à provoquer Sean Zimmerman. L'invité surprise de la liste américaine ne tombe pas dans le piège. Les attaques sporadiques se heurtent donc toujours à la défense. Une percée de Ryan Stoa sur une interception lui offre un duel face à un défenseur et Price laisse un rebond sur le tir, mais Stoa est finalement sanctionné pour un contact au genou avec le défenseur. L'occasion est trop belle : le Canada ne lambine pas sur son jeu de puissance et double la mise. L'offensif Kris Russell monte le palet sur l'aile gauche, s'arrête en entrée de zone le temps de laisser ses équipiers se placer, sert Cody Franson dans l'axe pour un tir ligne bleue. Tommy Pyatt et Ryan O'Marra sont sur la trajectoire dans un rôle d'écran et Pyatt est crédité du but. Les très réalistes Canadiens ne laissent pas plus d'espaces en face malgré une bonne action du trio Mueller, Kane et Gerbe, et Price fait le reste. La vitesse américaine ne suffit pas, les défenseurs étant systématiquement les premiers sur les palets envoyés au fond. Le Canada vire donc en tête 2-0, dans une période pauvre en occasions de but mais où la rigueur du tenant du titre a fait merveille.

La deuxième période commence sur les mêmes bases. Steve Downie entame le travail de sape derrière le but de Zatkoff et obtient rapidement une pénalité de Trevor Lewis. Le jeu de puissance s'installe. Russell et Franson s'échangent le palet et ce dernier lance dans l'axe à travers le trafic. Le palet est bloqué mais il y a deux Canadiens dans le coup, Pyatt notamment, qui dévie légèrement sur la droite. Jonathan Toews se saisit de la rondelle et tout en technique la glisse du revers au fond des filets. Toews, meilleur joueur du Défi mondial des 17 ans en 2005, ne semble pas se ressentir des cinq points de suture à côté du nez posés la veille lors du match face à la Suède ! Le Canada se relâche toutefois car dès l'engagement les Américains s'installent dans la zone de Price. Skille renvoie le palet ligne bleue sur Taylor Chorney, qui l'expédie à l'opposée sur Erik Johnson. Le défenseur de l'université du Minnesota lance de volée et trouve la cible pour la réduction du score immédiate.

Un but qui réveille toute l'équipe. Patrick Kane fait étalage de sa technique face à trois adversaires pour décaler Gerbe pour un bon tir sauvé par Price. Jack Johnson s'y met à son tour sur la mise en jeu, mais le rebond est férocement bataillé et dégagé. Un Jack Johnson sifflé par une partie du public, revancharde après l'incident qui l'avait opposé à Downie lors de la demi-finale de l'an dernier. Puis, Trevor Lewis est accroché par Brad Marchand à hauteur de la bleue : c'est un nouvel avantage numérique pour les hommes de Ron Rolston. Le palet circule côté droit, pour une remise sur Peter Mueller entre les cercles et un slap terrible, mais Price s'impose. Puis, c'est un travail sur la gauche pour un tir d'Okposo avec écran de Justin Abdelkader, sans plus de succès. La pénalité est à nouveau tuée. Ce n'est toutefois que partie remise. Les Américains reviennent à 3-2 sur une action tout en vitesse de Bill Sweatt. Il contourne son propre but, déboule côté droit à travers la défense et lance. Son tir n'est pas cadré mais il tape la balustrade, revient de l'autre côté pour Mike Carman cage ouverte. Un rebond favorable que Carman ne manque pas en devançant le retour de Franson.

La quatrième ligne a fait son travail et c'est toute l'équipe qui se remet à y croire. Jack Johnson pilonne la défense canadienne avec une série de tirs de loin, mais la défense se jette pour bloquer les tirs, à l'image de Staal. Les débordements d'Okposo servent aussi à des remises en retrait pour des tirs lointains, mais Price tient toujours le score. Toutefois la nervosité gagne. Sur une action anodine, Downie prend une méconduite pour avoir râlé auprès des arbitres. Un abus de langage inutile car pour le coup il n'y avait aucune faute, l'attaquant américain déséquilibré étant tombé sur un défenseur canadien involontairement. Ce coup de gueule réveille toutefois ses coéquipiers. Ryan Parent s'y met en s'en prenant encore au petit Gerbe. Travailleurs, les attaquants à la feuille d'érable jouent le long des bandes, et obtiennent une pénalité lorsque Zimmerman fait le ménage en mettant au sol Pyatt. La supériorité numérique permet aux Canadiens de menacer Zatkoff avec un arrêt difficile sur un tir de Russell masqué par O'Marra. Puis, Sam Gagner trouve la transversale sur un rebond consécutif à une percée d'Andrew Cogliano et un premier tir. Peu après le retour de Zimmerman, Darren Helm prend à son tour deux minutes à cause d'une charge appuyée sur Chorney en zone offensive. Jack Johnson multiplie les tirs mais Price s'impose de la plaque. Letang et Cliche sont à nouveau décisifs sur ces équipes spéciales et limitent les occasions adverses.

Le match est prêt à basculer d'un côté ou de l'autre lorsque Brian Lee sort deux minutes pour obstruction. Russell, Pyatt tentent leur chance mais Zatkoff s'en sort, avec l'aide de ses défenseurs ou de Trevor Lewis qui bloque les tirs. Puis, le gardien est très chanceux sur une sortie hasardeuse derrière son but, il revient juste à temps pour sauver un tir de Gagner servi par Cogliano. Les Américains souffrent et une mauvaise charge de Jack Johnson dans le dos de Sam Gagner ne les arrange pas : c'est un cinq contre trois. La défense est à deux doigts de paniquer mais la maladresse canadienne, notamment celle du jeune Gagner, leur permet de tenir jusqu'au retour de Lee, avant qu'une montée de Carman n'envoie Franson en prison. Une décision surprenante car le défenseur ne touche absolument pas le joueur ! Les défenseurs, sur le modèle de la nouvelle NHL, contribuent offensivement sur une base régulière : Erik Johnson d'une part, Kris Letang de l'autre, démontrent leur qualité de patinage et de tir. Okposo se montre aussi et tire de la bleue après un gros travail, avant de gâcher son action en venant provoquer Russell. Il est seul puni et Zatkoff, peu menacé sur l'avantage numérique grâce à la pression sur le porteur du palet, ne doit réaliser qu'un seul arrêt, un grand écart sur un palet envoyé de la ligne de fond. La période s'achève sur ce score de 3-2, une partie diablement serrée...

Les cinq derniers Canada/États-Unis se sont joués sur un but d'écart. Cette partie ne semble pas échapper à la règle... Les Américains jettent toutes leurs forces dans la bataille et Price sort deux arrêts d'entrée, dont un sur un lancer d'Okposo en pivot qui n'était peut-être pas cadré. En face, Little envoie O'Marra au duel sur une transversale mais Zatkoff sauve. Ses coéquipiers bénéficient rapidement d'une bonne chance de revenir avec un surnombre canadien. Malheureusement pour eux, il est difficile de franchir le rideau défensif, les lignes canadiennes sont solides et adaptées à celles de leur adversaire. Deux petits tirs d'Erik Johnson constituent un maigre butin à un de plus. Le temps file rapidement... La frustration ressort, sous les provocations de Downie qui prend deux minutes, tout comme Kane. À quatre contre quatre, Jonathan Toews décolle et tire du revers sur Zatkoff après avoir résisté au retour de son défenseur. Il remet cela immédiatement, prenant de vitesse toute la défense. Jack Johnson jette sa crosse pour le gêner et Toews ne parvient pas à tromper Zatkoff : les arbitres accordent logiquement le tir de pénalité. Toews s'élance et nettoie la lucarne : 4-2, le break est fait à dix minutes de la fin.

Les Américains accusent le coup et Cogliano plante une nouvelle banderille en servant Letang en retrait, sans conséquence. Puis, Downie, Cogliano et Helm, promu sur cette ligne, occupent la zone offensive de longs moment jusqu'à obtenir une pénalité contre Mueller sur un coup de crosse derrière le but. Curieusement, les Américains se montrent soudainement plus dangereux avec un contre de Sweatt, puis un tir de Skille sur la mise au jeu. Finalement c'est un but qui vient récompenser ces efforts. Sur un centre fort devant le but, Abdelkader percute Carey Price avant que Sweatt ne loge au fond des filets le palet qui traîne. En dépit de cette obstruction manifeste sur le gardien, le but est accordé. Il ne reste que six minutes et le score est donc de 4-3... Mueller et Kane continuent leurs actions offensives avec éclat, pendant que leur compère Gerbe est mis au sol par Luc Bourdon. C'est une nouvelle pénalité, peut-être décisive... Les joueurs l'ont bien compris, tout le monde se jette sur le palet. Cliche contre tout, Gerbe tente d'accélérer puis c'est Erik Johnson qui cherche à profiter de l'écran de Skille, mais rien ne passe et le Canada se dégage. Le premier choix de la dernière draft recommence, secondé par Chorney, mais sans succès. Malheureusement, cette dernière chance passe. Sur un centre en retrait de Mueller mal ajusté, le palet dévale vers la neutre, et c'est Darren Helm qui se montre le plus rapide. A la lutte avec le défenseur il tombe mais marque quand même face à Zatkoff pour le 5-3. Il ne reste que 1'20", Ron Rolston demande un temps mort avant de sortir Zatkoff. Peine perdue, Downie sert Helm pour un but cage vide depuis la neutre et le Canada gagne encore, 6-3.

Le tenant du titre est quasiment qualifié et poursuit sa série avec 18 victoires de rang en tour préliminaire. Les États-Unis, eux, n'ont qu'un petit point et joueront leur tête face à la Slovaquie puis la Suède pour espérer les quarts de finale. Une partie de haut niveau extrêmement serrée, mais le Canada a su se montrer plus professionnel que son adversaire.

Désignés joueurs du match : Jonathan Toews (Canada) et Bill Sweatt (États-Unis).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Craig Hartsburg (entraîneur du Canada) : "Cela commence par un bon gardien et notre défense a vraiment fait du bon travail en pressant constamment, et nos attaquants ont fait de même pour gêner la mise en place adverse."

Jonathan Toews (attaquant du Canada) : "C'est un peu vaincre le signe indien car je n'avais pas marqué de tout le tournoi l'an dernier. J'espérais ne pas avoir la poisse à nouveau !"

Ron Rolston (entraîneur des États-Unis) : "Je suis fier de notre effort sur ce match. Nous avons bataillé et nous sommes restés au contact tout au long de la rencontre. J'ai dit aux gars après de rester positifs et collectifs. Notre équipe n'a pas encore atteint son plein potentiel et nous allons travailler dur à l'entraînement dans les deux prochains jours pour améliorer certains secteurs du jeu largement perfectibles."

 

Canada - États-Unis 6-3 (2-0, 1-2, 3-1)

Mercredi 27 décembre 2006 à 19h30 à la Mora FM Matsson Arena. 3539 spectateurs.

Arbitrage de Danny Kurmann (SUI) assisté de Petr Blumel (TCH) et Leo Takula (SUE).

Pénalités : Canada 28' (4', 8'+10', 6'), États-Unis 18' (2', 12', 4').

Tirs : Canada 26 (9, 6, 11), États-Unis 35 (9, 10, 16).

Évolution du score :

1-0 à 14'43" : Downie assisté de Letang et Bourdon

2-0 à 17'33" : Pyatt assisté de Franson et Russell (sup. num.)

3-0 à 21'55" : Toews assisté de Pyatt

3-1 à 22'24" : E. Johnson assisté de Chorney

3-2 à 26'12" : Carman assisté de Sweatt

4-2 à 49'13" : Toews (tir de pénalité)

4-3 à 53'50" : Sweatt assisté de Skille

5-3 à 58'17" : Helm

6-3 à 59'03" : Helm assisté de Downie (cage vide)

 

Canada

Gardien : Carey Price.

Défenseurs : Ryan Parent - Marc Staal ; Kristopher Letang - Luc Bourdon ; Kris Russell - Cody Franson ; Karl Alzner.

Attaquants : Brad Marchand - Andrew Cogliano - Steve Downie ; Ryan O'Marra - Sam Gagner - Jonathan Toews ; Darren Helm - Marc-André Cliché - Daniel Bertram ; James Neal - Tommy Pyatt - Bryan Little ; Kenndal McArdle.

Remplaçant : Leland Irving (G).

États-Unis

Gardien : Jeff Zatkoff.

Défenseurs : Kyle Lawson - Jack Johnson ; Erik Johnson - Taylor Chorney ; Sean Zimmerman - Brian Lee ; Jamie McBain.

Attaquants : Patrik Kane - Peter Mueller - Nathan Gerbe ; Kyle Okposo - Trevor Lewis - Ryan Stoa ; Justin Abdelkader - Jack Skille - James van Riemsdyk ; Bill Sweatt - Mike Carman - Blake Geoffrion ; Jim Fraser.

Remplaçant : Jeff Frazee (G).

 

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