Match comptant pour la Kubok Pervogo Kanala, troisième manche de l'Euro Hockey Tour.

On a hâté son ouverture même si quelques aménagements restent à réaliser d'ici aux Mondiaux : voici la nouvelle patinoire de Moscou, érigée sur le terre-plein de Khodynka, lieu rentré dans l'histoire pour le mouvement de foule qui y fit près de deux mille morts par bousculade le jour du couronnement du tsar Nicolas II. Enfin, la capitale russe se dote d'une grande salle moderne de 14500 places. Et quand on constate que la controverse majeure concerne le mauvais goût des sièges multicolores, c'est quand même plutôt bon signe pour ce qui est de la fonctionnalité des lieux et des services proposés.

Avant cette "Kubok Pervogo Kanala" ("coupe de la première chaîne", qui a fait rebaptiser le tournoi et surtout qui retransmet à nouveau du hockey à un grand public qui en a été un peu déshabitué), cette patinoire a été utilisée pour la première fois lundi dernier par la finale du palet d'or, la traditionnelle compétition nationale de hockey mineur, même si la cérémonie officielle d'inauguration n'aura lieu que demain, en présence de René Fasel (qui est à Moscou pour négocier à nouveau le contrat IIHF/NHL avec les clubs russes), avant un match entre deux équipes de vétérans, où le sélectionneur Bykov rechaussera les patins.

Pour l'heure, son souci du moment est le forfait de deux joueurs importants. Aleksandr Korolyuk, qui souffre de problèmes de cervicales, a été remplacé par Simakov, et surtout Sergei Zinoviev étiré les adducteurs au dernier de match de championnat où il était rentré aux vestiaires avant terme. Il est donc remplacé au centre de la super-ligne de Kazan par le vétéran Albert Leshchev, qui pointe parmi les meilleurs marqueurs du championnat. Celui-ci a certes de bonnes mains mais il manque de vitesse de patinage pour vraiment faire un substitut efficace.

La Russie a l'habitude de baptiser ses nouvelles patinoires par des victoires, et elle n'a pas l'intention de déroger à la règle. Après moins de deux minutes et demie, Artem Chubarov tire dans un angle très fermé, le palet passe derrière le gardien et... s'arrête sur la ligne de but ! La peinture n'a pas eu le temps d'y sécher, commente-t-on ironiquement en tribune.

À la vingt-huitième minute de jeu, au moment où se termine une pénalité d'Umicevic, un tir contré de Kharitonov retombe entre les jambières du gardien et Johan Åkerman sauve son camp in extremis du revers alors que Volkov était prêt à pousser le palet au fond. C'est cette deuxième ligne russe qui fait l'essentiel du jeu, et même quand elle perd le palet à la bleue, Kirill Koltsov, en progrès au repli défensif, réussit un bon retour sur un autre débutant, Fredrik Hynning, lancé en contre.

En troisième période, le public russe pousse son équipe qui joue pendant une minute à cinq contre trois, mais le nouveau capitaine Morozov et les siens ne font pas la différence.

Pour cette grande première, l'organisation avait presque tout prévu, sauf qu'il manquerait un détail important : des buts ! Ce n'est pas la première fois que Russes et Suédois se séparent sur un 0-0 à Moscou, c'était déjà arrivé il y a neuf ans.

La différence, c'est qu'il y a désormais une séance de tirs au but pour conclure. Cet exercice paraît a priori favorable aux techniciens russes. Cependant, Aleksei Morozov tente une large feinte qui ne contourne pas Erik Esberg, bien étendu en grand écart. Kharitonov et Kulemin échoueront eux aussi sur le gardien de HV71, qui a été de plus en plus impressionnant au fil du match.

Tony Mårtensson leur donne à tous une leçon d'efficacité. Il s'élance avec deux fois moins de vitesse que les Russes, mais il y met la précision, en trouvant le trou entre le bras et la jambière gauche de Koshechkin.

La Suède a réussi à gâcher la fête, et elle peut être contente de son jeu. La championne du monde et championne olympique n'arrête pas d'ajouter des révélations à son équipe nationale. Outre le gardien Erik Ersberg, à peine titulaire en Elitserien et déjà capable de jouer un match international à un très haut niveau, les meilleurs joueurs ont en effet été des débutants avec la Tre Kronor : Johan Andersson et Johan Åkerman, qui ont su saisir leur chance cette saison. Il était temps pour le second, âgé de... 34 ans !

Le résumé vidéo de la télévision suédoise.

Compte-rendu signé Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Inaugurer cette nouvelle patinoire est un grand honneur pour notre équipe. Les tribunes nous ont magnifiquement soutenus. En zone neutre et en défense, nous avons joué normalement, mais les actions offensives, surtout en supériorité, ne m'ont pas satisfait. D'un autre côté, c'est une bonne leçon. Mieux vaut perdre ce match qu'un duel décisif aux championnats du monde. Il est évident qu'Albert Leshchev n'a pas eu le temps de se régler avec les joueurs d'Ak Bars, mais je suis content de sa combativité. Aleksei découvre son rôle de capitaine, et au début, sa responsabilité accrue pour l'équipe l'a empêché d'être le Morozov que l'on connaît à Ak Bars."

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Les Russes ont joué un hockey très agressif, mais notre défense et notre gardien ont résisté à leur forte pression."

Russie - Suède 0-0 (0-0, 0-0, 0-0, 0-0) / 0-1 aux tirs au but

Jeudi 14 décembre 2006 à 20h00 au palais des sports de Khodynka. 7562 spectateurs.

Arbitrage de Jari Levonen (FIN).

Pénalités : Russie 10' (4', 4', 2', 0'), Suède 22' (6', 4', 12', 0').

Tirs : Russie 31 (10, 10, 8, 3), Suède 26 (11, 9, 3, 3).

Tirs au but :

Suède : Åkerman (arrêté), Mårtensson (réussi), Wallin (arrêté).

Russie : Morozov (arrêté), Kharitonov (arrêté), Kulemin (arrêté).

Gardien : Vasily Koshechkin.

Défenseurs : Ilya Nikulin - Vitaly Proshkin (2') ; Kirill Koltsov (2') - Andrei Kuteykin (2') ; Vitaly Atyushov - Evgeny Varlamov ; Maksim Kondratiev - Aleksei Emelin (2').

Attaquants : Danis Zaripov - Albert Leshchev - Aleksei Morozov ; Aleksandr Kharitonov - Piotr Schastlivy - Igor Volkov ; Aleksei Simakov - Artem Chubarov - Vladimir Antipov ; Nikolaï Kulemin - Ivan Nepryaev (2') - Sergei Konkov.

Remplaçant : Igor Eremenko (G).

Gardien : Erik Ersberg.

Défenseurs : Sanny Lindström (2') - Johan Åkerman (4') ; Daniel Fernholm - Andreas Holmqvist ; Tobias Enström - David Petrasek (2') ; Tobias Viklund.

Attaquants : Peter Nordström - Jörgen Jönsson - Dragan Umicevic (4') ; Per Ledin (2') - Rickard Wallin (2') - Tim Eriksson ; Fredrik Emwall - Tony Mårtensson - Johan Lindström (2') ; Fredrik Hynning - Johan Andersson (2') - Oscar Steen (2').

Remplaçants : Daniel Henriksson (G), Karl Fabricius.

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