Grenoble - Morzine (21 novembre 2006)

 

Demi-finale aller de la Coupe de la Ligue.

S'il s'agissait de la Ligue Magnus, cette rencontre aurait assurément été qualifiée de "sommet" puisqu'opposant les deux co-leaders actuels. Mais c'est bien dans le cadre de la Coupe de la ligue que ces deux équipes s'affrontent pour la première fois de la saison en match officiel. Une première manche en Isère où chacun voudra marquer son territoire avant le match retour. Ce match marque également les débuts à Pôle Sud du joker tchèque des Brûleurs de Loups, Patrik Valcak.

Le match commençait mal pour les Brûleurs de Loups puisque Baptiste Amar recevait une pénalité après seulement quarante-huit secondes de jeu. Morzine installait son powerplay bien organisé qui avait déjà fait bonne impression lors de la venue des Pingouins à Grenoble en match de pré-saison. Le jeu de puissance en place, Santeri Immonen servait Niko Halttunen démarqué qui prenait son temps pour ajuster Frédéric Dorthe, à qui Gérald Guennelon a maintenu sa confiance en Coupe de la Ligue malgré sa participation au naufrage de l'équipe espoirs face à Chamonix dimanche où il avait encaissé six des treize buts (0-1, 01'26"). Pas de quoi mettre en confiance le jeune gardien des Brûleurs de Loups, mais heureusement pour lui et ses coéquipiers, le vent des pénalités allait tourner rapidement. En l'espace de six minutes, Cheverie, Pousset et Drouin se succédaient dans la prison morzinoise. Mais le powerplay grenoblois, dont le système même avait été remis en cause par Jean-François Bonnard après le match contre Dijon, ne montrait guère de signes de progrès malgré quelques tentatives de Masa de près ou d'Amar à mi-distance.

Et coup dur supplémentaire pour Grenoble : la blessure au dos de Viktor Wallin, victime d'une charge de Zwikel à la ligne bleue et qui laissait ses partenaires après seulement cinq minutes de jeu. Avec Hecquefeuille puis Pousset en prison, les phases de jeu à quatre contre quatre ouvraient des espaces sur la glace. Broz, Paquet et Masa d'un côté, Cheverie de l'autre sollicitaient le gardien adverse, tandis que Sacha Treille faisait apprécier sa technique. Les efforts grenoblois se trouvaient enfin récompensés lorsque Valcak derrière les cages donnait en retrait à Woods qui se ravisait au moment de tirer, préférant la passe pour Lindström, lequel déviait le palet dans le but grand ouvert au moment même où Nicolas Pousset revenait sur la glace (1-1, 12'28"). Une égalisation plus conforme à la physionomie de la rencontre même si Grenoble a largement profité des nombreuses prisons morzinoises au cours de cette première période. Papa manquait de peu une reprise face au but et Hecquefeuille tardait trop pour donner le palet à Masa en deux contre un. Mais Gueguen et surtout Cyril Trabichet, dont le tir heurtait la barre, auraient pu permettre à Morzine de virer en tête à la pause.

Les Brûleurs de Loups débutaient la deuxième période sur les chapeaux de roues. À l'origine, le Tchèque Martin Masa, l'attaquant grenoblois le plus régulier depuis le début de la saison, profitait de la passe en profondeur de Baptiste Amar pour se faufiler entre Immonen et Pousset et ajuster Stevie Lyle, excellent jusque-là, d'un tir sous la barre transversale (2-1, 22'20"). Dans la foulée, Mille se faisait sanctionner par M. Bourreau et Grenoble évoluait à nouveau en supériorité numérique. Cette fois, la réussite était enfin au rendez-vous avec une nouvelle fois Masa à la baguette en entrée de zone pour servir Kévin Hecquefeuille qui ajustait la mire en pleine lucarne (3-1, 25'14"). Les Brûleurs de Loups prenaient l'ascendant sur la rencontre et les Pingouins avaient du mal à se remettre dans le coup. Hecquefeuille ratait même le doublé en repiquant devant la cage, contré au dernier moment par un pokecheck de Lyle. Même le powerplay haut-savoyard n'était plus aussi efficace lorsque Treille et Paquet se succédaient en prison. Dorthe avait oublié le début de match et sortait le grand jeu face à Drouin et Mille pour se mettre à l'unisson de ses coéquipiers.

Au gré des pénalités grenobloises, les Pingouins reprennent progressivement l'ascendant dans ce tiers, mais Tartari poignarde Morzine en interceptant une passe molle entre Haltunen et Immonen pour placer le palet en lucarne opposée (4-1, 35'18"). Grenoble semble avoir fait le plus dur mais la défense grenobloise s'oublie et laisse partir Cheverie tout seul. L'attaquant canadien est stoppé par un Dorthe impeccable. Les Brûleurs manquent d'enfoncer le clou en fin de tiers avec un tir sur le poteau de Lindström et un face-à-face perdu par Benoît Bachelet face à Lyle.

Le match semble plié mais les Morzinois n'ont pas encore renoncé. Suite à une prison rapidement concédée par Woods, les Pingouins font le forcing pour revenir au score. Halttunen fait une entrée de zone fracassante et centre en retrait pour Pipa complètement démarqué qui fusille le gardien (4-2, 42'30"). Welch trouve quant à lui la mitaine de Dorthe. Avec Bergin et Cheverie envoyés successivement en prison, les Brûleurs de Loups évoluent en double supériorité numérique pendant près d'une minute. Martin Masa de près puis sur une reprise de volée bute à chaque fois sur Lyle intraitable. Pipa échoue de peu à son tour sur Dorthe et l'intensité monte d'un cran avec une première échauffourée entre Halttunen et Treille qui procure une supériorité numérique à Morzine. De courte durée cependant puisque Cheverie écope peu de temps après de sa quatrième pénalité du match. À quatre contre quatre, Pousset déborde la défense grenobloise, trouve Welch en relais, le palet s'élève et est repris acrobatiquement par Drouin qui ramène Morzine à un but (4-3, 50'47"). Le match semble basculer mais dans la minute suivante, Jeff Bonnard s'y reprend à trois fois devant Lyle sans être inquiété pour finalement placer le palet hors de portée du gardien haut-savoyard (5-3, 51'28").

Les accrochages se font plus nombreux et deviennent systématiques à chaque arrêt de jeu. Cheverie tente sa chance face à Dorthe mais il est violemment chargé par Woods et heurte Dorthe dans sa chute. Sanctionné par M. Bourreau, le défenseur canadien de Grenoble dit sa façon de penser à l'arbitre de la rencontre et rejoint les vestiaires, jetant même un gant dans les tribunes au passage. La fin de match est tendue et l'arbitre a un peu de mal à voir tous les mauvais gestes. Au milieu de ce jeu haché, Jeff Bonnard, décidément inspiré par la cage adverse ce soir, place un palet en pleine lucarne sur une entrée de zone suite à un décalage de Valcak (6-3, 56'51"). Le score semble devoir en rester là alors qu'une charge non sifflée dans le dos de Tartari provoque la colère du public, mais Lindström prend une pénalité et Morzine ne met que sept secondes à convertir le powerplay sur un rebond de Pousset (6-4, 58'49"). Le suspense sera donc de mise pour le match retour.

Morzine a su limiter la casse dans une rencontre qui semblait lui échapper après un gros passage à vide au deuxième tiers. Le come-back aurait même être plus complet, mais ces deux buts restent un handicap surmontable pour les Pingouins. Malgré six buts encaissés, Stevie Lyle a sorti quelques arrêts de grande classe, en particulier en début de match. Il a préservé les chances de qualification de son équipe qui a connu des ratés en défense tout au long de la soirée. Devant, la ligne nord-américaine est un danger permanent, notamment en supériorité numérique. Pierre-Claude Drouin s'est mis particulièrement évidence alors que la prestation d'Evan Cheverie a été gâchée par trop d'indiscipline. Mais la deuxième ligne n'est pas en reste avec Niko Halttunen, véritable poison dans ce match.

Du côté grenoblois, l'essentiel est fait avec la victoire mais les deux buts d'écart sont le minimum que les Brûleurs de Loups pouvaient espérer. Les quelques occasions très franches ratées dans les deux premiers tiers et les errements défensifs lors du troisième pourraient coûter assez cher au décompte final. La différence s'est donc faite en deuxième période avec un jeu particulièrement efficace tant offensivement que défensivement. Si le jeu de puissance isérois reste irrégulier (quasiment deux buts marqués), le sujet d'inquiétude reste le jeu en infériorité numérique avec, comme à Dijon, encore trois buts encaissés dans cette configuration ce soir. Le relâchement du troisième tiers rappelle étrangement celui vécu face à Briançon au tour précédent, ce qui n'avait tout de même pas empêché les Grenoblois de se qualifier. Sur l'ensemble du match, mention spéciale à Martin Masa, encore une fois l'homme du match, tandis que Christophe Tartari a confirmé son excellent début de saison avec une grosse combativité et un but très opportuniste. On retiendra également la très bonne prestation de Patrik Valcak, utilisé abondamment dans les unités spéciales, et celle de Frédéric Dorthe, très solide tout au long du match. Des prestations encourageantes à confirmer mardi prochain pour le match retour à Morzine.

Désignés meilleurs joueurs du match : Jean-François Bonnard (Grenoble) et Stevie Lyle (Morzine).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Je m'attendais à ce type de match, face à une grosse armada. Mais on remporte la victoire, avec la manière, surtout au niveau de la concrétisation. Les gars ont pris leurs responsabilités, notamment lors d'un excellent deuxième tiers."

Stéphane Gros (entraîneur de Morzine) : "Je regrette ces indisciplines et cette inattention au deuxième tiers qui nous font mal. Car à cinq contre cinq nous leur étions supérieurs. Le retour commencera à 2-0 pour eux mais nous serons prêts."

Jean-François Bonnard (défenseur de Grenoble) : "On peut regretter de n'avoir pas trois buts d'avance mais seul le match retour confirmera si ces deux unités sont suffisantes ou pas. Mais nous sommes prévenus que ce ne sera pas facile là-bas. C'est quasiment la même situation qu'en quarts de finale face à Briançon. Il faudra aller à Morzine pour gagner, pas pour gérer."

 

Grenoble - Morzine 6-4 (1-1, 3-0, 2-3)

Mardi 21 novembre 2006 à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Nicolas Barbez et Gildas Fontaine.

Pénalités : Grenoble 44' (4', 8', 12'+10'+10'), Morzine 30' (10', 8', 12').

Tirs : Grenoble 32 (17, 9, 6), Morzine 38 (11, 15, 12).

Évolution du score :

0-1 à 01'26" : Haltunen assisté de Immonen (sup. num.)

1-1 à 12'28" : Lindström assisté de Woods et Valcak

2-1 à 22'20" : Masa assisté de Amar

3-1 à 25'14" : Hecquefeuille assisté de Masa (sup. num.)

4-1 à 35'18" : Tartari

4-2 à 42'30" : Pipa assisté de Haltunen (sup. num.)

4-3 à 50'47" : Drouin assisté de Pousset et Welch

5-3 à 51'28" : Bonnard assisté de Amar

6-3 à 56'51" : Bonnard assisté de Valcak et B. Bachelet

6-4 à 58'49" : Pousset assisté de Drouin et Zwikel (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Frédéric Dorthe.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Brad Woods ; Viktor Wallin [puis Martin Millerioux] - Jean-François Bonnard (A) ; Simon Bachelet - Teddy Trabichet.

Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa - Christophe Tartari - Jimmy Lindström ; Sacha Treille - Martin Paquet - Benoît Bachelet (C) ; Patrik Valcak.

Remplaçants : Eddy Ferhi (G), Quentin Garcia, Antonin Manavian, Joan Montesinos. Absents : Roger Jönsson (genou), Nicolas Antonoff (épaule).

Morzine

Gardien : Stevie Lyle.

Défenseurs : Santeri Immonen - Nicolas Pousset ; Mathieu Mille - Johan Ohlsson ; Christian Elian - Tony Bergin (C).

Attaquants : Pierre-Claude Drouin - Evan Cheverie - Dan Welch ; Niko Halttunen - Jonathan Zwikel (A) - Leos Pipa ; Cyril Trabichet - Arto Miettinen - Pierre-Yves Albert ; Marc Billieras (A) - Thomas Gueguen (en infériorité).

Remplaçants : Olivier Courally (G), Éric Dupieux.

 

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