Épinal - Strasbourg (24 octobre 2006)

 

Seizième de finale de la Coupe de France.

C'était Noël avant l'heure !

Encore une fois, les Spinaliens sont revenus bredouilles de Dijon (4-5), les poches toujours vides et la tête pleine de doutes. Le premier derby de l'est, samedi en Bourgogne, fut bien amer pour Pierre-Yves Eisenring. Léthargiques en début de partie, ses troupes ont ainsi gaspillé rapidement leurs chances et poursuivent leur surplace dans le ventre mou du classement. Les comptes ne sont toujours pas bons et le technicien suisse de l'ICE ne cache pas sa colère quand à l'implication de certains de ses joueurs. Allant même jusqu'à évoquer certaines sanctions et brandir une épée de Damoclès en cas de mauvaise performance de son contingent face à Strasbourg...

La frustration dijonnaise pas encore digérée, les Dauphins doivent aussitôt remettre le couvert face à d'autres voisins, tout aussi dangereux que les Ducs. Pour le compte de la Coupe, le sort leur a donc a réservé Strasbourg, un néo-promu piégeux restant sur une amorce de championnat réussie et une dernière performance de choix. Certes, l'Étoile Noire n'a pu tomber le favori grenoblois (1-2), mais les hommes de Daniel Bourdages ont confirmé leur étiquette d'empêcheurs de tourner en rond. Nouvellement renforcés par l'ailier québécois Philippe Choinière, diablement enthousiaste de porter ses nouvelles couleurs, et affichant complet en défense avec le retour de Milan Dirnbach, les Alsaciens restent toujours motivés à l'idée de ferrailler avec leur veille connaissance vosgienne. Enfin, c'est souvent le cas...

Gardant sans doutes en mémoire le camouflet du 2 septembre dernier, où Strasbourg avait remporté sur ses terres (5-1) un match "amical" houleux et à deux doigts de finir en eau de boudin, Eisenring a donc lancé un ultimatum. Soit ça passe, soit ça trépasse. Qu'ils s'en méfient : un passé récent a démontré qu'il n'était jamais très bon de prendre le coach helvète par les sentiments...

Panne de réveil ?

Pourtant, ses joueurs ne semblent pas l'entendre de cette oreille et rivalisent d'impuissance face à des Strasbourgeois rentrés eux avec un état d'esprit tout autre. Cela ne tarde d'ailleurs pas à rejaillir sur le tableau d'affichage, rapidement défloré sur une montée plein axe de Mika Suoraniemi suivie d'un lancer flottant de la bleue sur lequel Stanislav Petrik se troue en beauté (0-1 à 0'46"). Le ton est donné et l'Étoile Noire poursuit son numéro de soliste devant des Spinaliens endormis. Plus volontaires sur ces premières minutes de jeu, et surtout plus appliqués, les visiteurs récitent leurs gammes sans pour autant doubler la mise. Deux infractions quasi-simultanées les mettent en fâcheuse posture. D'autant plus regrettable que Daniel Bourdages, coupable de mots aigre-doux envers Monsieur Bergamelli, se fait proprement éjecter de son banc de touche (05'59")...

Peut-être le tournant du match pour Strasbourg, qui desserre progressivement son étreinte avant de commettre une première erreur en laissant Ján Plch seul au rebond après un lancer frappé de Jan Bohácek (1-1 à 07'16"). Pas encore sonnés, les Alsaciens ont alors encore quelques atouts dans leurs manches et tentent à nouveau d'enflammer des débats brouillons. Dans une ambiance bien morne, indigne de ce qu'était Poissompré il y a encore quelques années, et devant une affluence digne d'un match de division inférieure, pas facile de mettre du rythme ! Celui-ci étant au ras des pâquerettes, pas étonnant que les approximations fleurissent sur le glaçon spinalien.

Jelínek, Jelínek, Jelínek !

Pointé du doigt depuis quelques semaines, Tomás Jelínek se voit offrir ce soir une dernière chance. Repositionné sur le deuxième bloc en lieu et place du décevant Milan Buda, le petit pitbull tchèque la saisit à pleines dents en concluant une bonne séquence en zone offensive d'un petit revers filant entre les jambières d'un Gilles Beck fébrile sur ce coup-là (2-1 à 15'25"). Un véritable coup d'assommoir pour des Bas-Rhinois dès lors portés disparus et s'affaissant telle une armée de chiffons. C'est donc sans grande surprise que l'intenable Tomás Jelínek, qui n'aura eu de cesse de remuer une arrière-garde laxiste au possible, voit Luc Mazerolle, posté à gauche du gardien, couper sa passe ligne de fond dans un trou de souris (3-1 à 17'49").

En une poignée de minutes, Strasbourg a inexplicablement baissé les bras, perdant son latin et, déjà, son billet pour le prochain tour du trophée Pete-Laliberté...

Après une première période pour le moins insipide, l'acte médian débute sur des bases toute aussi laborieuses que le précédent. Un vrai festival d'imprécisions où Milan Buda, puni d'un séjour sur le faible troisième bloc vosgien, poursuit sa partition erronée (22'26"). Bien entendu, les champions de France en titre de division 1 n'en profitent pas, peu regardants sur la manière et assurément à mille lieux de leur meilleur niveau. Pire encore, une échappée de Guillaume Papelier se voyant stoppée illégalement à l'approche de la zone de vérité, les Alsaciens se voient sanctionnés d'un tir de pénalité. Comme de coutume, Ján Plch se voit investi de la mission et exécute la sentence en déjouant facilement Gilles Beck d'un petit revers à mi-hauteur (4-1 à 24'54").

Chassez le naturel, il revient toujours au galop. Un adage maintes fois usité mais tellement à la mode chez les Dauphins. Ces derniers retombent en effet dans leurs travers en multipliant les bourdes, ce qui a le don d'agacer encore plus le pointilleux Pierre-Yves Eisenring. Pourtant, les Alsaciens restent fantomatiques et passent complètement au travers d'une succession favorable de supériorités numériques, hormis peut-être ce bon slalom de Todd Norman (29'42"). Servant là une bouillie de hockey, les hommes de Daniel Bourdages sont encore plus approximatifs que leurs hôtes, ce qui n'est pas peu dire ! Logiquement, la sanction tombe et Tomás Jelínek se fait une joie d'enfiler le costume de bourreau en crucifiant Gilles Beck d'un tir excentré dans le trafic, diablement anodin, mais que le back-up strasbourgeois laisse passer entre ses bottes (5-1 à 32'26").

La doublure alsacienne est bien malchanceuse ce soir, elle qui ne doit ensuite son salut qu'à la maladresse de Luc Mazerolle en breakaway (33'57"). C'est d'ailleurs prodigieux que le score n'enfle pas plus vite, mais le temps des vendanges se poursuit chez un Ján Simko plus stérile que jamais dans le dernier geste (35'50"). Au contraire, les Strasbourgeois vont donner une leçon de réalisme à leurs hôtes en exploitant une nouvelle pénalité stupide (35'37"). Oublié dans le slot, le blueliner Jonathan Jolette convertit la passe tendue de Peter Himler (5-2 à 36'30") et redonne un semblant d'éclat à son étoile.

Exploitant alors sans relâche les errances récurrentes d'une faible troisième ligne spinalienne, Strasbourg tente sans succès de revenir au score malgré un tir vicieux de Daniel Sevcík en fin de période (38'26").

Qu'attendre de ce troisième tiers-temps se profilant dans une enceinte dépeuplée où seul l'entrain affiché par les partisans locaux rythme quelque peu de tristes débats ? Pas grand-chose on le craint entre une pâle copie strasbourgeoise et une version spinalienne guère plus brillante. Autorisant toute incursion dans leur zone défensive, les Bas-Rhinois jouent avec le feu et remercient volontiers des artilleurs lorrains incapables de cadrer leurs tentatives. Fréquentant avec une certaine assiduité les geôles locales, les Strasbourgeois laissent le choix des armes à leurs opposants. Après s'être essayé, sans réussite, aux frappes lourdes, ces derniers varient leurs registres mais Beck fait par deux fois barrage à un Ján Simko produisant définitivement trop de déchet dans la finition (43'20" et 43'55").

"Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel..."

Solide sur ces derniers instants, Gilles Beck va littéralement se déchirer en regardant filer dans ses propres filets un tir excentré et pas spécialement appuyé de Tomás Jelínek sur une de ses montées rageuses côté droit (6-2 à 47'24"). Le jeune back-up de Juraj Nemcák vit là un véritable calvaire mais parvient néanmoins à se re-concentrer pour se substituer à une défense erratique perdant quantité de palets, comme sur cette ouverture de Petrák vers Chassard (49'22"). Les malheurs de son alter ego semblent tout à coup déteindre sur Stanislav Petrik, il est vrai bien peu sollicité jusqu'alors. En laissant filer entre ses bottes un petit slap lointain du jeune Hugues Cruchandeau, le portier slovaque des Dauphins va sans le savoir remettre en jeu l'Étoile Noire (6-3 à 50'16").

Un méchant trou d'air secoue alors ses coéquipiers, victimes de leur traditionnel passage à vide. Nouveau venu dans les rangs alsaciens, le rugueux Philippe Choinière, rajoute même quelques turbulences en allant crucifier Petrik au terme de son tour de cage (6-4 à 50'52"). C'en est alors trop pour un Pierre-Yves Eisenring demandant dans la foulée un temps mort pour stopper l'hémorragie. Initiative louable puisqu'elle remet son contingent dans le droit chemin, c'est à dire vers le filet d'un Gilles Beck remis de ses émotions en cette fin de partie. L'ancien back-up mulhousien ne faiblit pas sur un nouveau break de Ján Simko (51'37") avant de cueillir de la mitaine un essai du poignet de Peter Listiak (53'03").

La suite de ce match ne sera qu'une succession de coups de sifflets à laquelle il serait trop laborieux (et inutile) de s'attarder. Laborieux. Cet adjectif semble avoir été créé pour qualifier une rencontre de Coupe de France qui ne restera pas dans les annales. Rarement un affrontement spinalo-strasbourgeois n'aura été aussi peu disputé !

"Alors comme ça, on sèche les cours ?!"

L'empoignade attendue n'a pas eu lieu ce soir. Entre des Strasbourgeois trop vite résignés et des Spinaliens peu inspirés, si ce n'est d'exploiter la petite forme du goalie Gilles Beck, le derby de l'est a tourné au fiasco. Pas dans le coup en début de partie, les Dauphins ont su profiter des nombreuses erreurs adverses pour rapidement plier les débats. La Coupe de France n'était certes pas une priorité mais les Strasbourgeois ont avant tout donné l'impression de s'être sabordés en première période, pour ensuite ne faire illusion qu'à de très rares moments. Une manière peu élégante de quitter une compétition qui ne leur aura pas servi à grand-chose, si ce n'est ruiner le moral de Gilles Beck, coupable sur certains buts locaux. Briançon se profile à présent...

Il y eut pas mal de fausses notes ce soir mais malgré tout quelques signes encourageants pour les joueurs de la Cité des Images. Par exemple cette deuxième ligne transfigurée où ce diablotin de Tomás Jelínek aura remué ciel et terre aux côtés de Luc Mazerolle et d'un Guillaume Chassard fidèle à lui-même. Assurément homme-clé de cette qualification, Jelínek a gagné des points ce soir alors que d'autres ont largement entamé leur crédit. Rétrogradé sur la troisième trio, Milan Buda, jadis brillant en pré-saison, a livré une prestation quelconque, dans la lignée ces précédentes. Il est vrai que ce bloc est le talon d'Achille des Bleus et Rouges mais l'irrégularité - voire la nonchalance - du Tchèque semble le mener nulle part. Ou plutôt vers la porte, à moins que le couperet tombe plutôt sur Peter Strapatý trop limité comme renfort étranger ?

Il reste encore bien des points à travailler, notamment cette frilosité au moment de frapper au but, mais la qualification va, ou plutôt doit permettre aux Dauphins d'aborder plus sereinement ce déplacement ô combien périlleux sur les hauteurs de Saint-Gervais. À moins, bien sûr, que certains remous ne viennent prochainement bousculer le petit train-train des hockeyeurs vosgiens...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief.

 

Épinal - Strasbourg 6-4 (3-1, 2-1, 1-2)

Mardi 24 octobre 2006 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 504 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Benjamin Gremion et Savice Fabre.

Pénalités : Épinal 32' (6', 10', 16'), Strasbourg 46' (20'+10', 4', 12').

Évolution du score :

0-1 à 00'46" : Suoraniemi assisté de Norman et Resetka

1-1 à 07'16" : Plch assisté de Regenda et Bohácek (double sup. num.)

2-1 à 15'27" : Jelínek assisté de Chassard et Regenda (sup. num.)

3-1 à 17'49" : Mazerolle assisté de Jelínek

4-1 à 24'54" : Plch (tir de pénalité)

5-1 à 32'26" : Jelínek assisté de Slovák et Mazerolle

5-2 à 36'30" : Jolette assisté de Himler et Suoraniemi (sup. num.)

6-2 à 47'25" : Jelínek assisté de Chassard

6-3 à 50'16" : Cruchandeau assisté de Hohnadel

6-4 à 50'52" : Choinière assisté de Jarvis et Catelin

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Jan Bohácek - Radoslav Regenda ; Peter Slovák - Peter Listiak ; Borislav Ilic - Peter Strapatý.

Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (A) ; Luc Mazerolle - Tomás Jelínek - Guillaume Chassard (C) ; Milan Buda - Anthony Maurice (A) - Guillaume Papelier.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Anthony Pernot, Martin Serra, Kévin Benchabane, Sébastien Geoffroy, Lionel Simon. Absent : Djamel Zitouni (départ vers la division 3).

Strasbourg

Gardien : Gilles Beck [sorti de sa cage à 59'10"].

Défenseurs : Pavol Resetka - Jonathan Jolette ; Roman Gurican - Milan Dirnbach ; Wesley Jarvis - Hugues Cruchandeau.

Attaquants : Mika Suoraniemi - Peter Himler (A) - Todd Norman ; Jaroslav Jacko - Mathieu Reverdin - Daniel Sevcík ; Philippe Choinière - Stéphane Hohnadel (C) - Maxime Catelin ; Mathieu Saint-Marc.

Remplaçant : Juraj Nemcák (G). Absents : Tommi Flinck (rupture du ligament antérieur gauche du genou), Thibault Dumuis (blessé), Damien Brau-Arnauty (pouce).

 

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