Bâle - Zoug (22 septembre 2006)

 

Match comptant pour la troisième journée de LNA.

À cœur perdu

Si l'EHC Bâle a alterné le bon et le moins bon face à un Davos encore en rodage puis devant un Fribourg-Gottéron plus coriace que prévu, son adversaire du soir a lui l'insipide honneur de virer à la dernière place après deux journées. Tombé à Ambrì-Piotta (1-3) et rossé à la maison face à l'outsider Rapperswil-Jona (1-5), l'EV Zoug a mal débuté sa saison. Certes, il n'y a pas encore le feu au lac - de Zoug évidemment ! - mais il serait de bon ton de ne pas laisser filer trop tôt les opposants directs aux accessits. Comme Bâle par exemple...

Restants sur un succès poussif à domicile, les troupes de Kent Ruhnke doivent trouver plus de consistance et de régularité pour éviter tout type de passage à vide et déjouer les pièges d'une équipe à la fois expérimentée et talentueuse. Illustration idéale, les deux as Oleg Petrov et Paul Di Pietro ont toujours pour mission, malgré les années qui défilent, de produire et tirer dans leur sillage les Camichel, Christen, Maneluk et autre Kamil Piros, centre tchèque arrivé cet été de Nizhnekamsk après être passé par la NHL. Loin de se réduire à ces patronymes, la formation de Sean Simpson, bien qu'amputée ce soir de son défenseur champion du monde Per Hållberg (touché aux adducteurs mardi contre Rapperswil), reste un adversaire piégeux. Pas encore sous pression mais cela ne saurait tarder, surtout si le compteur points ne se débloque pas dans les plus brefs délais...

L'entame de match volontaire de Zoug annonce les prémices d'une partie rythmée et ouverte mais la sûreté et la réactivité bâloise lui font entendre que la cause sera loin d'être acquise. Prenant peu à peu l'ascendant sur les débats, Bâle, bien en place, signe ainsi ses premières incursions devant la cage de Lars Weibel, sans toutefois montrer une lucidité à toute épreuve. Il ne manque pourtant pas grand chose à Éric Landry, lancé dans l'intervalle par Shawn Heins, pour convertir son breakaway. Mais, alors qu'il filait dans le dos de la défense, le Canadien voit ce même Weibel intervenir avec autorité (03'08"). Ces premiers coups de semonce sont bientôt suivis d'une première pénalité zougoise. En dépit d'une bonne présence locale, la défensive tient bien le choc et retarde au mieux l'échéance. Mais c'est reculer pour mieux sauter et l'envie rhénane, symbolisée par cette fameuse rigueur défensive, ne tarde pas à changer la donne. Jaillissant en zone neutre pour intercepter une sortie de zone, Thomas Nüssli prend ainsi tout le monde à contre-pied, s'infiltre côté gauche avant de feinter le lancer pour ensuite mieux repiquer vers la cage puis glisser le puck dans un trou de souris (1-0 à 08'08"). Une action d'éclat du robuste ailier rhénan, conclue en s'aidant de Weibel pour que le palet finisse bien sa course dans le petit filet.

L'opportunisme a parlé et Bâle, séduisant durant ces premiers instants, tente sans succès de poursuivre dans cette voie alors que les coups de sifflets commencent à s'enchaîner, sans pour autant altérer un jeu fluide et ouvert des deux côtés. Plus brouillon que son hôte, Zoug peine malgré son évidente bonne volonté à venir à bout d'une arrière-garde hermétique. Et c'est paradoxalement en désavantage numérique que surviendra sa meilleure occasion. Bégayant son palet à la ligne bleue offensive, Adrien Plavsic se fait contrer par Paolo Duca, lequel ne pourra s'imposer devant un Daniel Manzato vigilant (17'52").

Revenus en deuxième période avec de toutes autres dispositions, les Zougois se signalent sans tarder et mitraillent la cage d'un Manzato toujours impeccable, cette fois-ci devant Oleg Petrov (22'52") et Björn Christen en pivot (24'12"). Pressés par la domination adverse, les locaux subissent mais tuent les pénalités, s'en remettant à une défense intransigeante pour jouer les contre-attaques. Mieux encore, trois infractions quasi-successives de Back, Kress et Christen leur permettent d'obtenir une confortable situation de double avantage numérique, et ce pendant plus de trois minutes. De l'or en barre mais les Rhénans peinent à trouver des solutions et se font à leur tour prendre par la patrouille. Une avalanche de pénalités renversant complètement la situation et ne permettant pas plus à l'EVZ de faire la différence, que ce soit sur les slaps de Richter, Petrov (30e) ou sur cette bonne ouverture du remuant top-scoreur Kamil Piros vers son capitaine, le vétéran américain Barry Richter (31e).

Le rythme fort agréable du début de partie n'est plus qu'un vague souvenir et les coups de sifflets s'accumulent. Cette fois-ci, c'est Zoug qui se fait avoir sur un surnombre bête et méchant. Boulette fatale puisqu'il ne faut pas longtemps au jeu de puissance pour s'installer et guère plus à Chris Bright pour surgir dans l'enclave et reprendre dans le haut du filet un lancer préalable de Shawn Heins. Flottant, son shoot de la bleue avait trouvé le montant gauche de Weibel avant que le Canado-Japonais, parfois brouillon mais toujours enthousiaste, ne prenne le rebond dans la mêlée pour doubler la mise (2-0 à 31'15").

Sauve qui peut

Mis devant le fait accompli, les visiteurs repartent de plus belle et frappent avec une insistance encore plus prononcée à la porte d'un Manzato plus souverain que jamais. Il n'en faut pas moins que ça pour contrecarrer les desseins de ce diable d'Oleg Petrov qui, en technicien hors pair qu'il est, n'a de cesse faire parler sa classe sur le front de l'attaque. Mais voilà rien n'y fait et la domination zougoise reste lettre morte malgré des minutes oppressantes. La faute principalement à ce bougre de Manzato, imperturbable et qui couvre les quelques oublis défensifs, comme cette échappée de Duri Camichel (38'37"). Il frustre par conséquent ses assiégeants, qui s'énervent à l'image de Mike Maneluk écopant d'une méconduite de dix minutes, et qui tâchent encore une fois de s'en remettre à leur bon génie russe pour forcer le coffre-fort, sans plus de succès malgré un dernier rush rondement mené (39'35").

Les dernières minutes donnent le tempo de ce que sera cette ultime période. Une sorte d'attaque-défense où la domination sans partage de Zoug fera plier la défense bâloise sans pour autant la faire céder. Réduits à la portion congrue, les Rhénans ont donc bien peu d'actions à se mettre sous la dent mais demeurent ponctuellement dangereux à l'image de Patric Della Rossa, assez inspiré face à ses anciens coéquipiers. Une charge contre la bande de Petrov à son encontre procurera bien à Bâle un bon quatre contre trois en avantage numérique mais une relance hasardeuse de Daniel Manzato voit son défenseur Lukas Gerber être victime du forecheck de Trevor Meier et se faire chiper le disque sous ses yeux. Distribuant l'offrande à sa gauche, le Canado-Suisse trouve un Oleg Petrov lancé qui, immanquablement, allume enfin la cible en plaçant son revers sous la barre (2-1 à 46'42").

Manzato, une âme de banquier

On ne peut vraiment pas dire que cela soit immérité pour un EV Zoug poursuivant de plus belle sa domination. Une véritable croisade en direction d'une terre sainte habilement préservée par la vista et le talent d'un Manzato se substituant à sa défense pour faire barrage à chaque tentative hostile. Ainsi, la zone défensive locale prend des airs de Fort Alamo et Manzato multiplie les parades pour préserver la maigre avance des siens. Les fortifications érigées tiennent bon devant la pression adverse, plus forte à chaque instant. Mais Bâle jette ses dernière forces dans la bataille, souffrant jusqu'au bout pour sauvegarder son petit pécule d'avance. Arc-boutés dans leur zone, les Rhénans résistent vaillamment et peuvent grandement remercier leur gardien vedette sans qui pareil succès n'aurait sans doute pas pu être envisageable.

Résistance

Bousculé par un adversaire coriace et remuant, Bâle a dû puiser tout au fond de ses ressources pour empocher la mise. Un succès acquis de haute lutte, au prix d'une grosse résistance finale dans laquelle Daniel Manzato a une nouvelle fois joué un rôle prépondérant. Rassurant et proprement prodigieux devant son filet, le néo-international a su préserver un résultat bien fragile et sortir toute la panoplie du grand gardien qu'il semble devenir. Il n'en fallait pas moins face aux assauts, certes désordonnés, mais répétés d'une formation zougoise plus pressante de minutes en minutes et qui a su monter en puissance au fil du match. Accusant un débours - finalement rédhibitoire - de deux buts à la mi-match, l'EVZ n'a ensuite eu de cesse de pousser, sans pour autant parvenir à faire fructifier son siège en zone offensive. Ainsi, le maestro Oleg Petrov aura tout tenté pour forcer une fois de plus la serrure mais rien n'y aura fait.

Cela est évidemment dû à Daniel Manzato, qui aura verrouillé au mieux sa cage, mais également à une défensive rhénane appliquée en début de partie, imprenable en désavantage numérique et solidaire sur la fin. Même s'il est vrai que la débauche d'énergie consentie durant le match a logiquement engendrée quelques approximations, dont une coupable en troisième période. Qu'importe, l'équipe toute entière a fait front et démontré une fois encore qu'elle semble se complaire à subir plutôt qu'à produire du jeu. Un style parfois frileux qui n'occulte aucunement une certaine vaillance et un véritable esprit d'équipe. Mais tout cela ne doit pas faire oublier que l'escouade rhénane, rôdée aux basses besognes, manque cruellement de talents offensifs. Ainsi, le centre québécois Éric Landry, la "gâchette officielle" de l'EHC Basel, s'est depuis longtemps mis au diapason en variant son jeu et en compensant ses fréquentes absences au pointage par une présence soutenue dans les duels et les replis. Un profil qui sied aussi à d'autres, comme Thomas Nüssli à qui il reviendra de succéder à son compère de l'arrière Mark Astley, insolite top-scoreur d'un soir.

Par ce nouveau revers, Zoug stagne un peu plus en bas de classement. Conscients d'être passés bien près de la victoire, les coéquipiers de Paul Di Pietro tâcheront d'être plus organisés et surtout plus réalistes demain face à des ZSC Lions encore poussifs. Bâle en revanche devra encore miser sur un grand Manzato pour tenter de faire un coup chez le champion en titre, Lugano. Une défense barbelée sera exigée, mais aussi une once supplémentaire d'audace et de réussite !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Bâle - Zoug 2-1 (1-0, 1-0, 0-1)

Vendredi 22 septembre 2006 à 19h45 à la St.Jakob Arena. 3037 spectateurs.

Arbitrage de M. Schmutz assisté de MM. Schmid et Sommer.

Pénalités : Bâle 18', Zoug 32'.

Évolution du score :

1-0 à 08'08" : Nüssli

2-0 à 31'15" : Bright assisté de Heins et Anger (sup. num.)

2-1 à 46'42" : Petrov assisté de Meier

 

Bâle

Gardien : Daniel Manzato.

Défenseurs : Adrien Plavsic - Gaétan Voisard ; Shawn Heins - Markus Wüthrich ; Mark Astley - Lukas Gerber ; Stefan Tschannen.

Attaquants : Régis Fuchs - Éric Landry (A) - Jussi Tarvainen ; Thomas Nüssli - Chris Bright - Niklas Anger; Alex Chatelain (C) - Andreas Camenzind - Patric Della Rossa ; Stefan Schnyder - Sandro Tschuor - Stefan Voegele.

Remplaçants : Urban Leimbacher (G), Julian Walker, Corey Ruhnke. Absents : Ralf Bundi et Franco Collenberg (blessés).

Zoug

Gardien : Lars Weibel [sorti de sa cage à 59'03"].

Défenseurs : Rafael Diaz - Patrick Sutter ; René Back - Barry Richter (C) ; Livio Fazio - Michael Kress ; Ralph Ott - Simon Fischer.

Attaquants : Oleg Petrov - Duri Camichel (A) - Mike Maneluk ; Corsin Casutt - Paul Di Pietro - Björn Christen ; Paolo Duca (A) - Kamil Piros - Trevor Meier ; Jannik Steinman - Fabian Schnyder - Dario Bürgler.

Remplaçant : Mario Mathis (G). Absents: Per Hållberg (adducteurs), Patrick Oppliger (blessé).

 

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