Suède - Russie (31 août 2006)

 

Match comptant pour la Ceska Pojistovna Cup, première manche de l'Euro Hockey Tour.

La Suède se présente sans quelques vétérans comme Ronnie Sundin, Thomas Rhodin et le capitaine Jörgen Jönsson (plus Andreas Johansson initialement appelé mais blessé), et c'est une opportunité de voir ses jeunes qui avaient tout autant contribué au titre de champion du monde, lancés derrière le super-talent Nicklas Bäckström. Ce n'est cependant la classe-biberon qui a été envoyée, car elle bénéficie notamment de l'expérience de Kenny Jönsson, le meilleur défenseur des Jeux Olympiques, toujours fidèle à son contrat de deux ans avec Rögle en deuxième division suédoise malgré plusieurs propositions d'équipes de NHL qui ont avoisiné les quatre millions de dollars annuels !

Autre nom qui capte l'attention, celui de l'imprévisible Mika Hannula, autant parce qu'il a lui aussi réussi le doublé JO/Mondiaux que pour la récente suspension de quatre matches - valable aux prochains championnats du monde - que lui a infligée l'IIHF après son agression sur Crosby en demi-finale.

Bengt-Åke Gustafsson a donc annoncé la couleur ce matin dans le Dagens Nyheter : la Suède est là pour gagner le tournoi. C'est qu'elle commence à s'habituer à la victoire... Cela passe forcément par un premier succès sur la Russie à Linköping, avant de partir pour la Tchéquie.

Mais la tâche ne sera pas facile face à une équipe russe en reconstruction autour d'un jeune entraîneur, Vyacheslav Bykov. Le destin a été cruel avec lui puisqu'il a perdu son père dans la semaine : on imagine que son moral ne doit pas être au mieux. Mais son arrivée est attendue, ne serait-ce que pour arrondir les angles avec son sens du dialogue. Cela ne suffit pas encore pour constituer son équipe facilement (Igor Grigorenko a récemment déclaré dans Soviet Sport que son club lui interdisait de répondre aux convocations ; le Lada Togliatti a invoqué des problèmes de dos de son attaquant), mais cela se traduit quand même par le retour en équipe nationale de Morozov et Zinoviev, en conflit l'an passé avec le peu diplomate Krikunov. Le trio fort du champion Ak Bars Kazan n'est cependant pas au complet car Zaripov a été renvoyé chez lui pour cause de blessure, remplacé par But sur une première ligne qui dans les faits remplit parfaitement ce rôle.

C'est d'ailleurs elle qui remonte deux fois au score en première période. Johan Davidsson marque le premier sur une passe de Johansson en profitant de la passivité de Koltsov (1-0, 02'33"), mais un lancer de Zinoviev trompe Henriksson (1-1, 15'25"). C'est ensuite le débutant Anton Strålman qui inscrit déjà son premier but avec la Tre Kronor. Aligné avec un partenaire de choix, l'impérial Kenny Jönsson, il trouve une ligne de tir masquée par deux défenseurs (2-1, 17'39"). Le jeu de puissance réplique aussitôt en combinant bien pour un tir en pivot d'Aleksei Morozov (2-2, 19'35").

On s'inquiétait comme toujours des gardiens russes : Zvyagin s'est blessé dans la semaine à l'entraînement et Sokolov avait été laissé à la maison. Mais Aleksandr Eremenko se débrouille bien. Il réussit un superbe arrêt-réflexe bas de la mitaine sur une déviation à bout portant de Karl Fabricius. À 35'57", une vilaine perte de palet de Hannula permet à Nikolaï Kulemin de partir en breakaway, mais il glisse en grand écart au moment d'arriver sur le gardien. Il faut dire que la crosse de Petrasek l'a sans doute gêné : l'arbitre accorde donc un tir de pénalité. La technique de crosse de Kulemin (20 ans) est magistrale, le gardien est étourdi par la double feinte, et le tir... termine sur la transversale.

La tolérance zéro étant plus que jamais en vigueur, l'importance des supériorités numériques n'échappe à personne : c'est dans ces - fréquentes - situations de jeu que s'échangent les derniers buts, un lancer lointain de Jönsson (3-2, 38'39"), puis un rebond de près de Morozov (3-3, 41'15"). La Suède met une intense pression en fin de match, mais Eremenko a la mitaine très chaude, en particulier sur le tir de pivot de Stefan Pettersson.

On en vient donc aux tirs au but. Les deux réussites de la Tre Kronor interviennent en choisissant le tir face à un gardien plutôt reculé, alors qu'Aleksei Morozov - leader incontournable après la blessure du capitaine Sushinsky au cours du match - marque le penalty décisif un peu plus "à la russe", avec une feinte joliment conclue en levant le palet du revers. Quel retour triomphal avec la Sbornaïa pour Morozov !

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Anton Strålman a fait un super match, c'est formidable de le voir jouer aussi bien pour son premier match international."

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Bien sûr, il y a eu des problèmes, notamment en jeu de puissance, mais les gars ont joué de façon structurée, sans précipitation. Ce match laisse plus d'impressions positives que négatives. Nous avons spécialisé en infériorité numérique la jeune ligne d'Aleksandr Nikulin. Mon assistant Nemchinov s'en est beaucoup occupé avant le match et cela a fonctionné. En troisième période, on a essayé de distribuer équitablement la charge physique car la fatigue s'était accumulée après la blessure de Sushinsky."

 

Suède - Russie 3-3 (2-2, 1-0, 0-1, 0-0) / 2-3 aux tirs au but

Jeudi 31 août 2006 à 19h00 au Cloetta Center de Linköping. 4328 spectateurs.

Arbitrage de Jyri Rönn (FIN) assisté de Fredrik Carlman et Per Svensson (SUE).

Pénalités : Suède 30' (10', 14', 6', 0'), Russie 30' (8', 8', 12', 2').

Tirs : Suède 39 (11, 9, 15, 4), Russie 27 (6, 13, 6, 2).

Évolution du score :

1-0 à 02'33" : Davidsson assisté de M. Johansson et Hannula

1-1 à 15'25" : Zinoviev assisté de Morozov et But

2-1 à 17'39" : Strålman assisté de K. Jönsson (sup. num.)

2-2 à 19'35" : Morozov assisté de But (double sup. num.)

3-2 à 38'39" : K. Jönsson assisté de Strålman et Emwall (double sup. num.)

3-3 à 41'15" : Morozov assisté de I. Nikulin (sup. num.)

Tirs au but :

Russie : Morozov (réussi), Kulemin (réussi), Zinoviev (arrêté), Morozov (poteau), Kulemin (arrêté), Morozov (réussi).

Suède : Petersson (réussi), Bäckström (arrêté), Davidsson (réussi), Petersson (arrêté), Bäckström (arrêté), M. Johansson (arrêté).

 

Suède (2' pour surnombre)

Gardien : Daniel Henriksson.

Défenseurs : Hans Jonsson (4') - Andreas Holmqvist ; Kenny Jönsson (2') - Anton Strålman ; Tobias Viklund (2') - Magnus Johansson ; David Petrasek (6').

Attaquants : Tony Mårtensson (2') - Joakim Eriksson (2') - Karl Fabricius ; Fredrik Emwall (2') - Fredrik Warg - Stefan Pettersson (2') ; Mathias Månsson (2') - Nicklas Bäckström - Kenneth Bergqvist (2') ; Per Hallin - Johan Davidsson - Mika Hannula (2').

Remplaçant : Johan Backlund (G).

Russie (2' pour surnombre)

Gardien : Aleksandr Eremenko (2').

Défenseurs : Ilya Nikulin - Vitali Proshkin ; Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov (2') ; Kirill Koltsov (4') - Dmitri Bykov ; Maksim Kondratiev (2') - Aleksei Emelin.

Attaquants : Anton But (4') - Sergei Zinoviev - Aleksei Morozov ; Aleksandr Kharitonov (2') - Ivan Nepryaev (6') - Maksim Sushinsky (C) ; Denis Tyurin - Anton Kuryanov - Aleksandr Popov ; Nikolaï Kulemin - Aleksandr Nikulin - Alekseï Simakov (6').

Remplaçant : Konstantin Barulin (G).

 

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