Carolina Hurricanes - Edmonton Oilers (7 juin 2006)

 

Finale de la Coupe Stanley, match 2.

Dwayne Roloson blessé au genou, le coach d'Edmonton Craig MacTavish a longuement hésité pour son nouveau titulaire. La performance de Ty Conklin, rentré au jeu au match 1, ne fut guère glorieuse, et l'erreur qui a coûté le match profite ainsi à Jussi Markkanen pour cette deuxième rencontre. Carolina n'a pas les mêmes soucis, avec simplement le rookie Chad LaRose écarté au profit d'un septième défenseur, Oleg Tverdovsky. Le public local est encore bruyant.

Carolina opportuniste

Markkanen est rapidement mis à contribution par Mike Commodore et laisse un premier rebond difficile, dégagé de justesse dans l'enclave par Ryan Smyth devant Justin Williams. Le ton est donné avec un jeu explosif de part et d'autre, ce même Smyth menaçant sur le contre Cam Ward, imité par Ales Hemsky : trois tirs en une minute, les deux équipes sont dans le match... Les Oilers suivent le schéma de leur première partie avec une pression physique en zone offensive et un échec avant efficace. La pression en zone neutre leur offre quelques situations, avec un trois contre un bloqué par Mike Commodore qui s'était jeté. La protection du palet des Canadiens le long des bandes permet d'imposer le jeu des Oilers autour du but de Ward, mais les joueurs restent limités aux extérieurs. La puissance physique culmine avec une grosse charge du rookie Matt Greene dans la neutre sur Doug Weight, mais sur l'action c'est Craig Adams qui est puni pour interférence. Edmonton a l'occasion d'ouvrir à nouveau la marque mais les équipes spéciales des Hurricanes sont présentes, coupant les lignes de tirs en bloquant les passes. Aaron Ward s'illustre ainsi à deux reprises. Le jeu des Oilers en avantage numérique reste stéréotypé et maladroit et il faut attendre le retour d'Adams pour voir le premier tir dangereux sur Ward, qui laisse un rebond. Le plus jeune gardien titulaire en finale de l'histoire de la coupe s'impose une nouvelle fois sur cette phase de domination et permet à ses équipiers de partir en contre. Le 4 contre 2 ne donne rien et les Oilers relancent proprement le palet... avant de se faire à nouveau prendre en contre. Eric Staal démarre à toute vitesse dans la neutre pour un trois contre deux. Staal sert Andrew Ladd, qui feinte la passe et embarque ainsi le défenseur Marc-André Bergeron, qui se jette sur la glace. Ladd ajuste tranquillement la lucarne de Markkanen, aidé par le patin de Bergeron (1-0). Le public explose à 126 décibels, compteur à l'appui !

Edmonton décide de repartir vers l'avant, mais la plupart des tirs viennent de loin ou sont bloqués. Cam Ward fait le reste et demeure solide sur sa ligne malgré l'empilement des joueurs devant son but sur une longue présence des Oilers. Edmonton joue avec autorité mais la domination est stérile, l'écart en tirs assez faible à mi-période (5-3). Markkanen pour sa part est peu mis en danger, tout au plus sur un lancer de Kevyn Adams avec un bel arrêt de la mitaine, plus spectaculaire que dangereux. Puis, il stoppe un tir de Stillman de la jambière, mais la physionomie du match ressemble au premier : possession du palet des Oilers, contre-attaques des Hurricanes. Sur cette action, Pronger prend deux minutes pour avoir accroché Brind'Amour dans l'enclave et le redoutable jeu de puissance de Carolina peut se mettre en place. Il ne dure guère pour autant car Stillman est sanctionné pour avoir légèrement touché Markkanen, bien qu'il fût poussé dans le dos par un défenseur. On joue à quatre contre quatre, et chaque équipe se crée une bonne occasion, Staal tout d'abord servi par Whitney, puis Samsonov parti dans un jeu de dribble plus spectaculaire qu'efficace. Carolina a clairement desserré l'étau. En effet, malgré les efforts de Dvorak et d'Hemsky dont la qualité technique est indéniable, l'imprécision gagne Edmonton, qui perd de plus en plus facilement le palet. Le manque de maîtrise est criant sur une belle présence du duo Peca-Pisani, qui tourne autour du but avec un Cam Ward au sol sans parvenir à tirer ! Le palet est dégagé par Brind'Amour, qui prend alors une belle mise en échec dans la neutre signée Jason Smith. La période s'achève sur une nouvelle supériorité pour les hommes de MacTavish, sur un démarrage de Dvorak le long de la bande stoppé irrégulièrement par Whitney. Mais le mauvais jeu de passe ne déstabilise pas une équipe très bien positionnée : 11 tirs bloqués en 20 minutes.

Ward tient le score, Carolina efficace

Dominateurs aux mises au jeu (Brind'Amour, accusé de tricherie par Stoll dans la presse, tourne à 60% de réussite), les Hurricanes parviennent à tuer cette pénalité cruciale en début de deuxième période. Si Ward réalise un arrêt, l'essentiel de la pénalité est tuée par le mauvais jeu des Oilers, qui multiplient les choix curieux en zone offensive. Les deux défenseurs placés ligne bleue sont victimes d'un pressing très haut et ne parviennent pas à s'ouvrir des lignes de tir. Pourtant, le physique est là, à l'image de cette boîte signée Hemsky sur Aaron Ward. Après une série d'accélérations de part et d'autres, Cam Ward réalise encore des prouesses sur une astucieuse déviation de Samsonov, puis sur un travail de Ryan Smyth auprès du but. Il est suivi par Matt Greene monté aux avants postes, mais le rookie frappe Kevyn Adams dans le dos dès le palet perdu et est sanctionné logiquement de deux minutes. La leçon n'est semble-t-il par retenue par le capitaine Jason Smith qui offre une double supériorité avec une faute identique. Edmonton est habile à trois et Stoll vole un palet pour partir en un contre un. Il ne bat pas Eric Staal qui relance son équipe avec des chances pour Weight, Brind'Amour puis Staal, pour autant de tirs bloqués. Greene revient sur la glace, un renfort apprécié en défense car Carolina ne sort pas de la zone offensive. L'ultime block sur Staal permet de partir en contre, toujours en infériorité, mais Matt Greene n'est pas un attaquant et son tir en un contre un n'est pas dangereux. Edmonton s'en sort bien en ne concédant que deux tirs, le reste ayant été contré. Mais la pression a bel et bien changé de camp, avec des boulevards pour les attaquants de Carolina. Seule solution pour enrayer les attaques, les mises en échec, mais cela n'aboutit qu'à une pénalité contre Torres après que deux joueurs des Hurricanes aient été mis sur la glace simultanément. Les équipes spéciales défendent bien, Markkanen sort lui aussi un gros sauvetage sur une déviation de Williams. Le rebond profite à Brind'Amour qui trouve le poteau à bout portant. Ce n'est que partie remise puisque le palet finit par ressortir pour Kaberle avancé entre les deux cercles après un bon jeu de passes, et le défenseur fait mouche grâce à l'écran de Recchi (2-0).

Edmonton a la tête dans le sac et cherche à réagir le plus vite possible. Stoll déborde et lance du revers et obtient une pénalité. L'attaquant supplémentaire offre deux occasions sur Ward qui réalise encore des miracles avant qu'un équipier ne touche le palet. Aaron Ward sort et Edmonton teste encore le gardien en avantage numérique. Stoll deux fois puis Samsonov inquiètent la défense. Mais le jeu de passe reste imprécis, Hemsky notamment perdant un palet bêtement sur une passe risquée. Dernière occasion, Pronger trouve Samsonov dans un intervalle mais le petit attaquant russe lancé ne parvient pas à ajuster le gardien. Cam Ward enfin sort magnifiquement un nouveau lancé de Pisani en pivot, pour la meilleure séquence des Oilers. Carolina reprend alors la maîtrise du palet, navigue en zone offensive jusqu'à trouver Wallin monté aux avant-postes puis Eric Staal. Ce dernier obtient une pénalité, une interférence d'Horcoff alors que l'arbitre oublie la faute de Cullen qui envoie voler la crosse du gardien... Les Hurricanes peu adroits ne tirent même pas au but malgré un jeu de passe bien réussi. De retour à égalité numérique, Edmonton pousse sur le but de Ward. Le jeune gardien s'impose magistralement sur une succession de tirs, pendant que les joueurs s'empilent devant sa cage pour tenter de dénicher les rebonds... Sur la présence suivante, bis repetita ! Horcoff tout d'abord, puis Ryan Smyth trouvent Ward, le dernier rebond revient à Horcoff à nouveau mais le centre ne cadre pas alors que Ward est sur la glace. Puis, Bergeron sert Peca pour une bonne déviation sauvée par Ward. Les Oilers mènent 10 tirs à 6 dans cette période mais subissent les contre-attaques. Sur une mauvaise passe en retrait d'Hemsky, Carolina inquiète Markkanen pour un arrêt du gant et une mise au jeu à 13 secondes de la fin. Celle-ci amène un tir de Wallin sur une transversale, et Markkanen s'excentre sur l'arrêt. Cory Stillman vole le rebond, contourne la cage et soulève son tir face aux deux défenseurs : 3-0, il ne reste que trois secondes !

Edmonton craque

Les Oilers sont dans une situation critique. Carolina joue à sa main, piégeant son adversaire à son propre jeu : grosse défense, gardien impérial, contre-attaque et supériorité numérique. Malgré des tirs de Pisani puis Pronger, suivi d'une déviation hors cadre de Stoll, Edmonton ne s'impose pas et tombe dans l'indiscipline. Samsonov essaie de récupérer le palet sur ce tir de Stoll mais percute Cam Ward, sans être poussé. Carolina est de retour en jeu de puissance et ne manque pas sa chance. Un tir de loin de Recchi est dévié par un défenseur d'Edmonton au cercle, prenant son gardien à contre-pied. Le palet revient sur Doug Weight devant l'enclave, qui dévie du patin au fond des filets. L'arbitre refuse le but sous une bronca et les protestations du vétéran. La vidéo lui donne raison : sa crosse a retouché le palet avant la ligne et le but est valable, 4-0.

Edmonton sort de ses gonds et la frustration est à son comble. Ethan Moreau se venge ainsi avec un coup de poing sur Wesley, c'est une nouvelle pénalité. Peca obtient une chance en infériorité avec un arrêt du gant mais Carolina contrôle. Markkanen réalise des arrêts en rafale, une fois, deux fois, trois fois... finalement cela fait 5-0. Recchi puis Cullen testent en effet le gardien avant que Kaberle ne lance de loin. Mark Recchi est crédité du but par une déviation du bout de la crosse. Les Oilers sortent du match, avec des charges plus que limites. Ryan Smyth met sur la glace Aaron Ward auprès du banc sur un changement de ligne, et le défenseur est touché au visage par une crosse baladeuse involontairement. Crosse haute, nouvel avantage numérique. Markkanen évite le naufrage en sauvant successivement face à Stillman, Brind'Amour et Staal qui se régalent en combinaisons précises. Acculés sur leur but les hommes de MacTavish ne menacent plus Cam Ward avant la mi-période, lorsque Ryan Smyth s'approche dangereusement de la ligne. Une charge de Craig Adams fait souffler Edmonton qui est totalement absent en revanche de son avantage numérique. La partie tourne mal, Georges Laraque donne ainsi deux sévères mises en échec de suite avant d'être puni pour faire trébucher. L'avantage numérique ne donne absolument rien. Peu après le retour à cinq contre cinq, Ladd trouve la plaque de Markkanen. Cherchant à sauver l'honneur, Stoll et Samsonov tournent en zone offensive et poussent Wesley à la faute. Les tirs durant cette pénalité sont hors cadre ou bloqués. Le pressing haut sur les défenseurs fonctionne à merveille face aux défenseurs-buteurs d'Edmonton. La frustration est telle que Georges Laraque se fait sortir pour une méchante charge sur le rookie Andrew Ladd dans le coin, à hauteur de la nuque. Edmonton cherche à envoyer un message mais se retrouve en infériorité pendant cinq minutes (en fait 3'14"...). Oleg Tverdovsky entre alors pour ses premiers pas en finale cette année, sans apporter plus de conviction dans une équipe qui gère désormais son avance sans forcer. Wesley perd ainsi le palet derrière son but face à Murray et repart en prison, annulant l'avantage numérique. Les dernières secondes demeurent anecdotiques, avec un score final de 5-0 très lourd et un blanchissage de Cam Ward, le premier pour un rookie en finale depuis Patrick Roy en 1986...

Edmonton s'est fait surprendre à son propre jeu mais a clairement manqué de précision et d'intelligence dans ses choix. Inexistants en supériorité, les Oilers ont menacé Ward dans la première moitié de la rencontre, comme au match 1. Mais leur naïveté sur les contre-attaques et leur indiscipline ont coûté très cher. Carolina a en effet marqué 21 de ses 26 buts en supériorité à domicile, et l'efficacité redoutable de son jeu de puissance a permis de tuer le match alors que l'écart restait faible. Cam Ward a fait la différence encore une fois, même si l'on ne peut guère blâmer Jussi Markkanen, victime d'une échappée et de déviations notamment. Seul son jeu à la crosse fut un peu rouillé, puisqu'il n'avait pas joué depuis le 1er mars. Il faudra se montrer plus patient pour Edmonton à domicile au match 3, déjà crucial dans cette finale pour éviter la déroute de la jeunesse face à l'expérience. Seul Chicago en 1971 a déjà gaspillé une avance de 2-0 en finale, sur 30 essais...

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Eric Staal (attaquant de Carolina) : "[Wesley, Brind'Amour, Hedican, Weight, Whitney] ont été là depuis très longtemps sans réussir à gagner la coupe. Ils voulaient que les jeunes se rendent compte que cela n'arrive pas tous les ans. Vous devez en profiter quand vous en avez l'occasion."

Craig MacTavish (entraîneur d'Edmonton) : "Vous ne pouvez pas blâmer notre gardien sur ces buts, sauf peut-être le deuxième, et c'était un bon tir. J'ai trouvé qu'il avait bien joué, il a bien contrôlé son palet, et c'est un indicateur de confiance. Vous ne gagnez pas souvent, même avec une énorme performance de votre gardien, lorsque vous ne marquez pas. Beaucoup d'entre nous en font trop. Nous avons besoin d'un jeu plus simple de la plupart de l'équipe. À cinq contre cinq c'est équilibré. Ils sont plus opportunistes pour le moment que nous."

Mike Peca (attaquant d'Edmonton) : "Nous avons un peu abandonné notre gardien en prenant autant de pénalités. La dernière chose à faire est de donner de plus en plus de chances de marquer sur un gardien qui n'a pas joué depuis des mois. Dans le même temps il a fait de gros arrêts et j'espère que nous pourrons rebâtir de la confiance là-dessus."

 

Carolina - Edmonton 5-0 (1-0, 2-0, 2-0)

Mercredi 7 juin 2006 à 20h15 au RBC Center de Raleigh, Caroline du Nord. 18928 spectateurs.

Arbitrage de Bill McCreary et Brad Watson assistés de Greg Devorski et Jay Sharrers.

Pénalités : Carolina 14' (6', 2', 6'), Edmonton 33' (2', 8', 23').

Tirs : Carolina 26 (8, 10, 8), Edmonton 25 (6, 10, 9).

Évolution du score :

1-0 à 06'21" : Ladd assisté de Staal et Kaberle

2-0 à 30'28" : Kaberle assisté de Whitney et Cullen (sup. num.)

3-0 à 39'57" : Stillman assisté de Wallin et Williams

4-0 à 32'21" : Weight assisté de Recchi et Cullen (sup. num.)

5-0 à 34'12" : Recchi assisté de Kaberle et Cullen (sup. num.)

 

Carolina

Gardien : Cam Ward.

Défenseurs : Bret Hedican - Mike Commodore ; Frantisek Kaberle - Aaron Ward ; Glen Wesley - Niclas Wallin ; Oleg Tverdovsky.

Attaquants : Cory Stillman - Rod Brind'Amour - Justin Williams ; Andrew Ladd - Eric Staal - Mark Recchi ; Ray Whitney - Doug Weight - Matt Cullen ; Craig Adams - Kevyn Adams.

Remplaçant : Martin Gerber (G). En réserve : Andrew Hutchinson, Anton Babchuk, Josef Vasicek, Chad LaRose, Erik Cole (nuque).

Edmonton

Gardien : Jussi Markkanen.

Défenseurs : Chris Pronger - Jason Smith ; Steve Staios - Jaroslav Spacek ; Marc-André Bergeron - Matt Greene.

Attaquants : Ryan Smyth - Shawn Horcoff - Ales Hemsky ; Sergei Samsonov - Jarett Stoll - Radek Dvorak ; Raffi Torres - Mike Peca - Fernando Pisani ; Ethan Moreau - Rem Murray - Georges Laraque.

Remplaçant : Ty Conklin (G). En réserve : Dick Tärnström, Igor Ulanov, Todd Harvey, Kyle Brodziak, Brad Winchester, Jean-François Jacques, Toby Petersen, Dwayne Roloson (genou).