Demi-finale des championnats du monde 2006.

Équipe sans failles apparentes, la Finlande se pose avant ces demi-finales comme un candidat annoncé à un sacre qui la fuit depuis de longues années. Les récents médaillés d'argent de Turin ont ainsi bouclé les phases préliminaires en tête et s'apprêtent à retrouver une vieille connaissance, issue du même groupe qu'elle en début de mondial, la République tchèque. Si Tchèques et Finlandais s'étaient quittés sur un score de parité lors de la première ronde (3-3 avec un retour in-extremis des Nordiques), les champions du monde sortant ont connu un parcours moins régulier que leurs opposants. Pas de doutes, cette République tchèque reste toujours, même amoindrie, une équipe qui compte et qui sait se retrouver au moment opportun. La Russie en a fait les frais. Les Finlandais feront-ils mieux ?

Tout porte à croire que oui au vu du début de match des hommes dirigés par Erkka Westerlund, portés sur l'offensive et plus présents devant la cage de Milan Hnilicka. La situation chauffe même, envenimée par la première pénalité du match dont écope Martin Richter. Animé et percutant, ce premier jeu de puissance crée le danger. Hnilicka, qui croyait avoir gelé le puck, tarde à se relever mais voit fort heureusement Jussi Jokinen ne pas cadrer sa reprise (6e). La Finlande ne s'arrête pas là et un palet contré en zone défensive par Jarkko Ruutu va revenir à Riku Hahl qui s'avance en zone neutre puis tente sa chance d'un tir sec. Surpris, Hnilicka ne peut contrer ce lancer qui finit dans la lucarne droite et la Finlande débloque de manière plutôt logique le compteur (1-0 à 08'03"). Coupable sur ce but, Milan Hnilicka se rattrape par la suite et ne plie plus devant plusieurs tirs lointains essayés par la suite et devant la pression orchestrée de manière générale par toute l'attaque finlandaise, notamment cette ligne Riku Hahl - Sean Bergenheim - Jarkko Ruutu très active.

Réagissant de manière sporadique, les Tchèques laissent passer l'orage de cette entame de match tout en misant sur Hnilicka solide. Un faire trébucher de Petr Hubacek conduit à un nouveau powerplay pour des Finlandais pressants mais maladroits dans la finition, comme Olli Jokinen qui a beau s'y reprendre par deux fois, en vain, devant Hnilicka. Les Tchèques parviennent à se sortir de cette situation sur un palet contré à la bleue par le héros du quart contre les Russes, Zbynek Irgl, face à Mikko Luoma. À la récupération, Tomas Plekanec, pas attaqué, en profite pour accélérer et s'infiltrer en zone offensive, avant de se défaire du marquage de Petteri Nummelin pour déjouer Norrena d'un revers dans le haut du filet (1-1 à 28'26"). Cette superbe échappée du Montréalais a complètement remis la République tchèque dans le match alors que la Finlande, jusqu'alors dominatrice, commence à voit son leadership s'effriter.

Les Tchèques, remis en confiance, s'amènent plus volontiers devant la cage gardée par un Fredrik Norrena irréprochable devant les offensives adverses. Et si la Finlande se montre toujours dangereuse sur quelques bonnes banderilles placées en direction du non moins solide Milan Hnilicka, la physionomie de cette dernière période s'apparente presque à un round d'observation, chacune des deux forces en présence évitant de trop se découvrir de peur se subir le prochain but marqué, qui serait celui du KO. Les deux gardiens rivalisent à distance au gré des situations de supériorité numérique sifflées de ci, de là mais Fredrik Norrena sera le premier à craquer. Alors que la Finlande évoluait à cinq contre quatre suite à un faire trébucher de Lukas Krajicek, un slashing de Mikko Luoma, qui cherchait là à contrer Jan Bulis qui dégageait la rondelle hors de sa zone, annule cet avantage et offre une nouvelle opportunité à la République tchèque. Les minutes défilant, chaque possession commence à valoir son pesant d'or et sitôt le retour au jeu de Krajicek, le jeu de puissance slave s'installe et fait mouche sur un lancer balayé plein axe de Tomas Kaberle dévié dans le slot par le capitaine David Vyborny (1-2 à 56'17"). À en voir la joie démontrée par le technicien des Blue Jackets de Columbus, ce filet est tout près de porter le coup de grâce à des Finlandais contraints à tirer leurs dernières cartouches. Sans succès puisque bien trop fébriles et la sortie de Norrena pour faire place à un sixième joueur de champ se transforme en pain béni pour Jaroslav Hlinka qui lui ne tremble pas pour ajuster la cage désertée (1-3 à 59'14"). Ça y est, la République tchèque, parfois négligée dans ce tournoi, défendra sa couronne face à la Suède. Étrange similitude entre ces Tchèques décevants, mais finalement retrouvés et bronzés à Turin, et cette équipe hybride, mêlée de jeunes loups de la NHL sans expérience internationale (Plekanec, Michalek, Krajicek, Stefan), de nationaux peu habitués à défendre l'oriflamme national en grande compétition (Hubacek, Irgl) et entourées d'une poignée de ses cadres habituels. L'un d'eux, le défenseur des Maple Leafs de Toronto, Tomas Kaberle se voit mêlé en toute fin de partie à une belle bagarre avec Olli Jokinen. Et si le pointeur-vedette des Panthers de la Floride est le premier à avoir ouvert la boîte à gifles, les deux pourraient écoper d'une suspension pour le dernier match...

Vainqueurs de ce bras de fer, les Tchèques éteint un nouvel espoir pour des Finlandais décidément toujours placés, mais jamais gagnants ! 2006 n'échappe pas à la règle : bâtie pour le sacre, la Finlande devra jouer la petite finale. Dominés en début de partie, les hommes d'Alois Hadamczik ont su dominer le dernier acte pour s'octroyer le droit de conserver leur couronne mondiale.

Désignés joueurs du match : Riku Hahl pour la Finlande et Petr Tenkrat pour la République Tchèque.

Désignés meilleurs Finlandais du tournoi : Petteri Nummelin, Lasse Kukkonen et Fredrik Norrena.

Désignés meilleurs Tchèques du tournoi : David Vyborny, Tomas Kaberle et Martin Erat.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

Commentaires d'après-match

Erkka Westerlund (entraîneur de la Finlande) : "Je pense que nous avons bien joué. Mais après une première période solide, nous avons commis deux grosses erreurs."

Petteri Nummelin (défenseur de la Finlande) : "Je pense que nous avons vraiment joué un bon match. Nous étions prêts dès le départ. Je ne sais pas si les Tchèques ne l'étaient pas, mais la première période a été pour nous, et ils se sont un peu améliorés au deuxième tiers. Nous avons eu des occasions et nous n'avons pas marqué. Ils ont eu des occasions et ils les ont mises au fond. Nous devrons parler du match de demain au sein de l'équipe. Même le bronze est important, car tous les joueurs n'ont pas la chance de jouer un championnat du monde. Quand on a la chance de jouer pour une médaille, je m'attends à ce que tout le monde soit prêt."

Milan Hnilicka (gardien de la République Tchèque) : "On dirait que les autres équipes essaient de nous enfoncer en première période, mais nous réussissons à revenir et à gagner. Nous avons de la chance qu'ils n'aient pas marqué plus de buts au premier tiers. J'ai fait beaucoup de travail avec un chiropracteur [après être tombé sur le dos contre les États-Unis] et je me sens beaucoup mieux. Je suis heureux que nous ayons une chance de remporter une médaille d'or, et je serai prêt."

David Vyborny (attaquant de la République Tchèque) : "J'ai juste essayé de rester devant le but, Tomas a essayé de tirer à hauteur du gant, j'ai touché le palet et il est rentré. Peu importe quel sera notre adversaire en finale. Pour gagner, on doit être capable de battre n'importe quelle équipe. Je pense que personne ne sait ce qui se passera demain. Maintenant nous devrons être prêts dès la première période, maintenant nous jouons soixante minutes."

Finlande - République Tchèque 1-3 (1-0, 0-1, 0-2)

Samedi 20 mai 2006 à 20h15 à l'Arena Riga. 8723 spectateurs.

Arbitrage de Richard Schütz (ALL) assisté de Yuri Oskirko (RUS) et Lars Schröter (ALL).

Pénalités : Finlande 45' (2', 4'+10', 4'+5'+20'), République Tchèque 37' (4', 4', 4'+5'+20').

Tirs : Finlande 34 (13, 15, 6), République Tchèque 21 (3, 8, 10).

Évolution du score :

1-0 à 08'03" : Hahl assisté de J. Ruutu et Nummelin

1-1 à 28'26" : Plekanec assisté d'Irgl (inf. num.)

1-2 à 56'17" : Vyborny assisté de Kaberle (sup. num.)

1-3 à 59'13" : Hlinka (cage vide)

Gardien : Fredrik Norrena (sorti de sa cage de 59'04" à 59'14" et de 59'30" à 60'00").

Défenseurs : Aki-Petteri Berg - Petteri Nummelin (A) ; Mikko Lehtonen - Lasse Kukkonen ; Pekka Saravo - Mikko Luoma.

Attaquants : Ville Peltonen (C) - Olli Jokinen - Jussi Jokinen ; Jukka Hentunen - Jari Viuhkola - Tomi Kallio ; Antti Miettinen - Mikko Koivu - Tuomo Ruutu ; Sean Bergenheim - Riku Hahl - Jarkko Ruutu (A).

Remplaçants : Niklas Bäckström (G), Tuukka Mäntylä, Esa Pirnes. Absents : Jani Rita et Tommi Santala (surnuméraires), Antero Niitymäki (blessé à la jambe gauche).

Gardien : Milan Hnilicka.

Défenseurs : Tomas Kaberle (A) - Zbynek Michalek ; Jan Hejda - Lukas Krajicek ; Martin Skoula - Martin Richter.

Attaquants : Jan Hlavac - David Vyborny (C) - Martin Erat ; Jan Bulis - Patrik Stefan - Petr Tenkrat ; Petr Hubacek - Jaroslav Hlinka (A) - Jaroslav Balastik ; Tomas Rolinek - Tomas Plekanec - Zbynek Irgl.

Remplaçants : Adam Svoboda (G), Jaroslav Bednar, Zdenek Kutlak. Absents : Tomas Pöpperle et Ivo Prorok (surnuméraires).

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