Finlande - Bélarus (18 mai 2006)

 

Quart de finale des championnats du monde 2006.

Blanchisserie organisée

La blessure de son gardien Antero Niitymäki contre le Canada est-elle de nature à perturber la Finlande ? On va désormais voir si celui qui a été élu meilleur joueurs des Jeux Olympiques est la clé de voûte ou un élément parmi d'autres dans une organisation défensive très au point. Que ce soit aux JO ou dans ces Mondiaux, le second gardien Fredrik Norrena a été très bon à chacune de ses titularisations, mais il n'a pas joué les matches importants. Aujourd'hui, il sait qu'il n'a absolument pas le droit à l'erreur dans un quart de finale contre le Bélarus, au risque de se faire traiter de Salo.

L'incorrigible Jarkko Ruutu (tout un poème, vraiment : il faut le voir déclamer des vers à son vis-à-vis lors d'un engagement, avant que l'arbitre ne se déplace lui-même pour lui dire d'y aller mollo dans les provocations verbales) prend la première pénalité du match dès la deuxième minute, mais les Finlandais la passent sans le moindre souci, en dégageant tous les palets. Les Biélorusses, encore une fois les meilleurs du championnat en infériorité numérique, ne sont pas plus inquiétés. On ne peut pas dire que ce début de match soit passionnant : on atteint la dixième minute de jeu, on n'a vu aucune occasion, et seulement trois lancers excentrés à un. Le réalisme finlandais parle alors : travail dans le coin de Jarkko Ruutu, puis passe de Sean Bergenheim devant la cage où Riku Hahl ouvre le score (1-0, 09'24"). La Finlande maîtrise son sujet, elle ne se laisse pas prendre en défaut, à l'instar d'Aki-Petteri Berg qui joue bien l'homme sur une percée du dynamique Grabovsky. Le grand défenseur est par contre un peu moins actif quand Andreï Skabelka s'infiltre dans l'enclave et prend un bon tir du poignet, capté par la mitaine de Norrena pour la meilleure occasion biélorusse à trois minutes de la fin du tiers. Attention pour la Finlande à ne pas être trop sûre de son contrôle du jeu car le Bélarus est décidé à jouer crânement sa chance.

Il le montre encore dès le début de la deuxième période sur un tour de cage de son capitaine Oleg Antonenko. Peu à peu, ce sont même les Biélorusses qui prennent l'initiative du jeu. Ils obtiennent de bonnes occasions mais ne cadrent pas toujours leurs lancers. Norrena capte bien les palets quand les rôdeurs traînent devant son filet. Au plus fort de la domination rouge, Chupris travaille en fond de zone et est accroché par Lehtonen, mais Skabelka retient une crosse sur l'engagement. Cette phase de jeu à quatre contre quatre est favorable à la Finlande, et en allant gratter un palet, Ville Peltonen provoque une faute de Kurilin. Les blancs sont installés pendant les 33 secondes à quatre contre trois, puis durant le reste de l'avantage numérique, mais le Bélarus résiste avec courage et abnégation, et dans la douleur pour Denisov qui a pris dans le pied un lancer de Nummelin. Ces pénalités ont tout de même permis à la Finlande de remettre la main sur le match.

Au retour sur la glace, Tuomo Ruutu fait trébucher Ugarov en zone offensive, mais le Bélarus tarde à passer la bleue en supériorité. En sortant de prison, Ruutu part en contre et prend un petit coup de crosse de Makritsky au passage. Le recordman des pénalités du tournoi enlève son gant, secoue ostensiblement la main, et vient même montrer son poignet à l'arbitre qui lui répond d'aller voir sur son banc si son frère y est. La Finlande n'a pas besoin de réclamer une supériorité numérique pour que le duo de Lugano concocte une bonne combinaison en zone offensive : Petteri Nummelin sert parfaitement Ville Peltonen dont la reprise ne laisse aucune chance à Mezin malgré son lancer de bottes (2-0, 43'58"). À moins de dix minutes de la fin, Jukka Hentunen reprend sur la transversale une passe levée de la gauche de Jari Viuhkola. On ne sais pas si c'est dans la tête ou dans les jambes, mais le Bélarus n'arrive plus à rivaliser. Denisov et Erkovich font trébucher des adversaires, et à cinq contre trois, un lancer de la bleue de Nummelin dévié par Olli Jokinen enfonce le clou (3-0, 54'48"). Pour réveiller ses joueurs qui ont un peu baissé les bras, Glen Hanlon bouscule leurs habitudes en sortant Mezin pendant une pénalité finlandaise. Cette situation de six contre quatre est le seul moment du tiers-temps où le blanchissage de Norrena est sérieusement menacé.

Pour un premier quart de finale en championnat du monde, la Finlande, une référence en matière de sérieux et d'organisation, n'est pas vraiment l'adversaire rêvé. Elle est certes entrée dan un faux rythme en début de deuxième période, mais elle a finalement géré ce match où elle a laissé beaucoup moins de forces que les Tchèques plus tôt dans la journée. Avec quatre blanchissages en sept rencontres, les Finlandais ont égalé leur performance olympique.

Désignés meilleurs joueurs du match : Fredrik Norrena pour la Finlande et Aleksandr Makritsky pour le Bélarus.

Désignés meilleurs joueurs du Bélarus dans le tournoi : Andrei Mezin, Sergei Zadelenov et Dmitri Dudik.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Erkka Westerlund (entraîneur de la Finlande) : "Les Biélorusses sont une équipe très tenace, surtout en défense avec un des meilleurs gardiens du championnat du monde. Il a été très compliqué d'obtenir de bonnes occasions. Mais au final nous avons gagné et c'est tout ce qui compte."

Olli Jokinen (attaquant de la Finlande) : "Je suis ici depuis quelques jours et je suis venu ici pour ça. Pour moi c'est honneur de mettre le maillot de mon pays. Je joue pour une médaille et je suis excité d'être dans le top-4. Une marche de plus est franchie. Les deux premières périodes ont été difficiles et nous avons eu de la chance de marquer le premier but. Mais nous trouvons toujours un moyen de gagner, et c'est ce que nous avons fait en troisième période. Nos adversaires ont ouvert le jeu et ont laissé passer deux contre-attaques."

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Notre but était de nous qualifier en quarts de finale, et nous y sommes. Soyons honnêtes : c'est le résultat maximum possible. Nous n'aurions pu aller plus loin que sur un concours de circonstances. Le chemin est long avant de rivaliser avec les grosses équipes. J'ai beaucoup de respect pour l'école finlandaise. J'ai vu beaucoup de ses joueurs en NHL, et ce sont des professionnels dans le vrai sens du mot. Un exemple excellent à imiter."

Viktor Kastyuchonak (défenseur du Bélarus) : "Je ne dirais pas que les Finlandais nous ont dominés dans un compartiment du jeu, simplement nous n'avons pas eu de chance. Mais l'équipe a du caractère et s'est battue jusqu'à la sirène. Ce championnat a montré que notre niveau monte. Cette équipe a un bel avenir et luttera forcément pour les médailles."

Aleksandr Makritsky (défenseur du Bélarus) : "Nous ne nous attendions en aucune manière à un hockey aussi fermé de leur part. Il était évident à l'œil nu que les Finlandais jouaient défensivement. C'est la première fois qu'une équipe des Sept Grands joue ainsi contre nous. Ils n'ont même pas essayé d'improviser, ils ont appliqué les consignes comme des robots. [...] Je suis heureux d'avoir pu travailler avec un entraîneur aussi remarquable que Glen au crépuscule de ma carrière. Si je deviens entraîneur, les connaissances acquises auprès de lui seront inestimables."

 

Finlande - Bélarus 3-0 (1-0, 0-0, 2-0)

Jeudi 18 mai 2006 à 20h15 à l'Arena Riga. 7164 spectateurs.

Arbitrage de Chris Savage (CAN) assisté de Ronni Jakobsen (DAN) et Roman Pouzar (TCH).

Pénalités : Finlande 14' (6', 2', 6'), Bélarus 14' (2', 4', 4').

Tirs : Finlande 41 (10, 18, 13), Bélarus 20 (7, 7, 6).

Évolution du score :

1-0 à 09'24" : Hahl assisté de J. Ruutu et Bergenheim

2-0 à 43'58" : Peltonen assisté de Nummelin et O. Jokinen

3-0 à 54'48" : O. Jokinen assisté de Nummelin et Peltonen (double sup. num.)

 

Finlande

Gardien : Fredrik Norrena.

Défenseurs : Aki-Petteri Berg - Petteri Nummelin (A) ; Mikko Lehtonen - Lasse Kukkonen ; Pekka Saravo - Mikko Luoma ; Tuukka Mäntylä.

Attaquants : Ville Peltonen (C) - Olli Jokinen - Jussi Jokinen ; Jukka Hentunen - Jari Viuhkola - Tomi Kallio ; Antti Miettinen - Mikko Koivu - Tuomo Ruutu ; Sean Bergenheim - Riku Hahl - Jarkko Ruutu (A) ; Esa Pirnes.

Remplaçant : Niklas Bäckström (G). Absents : Jani Rita et Tommi Santala (surnuméraires), Antero Niitymäki (blessé à la jambe gauche).

Bélarus

Gardien : Andrei Mezin (sorti à 57'19").

Défenseurs : Aleksandr Makritsky (A) - Vladimir Dzianisau ; Vladimir Svita - Viktor Kastyuchonak ; Aleksandr Ryadinsky - Sergei Erkovich.

Attaquants : Dmitri Dudik - Andrei Mikhalev - Aleksei Ugarov ; Oleg Antonenko (C) - Sergei Zadelenov - Andrei Skabelka ; Dmitri Meleshko - Evgeny Kurilin - Yaroslav Chupris ; Mikhaïl Grabovsky - Sergei Kukushkin - Andrei Kostsitsyn.

Remplaçants : Sergei Shabanov (G), Aleksei Savin. Absents : Vladimir Kopat (blessé au genou), Aleksandr Zhurik, Evgeny Esaulov.

 

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