Finlande - États-Unis (12 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, deuxième tour, groupe E.

Une Finlande à crans de sûreté

Le début de la deuxième phase est l'occasion pour les participants d'ajouter deux jokers à leur effectif. Pour les Finlandais, le premier d'entre eux est Tommi Santala, présent à Riga depuis le début et qui est directement aligné au centre de la première ligne. Mais c'est surtout l'identité du second joker qui va faire l'évènement. La rumeur le pressentait depuis quelques jours, il s'agira d'Olli Jokinen. Le capitaine des Florida Panthers était initialement forfait à cause de son pied droit blessé, mais il s'est soigné et arrivera au meilleur moment demain pour accompagner la montée en puissance de l'équipe finlandaise.

Les premières impressions de la soirée ne sont pourtant pas favorables à la Finlande. Dès la troisième minute, Yan Stastny accélère entre les défenseurs et obtient un penalty en se faisant accrocher par Mikko Luoma. Stastny est chargé de le transformer lui-même il arrive doucement sur le gardien et essaie un tir aisément capité par la mitaine de Niitymäki. Puis deux minutes plus tard, Tuukka Mäntylä commet une grosse erreur en donnant littéralement le palet à Ryan Malone, et il doit faire faute pour rattraper sa mauvaise passe. L'infériorité numérique passe sans encombres.

Pendant une prison de Meyer, la Finlande a autant de mal à installer son jeu de puissance face à un bon pressing américain. On s'étonne de sa difficulté à relancer proprement le jeu et à construire en zone neutre. Pourtant, elle ouvre le score au retour à cinq : tout le monde croit au but et s'arrête de jouer après le lancer de Mikko Luoma qui frappe en fait le poteau, et Mikko Koivu - qui a accompli un gros travail ce soir - peut facilement envoyer le rebond au fond alors que le gardien Craig Anderson lui tourne carrément le dos pour constater - en fin de compte par anticipation - les dégâts (1-0, 11'13"). Ce but débloque les Finlandais qui enchaînent maintenant les actions offensives, comme ce tour de cage de Petteri Nummelin. Ils ont quand même quelques soucis avec le dernier geste : l'exemple le plus flagrant est celui de Jussi Jokinen, qui se voit offrir dans le dos de la défense un palet récupéré par Peltonen, mais qui manque nettement de conviction devant le gardien. Le jeu devient de plus en plus à sens unique mais même une phase de jeu à cinq contre trois ne permet pas à la Finlande d'aggraver la marque.

Le deuxième tiers-temps suit un peu la même configuration. Les Finlandais ne sont pas toujours d'une grande précision dans leurs passes, par contre leur technique individuelle fait souvent la différence. Les Américains se distinguent surtout quand ils forcent, par leur allant au pressing. Mais une vraie brèche apparaît dans leur défense car le rapide Sean Bergenheim peut s'avancer jusqu'à la cage et placer le palet entre les jambières de Craig Anderson, un peu moins à l'aise pour ce premier vrai test après ses deux bonnes sorties scandinaves du début de tournoi (2-0, 26'01"). Encore une fois, la Finlande semble peaufiner son jeu au fil des minutes. Elle se crée une énorme occasion à la trente-deuxième minute : servi à la bleue par une longue passe, Tomi Kallio est devancé par le poke-check d'Anderson et pris par Oprik, puis Viuhkola qui a suivi ne parvient pas à tromper un Anderson retrouvé sur cette action. Une action qui continue et met la défense américaine en grande panique, jusqu'à une pénalité de Meyer. Sur l'infériorité, Andrew Alberts, déjà très indiscipliné depuis le début du match avec une charge dans le dos et une autre avec le coude levé, est sanctionné à son tour pour avoir fait trébucher Jarkko Ruutu qui n'aime rien tant qu'exaspérer ses adversaires. À cinq contre trois, le rôle du plus provocateur des frères Ruutu est de semer la zizanie dans le slot, et il le remplit bien puisqu'Anderson ne voit rien sur le lancer de Petteri Nummelin (3-0, 32'44"). Reste encore une simple supériorité finlandaise, mais Yan Stastny s'échappe en prenant nettement de vitesse Berg qui, en s'étendant de tout son long et en allongeant la crosse, arrive juste à toucher les patins de l'Américain. À défaut de but, puisque Stastny échoue sur la jambière de Niitymäki collée à son poteau opposé, il y a donc pénalité. Sauf que le capitaine Peltonen attendait cet arrêt de jeu pour demander à l'arbitre de revoir la vidéo car il pense qu'il y a eu but sur l'attaque précédente, un lancer puissant qui serait ressorti. Les ralentis sont peu évidents, et le jugé vidéo estime que c'est un poteau. Pas de but oublié, Berg prend donc bien le chemin de la prison. Comme Kukkonen est aussi pénalisé pour obstruction, les Américains sont à leur tour en double supériorité numérique, sans plus de succès que face au Canada.

La Finlande paraît avoir verrouillé sa victoire en début de troisième période. Mais après cinq minutes, Jarkko Ruutu retient fermement coincée entre ses jambes la cheville du grand Hal Gill qui l'avait chargé et mis au sol. Les deux joueurs sont un peu emberlificotés quand arrive l'arbitre qui démêle la situation et identifie le coupable. Les moments les plus dangereux pour Antero Niitymäki - moins à l'aise dans ses relances - arrivent pendant ces deux minutes de pénalité. Les États-Unis mettent maintenant la pression, quitte à se découvrir un peu et à s'exposer à quelques contre-attaques. C'est ainsi que Riku Hahl récupère le palet face à Hilbert, monte jusqu'en zone offensive et sert d'une passe-abandon Lasse Kukkonen qui réalise un tir du poignet parfait en lucarne (4-0, 54'27"). La Finlande s'avère une fois de plus bien servie en défenseurs offensifs.

La Finlande poursuit donc son parcours avec sérénité et son jeu se constitue petit à petit. Il y a encore pas mal de déchet dans son jeu, mais contrairement à son adversaire du soir, son système est si bien en place qu'elle paraît dotée de plusieurs crans de sûreté pour rattraper les erreurs éventuelles, le dernier recours n'étant pas le moindre avec dans les cages Antero Niitymäki, élu meilleur joueur des derniers Jeux Olympiques.

Le collectif américain a beaucoup plus de mal à prendre forme. Outre le manque de lucidité devant la cage, illustré par Yan Stastny ce soir, ces jeunes joueurs semblent quand même manquer de maturité pour l'instant. Leur talent individuel ne se traduit pas encore en apport pour l'équipe, à l'image d'un Phil Kessel volontaire et promu en première ligne mais qui est encore très loin de la capacité à faire jouer les autres d'un Crosby (car l'Américain n'a que trois mois de moins que le Canadien). La prochaine arrivée du meilleur rookie d'AHL (il s'était blessé pendant le camp NHL et avait été envoyé en ligue mineure) Patrick O'Sullivan - en remplacement d'Umberger qui n'a joué qu'un match et n'est apparemment pas remis d'une commotion subie durant les play-offs NHL - risque encore de renforcer cette tendance. O'Sullivan, qui avait inscrit deux buts pour offrir à son pays son premier titre mondial des moins de vingt ans, pourra-t-il déjà avoir un impact en seniors ? Contrairement aux jeunes Canadiens, qui prennent déjà leurs responsabilités et qui sont bien encadrés par Shanahan, la nouvelle génération américaine semble manquer de points de repère (son capitaine Richard Park paraît vraiment très discret). En théorie, elle semble donc prenable pour la Lettonie demain dans un match décisif pour les quarts de finale, mais cela dépendra surtout de l'état psychologiques des Baltes après les évènements d'hier.

Désignés meilleurs joueurs du match : Mikko Koivu pour la Finlande et Phil Kessel pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Erkka Westerlund (entraîneur de la Finlande) : "Nous avons eu une période difficile au début, mais ensuite nous avons commencé à mieux patiner et à mieux travailler. Et, bien sûr, Antero Niitymäki a été très bon dans les moments difficiles."

Mike Eaves (entraîneur des États-Unis) : "Mes compliments à l'équipe finlandaise. Ils étaient forts sur le palet, ils nous battaient à la course et ils remporté plus de un-contre-un que nous. Nous avons eu des occasions, mais quand c'était le cas, Monsieur Niitymäki était là. Si nous avions marqué à cinq contre trois en deuxième période, cela nous aurait donné de l'élan. Mais au lieu de ça, ils ont continué à jouer aussi fort."

 

Finlande - États-Unis 4-0 (1-0, 2-0, 1-0)

Vendredi 12 mai 2006 à 20h15 à la Skonto Arena de Riga. 7379 spectateurs.

Arbitrage de Milan Minar (TCH) assisté de Yuri Oskirko (RUS) et Tobias Wehrli (SUI).

Pénalités : Finlande 14' (4', 6', 4'), États-Unis 14' (8', 6', 0').

Tirs : Finlande 33 (15, 9, 9), États-Unis 24 (6, 10, 8).

Évolution du score :

1-0 à 11'13" : M. Koivu assisté de Luoma et Jokinen

2-0 à 26'01" : Bergenheim assisté de J. Ruutu et Hahl

3-0 à 32'44" : Nummelin assisté de M. Koivu (double sup. num.)

4-0 à 54'27" : Kukkonen assisté de Hahl

 

Finlande

Gardien : Antero Niitymäki.

Défenseurs : Aki-Petteri Berg - Petteri Nummelin (A) ; Mikko Lehtonen - Lasse Kukkonen ; Pekka Saravo - Tuukka Mäntylä ; Mikko Luoma.

Attaquants : Ville Peltonen (C) - Tommi Santala - Antti Miettinen ; Jukka Hentunen - Jari Viuhkola - Tomi Kallio ; Jussi Jokinen - Mikko Koivu - Tuomo Ruutu ; Sean Bergenheim - Riku Hahl - Jarkko Ruutu (A).

Remplaçants : Fredrik Norrena (G), Jani Rita. Absent : Esa Pirnes (surnuméraire).

États-Unis

Gardien : Craig Anderson.

Défenseurs : Hal Gill (A) - Andrew Alberts ; Joe Corvo - Ryan Suter ; Michael Komisarek - Frederick Meyer ; Brooks Orpik.

Attaquants : Dustin Brown - Mark Cullen [puis Kessel] - Ryan Malone (A) ; Andy Hilbert - Martin Reasoner - Richard Park (C) ; Yan Stastny - Ryan Kesler - Adam Hall ; Phil Kessel [puis Slater] - James Slater [puis Cullen] - Drew Stafford.

Remplaçant : Jason Bacashihua (G). Absent : R.J. Umberger (blessé, repart aux États-Unis demain).

 

Retour aux championnats du monde