Ukraine - Suède (6 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe B.

La Tre Kronor évite le piège

C'est privée de tout renfort venu de NHL (le quarté de Detroit composé de Zetterberg, Franzen, Kronwall et Samuelsson n'étant pas encore sur place) que la Tre Kronor s'apprête à ouvrir ces Mondiaux lettons. Jörgen Jönsson est aussi absent sur blessure. C'est dire si la Suède arbore un visage inédit avec la présence de seulement trois champions olympiques sur la glace face aux Ukrainiens, les défenseurs Kenny Jönsson et Ronnie Sundin plus l'attaquant-défensif Mika Hannula (un quatrième est dans ce cas, le gardien Stefan Liv, qui suivra du banc les débats). Dans ce Mondial encore balbutiant, un premier constat s'impose: les favoris ou prétendus comme tel n'ont vraiment pas la vie aisée face aux "petits".

L'Ukraine, délaissée, sans véritable relève et sur la corde raide depuis quelques années, est l'un des paradoxes les plus marquants de ce groupe A. Paradoxal, car là où sa situation paraît désespérée, la sélection ukrainienne est toujours capable, année après année, de bons coups et surtout, de se maintenir parmi l'élite. L'histoire ne dit pas si Oleksandr Seukand parviendra à rééditer encore ce miracle, mais en tout cas, son Ukraine porte bien une étiquette d'équipe peu évidente à jouer.

La Suède, en contingent réduit (quinze patineurs alignés) doit donc s'attendre à faire face à un groupe accrocheur et traditionnellement regroupé en défensive et tente d'amorcer le match par le bon bout en mettant une première fois Simchuk à l'épreuve par Mika Hannula. Une entrée en matière non suivie des faits puisque les premières sanctions ne tardent pas à tomber. Hannula et Nordquist, à une poignée de secondes d'intervalle, laissent à leurs adversaires une dangereuse première situation de double avantage numérique, mal négociée par une Ukraine sélectionnant trop ses lancers, qui finissent tous au chaud sur un Johan Holmqvist impeccable. Passée cette frayeur, la Suède domine légèrement les débats mais n'emballe pas vraiment, ne profitant pas de trois indisciplines successives de son adversaire. Il faut attendre la quatrième, un retenir dont a écopé le vétéran Vitaliy Lytvynenko (17'07") pour voir la situation enfin se décanter. Après une rapide installation en zone offensive, Andreas Karlsson se voit servi dans le coin et redirige aussitôt vers un Fredrik Emwall plongeant dans le slot dont la reprise est venue se loger dans le haut de la partie droite du filet défendu par Konstantin Simchuk (0-1 à 17'55").

Mais, dans ce festival de pénalités, la Tre Kronor n'est pas en reste et Mika Hannula, posté devant un Simchuk crédité d'une jolie mitaine sur un lancer en angle fermé, voit son cinglage le conduire tout droit en prison (18'50"). Une bien mauvaise inspiration de l'ailier d'HV 71 puisque ce jeu de puissance permet à l'Ukraine de créer l'égalité, sur un mouvement collectif spontané conclu dans l'angle par Konstyantin Kasyanchuk après le relais derrière la cage de Yuri Dyachenko (1-1 à 19'16"). Après un round d'observation ayant duré une majeure partie de la période, deux beaux mouvements en jeu de puissance ont fait la différence.

Tout est à refaire pour les hommes de Bengt-Åke Gustafsson et une pénalité rapidement concédée par le capitaine Vyacheslav Zavalnyuk (20'37") accentue la présence suédoise en zone d'attaque. Servi en entrée de zone par Andreas Karlsson, Björn Melin reprend de volée mais Simchuk concède un retour bien pris par un Fredrik Emwall signant-là le doublé (1-2 à 20'50"). La Suède fait bien circuler le palet dans cette période et montre de bonnes choses collectivement ainsi qu'une certaine solidité dans le compartiment défensif. Leur domination est quasi-totale dans ce deuxième tiers-temps et seule une pénalité de Ronnie Sundin permet aux Ukrainiens de s'immiscer véritablement en zone offensive (32'53"). Diables de réalisme, ceux-ci vont à nouveau égaliser sur un but litigieux, revu longuement à la vidéo mais finalement accordé. Mis sous pression par cet essai de Materukhin dans son angle, Jonas Holmqvist s'apprêtait à geler le disque dans son gant avant qu'une palette ukrainienne celle de Mikhnov, ne force la décision (2-2 à 34'55").

Et quoi de mieux qu'une nouvelle supériorité numérique pour reprendre l'avantage ? À deux minutes du gong, Kasyanchuk est envoyé purger son forfait (37'36") et Andreas Karlsson se charge de conclure une belle phase de circulation du puck en plaçant celui-ci dans le haut du filet de Konstantin Simchuk (2-3 à 38'55").

On ne change pas un scénario qui gagne et on retrouve rapidement Zavalnyuk sur le banc d'infamie (45'38") puis la Suède en zone offensive pour une combinaison aboutissant à un rebond repris dans le slot par Jonas Nordquist qui a la lucidité de créer le décalage en passant au second poteau vers Mika Hannula, dont le revers ne laisse pas l'ombre d'une chance à Konstantin Simchuk, à terre (2-4 à 46'38"). La Suède a pris désormais un avantage conséquent et irrattrapable pour des Ukrainiens pouvant tout de même s'estimer satisfaits de leur rentrée. Enfin, pas sur tous les points, car leur jeu en désavantage numérique fut pris à défaut quatre fois ce soir.

Dominateurs sur l'ensemble du match, les Suédois ont pourtant bataillé ferme pour se sortir du piège tendu par des Ukrainiens accrocheurs. Une grosse efficacité en powerplay (les quatre buts de la soirée) leur aura permis de décrocher les deux points. C'est bien là l'essentiel constatant le nivellement des valeurs dans ce tournoi. Toutefois, cette Suède alignant seulement trois blocs va voir son groupe prochainement étoffé par l'arrivée, outre des quatre Red Wings de Detroit cités plus haut, du centre des Rangers de New York Michael Nylander. Auteur d'une très bonne saison chez les Blueshirts sur la ligne de Jaromir Jagr, Nylander a accepté de venir se joindre à la Tre Kronor où il n'avait plus été sélectionné depuis deux ans. Enfin, un autre point positif est à signaler, la prometteuse entente du premier trio entre Fredrik Emwall, Andreas Karlsson et Björn Melin. Impliquée sur trois des quatre buts suédois, la première ligne fut elle aussi décisive ce soir. Peut-être la découverte de ce tournoi ?

Désignés meilleurs joueurs du match : Konstantin Simchuk pour l'Ukraine et Fredrik Emvall pour la Suède.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match

Fredrik Emvall (attaquant de la Suède) : "C'est un grand moment de débuter en championnat du monde. J'étais un peu nerveux avant le match mais c'est bien d'avoir seulement trois lignes parce qu'on n'a pas le temps de penser excepté quand on est sur la glace."

Oleksandr Seukand (entraîneur de l'Ukraine) : "Pendant tout le match, la sensation de pouvoir obtenir le nul et même mieux ne m'a pas quitté. Ils ont essayé de gagner sur leur seule technique au premier tiers, mais ils n'y sont pas arrivés car notre plan de jeu a été appliqué à chaque présence. Ils ont ajouté la vitesse en deuxième période, et nous aurions pu résister avec une discipline plus stricte. Avec la nouvelle interprétation des règles, le hockey est privé d'un élément important, les duels, même s'il faut combattre les mauvais coups. Avec notre jeu de l'an dernier, où nous empêchions l'adversaire de jouer par tous les moyens, nous n'aurions pas quitté la prison. Cette année, nous défendons bien, mais de façon correcte. C'est la première fois que nous jouions au complet, j'ai donc fonctionné par essais/erreurs pour composer les lignes. L'expérience joue un grand rôle quand arrive la compétition. Par exemple, Sasha Materukhin a semblé perdu par moments alors qu'il avait été très bon pendant la préparation."

 

Ukraine - Suède 2-4 (1-1, 1-2, 0-1)

Samedi 6 mai 2006 à 15h15 à la Skonto Arena de Riga. 3492 spectateurs.

Arbitrage de Peter Jonak (SVK) assisté de Ales Lesnjak (SLO) et Mikko Kekalainen (FIN).

Pénalités : Ukraine 18' (8', 6', 4'), Suède 12' (6', 4', 2').

Tirs : Ukraine 24 (11, 6, 7), Suède 45 (18, 15, 12).

Évolution du score :

0-1 à 17'55" : Emwall assisté de Karlsson (sup. num.)

1-1 à 19'16" : Kasyanchuk assisté de Dyachenko (sup. num.)

1-2 à 20'50" : Emwall assisté de Melin (sup. num.)

2-2 à 34'55" : Mikhnov assisté de Shafarenko

2-3 à 38'55" : Karlsson assisté de Melin et R. Sundin (sup. num.)

2-4 à 46'38" : Hannula assisté de Nordquist (sup. num.)

 

Ukraine

Gardien : Konstantin Simchuk.

Défenseurs : Sergei Klimentiev (C) - Vyacheslav Zavalnyuk ; Yuri Gunko - Artem Ostroushko ; Andrei Sryubko [puis Polonitsky à 40'00"] - Yuri Navarenko ; Vasyl Polonitsky [puis Sryubko à 40'00"] - Denis Isayenko.

Attaquants : Roman Salnikov [puis Kasyanchuk à 40'00"] - Vadim Shakhraichuk - Vitali Lytvynenko ; Konstantin Kasyanchuk [puis Salnikov à 40'00"] - Vasyl Bobrovnikov - Yuri Diachenko ; Andrei Mikhnov - Oleg Shafarenko - Oleksandr Materukhin ; Boris Protsenko - Valentin Oletsky - Vitali Semechenko.

Remplaçant : Igor Karpenko (G). Absent : Sergei Varlamov (allergie, rentré en Ukraine, sera remplacé par Bobkin pour la 2e phase).

Suède

Gardien : Johan Holmqvist.

Défenseurs : Magnus Johansson - Ronnie Sundin ; Andreas Holmqvist - Kenny Jönsson ; Matthias Timander - Per Hållberg.

Attaquants : Andreas Karlsson - Björn Melin - Fredrik Emwall ; Tony Mårtensson - Jonas Nordquist - Mika Hannula ; Jesper Mattsson - Matthias Johansson - Joel Lundqvist.

Remplaçant : Stefan Liv (G). Absents : Henrik Zetterberg, Niklas Kronwal, Mikael Samuelsson, Johan Franzen, Michael Nylander (tout juste ou pas encore arrivés), Jörgen Jönsson (genou).

 

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