Russie - Kazakhstan (6 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe C.

La pénurie de carton ne pouvait pas durer

Depuis le début de ces championnats du monde, tous les matches ont extrêmement serrés, se terminant par un ou deux buts d'écart, et même quand ils se sont inclinés, tous les "petits" ont d'abord mené au score face aux "gros". Est-ce la fin des matches à suspense ce soir ? La Russie avait eu toutes les peines du monde à venir à bout du Kazakhstan aux Jeux Olympiques (1-0), mais le gardien s'appelait à l'époque Vitali Eremeïev...

Ce soir, c'est Roman Medvedev qui a la charge des cages, mais sa soirée prend très vite une très mauvaise tournure. Les Russes veulent frapper fort d'entrée pour s'épargner un jeu de patience similaire à celui de Turin. Andreï Pcheliakov prend une pénalité dès la première minute, et les deux prodiges sont déjà de sortie. Evgeni Malkin sert au bon moment Aleksandr Ovechkin qui fonce au but (1-0, 1'36"). Evgeni Pupkov accroche à son tour, et un lancer de Denis Arkhipov dans le trafic double la mise (2-0, 2'44"). Comment réagir après cette mise au point en trois minutes chrono ? Vadim Krasnoslabotsev, aux cheveux presque aussi longs que son nom, s'y essaye en travaillant devant la cage pendant une courte période de supériorité, mais son rebond à bout portant est détourné au-dessus par Zvyagin. Et après dix minutes, c'est au tour de la quatrième ligne russe de donner un récital : Konstantin Gorovikov laisse à la bleue à Igor Grigorenko qui lui remet le palet près de la cage pour une déviation (3-0, 10'44").

Si le seul moyen qu'a trouvé le Kazakhstan pour riposter est cette mauvaise charge avec le coude de Blokhin à la tête d'Ovechkin (2'+10'), c'est mauvais signe. Dans une belle position, Denis Kulyash démontre qu'il est moins à l'aise quand on lui demande la précision de tir et non la puissance. Quand ce même Kulyash fait trébucher Ogorodnikov en fin de période, le Kazakhstan obtient une situation intéressante à quatre contre trois. Une très bonne construction du trio majeur est conclue par Evgueni Koreshkov à bout portant (3-1, 17'40"). Mais, après une charge avec le genou de Pchelyakov, c'est maintenant la Russie qui joue à quatre contre trois, et Dmitri Bykov marque en lucarne (4-1, 18'48").

La deuxième période est encore plus difficile pour le Kazakhstan en raison de l'éloignement du banc. Face à des défenseurs carbonisés qui n'ont plus la force ni de récupérer le palet ni de jouer l'homme, les Russes restent installés en zone offensive après la fin d'une supériorité, et Ovechkin reprend une passe de derrière la cage de Malkin alors que Sushinsky était lui aussi dans le slot pour masquer le gardien (5-1, 24'13"). Le comble du ridicule est atteint sur le sixième but russe, inscrit en infériorité numérique : une passe aveugle en zone neutre d'Aleksandr Koreshkov pour son frère est interceptée par Evgeni Malkin qui file au but et évite le poke-check beaucoup trop hésitant de Roman Medvedev (6-1, 26'41"). Bon candidat pour un concours de grimaces, Nikolaï Myshagin demande à Tambulov de s'échauffer... Pendant ce temps, Evgeni Koreshkov part en prison pour retenir la crosse. Le temps que Zhailaulov se retourne, Ovechkin a déjà pris deux mètres d'avance dans son dos et il ne le reverra plus (7-1, 29'39"). Encore une fois laissé seul face à un attaquant, Medvedev quitte la glace avec tout juste 50% d'arrêts...

Cela ne change rien au déroulement du match : un Kazakhstan statique, une Russie rapide, et Aleksandr Semin offre le cadeau de bienvenue à Sergei Tambulov (8-1, 32'24"). Le gardien remplaçant évite quand même un autre but d'Ovechkin en posant son gant devant sa ligne alors que le palet est passé sous lui. Les défenseurs sont débordés en un contre un à chaque action et Blokhin n'a d'autre solution que de retenir Mikhnov quand il arrive devant le but. Une pénalité "utile" car assez vite annulée par une obstruction de Gorovikov sur Litvinenko.

Le Kazakhstan s'efforce de limiter les dégâts au troisième tiers-temps, mais en deux passes depuis le fond de la zone russe, Aleksandr Semin a le champ libre pour fusiller Tambulov (9-1, 44'38"). La Russie est en goguette et Krikunov se permet de donner du temps de jeu à son second gardien Aleksandr Fomichev, qui aura deux arrêts à faire en treize minutes. Le Kazakhstan est tellement assommé qu'il conserve son faux-rythme même à cinq contre trois. Et après Ovechkin, c'est au tour d'Aleksandr Semin, qui pourrait le rejoindre cet été à Washington après une saison très décevante au Lada puis au Khimik, de signer un hat-trick (10-1, 53'52").

La Russie a déroulé son hockey, et dans ces cas-là il n'y a qu'à applaudir et à rester époustouflé par sa vitesse. Elle réussit le premier carton de ce championnat du monde, mais c'est dans des matches plus difficiles qu'elle est attendue au tournant. Quant au Kazakhstan, il avait déjà pris l'eau d'entrée aux JO contre la Suède, il est donc encore trop tôt pour l'enterrer.

Désignés meilleurs joueurs du match : Aleksandr Ovechkin pour la Russie et Evgeni Koreshkov pour le Kazakhstan.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Avant le match, franchement, je craignais que nos joueurs se soient préparés trop tôt mentalement. Mais le match a tout mis au point : nous avons marqué rapidement et nous avons joué avec un bon état d'esprit et beaucoup d'envie. À notre première défaite, tout le monde aura oublié ce score. Le 11-0 contre Omsk en play-offs l'an passé me revient à la mémoire, mais je n'avais jamais rien rencontré de tel en championnat du monde. J'ai construit une sélection de nouvelle génération, qui doit avoir de jeunes leaders. J'ai donné le A à Ovechkin parce qu'il jouera dans cette équipe dix ans minimum."

Nikolaï Myshagin (entraîneur du Kazakhstan) : "Le grand frère n'a pas épargné son petit frère. Nous avons peu de moyens et nous n'avons joué qu'un match de préparation en Finlande [contre lme JYP Jyväskylä]. Il est de tradition que nous perdions notre premier match sur un gros score. L'an dernier nous avons perdu 0-7 contre les Tchèques, ils sont devenus champions du monde. À Turin nous avons été battus 2-7 par les Suédois, ils ont gagné les Jeux Olympiques. Ce 1-10 est donc un bon présage pour la Russie. Elle a une chance d'être enfin championne du monde..." [Krikunov : "ravi d'apprendre ces statistiques"]

Aleksandr Ovechkin (attaquant de la Russie) : "L'entraîneur nous a donné comme consignes de jouer pour notre plaisir, ce que nous avons fait. [...] Krikunov a dit : 'les assistants du capitaine seront Arkhipov et Ovechkin'. Je me sens bien dans ce rôle, mais pour être tout à fait franc, ce n'est pas moi l'assistant. Nous avons des joueurs capables de parler. Il peut bien y avoir un "A" sur mon maillot, mais il y a dans l'équipe Sasha Kharitonov... Tous les joueurs expérimentés méritent cette lettre."

 

Russie - Kazakhstan 10-1 (4-1, 4-0, 2-0)

Samedi 6 mai 2006 à 20h15 à l'Arena Riga. 7190 spectateurs.

Arbitrage de Jari Levonen (FIN) assisté de Roman Pouzar (TCH) et Ansis Eglitis (LET).

Pénalités : Russie 26' (10', 8', 8'), Kazakhstan 40' (12'+10', 10', 8').

Tirs : Russie 27 (6, 8+4, 9), Kazakhstan 17 (7, 4, 4+2).

Évolution du score :

1-0 à 01'36" : Ovechkin assisté de Malkin et Sushinsky (sup. num.)

2-0 à 02'44" : Arkhipov assisté de Nikulin (sup. num.)

3-0 à 10'44" : Gorovikov assisté de Grigorenko

3-1 à 17'40" : E. Koreshkov assisté de A. Koreshkov et Zhailaulov (sup. num.)

4-1 à 18'48" : Bykov assisté de Kruchinin et Emeleïev (sup. num.)

5-1 à 24'13" : Ovechkin assisté de Malkin

6-1 à 26'41" : Malkin (inf. num.)

7-1 à 29'39" : Ovechkin assisté de Malkin (sup. num.)

8-1 à 32'24" : Semin assisté d'Arkhipov et Nikulin

9-1 à 44'38" : Semin assisté de Nikulin et Zaripov

10-1 à 53'52" : Semin assisté de Zaripov et Nikulin (sup. num.)

 

Russie

Gardiens : Sergei Zvyagin puis Aleksandr Fomichev à 47'04".

Défenseurs : Sergei Zhukov - Ilya Nikulin ; Kirill Koltsov - Vitali Atyushov ; Andrei Kruchinin - Dmitri Bykov ; Denis Kulyash - Vadim Khomitsky.

Attaquants : Aleksandr Semin - Denis Arkhipov (A) - Danis Zaripov ; Aleksandr Ovechkin (A) - Evgeni Malkin - Nikolaï Kulemin ; Aleksandr Kharitonov - Igor Emeleïev - Maksim Sushinsky (C) ; Igor Grigorenko - Konstantin Gorovikov - Aleksei Mikhnov.

Kazakhstan

Gardiens : Roman Medvedev puis Sergei Tambulov à 29'39".

Défenseurs : Artyom Argokov - Aleksei Litvinenko ; Oleg Kovalenko - Evgeni Blokhin ; Alekseï Koledaïev - Evgueni Pupkov ; Andrei Savenkov - Evgeni Mazunin.

Attaquants : Talgat Zhailaulov - Evgueni Koreshkov - Aleksandr Koreshkov ; Andrei Spiridonov - Andrei Pchelyakov - Konstantin Shafranov ; Vadim Krasnoslabotsev - Nikolaï Zarzhitsky - Andreï Samokhvalov ; Andreï Ogorodnikov - Andreï Troshchinsky - Vadim Rifel.

 

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