Championnat du monde de division I, groupe A.

L'Allemagne passe son premier test réel des championnats du monde face à la Hongrie. Après avoir largement dominé ses adversaires jusqu'à présent en marquant 23 buts en trois matchs (pour seulement deux encaissés !), les joueurs d'Uwe Krupp trouvent sur leur route une équipe hongroise ayant une réelle carte à jouer dans ces championnats du monde après son match nul face à la France. En cas de succès, les Hongrois seraient en effet en position idéale pour la montée avant d'affronter le Japon demain. En Somme, malheur au vaincu !

Comme prévu, l'Allemagne prend l'initiative du jeu dès le coup d'envoi et s'installe dans la zone hongroise pendant les premières minutes. La palet frôle à plusieurs reprises les montants des cages de Levente Szuper mais la Hongrie parvient dans l'ensemble à bien contenir les assauts de la Mannschaft. Et après huit minutes d'une longue période d'observation, coup de tonnerre au Coliséum : la Hongrie ouvre le score suite à une erreur de Frank Hördler qui maîtrise mal le palet dans sa zone. Arnold Feil s'en saisit et le laisse à Csaba Jánosi qui place un slap monumental sous la barre (1-0, 08'07"). Pour la première fois dans ces championnats du monde, l'Allemagne est menée au score. La réaction ne se fait pas attendre, sur le coup d'envoi les Allemands ratent de peu l'égalisation. La pression sur les cages de Szuper se fait plus intense et une reprise de Florian Busch passe de peu à côté. Sous pression, les Hongrois en viennent logiquement à commettre des fautes et Balázs Ladányi écope de la première pénalité du match. L'Allemagne installe son jeu de puissance mais il faut attendre les ultimes secondes de l'avantage numérique pour voir vraiment un tir dangereux. Ladányi à sa sortie de prison est tout près de mettre les Allemands KO debout mais Müller s'interpose. Ocskay est sanctionné à son tour mais les hommes d'Uwe Krupp ne parviennent pas davantage à tirer profit de la situation. Levente Szuper affiche une sérénité déconcertante dans ses buts et la Hongrie semble se complaire dans cette situation où elle peut se contenter de jouer le contre à la moindre occasion. C'est d'ailleurs dans cette configuration que Ladányi se présente une nouvelle fois seul face à Müller sans pour autant déjouer le portier de Krefeld. Et c'est avec un certain sentiment de frustration que les Allemands rentrent au vestiaire.

Comment faire sauter ce verrou hongrois ? Tel a dû être le thème des discussions pendant la première pause dans le vestiaire allemand. Mais au retour sur la glace, la situation n'a guère changé : les hommes de Pat Cortina cadenassent la zone neutre et les Allemands n'arrivent toujours pas à mettre une pression efficace sur les buts de Szuper. Ils en viennent même à s'énerver et Tino Boos concède une pénalité qui n'arrange en rien les affaires de ses coéquipiers. Si la Hongrie ne parvient pas à exploiter la situation d'avantage numérique, elle semble avoir la situation bien en main. Szuper frustre une nouvelle fois Ustorf de près et surtout se montre impérial sur une infériorité numérique au cours de laquelle il est soumis au feu nourri des slaps de Sulzer et Goc notamment. La mi-match est atteinte et la Hongrie tient toujours son précieux avantage d'un but. Suite à une faute de Gogulla, le jeu de puissance hongrois se met enfin en place et semble en mesure d'inquiéter Müller. Mais Tamás Sille se fait chiper le palet le long de la bande par Alexander Barta qui file au but en deux contre un. Le jeune attaquant d'Hambourg ne se pose pas de question et fusille Szuper d'un tir sous la barre (1-1, 30'54"). C'est donc en infériorité numérique que l'Allemagne a réussi à se relancer dans la partie. Ce but booste les Allemands qui comptent enfoncer le clou. Tino Boos passe près du second but et sur une nouvelle pénalité de Lajos Tõkési, l'Allemagne installe le jeu de puissance avec conviction. Un palet de Kreutzer passe devant la cage de Szuper mais personne n'est là pour le reprendre. Mais encore une fois contre le cours du jeu, la Hongrie va reprendre l'avantage au score. Un slap anodin de la bleue de Gábor Ocskay est légèrement dévié par Tamás Gröschl et Robert Müller se laisse surprendre (2-1, 35'46"). Tout est à refaire pour la Manschaft mais cette fois la réaction est immédiate. Sur un nouvel avantage numérique concédé par les Hongrois, les Allemands réalisent un power play d'excellente facture qui trouve une conclusion logique sur un slap de Sascha Goc dévié par Tino Boos (2-2, 38'05"). Même si Felski rate une dernière occasion, l'essentiel est sauf pour l'Allemagne à la pause.

Peu récompensés de leurs efforts en deuxième période (24 tirs à 5 pour finir le tiers seulement à égalité !), les Allemands vont connaître un regain d'efficacité. À moins que ce soit les Hongrois qui finissent par baisser pied. Toujours est-il que le pressing allemand se fait de plus en plus fort et la défense hongroise donne des signes de fissures sur des tentatives de Bakos et Fical. Finalement sur un palet renvoyé plein axe par Szuper, Sven Felski envoie un slap précis au ras du poteau (2-3, 45'11"). Il aura donc fallu attendre quarante-cinq minutes pour voir l'Allemagne mener au score dans cette rencontre. On pense alors à la France qui avait gagné un avantage similaire avant de se faire rejoindre en fin de match pour concéder le nul. Mais les Allemands ne commettent pas la même erreur en réussissant à inscrire ce quatrième but qui met un terme définitif aux espoirs hongrois. À nouveau en supériorité numérique et toujours avec Sascha Goc à la pointe en artificier en chef. Le défenseur d'Hanovre expédie un nouveau missile de la bleue, cette fois c'est Yannic Seidenberg qui se trouve sur la trajectoire et dévie le tir entre les jambes de Szuper (2-4, 49'21"). Déjà passablement émoussés physiquement, les hommes de Pat Cortina ne vont jamais réussir à se remettre de ce coup dur. Les dix dernières minutes sont pénibles pour la Hongrie qui ne sort plus de sa zone et qui sera limitée à deux tirs sur l'ensemble du tiers. Les défenseurs hongrois n'arrivent plus à faire le ménage devant la cage de Szuper et laissent Yannic Seidenberg reprendre un rebond laissé par Szuper et marquer du revers (2-5, 54'13"). Trente secondes plus tard, le Germano-Tchèque Martin Ancicka envoie un slap en pleine lucarne suite à une passe abandon de Marco Sturm (2-6, 54'47"). La Hongrie n'y est plus et Pat Cortina est même obligé de demander un temps mort pour recadrer ses hommes et leur éviter une défaite plus humiliante. Finalement l'Allemagne se contente de gérer les dernières minutes sans chercher à enfoncer un plus une équipe hongroise aux abois.

Le score est très lourd pour la Hongrie qui aura réussi à faire doute la Mannschaft pendant plus de quarante minutes. Grâce à un gardien en état de grâce et à une défense bien en place, les Hongrois ont neutralisé la puissante offensive allemande tout en montrant un réalisme maximum sur ses rares occasions offensives (14 tirs seulement !). Puis le bel ensemble s'est fissuré avant d'exploser littéralement au troisième tiers. La défense hongroise, souvent désignée comme étant le point faible de cette équipe, n'a finalement pas tenu la distance mais ne méritait pas une défaite aussi sévère. Tombée avec les honneurs mais visiblement fatiguée physiquement, la Hongrie doit désormais préserver sa troisième place face au Japon sachant qu'elle peut encore espérer la deuxième en cas de large succès demain et de défaite de la France.

L'Allemagne a pour sa part connu ses premières frayeurs de la semaine. Habituée aux succès faciles, la Mannschaft a souffert en rencontrant la résistance hongroise. L'issue du match était incertaine pendant quarante-cinq minutes malgré une supériorité offensive évidente. Robert Müller n'a pas connu un grand match non plus, se faisant surprendre à deux reprises alors qu'il n'a été que peu menacé durant la rencontre. Mais la démonstration de force qui a suivi au troisième tiers a montré l'étendue du potentiel allemand. La supériorité numérique parfaitement rodée est un danger permanent avec un Sascha Goc en vraie tour de contrôle. Yannic Seidenberg, auteur de deux buts, a fait oublier son frère et a fêté dignement ses premiers championnats du monde. Cette victoire acquise dans la douleur a sans doute rendu l'Allemagne encore plus forte. Voilà la France prévenue.

Désignés meilleurs joueurs du match : András Horváth (Hongrie) et Alexander Barta (Allemagne)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

Commentaires d'après-match

Pat Cortina (entraîneur de la Hongrie) : "Bravo à Uwe et à son équipe. Ce tournoi n'est pas facile pour l'Allemagne et malgré la pression elle répond présent en jouant un hockey simple. Nous avons surtout travaillé pendant deux périodes, il manquait des ressources au troisième tiers. Il est difficile pour nos joueurs de tenir soixante minutes à ce niveau. Malgré les erreurs défensives je suis satisfait de mes joueurs, je n'oublierai pas ce qu'ils ont fait."

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Les Hongrois sont dangereux et jouent de manière intelligente. Nous avons été mis sous pression et avons dû trouver les moyens de revenir. Le plan de jeu de la Hongrie a été le même pendant tout le tournoi ; ils ne prennent pas beaucoup de pénalités et sont dangereux sur le peu d'occasions qu'ils se procurent, car ils font preuve de réalisme. Nous n'avons jamais de garantie que l'équipe va revenir, chaque match est différent. Elle a su se reconcentrer, ne pas perdre patience et mettre la pression sur le but hongrois."

Hongrie - Allemagne 2-6 (1-0, 1-2, 0-4)

Samedi 29 avril 2006 à 20h00 au Coliséum d'Amiens. 2648 spectateurs.

Arbitrage de Sven Bergman (BEL) assisté de Damir Rakovic (SLO) et Marco Coenen (HOL).

Pénalités : Hongrie 12' (4', 6', 2'), Allemagne 8' (0', 4', 4').

Tirs : Hongrie 14 (7, 5, 2), Allemagne 50 (11, 24, 15).

Évolution du score :

1-0 à 08'07" : Jánosi assisté de Feil

1-1 à 30'54" : Barta (inf. num.)

2-1 à 35'46" : Gröschl assisté de Ocskay et Palkovics

2-2 à 38'05" : Boos assisté de S. Goc et Felski (sup. num.)

2-3 à 45'11" : Felski assisté de Fical et Bakos

2-4 à 49'21" : Y. Seidenberg assisté de S. Goc et Kreutzer (sup. num.)

2-5 à 54'13" : Y .Seidenberg assisté de Hördler et Kreutzer

2-6 à 54'47" : Ancicka assisté de Sturm et Ustorf

Gardien : Levente Szuper.

Défenseurs : Viktor Szélig - Tamás Sille ; Viktor Tokaji - András Horváth ; Balázs Kangyal (C) - Bence Svasznek ; Tamás Lencsés - Lajos Tõkési.

Attaquants : Tamás Gröschl - Gábor Ocskay - Krisztián Palkovics ; Balázs Ladányi - Márton Vas - Imre Peterdi ; Csaba Kovács - Gergely Majoross - Dániel Fekete ; Arnold Feil - Attila Hoffmann - Csaba Jánosi.

Remplaçant : Krisztián Budai (G).

Gardien : Robert Müller.

Défenseurs : Andreas Renz - Martin Ancicka ; Frank Hördler - Michael Bakos ; Alexander Sulzer - Sascha Goc ; Anton Bader.

Attaquants : Marco Sturm - Stefan Ustorf (C) - Florian Busch ; Sven Felski - Alexander Barta - Petr Fical ; Christoph Ullmann - Tino Boos - Daniel Kreutzer ; Phillip Gogulla - Felix Schütz - Christoph Gawlik ; Yannic Seidenberg.

Remplaçant : Thomas Greiss (G).

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