Allemagne - Grande-Bretagne (27 avril 2006)

 

Troisième journée du championnat du monde de division I, groupe A.

Les Britanniques pourront-ils résister aux Allemands aussi longtemps que contre la France ? La question devient caduque au bout de seulement deux minutes. Alexander Barta déborde sur la gauche et centre pour Sven Felski, trop court. Le palet ressort à la bleue pour Sascha Goc qui s'avance et lance en hauteur au-dessus du gant de Murphy (1-0 à 02'04"). La mitaine du gardien attrape par contre le tir en pivot d'Ancicka, qui a fait le tour de la cage en protégeant le palet sur son revers. C'est à cinq contre trois que les Britanniques se créent leur première occasion quand Shields cherche une déviation de Weaver, bien arrêtée par Müller. Après neuf minutes de jeu, Stephen Murphy croit stopper un tir du poignet excentré de Philip Gogulla, mais le palet glisse tout doucement derrière lui (2-0 à 09'07"). Ce n'est pas fini. Les défenseurs Alexander Sulzer et Sascha Goc mettent tellement le feu que Jamieson est poussé à la faute, rejoint ensuite en prison par David Phillips. En double supériorité, Goc s'offre un doublé personnel sur un gros lancer de la bleue (3-0 à 11'46"). À la dix-huitième minute, l'Allemagne se fait tout de même une énorme frayeur. Le palet roule le long de la bande et Robert Müller est déjà passé derrière sa cage pour l'intercepter, mais la rondelle a un rebond curieux contre la balustrade et ricoche brusquement... juste devant la cage vide ! Owen est un poil court pour marquer le but tout fait sous le regard d'un Müller catastrophé. Les choses rentrent ensuite dans l'ordre avec une obstruction de Jamieson. En jeu de puissance, la tribune allemande reprend sa chanson "Super Deutschland schießt ein Tor", et il ne faut que trente secondes pour qu'elle fasse effet. Daniel Kreutzer trompe Murphy côté plaque alors qu'il avait anticipé côté mitaine (4-0 à 18'55").

Pour les buts, c'est comme pour la bière : les Allemands ne sont jamais rassasiés, et même une tournée générale n'étanche pas leur soif très longtemps. La pause a tout juste servi à dessécher leurs gosiers, et comme le jeu reprend en supériorité numérique, ils exhortent de nouveau leur équipe à marquer "ein Tor". Ils apaisent finalement leurs exigences et enchaînent avec des chorégraphies et des chants sans paroles (non, Lalala ne compte pas), y compris en entonnant un air... anglais (You'll never walk alone). Les supporters britanniques, qui sont eux aussi plusieurs centaines, sont dix fois moins audibles, ce qui présage de ce qui risque de se passer lors du France-Allemagne de dimanche.

Sur la glace, on joue à cinq contre cinq, mais l'Allemagne est quand même installée l'essentiel du temps en zone offensive. Il est vrai que les Britanniques parviennent à la faire surtout travailler dans les coins, sans porter le danger devant la cage de Stevie Lyle. Le Gallois, dont la nouvelle de l'engagement à Morzine-Avoriaz fait le tour des travées, a remplacé Murphy à la pause. À une minute de la fin du deuxième tiers-temps, alors que Matt Myers est assis depuis dix secondes en prison, ce sont les juniors allemands qui font le spectacle en jeu de puissance : Felix Schütz placé derrière la cage remet une passe de la bleue de Sulzer vers son compère Christoph Gawlik qui allume la lucarne (5-0 à 38'54").

Le calvaire britannique n'est pas terminé. Tino Boos garde le palet crosse dans la crosse pour fixer Jamieson - jamais très mobile quand il abaisse sa grande carcasse devant un palet - et le gardien, et il offre ainsi le sixième but à Christoph Ullmann (6-0 à 40'51"). "No more", demande Strachan à ses hommes depuis le banc, mais cette supplique semble bien vaine. Un tir de Hördler face à lui, un rebond pris du revers par Schütz derrière lui : Jamieson finit allongé sur la glace et se sent comme encerclé par ces joueurs encore plus jeunes que lui et tellement plus vifs (7-0 à 46'36"). Le festival des juniors se poursuit avec Gogulla qui attend le moment juste pour délivrer une passe décisive en or à Felix Schütz (8-0 à 52'52"). L'Allemagne passe certes par quelques instants de déconcentration - il n'est pas normal que Bader doive plonger pour enlever in extremis un palet de but de la crosse de Clarke alors qu'elle joue à cinq contre trois - mais la démonstration est suffisante. Et ce ne sont pas quelques erreurs éparses comme ce contrôle manqué de Schütz qui y changeront quoi que ce soit.

Le bien-fondé du rajeunissement voulu par Krupp ne fait plus guère de doutes. Quand on voit que Kreutzer et même Sturm peinent à soutenir la comparaison avec cette jeunesse jamais fatiguée, on se dit que Kathan et Martinec n'avaient effectivement pas l'endurance nécessaire pour suivre le rythme. Avec la moitié des buts à leurs actifs, le trio Gogulla-Schütz-Gawlik a fait tourner toutes les têtes, y compris celles de leurs futurs adversaires. Pour ceux qui faisaient la fine bouche sur leurs deux premières sorties, la démonstration de force des Allemands a été totale. On se dira pour se consoler que la Grande-Bretagne n'était pas l'adversaire le plus à même de les gêner, eux qui sont habitués à un style physique. Mais la France et la Hongrie en ont-elles les moyens ? Elles savent maintenant que ce n'est même plus la peine de penser devancer les Allemands à la différence de buts. Il faudra donc les battre, et le moins que l'on puisse dire est que cela ne sera pas simple.

Désignés meilleurs joueurs du match : Sascha Goc pour l'Allemagne et Jonathan Weaver pour la Grande Bretagne.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Les Britanniques ont une jeune équipe qui joue à l'émotion. En mettant quelques palets au fond, nous avons coupé l'élan de leur jeu, comparé à leur dernier match contre la France où ils avaient tenu le score. Gogulla, Gawlik et Schütz sont performants dans leurs clubs. En mettant les trois ensemble, il se passe de bonnes choses. Ils font circuler le palet rapidement, ils ne mettent pas de temps à décider, et même s'ils font des erreurs occasionnelles, ils sont réceptifs et faciles à coacher. Je sais que le faible nombre de buts marqués par l'équipe nationale est toujours un sujet amusant en Allemagne, mais on ne va pas se plaindre si maintenant on transforme nos occasions. Notre but est d'être meilleurs à chaque match. La Hongrie a de gros défenseurs, il faudra trouver un moyen d'aller à la cage."

Rick Strachan (entraîneur de la Grande-Bretagne) : "Nous avons été battus par une équipe bien meilleure que nous. Ils sont grands, rapides et bien coachés. À chaque fois qu'on a fait une erreur, ils l'ont exploitée. C'était une expérience pour les joueurs. Pas une bonne, mais c'était une expérience. Il faut aussi s'adapter à l'arbitrage, on vient d'un pays où accrocher en zone neutre est autorisé. J'espérais que Murphy serait inspiré par le match de Stevie contre la France, c'est un bon gardien, mais il a eu du mal en première période. Oui, je pense que l'Allemagne est un peu au-dessus de la France, mais il n'est pas si facile de comparer. Notre penalty killing a été atroce, alors qu'il avait été excellent contre les Français. Il n'aons pas pressé, il est resté dans la boîte."

 

Allemagne - Grande-Bretagne 8-0 (4-0, 1-0, 3-0)

Jeudi 27 avril 2006 à 16h30 au Coliséum d'Amiens. 2012 spectateurs.

Arbitrage d'Andriy Sevruk (UKR) assisté de Marco Coenen (HOL) et Savice Fabre (FRA).

Pénalités : Allemagne 18' (8', 4', 6'), Grande-Bretagne 38' (10', 2', 16'+10').

Tirs : Allemagne 39 (10, 15, 14), Grande-Bretagne 14 (4, 4, 6).

Évolution du score :

1-0 à 02'04" : Goc assisté de Sulzer

2-0 à 09'07" : Gogulla assisté de Schütz

3-0 à 11'46" : Goc assisté d'Ustorf (sup. num.)

4-0 à 18'55" : Kreutzer assisté de Bader et Goc (sup. num.)

5-0 à 38'54" : Gawlik assisté de Schütz et Sulzer (sup. num.)

6-0 à 40'51" : Ullmann assisté de Boos

7-0 à 46'36" : Schütz assisté de Hördler (sup. num.)

8-0 à 52'52" : Schütz assisté de Gogulla

 

Allemagne

Gardien : Robert Müller.

Défenseurs : Andreas Renz - Martin Ancicka ; Frank Hördler - Michael Bakos ; Alexander Sulzer - Sacha Goc ; Anton Bader.

Attaquants : Florian Busch - Stefan Ustorf (C) - Marco Sturm ; Sven Felski - Alexander Barta - Petr Fical ; Christoph Ullmann - Tino Boos - Daniel Kreutzer ; Philipp Gogulla - Felix Schütz - Christoph Gawlik ; Yannic Seidenberg.

Remplaçant : Thomas Greiss (G).

Grande-Bretagne

Gardiens : Stephen Murphy puis Stevie Lyle à 40'00".

Défenseurs : Kyle Horne - Danny Meyers ; Jonathan Weaver (C) - Leigh Jamieson ; David Phillips - Mark Thomas ; Adam Radmall - Scott Moody.

Attaquants : Mike Ellis - Greg Owen - Mark Richardson ; David Clarke (A) - Matthew Myers - Jonathan Phillips (A) ; Paul Moran - Warren Tait - Paul Sample ; Russell Cowley - Colin Shields - Marc Levers.

 

Retour aux championnats du monde