Allemagne - Japon (25 avril 2006)

 

Deuxième journée du championnat du monde de division I, groupe A.

Les supporters allemands ont installé leurs quartiers dans leur coin de patinoire, entre les tribunes C et F, et déposé leurs banderoles tout autour du Coliséum. Celles qu'ils ont gardé devant eux, ce sont celles réclamant le maintien de la promotion/relégation, assimilant la DEL à une mafia et brocardant son président Gernot Tripcke, dont le portrait élégamment dessiné est affublé de la mention "interdiction de stade". Voilà pour le contexte visuel, mais le plus impressionnant est évidemment l'ambiance sonore faite de chants en rythme ininterrompus.

Un tel encouragement appelle à la persévérance. La première supériorité numérique des Allemands n'est pas convertie, mais ils restent en zone offensive. Un palet de Stefan Ustorf passe même dans les airs juste devant la cage, derrière le gardien, sans que Busch ne puisse le reprendre avant que les Japonais ne referment la porte. Un défenseur essaie de dégager cette situation contre chaude contre la bande, mais l'Allemagne couvre et Andreas Renz prend un lancer qui fait mouche (1-0 à 08'55"). Le Japon a quant à lui plusieurs situations d'avantage numérique, y compris pendant quatre minutes en fin de tiers-temps après deux pénalités consécutives inutiles, une charge contre la bande de Boos sur Kon et un faire trébucher de Yannic Seidenberg en zone neutre. Le jeu de puissance asiatique s'installe bien mais ne parvient pas à se créer d'occasions très franches. Chris Yule appelle parfois le palet à la bleue mais il lui parvient rarement dans de bonnes conditions.

L'Allemagne est plus directe à l'approche du but, et on se demande même un instant si un tir Yannic Seidenberg - qui effectue un très bon travail en infériorité numérique - n'est pas rentré en début de deuxième période. En précision, le Japon n'a rien à envier à son adversaire quand le jeu est propre et appliqué, mais peu à peu le rythme monte. Les Allemands s'installent progressivement, tout en n'étant pas à l'abri d'une relance, comme cette tentative de longue passe heureusement interceptée à la bleue par Sascha Goc. Les Japonais résistent bien, et même Marco Sturm ne trouve pas toujours de solutions et perd des palets face à cette défense bien en place.

Le match n'est pas joué, mais les supporters allemands anticipent déjà sur le but à venir. Pendant cinq minutes de jeu effectif (donc bien plus en réalité), ils répètent le même chant en boucle : "Ein Tor, ein Tor, Super Deutschland schießt ein Tor"... Qui se fatiguera le premier ? La défense japonaise ou les tribunes ? À votre avis ? Sur un centre devant le but de Florian Busch, Marco Sturm bute sur Kikuchi, mais le rebond glisse tout doucement le long du poteau (2-0 à 35'29"). Les supporters allemands ont eu ce qu'ils voulaient et ont confiance dans le résultat du match, ils passent donc maintenant à des revendications d'une autre nature. Les chœurs enchaînent maintenant avec "Tripcke raus" (Tripcke dehors). Qui se fatiguera le premier ? Tripcke ou les amateurs de hockey allemands ?

Le spectacle dans les tribunes a souvent éclipsé celui sur la glace, où le match est plié dès le début du troisième tiers. Démarqué dans l'enclave, Stefan Ustorf envoie un tir imparable à mi-hauteur côté plaque (3-0 à 43'18"). La confiance des hommes de Krupp est telle que Martin Ancicka, Allemand depuis un an et international depuis trois semaines, se permet de remonter lui-même le palet en infériorité pour se procurer une occasion en une-deux avec Busch. Quand vient une pénalité de Kon pour obstruction, Sascha Goc prend un lancer entre les jambières de Kikuchi sur une passe de derrière la cage d'Ustorf (4-0 à 50'35"). Cinq secondes plus tard, Marco Sturm prend la dernière pénalité du match, pour un cross-check sur Tanadoki, sans qu'il y ait danger pour autant. Après avoir fait la chenille autour du Coliseum, une colonie de supporters allemands s'est installée pour quelques minutes juste en face de leurs collègues, pour leur donner un peu d'écho et de répondant. Sur la glace aussi, les Japonais sont cernés. Ils paraissent de plus en plus fatigués, n'arrivent plus à bouger les jambes et multiplient les dégagements interdits. Leur gardien Naoya Kikuchi se démène pour préserver le score.

Le Japon a un jeu propre mais manque d'un peu de métier, d'un peu de ruse, d'un peu d'intensité physique. Il est assuré défensivement mais encore trop peu menaçant. Après avoir marqué un seul but en deux journées, il devra montrer ses capacités offensives jeudi contre Israël.

Désignés meilleurs joueurs du match : Stefan Ustorf pour l'Allemagne et Naoya Kikuchi pour le Japon.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Mark Mahon (entraîneur du Japon) : "Les consignes étaient d'essayer de les laisser sur les extérieurs et de protéger les endroits d'où il est possible de marquer. En deuxième période, on a commencé à perdre des palets en zone neutre. Le but de Sturm a été le tournant. Si on avait tenu le 1-0, cela aurait pu être un autre match, car il n'aurait pas été évident pour l'Allemagne de jouer avec la pression. Il faut d'ailleurs les féliciter, car ils gèrent bien la pression de résultat qui pèse sur eux dans ce tournoi."

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "J'ai dit un peu la même chose à mes hommes, de congestionner la zone devant le but pour ne pas les laisser prendre de vitesse. Le 2-0 a effectivement été important pour nous. C'est un chapitre du tournoi qui commençait aujourd'hui, avec un meilleur effort que contre Israël, surtout dans notre zone. Ce fut difficile, comme toujours contre le Japon. Si nous gardons le même engagement et la même concentration, nous serons sur la bonne voie pour les matches suivants. Nous ne mesurons pas le succès de nos jeunes dans ce tournoi au nombre de buts qu'ils marquent. Un joueur comme Gogulla peut dominer le match défensivement. Il n'y a pas beaucoup de joueurs qui ont ce caractère. Schütz est différent, il est malin avec le palet et se crée des occasions à chaque match."

 

Allemagne - Japon 4-0 (1-0, 1-0, 2-0)

Mardi 25 avril 2006 à 13h00 au Coliséum d'Amiens. 1221 spectateurs.

Arbitrage de Rudolf Lauff (SVK) assisté de Damir Rakovic (SLO) et Savice Fabre (FRA).

Pénalités : Allemagne 16' (8', 4', 4'), Japon 14' (2', 8', 4').

Tirs : Allemagne 39 (15, 13, 11), Japon 16 (10, 4, 2).

Évolution du score :

1-0 à 08'55" : Renz assisté d'Ustorf

2-0 à 35'29" : Sturm assisté de Busch (sup. num.)

3-0 à 43'18" : Ustorf assisté de Busch et Ancicka

4-0 à 50'35" : S. Goc assisté de Ustorf et Sturm (sup. num.)

 

Allemagne

Gardien : Robert Müller.

Défenseurs : Andreas Renz - Martin Ancicka ; Frank Hördler - Michael Bakos ; Alexander Sulzer - Sacha Goc ; Anton Bader.

Attaquants : Florian Busch - Stefan Ustorf (C) - Marco Sturm ; Sven Felski - Alexander Barta - Petr Fical ; Christoph Ullmann - Tino Boos - Daniel Kreutzer ; Philipp Gogulla - Felix Schütz - Christoph Gawlik ; Yannic Seidenberg.

Remplaçant : Thomas Greiss (G).

Japon

Gardien : Naoya Kikuchi.

Défenseurs : Aaron Keller - Shinya Yanadori ; Hideyuki Osawa - Jun Tonosaki ; Kengo Ito - Fumitaka Miyauchi ; Kyohei Kikuchi.

Attaquants : Chris Yule - Tetsuya Saito - Takahito Suzuki (C) ; Masashi Sato - Yoshinori Iimura - Masato Domeki ; Tomohiko Uchiyama - Yosuke Kon - Takeshi Saito ; Hiroki Ueno - Daisuke Obara - Masahito Nishiwaki.

Remplaçants : Masahito Haruna (G), Masafumi Ogawa.

 

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