Amiens - Grenoble (28 mars 2006)

 

Demi-finale de Ligue Magnus, match n°3.

Deux victoires à zéro. Si certains l'avaient pronostiqué, c'était sûrement en faveur des Brûleurs de Loups. Et pourtant, trois jours après une séance de tirs aux buts marquée par le brio d'Antoine Mindjimba, les Gothiques ont l'occasion de se qualifier pour une troisième finale en quatre ans, et ce dès le troisième match. Cependant, l'âpreté des deux parties disputées en Isère, la victoire des hommes de Gérald Guennelon au Coliseum le 26 novembre dernier, et tout simplement leur talent ne laissent aucunement présager d'une formalité pour les Picards.

La première tentative est d'ailleurs à mettre à l'actif de Baptiste Amar, qui reprend un palet transmis depuis le coin par Laurent Meunier (0'20). Si les Brûleurs de Loups sont plus présents en zone offensive, les occasions se font rares, ou plutôt peu dangereuses, à l'image de la tentative de Brett Draney, qui de la droite tente de repiquer vers le centre et d'éviter Antoine Mindjimba (2'53). Il faut attendre la première supériorité numérique amiénoise pour voir Christophe Burnet intervenir, en l'occurrence sur un lancer en hauteur de Miroslav Pazak (4'09), avant que Laurent Gras ne s'infiltre pour tirer à mi-hauteur, la rondelle terminant dans son gant. Tour à tour en supériorité numérique, les équipes ne se montrent guère plus dangereuses, jusqu'à la pénalité infligée pour cinglage à François Rozenthal, situation que met rapidement à profit Laurent Meunier, lancé dans l'espace par Jean-François Bonnard, qui s'infiltre par le centre et, sans opposition, s'en va ouvrir le score (0-1, 9'22). Menant au score, les Grenoblois ne vont pas pour autant baisser de pied, et leur pressing haut, orchestré notamment par Kevin Hecquefeuille, gêne considérablement les Gothiques. Ces derniers se contentent en effet d'efforts individuels ou de lancers excentrés, comme Loïc Sadoun par deux fois, ou lointains, à l'image de Pulscak (12'30).

Au cours d'une situation de jeu à quatre contre quatre, c'est encore Grenoble qui est le plus présent, mais un mauvais contrôle à la ligne bleue est rapidement exploité par les Gothiques, permettant à Sadoun de s'en aller défier le portier isérois, ce qui contraint les défenseurs, pour une fois dépassés, à la faute. En plus de la sanction infligée à Jean-François Bonnard, l'ancien Tourangeau se voit offrir la possibilité de remettre les pendules à l'heure. Mais Christophe Burnet n'a pas oublié de régler sa montre et dévie la tentative en force de son assaillant (13'35). La tension est alors palpable des deux côtés, Gérald Guennelon s'emporte tandis que Loïc Sadoun est à son tour sanctionné pour attitude anti-sportive.

Dans la foulée, les esprits s'échauffent encore un peu plus suite à un lancer lointain de Viktor Wallin, la présence dans sa zone du capitaine Benoît Bachelet ayant le don d'irriter Antoine Mindjimba. Avec un homme de plus, Grenoble accentue sa pression, mais les tentatives combinées de Jönsson et de Laurent Meunier avortent, tandis que Viktor Wallin tente d'y aller seul, sans plus de réussite. C'est finalement quand Amiens est au complet que les visiteurs vont parvenir à leurs fins. Le lancer à ras glace de Christophe Tartari est repoussé, mais son abnégation, combinée à celle de Meunier et Hecquefeuille va payer dans la continuité de l'action, et il ne se fera pas prier pour battre Mindjimba de près (0-2, 16'11).

Ce deuxième but a au moins le mérite de piquer les Gothiques au vif, la ligne des frères Marcos et de François Rozenthal faisant passer un premier frisson dans le dos de la défense quand Elie transmet à Julian, dont la tentative du revers est maîtrisée par Burnet (16'50). On prend les mêmes et on recommence moins de deux minutes plus tard, et, suite au travail de Julian derrière le but, le palet revient devant la cage, le temps pour Elie Marcos de le frapper en force pour redonner espoir aux siens (1-2, 18'40).

Les initiatives sont encore amiénoises au début du deuxième tiers, mais ne peuvent troubler outre mesure l'organisation défensive des Brûleurs de Loups. La tentative en angle fermé et en hauteur de Simon Petit est cependant contrôlée assez difficilement par Burnet (22'16), qui n'est pas loin de se faire surprendre de manière impromptue lorsque la rondelle rebondit de façon surprenante contre la bande avant de revenir directement vers la cage déserte (23'22). Grenoble ne parvient pas à se montrer dangereux, le lancer de la gauche de Bobby Russell finissant sur le gardien (23'30), et même en infériorité numérique les Gothiques se créent une occasion par François Rozenthal, lancé par Brice Chauvel qui tente ensuite une percée à droite et évite Burnet mais ne peut redresser sa course. De nouvelles échauffourées suite au lancer de Simon Bachelet (27'30) permettent à Amiens de bénéficier d'un homme supplémentaire. C'est François Rozenthal qui sonne la charge, contraignant Burnet à intervenir de la crosse (28'24), avant que ce dernier ne s'oppose à Miroslav Pazak qui a récupéré le palet sur le côté de sa cage avant de tenter de le placer en hauteur (28'40). Après cette alerte, la pression s'amenuise quelque peu, les lancers de Gras et Rozenthal n'étant pas cadrés. Bobby Russell en profite pour alerter Benoît Bachelet sur la droite, le capitaine grenoblois prenant alors tout le monde de vitesse avant de repiquer au centre et tromper Mindjimba du revers (1-3, 29'52).

Après un nouveau lancer de la droite de Nicolas Favarin (30'09), Amiens essaie bien de se porter à l'attaque, mais doit encore attendre des fautes grenobloises pour se montrer plus pressant sur la cage de Burnet. Mills ayant été invité par Monsieur Bocquet à se calmer sur le banc, Laurent Gras y va de son accélération pour transpercer la défense, éviter Bonnard, Wallin et le dernier rempart, mais sans pouvoir redresser sa course (32'10). Sous les acclamations du Coliséum, Bonnard est lui aussi sanctionné pour un cinglage, et avec deux hommes de moins ses coéquipiers sont débordés par le remuant Laurent Gras, qui s'échappe côté gauche, effectue le tour de la cage et transmet à Brice Chauvel esseulédevant le but (2-3, 33'25). La confiance semble être désormais du côté picard... Semble seulement car, depuis la prison, Jean-François Bonnard prépare la plus belle réponse possible au public : à peine revenu sur la glace, c'est cette fois Laurent Meunier qui lui rend la politesse du premier but et lui permet de se présenter seul devant le but pour redonner de l'air aux siens (2-4, 34'39). Le "chambrage" du grand défenseur grenoblois à l'encontre de ceux qui ne lui ont jamais fait de cadeaux est ensuite monumental...

C'est ensuite Burnet qui oppose sa botte à Miroslav Pazak venu le défier depuis l'aile droite (35'25), avant de résister aux quelques escarmouches picardes sur une nouvelle infériorité numérique. Grenoble sort encore quelques contre-attaques, comme celle amorcée par l'omniprésent Laurent Meunier, échappé à droite, qui donne devant le but à Yven Sadoun, mais ce dernier envoie la rondelle trop à droite, l'international français qui a suivi ne pouvant ensuite la rediriger dans un but que Mindjimba a bien fermé (39'57). La sirène retentit sur un dernier échange d'amabilités entre Julian Marcos et Roger Jönsson.

Dans la troisième période, Brett Draney est bien vite poussé à la faute (42'11), permettant aux Gothiques de se presser vers le but de Christophe Burnet. Celui-ci s'oppose à la tentative d'Elie Marcos, esseulé par une passe de derrière la cage de Pazak, puis à celle de son frère Julian, avant que Laurent Gras, encore dans le rôle du passeur, et Pulscak ne rééditent la même action. La suite est plus sereine pour Grenoble, moins inquiété, et qui dispose à son tour d'un avantage numérique (47'11). Si les coéquipiers de Laurent Meunier, auteur de la première tentative, s'installent rapidement en zone offensive, ils ne peuvent être plus dangereux. Cependant le temps joue pour eux, et en face les tentatives amiénoises (Pulscak, Pousset) sont souvent solitaires.

C'est pourtant à ce moment que Amiens va réduire l'écart, encore une fois à l'initiative de Brice Chauvel, qui de la droite alerte Anthony Mortas devant le but, et si ce dernier semble rater son contrôle, il parvient quand même à déjouer la vigilance de Burnet (3-4, 50'36). Le doute est alors du côté des visiteurs, dont le gardien donne l'impression de connaître des problèmes avec ses jambières, ce qui ne l'empêche pas de s'opposer une fois de plus aux lancers en force successifs de Sadoun et Pulscak (51'57). Contrairement aux vœux du public, le dernier rempart de Grenoble ne semble pas disposé à craquer, même si, mis à part sur le déboulé côté droit de Roger Jönsson (53'59), ses équipiers ne se montrent plus très dangereux et dégagent parfois comme ils le peuvent. Le danger est porté de manière récurrente dans la zone grenobloise, que ce soit par François Rozenthal ou Nicolas Pousset, mais seul un gros lancer vient inquiéter Burnet (56'10). La fin de match est rendue d'autant plus difficile pour les Brûleurs de Loups que Laurent Meunier est sanctionné dans la zone offensive pour un faire-trébucher (57'48). Bien vite il s'agira pour les Gothiques d'une double supériorité numérique avec la sortie de Mindjimba, qui aurait bien pu être mise à profit par Laurent Gras et Brice Chauvel sur une situation chaude devant un Burnet qui ne rompt pas (58'36), et se montre encore décisif sur le lancer puissant de Miroslav Pazak (59'45). Ce sont même les Grenoblois qui avortent toutes possibilités de tir de leurs adversaires, et ne passent pas loin d'enfoncer le clou en tentant leur chance de loin vers une cage déserte, contraignant finalement Pazak à se transformer en défenseur de fortune pour contrer Meunier. Qu'importe pour ce dernier, il aura quand même l'occasion, en compagnie de Brice Chauvel, de se voir récompenser par Marie-José Pérec pour son match plein. La championne olympique de Barcelone et Atlanta n'avait pu, du fait des difficultés rencontrées aujourd'hui dans les transports, rejoindre la Picardie à temps pour le coup d'envoi.

Grenoble résiste donc jusqu'au bout d'un match qu'il a bien négocié pendant une grande partie, avant de se faire inquiéter dans le troisième tiers par une équipe amiénoise elle aussi piégée à domicile, comme c'est le cas depuis le début de la série.

Élus hommes du match : Brice Chauvel pour Amiens et Laurent Meunier pour Grenoble.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Commentaires d'après-match :

Anthony Mortas (attaquant d'Amiens) : "On s'était dit d'oublier les deux matches à Grenoble, mais nous ne pensions pas qu'ils allaient attaquer si fort. Grenoble a attaqué le match d'une meilleure façon que nous. Ils étaient plus déterminés, ils étaient partout. Avec deux buts de retard on a débuté le match au début du troisième tiers temps, et il était trop tard. On a déjoué sur les unités spéciales, on a moins bien joué que chez eux. La différence est là. Grenoble a super bien joué, il faut les féliciter. À notre tour de leur montrer qu'on finira la série chez nous. On savait qu'en jouant Grenoble cela peut aller en cinq matchs, on est préparés pour ça. Mais je préfère être à ma place et mener 2-1 qu'à la leur."

Laurent Meunier (attaquant de Grenoble) : "Nous avons une sorte de mission, gagner trois matchs d'affilée. On a réussi la première étape, demain cela va encore être une grosse bataille. On a été bien présents avec deux buts d'entrée, après on a continué à bien jouer même si à la fin c'était plus difficile. On voulait absolument garder le score, on a été solides et solidaires pour protéger nos buts. C'est un soulagement, une étape, maintenant on est concentrés, il faudra être présents et solidaires pour jouer en équipe et aller au cinquième match. Comme dit un certain Jeff Bonnard, c'est au pied du mur qu'on voit le mieux le mur. La pression on l'avait au début, il fallait gagner des matches, et ça c'est une bonne pression."

 

Amiens - Grenoble 3-4 (1-2, 1-2, 1-0)

Mardi 28 mars à 20h00 au Coliséum d'Amiens. 3200 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Damien Bliek et Savice Fabre.

Pénalités : Amiens 16' (8', 6', 2'), Grenoble 22' (6', 12' ,4').

Évolution du score :

0-1 à 09'22" : Meunier assisté de Bonnard (sup. num.)

0-2 à 16'11" : Tartari

1-2 à 18'40" : E. Marcos assisté de J. Marcos et Rozenthal

1-3 à 29'52" : B. Bachelet assisté de Russell

2-3 à 33'25" : Chauvel assisté de Gras et Pulscak (sup. num.)

2-4 à 34'39" : Bonnard assisté de Meunier

3-4 à 50'36" : Mortas assisté de Chauvel et Pazak

 

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba (sorti à 58'30").

Défenseurs : Thomas Roussel - Frantisek Pulscak ; Sébastien Dermigny - Vincent Bachet (A) ; Nicolas Pousset - Peter Janik.

Attaquants : Brice Chauvel - Anthony Mortas (C) - Miroslav Pazak ; Loïc Sadoun - Laurent Gras - Simon Petit ; Julien Marcos (A) - Elie Marcos - François Rozenthal ; Lionel Wiotte - Jean-Édouard Petigny - Julien Lefranc.

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G). Absent : Jonathan Zwikel (lésion à la cheville).

Grenoble

Gardien : Christophe Burnet.

Défenseur : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Nicolas Favarin - Martin Millerioux.

Attaquants : Kevin Hecquefeuille - Laurent Meunier - Christophe Tartari ; Bobby Russell - Roger Jönsson - Benoît Bachelet (C) ; Cyril Papa - Brett Draney - Craig Mills ; Yven Sadoun - [Tartari] - Romain Bachelet.

Remplaçants : Cédric Diétrich (G), Teddy Trabichet, Sacha Treille, Yohann Morant. Absents : Josef Podlaha (arrachement osseux à la hanche), Ludek Broz (genou, saison blanche).

 

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