Grenoble - Amiens (25 mars 2006)

 

Demi-finale de Ligue Magnus, match n°2.

Après la défaite concédée la veille, les Brûleurs de Loups n'avaient pas d'autre alternative que la victoire ce soir pour continuer à espérer dans cette série. Du côté picard, on jouera en revanche sans la moindre pression puisque la victoire d'hier a permis de reprendre l'avantage de la glace et qu'une deuxième victoire ne serait que du bonus.

Les Grenoblois l'avaient annoncé hier après le match par l'intermédiaire de leur capitaine : Amiens devra venir chercher ses deux victoires manquantes, et en attendant ils étaient bien décidés à leur rentrer dedans et les bousculer. Chose promise, chose due, les premières minutes de la rencontre atteignaient des sommets d'intensité physique. Les contacts se faisaient rugueux et le moindre palet gelé conduisait à un début d'échauffourée. La tension était donc à son maximum en ce début de match qui n'avait besoin que d'une étincelle pour dégénérer. Et comme on pouvait s'en douter, c'est autour de la cage d'Antoine Mindjimba que les débats étaient les plus houleux. Mais à la décharge du portier picard, il faut dire que les Grenoblois avaient visiblement décidé de le faire sortir de ses gonds, voire du match. Les contacts sur le gardien se succédaient avec dans l'exécution des tâches d'intimidation les deux Canadiens Brett Draney et Craig Mills, qui ont déjà fait connaissance avec Mindjimba cette saison. Nicolas Pousset devait donc venir à la rescousse de son gardien et une première sévère échauffourée conduisait les trois protagonistes en prison. Le ton était donné mais la tension ne diminuait pas pour autant. La première supériorité numérique du match concédée par Dermginy ne débouchait sur rien de bien concret et les deux équipes étaient plus occupées à se provoquer qu'à jouer. Finalement les Grenoblois arrivaient à leur fin lorsque Mindjimba craquait et écopait d'un 2'+2'+10' pour une tentative de piquage sur Draney. Puis ce fut au tour de Hecquefeuille d'écoper d'une méconduite pour une charge bien agressive alors que Jönsson et Pousset en venaient aux mains à leur tour.

Bref, après cette longue introduction virile, les deux équipes se mettaient enfin à jouer et ce sont les Gothiques qui ouvraient le feu avec l'inévitable François Rozenthal sur un contre foudroyant que Simon Bachelet ne parvenait pas à enrayer qui terminait au fond des filets de Christophe Burnet (0-1, 14'36"). Comme la veille, les Picards ouvraient le score mais leur avantage fut de courte durée. Suite à un harcèlement sur le porteur du palet, Bobby Russell parvenait à récupérer la rondelle le long de la bande et adressait un centre parfait pour Roger Jönsson qui reprenait instantanément (1-1, 16'47"). C'est donc sur un score de parité que s'achevait une première période particulièrement houleuse.

On espérait forcément plus de jeu et les esprits semblaient s'être calmés au vestiaire. Pourtant c'est encore un regrettable incident de jeu qui plantait le décor dès les premières minutes. Sébastien Dermigny, auteur d'un piquage sur Jönsson au milieu de la glace, était prié par M. Bourreau de rejoindre les vestiaires. S'ensuivaient cinq minutes de supériorité numérique, un vrai cadeau pour Grenoble. Mais les Gothiques jouaient remarquablement le coup en infériorité numérique face à des Grenoblois manquant cruellement d'imagination dans l'exercice du jeu de puissance. Antoine Mindjimba s'occupait du reste, attirant le palet comme un aimant et ne laissant que très peu de rebonds. Tartari abrégeait les cinq minutes de power play par une pénalité et soulageait la pression sur la cage picarde. Mais ce n'était que temporaire car Bachet puis Roussel partaient eux aussi en prison dans ce tiers. L'indiscipline amiénoise aurait pu être le tournant de la rencontre si les Grenoblois avaient fait preuve d'un peu plus de réalisme devant la cage. Mais leurs éternels errements en jeu de puissance revenaient hanter les Brûleurs de Loups, incapables de faire la différence malgré plus de huit minutes d'avantage numérique dans la deuxième période. Et lorsque le verrou semblait prêt à sauter, c'est Loïc Sadoun qui réalisait un arrêt miracle du patin sur sa ligne. Non, décidément, ça ne voulait pas rentrer pour Grenoble.

Comme la veille, le score était de parité après deux périodes et celui qui allait parvenir à marquer dans le dernier vingt prendrait forcément un avantage décisif. C'est donc à une bataille tactique à laquelle on assistait. Les Brûleurs de Loups étaient tentés de prendre l'initiative du jeu mais ne voulaient pas non plus se livrer aux contres des Gothiques qui n'attendaient que ça. Au milieu de cette partie d'échec, les supériorités numériques auraient pu et dû faire la différence. Mais les Grenoblois, qui avaient encore l'avantage dans ce domaine en bénéficiant de trois situations de cinq contre quatre pour une seule à l'avantage d'Amiens, ne se montraient guère plus inspirés que lors des deux périodes précédentes. Au fil des minutes, Mindjimba prenait des airs de barrière infranchissable et la défense picarde, remarquablement positionnée, savait perturber des Grenoblois qui peinaient à installer leur jeu de puissance. Dans ces conditions, la prolongation devenait inéluctable.

Et de mort subite il n'y eut point. La prolongation fut à l'image du match : une domination stérile de Grenoble qui n'arrivait qu'en de cours instants à semer la panique devant la cage de Mindjimba. Le palet allait et venait devant la cage du portier picard mais ne rentrait pas. Le reste du temps, Amiens se positionnait bien défensivement et tentait de placer quelques banderilles pour surprendre Christophe Burnet, vigilant au cours de ces dix minutes. Après tout, Amiens avait tout à gagner à attendre l'épreuve des tirs aux buts vu la forme de son gardien ce soir. Et devant l'évidence que rien ne pouvait être marqué, cette épreuve arrivait comme une libération. L'issue ne faisait guère de doute et le duel de gardiens tourna logiquement à l'avantage de Mindjimba auteur de quatre arrêts, s'inclinant devant le seul Kévin Hecquefeuille. Suffisant pour donner la victoire à son équipe car en face Burnet s'était incliné face à Pazak puis Gras. Les Gothiques pouvaient exulter : ils viennent de remporter leur deuxième match d'affilée à Grenoble et prennent une très grosse option sur la série.

Les Grenoblois ont tout tenté ce soir mais ont buté inlassablement sur une muraille : Antoine Mindjimba. Le portier picard est assurément le grand bonhomme du match et montre qu'à 38 ans il a encore de très beaux restes. Ballotté, provoqué et au bord de la rupture en début de rencontre, il a su se reconcentrer et aider son équipe de la meilleure des manières qui soit en portant l'estocade lors de la séance des tirs aux but. Les Gothiques peuvent tirer un grand coup de chapeau à leur gardien car leur jeu n'a pas été flamboyant ce soir. Mais avait-il seulement besoin de l'être ? Après avoir reporté le premier match, ils n'avaient qu'à se contenter de laisser venir et tenter de surprendre leurs adversaires en contre. Malgré une indiscipline chronique et potentiellement dangereuse, la défense a effectué un travail remarquable en infériorité numérique. Les Amiénois ont encore montré ce soir qu'ils étaient les spécialistes lorsqu'il fallait cadenasser le match et Denis Perez a remporté la bataille tactique.

Car en face les Grenoblois n'ont jamais trouvé la solution. Malgré dix-huit minutes en supériorité numérique - soit près d'un tiers-temps ! - ils n'ont pas inscrit le moindre but, faisant resurgir leurs vieux démons qui les hantent depuis le début de saison. Si la défense a su se retrouver par rapport au match de la veille, l'attaque a cette fois cruellement manqué de réussite et tout simplement d'imagination. Jönsson, nettement plus en vue que la veille, Meunier, Russell et Mills, épatants de combativité, ont tout tenté, mais Grenoble s'est trop souvent réfugié derrière des solutions individuelles, forcément insuffisantes face à une telle défense et un gardien au sommet de son art. Quant à Burnet, il n'a pu sauver la mise lors de la séance des tirs aux buts, prouvant une nouvelle fois ses limites à ce stade de la compétition.

En s'inclinant par deux fois à domicile, les Grenoblois se trouvent désormais dans une situation quasi désespérée. Il faudrait en effet un miracle pour espérer revenir d'Amiens avec deux victoires et forcer la tenue d'un cinquième match. L'exploit, bien qu'improbable, reste possible car les deux équipes sont très proches. Mais dans un premier temps, c'est l'humiliation d'une élimination en trois manches sèches qu'il conviendra d'éviter. Pour que cette saison, comme la précédente, ne finisse pas en queue de poisson...

Désignés meilleurs joueurs du match : Roger Jönsson (Grenoble) et Antoine Mindjimba (Amiens).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Quand je vois les deux matchs fournis par mes joueurs, ça fait mal, on ne méritait pas ça. Il faut se remobiliser, y croire, aller chercher les ressources et les armes pour que mardi à Amiens, il y ait des combattants sur la glace. Les Amiénois ont réussi à s'imposer deux fois chez nous, pourquoi pas nous chez eux ? Mes joueurs sont à la hauteur de l'événement, pas les résultats."

Denis Perez (entraîneur d'Amiens) : "On a été chercher deux matchs, le plus dur c'est toujours le dernier de la série. Mais on est très satisfaits, l'objectif est pleinement atteint et c'est plaisant. Antoine Mindjimba nous a fait un très gros match. Mais c'est un groupe, une mentalité qui a gagné."

 

Grenoble - Amiens 1-1 (1-1, 0-0, 0-0, 0-0) / 1-2 aux tirs aux buts

Samedi 25 mars à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Nicolas Barbez et Guillaume Gielly.

Pénalités : Grenoble 26' (8'+10, 2', 6'), Amiens 61' (12'+10', 4'+5'+20', 10').

Tirs : Grenoble 46, Amiens 29.

Évolution du score :

0-1 à 14'36" : Rozenthal assisté de J. Marcos

1-1 à 16'47" : Jönsson assisté de Russell

Tirs au but :

Grenoble : Russell (manqué), Hecquefeuille (réussi), Meunier (manqué), Amar (manqué), Jönsson (manqué).

Amiens : Pazak (réussi), Chauvel (manqué), Rozenthal (manqué), Gras (réussi), Sadoun (manqué).

 

Grenoble

Gardien : Christophe Burnet.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Yohann Morant - Nicolas Favarin.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille [remplacé par Yven Sadoun de 11'54" à 23'54"] - Laurent Meunier - Christophe Tartari ; Bobby Russell - Roger Jönsson - Benoît Bachelet (C) ; Cyril Papa - Brett Draney - Craig Mills.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Romain Bachelet, Teddy Trabichet, Sacha Treille. Absents : Josef Podlaha (arrachement osseux à la hanche), Martin Millerioux (blessé), Ludek Broz (genou, saison terminée).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Thomas Roussel - Frantisek Pulscak ; Sébastien Dermigny - Vincent Bachet (A) ; Nicolas Pousset - Peter Janik.

Attaquants : Brice Chauvel - Anthony Mortas (C) - Miroslav Pazak ; Loïc Sadoun - Laurent Gras - Simon Petit ; Julian Marcos (A) - Elie Marcos - François Rozenthal ; Julien Lefranc, Lionel Wiotte.

Remplaçants : Jérôme Plumejeau (G), Jean-Édouard Petigny. Absent : Jonathan Zwikel (lésion à la cheville).

 

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