Grenoble - Amiens (24 Mars 2006)

 

Demi-finale de la Ligue Magnus 2006, match n°1.

Après avoir remporté non sans mal leurs trois premières rencontres des play-offs, Grenoblois et Amiénois ont obtenu le droit de s'affronter en demi-finale. Des retrouvailles forcément très attendues entre deux vieux rivaux du hockey français et placées sous le signe de la revanche de la finale 2004 qui avait vu les Gothiques remporter leur deuxième titre de champion de France. Avec deux victoires à zéro en saison régulière, les Brûleurs de Loups ont un avantage psychologique important en plus de celui de la glace, soufflé à leurs adversaires du soir dans les dernières encablures du championnat. À noter l'absence de Jonathan Zwikel du côté amiénois, touché à une cheville et forfait pour le reste des play-offs.

La tension était donc extrême au coup d'envoi et le round d'observation fut réduit à sa plus simple expression. Les Grenoblois se procuraient les premières occasions dans le premières minutes mais les Gothiques n'étaient pas en reste et faisaient parler leur vitesse pour placer quelques contres bien sentis. La pression était tout de même iséroise lors de ces cinq premières minutes et les Picards étaient contraints à concéder quelques dégagement interdits. À défaut d'être réellement mis en danger, Burnet et Mindjimba se devaient d'être à l'affût. Simon Bachelet écopait de la première pénalité de la rencontre ce qui donnait l'occasion aux Gothiques d'installer leur jeu de puissance avec Pulscak à la manoeuvre. Et à ce petit jeu, les Gothiques se montraient diablement efficaces puisque sur un tir anodin côté droit, Elie Marcos trompait Christophe Burnet visiblement surpris par la trajectoire du tir (0-1, 06'56"). Un scénario idéal pour les Gothiques que se retrouvaient en tête au tableau d'affichage contre le cours du jeu. Les Grenoblois, volontaires mais pas toujours très précis dans le dernier geste, se ruaient sur les cage de Mindjimba et la pression exercée se traduisait par une pénalité contre Pulscak. L'occasion de remettre les compteurs à zéro, ce qui fut pratiquement fait, d'abord sur un tir de Mills à mi-distance qui heurtait le poteau puis le patin de Mindjimba. Ensuite sur déviation de Jeff Bonnard devant les cages. Mais M. Bergamelli annulait logiquement le but car il était marqué du patin. Les Brûleurs de Loups continuaient donc de courir après le score. Et à un moment où la pression n'était pas plus forte que ça, ils parvenaient à revenir à hauteur sur un but casquette. Le centre de Brett Draney trouvait sur sa trajectoire Mindjimba qui dégageait sur... Elie Marcos lequel revenait vers ses buts. Le buteur heureux ne parvenait pas à stopper la course du palet et devenait buteur malheureux en trompant son propre gardien (1-1, 14'45"). Un gros coup de (mal)chance qui faisait bien les affaires des Grenoblois. Les Brûleurs redoublaient d'efforts en fin de période et obtenaient une nouvelle supériorité à deux minutes de la fin du tiers. Mais cette occasion était vite gâchée par une faute de Brett Draney sur Mindjimba que M. Bergamelli interprétait comme une tentative de piquage malgré la chute spectaculaire - et forcément suspecte - du gardien amiénois dans ses propres cages. C'est donc à quatre contre quatre et à parité au score que les deux équipes regagnaient le vestiaire.

La deuxième période débutait favorablement pour les locaux puisque François Rozenthal regagnait la prison après seulement seize secondes de jeu. L'avantage numérique ne profitait pas aux Isérois mais ces derniers obtenaient une seconde chance deux minutes plus tard, cette fois sur une irrégularité de Pazak. Et cette fois l'affaire se réglait en à peine vingt secondes, le temps qu'il fallait à Bobby Russell pour prendre de vitesse la défense amiénoise et s'offrir un break face à Mindjimba qu'il concluait d'un revers imparable (2-1, 23'18"). La rencontre s'emballait et le jeu partait d'une cage à l'autre avec un minimum de transition. À son tour en avantage numérique (Bobby Russell), les Gothiques pressaient sur Burnet et sur un rebond laissé par celui-ci, Simon Petit semblait loger le palet sous la transversale. Semblait, seulement, puisque M. Bergamelli n'accordait pas le but, avec raison visiblement puisque le palet avait bien heurté la transversale puis le poteau de Mindjimba. Une fois passé ce coup de frayeur, Craig Mills chipait le palet à la ligne bleue et donnait le coup de patin nécessaire pour se présenter seul face à Antoine Mindjimba. Le Canadien déjouait le portier picard et permettait à son équipe de s'échapper au score (3-1, 26'15"). Un vrai coup du sort pour la troupe de Denis Perez, d'autant plus qu'une faute aurait pu être sifflée au début de l'action. Avec deux buts d'avance, les Brûleurs de Loups semblaient avoir le match bien en main face à des Picards qui accusaient le coup. M. Bergamelli se faisait d'un seul coup 3500 "amis" lorsqu'il envoyait en prison Kévin Hecquefeuille pour une simulation forcément discutable. S'ensuivait une énorme bronca pendant deux minutes qui permettait à Pôle sud de retrouver une vraie atmosphère des play-offs.

Sentant le public derrière eux, les Grenoblois vont tenter de porter l'estocade pendant deux minutes de supériorité au cours desquelles Wallin et Meunier sont tout près du 4-1. Mais revenus à cinq contre cinq, les hommes de Gérald Guennelon s'oublient sur le repli défensif. Après un palet gagné le long de la bande, Brice Chauvel centre en retrait pour François Rozenthal complètement oublié par la défense grenobloise, lequel fusille Burnet (3-2, 37'14"). Un coup de froid qui fait retomber l'euphorie ambiante et ramène Grenoble à la réalité d'un match de play-off : le moindre relâchement se paie cash. Forcément, Amiens se remet à y croire et la défense grenobloise panique à l'image de Favarin qui commet une grosse faute à une minute seulement du coup de sirène. Amiens joue le power-play à fond face à des Isérois apathiques qui se désunissent en infériorité numérique. Gras saisit sa chance et place le palet sous la barre (3-3, 39'26"). En l'espace de deux minutes Grenoble a dilapidé un avantage accumulé pendant un tiers-temps.

Les Gothiques avaient forcément un gros avantage psychologique au moment de débuter la troisième période. Pourtant ce sont les Grenoblois qui se ruent les premiers sur la cage avec notamment Kévin Hecquefeuille qui déborde la défense amiénoise avant de se heurter in extremis à Antoine Mindjimba. Les attaques grenobloises sont plus fréquentes mais manquent de conviction face à un Mindjimba bien en place qui ne laisse que très peu d'opportunités de rebonds à ses adversaires. Mills puis Jönsson, un peu en retrait sur l'ensemble de la rencontre, auront bien une occasion franche mais le réalisme sera picard. Sur un lancer de Rozenthal dévié par Burnet, Elie Marcos récupère le palet dans la bande et centre pour son frère Julian qui devance la défense grenobloise et ajuste Burnet (3-4, 48'05"). Dès lors le match prend un autre tournure, les Amiénois tentent de gérer cet avantage au score en laissant venir des Grenoblois qui jettent toutes leurs forces dans la bataille. Le jeu de puissance grenoblois ne réussit pas à faire la différence en deux occasions, le "box play" des Gothiques faisant preuve d'une redoutable efficacité. Pire, les Brûleurs de Loups compromettent complètement leur retour dans les cinq dernières minutes en concédant d'abord un surnombre puis une pénalité bien malvenue de Roger Jönsson en zone offensive. Grenoble doit même jouer à trois contre cinq pendant quelques instants avant que Guennelon ne se décide à sortir son gardien à une minute trente de la fin. Après trente secondes à flirter autour de la cage vide, les Grenoblois exercent une très grosse pression sur les cages de Mindjimba. En vain. La première manche est pour les Gothiques.

Grenoble a laissé passé une belle occasion de prendre les devants dans la série ce soir. Dominateurs et maîtres du match à la mi-rencontre, les Isérois se sont désunis en fin de deuxième tiers et ont relancé leurs adversaires qui semblaient pourtant bien mal en point. Un relâchement défensif coupable que n'a pas pu compenser un Christophe Burnet bien en dessous de son vis-à-vis ce soir. Les trois buts grenoblois ont été inscrits par les trois Canadiens, ce qui n'est pas dû au hasard tant leur combativité fait merveille en play-offs. On ne peut pas en dire autant de la défense, coupable d'un excès d'enthousiasme et d'un déficit dans le repli défensif voire dans le marquage autour de la cage. Grenoble a rarement encaissé quatre buts dans un match cette saison et cela se produit pour la deuxième fois en play-offs.

Du côté amiénois, cette victoire ressemble à un vrai miracle. Marquer trois buts consécutivement à l'extérieur n'est pas une sinécure, surtout lorsqu'on est mené de deux buts. Les Gothiques ont eu le mérite d'y croire et de ne jamais lâcher prise, même quand la situation paraissait compromise. Les artificiers en chef, François Rozenthal et Laurent Gras, ont remis leur équipe sur les rails mais Elie Marcos a également pleinement saisi la chance qui lui était donné de remplacer Jonathan Zwikel, même s'il fut malheureux sur le premier but amiénois. Le contrat est rempli pour Amiens qui a remporté au moins une rencontre hors de ses bases et a repris l'avantage de la glace. La rencontre de demain pourra être joué sans pression contrairement à Grenoble qui cette fois n'aura pas le droit à l'erreur.

Désignés meilleurs joueurs du match : Bobby Russell (Grenoble) et Elie Marcos (Amiens).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Les joueurs pensaient dominer encore le jeu lorsqu'ils menaient 3-1 et ont un peu oublié de défendre. Amiens a su alors concrétiser ses occasions et par la suite une erreur individuelle nous coûte le quatrième but au troisième tiers. C'était un match physique, intense, l'équipe était bien mais a manqué de lucidité dans les phases offensives, à l'image de ce petit plus qui nous avait parfois manqué cette saison. Et Amiens a été très discipliné."

Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "Comme souvent, ça se joue à pas grand chose. À 3-1, on a eu quelques occasions de tuer le match mais on a manqué de lucidité, peut-être d'envie. On n'a pas réussi à marquer sur nos occasions franches et les rebonds ont rarement été en notre faveur. On savait qu'ils allaient bétonner, mais je regrette vraiment que nous n'ayons pas bien géré le match quand on menait de deux buts. Il va falloir continuer à aller les chercher, à les frapper, leur faire mal pour aller prendre une victoire. C'est une série qui commence, il leur faut encore deux matchs, on ne va pas les leur donner..."

Denis Perez (entraîneur d'Amiens) : "On savait que la pression était sur Grenoble, à domicile devant une patinoire pleine. On les a fait douter mais il faut encore faire le reste. On leur a donné trois beaux cadeaux dont un premier but vidéo gag, alors que, pour notre part, nous sommes allés chercher nos buts. À 3-1, beaucoup nous pensaient morts mais on a relevé la tête. On a été patients et combatifs, on a remis la pression au bon moment. On savait que les erreurs se paieraient cash. Mais dans les deux sens... Ce match, on l'a gagné dans la tête. Maintenant, la pression est vraiment sur eux."

Elie Marcos (attaquant d'Amiens) : "On ne s'est pas affolé à 3-1, on est allé chercher la victoire avec le cœur, ensemble. Le plus dur n'est pas fait mais c'est un premier objectif accompli car on aura deux matchs chez nous. On va tout donner pour terminer à la maison. Mais Grenoble doit l'avoir en travers de la gorge, c'est sûr !"

 

Grenoble - Amiens 3-4 (1-1, 2-2, 0-1)

Vendredi 24 mars à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Cyril Carlin et Laurent Antunes.

Pénalités : Grenoble 28' (6'+10', 6', 6'), Amiens 16' (4', 6', 6').

Évolution du score :

0-1 à 06'56" : E. Marcos assisté de J. Marcos et Pazak (sup. num.)

1-1 à 14'45" : Draney

2-1 à 23'18" : Russell assisté de Wallin (sup. num.)

3-1 à 26'15" : Mills (inf. num.)

3-2 à 37'14" : Rozenthal assisté de Chauvel et Mortas

3-3 à 39'26" : Gras assisté de Chauvel (sup. num.)

3-4 à 48'05" : E. Marcos assisté de J. Marcos et Rozenthal

 

Grenoble

Gardien : Christophe Burnet (sorti à 58'23").

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Yohann Morant - Nicolas Favarin.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Laurent Meunier - Yven Sadoun [puis Christophe Tartari à 40'00"] ; Bobby Russell - Roger Jönsson - Benoît Bachelet (C) ; Cyril Papa - Brett Draney [remplacé par Tartari de 18'52" à 32'52"] - Craig Mills.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Romain Bachelet, Josef Podlaha, Teddy Trabichet. Absents : Martin Millerioux (blessé), Ludek Broz (genou, saison terminée), Sacha Treille (clavicule).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba

Défenseurs : Thomas Roussel - Frantisek Pulscak ; Sébastien Dermigny - Vincent Bachet (A) ; Nicolas Pousset - Peter Janik.

Attaquants : Brice Chauvel - Anthony Mortas (C) - Miroslav Pazak ; Loïc Sadoun - Laurent Gras - Simon Petit ; Julian Marcos (A) - Elie Marcos - François Rozenthal ; Julien Lefranc ; Lionel Wiotte.

Remplaçants : Jérôme Plumejeau (G), Jean-Édouard Petigny. Absent : Jonathan Zwikel (lésion à la cheville).

 

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