Grenoble - Morzine-Avoriaz (28 février 2006)

 

Match en retard de la huitième journée de la Ligue Magnus.

Du bo... du bon... du Bonnard

L'enjeu est clair pour les Brûleurs de Loups avant de disputer cette rencontre décalée face à Morzine : récupérer les deux points de la victoire et revenir sur Amiens en prenant l'avantage sur les Picards au bénéfice des résultats particuliers. Une deuxième position inimaginable il y a encore quelques mois à Grenoble, signe d'une remontée spectaculaire au classement des Brûleurs de Loups qui restent sur une série de cinq victoires consécutives. Du côté de Morzine, on s'accroche encore à l'espoir d'une hypothétique quatrième place, mais surtout on veut se rassurer après avoir frisé la correctionnelle face à Gap samedi dernier.

C'est donc en toute logique que les locaux prenaient le match à leur compte dès l'entame. Un bon début grenoblois qui aurait pu se traduire par une ouverture au score très rapide de Martin Millerioux mais le tir de ce dernier était déclenché après le coup de sifflet de l'arbitre signalant un hors-jeu et le but était logiquement refusé. Même si ce but ne comptait pas, le manque d'aisance de Johan Bäckö sur le tir sautait aux yeux, et le gardien suédois, de retour de blessure, donnait d'inquiétants signes de fébrilité en ce début de partie. La confirmation arriva rapidement lors d'une supériorité numérique grenobloise quelques instants plus tard. Jean-François Bonnard arma son slap de la bleue et transperça Bäckö dont la mitaine ne fit qu'effleurer la rondelle (1-0, 02'58"). Le début de partie était idéal pour Grenoble qui marquait là son premier but en powerplay depuis des années-lumière à domicile et entendait bien continuer sur sa lancée. Le temps de tuer sans trop d'inquiétude une pénalité malgré une bonne tentative d'Ohlsson, les Grenoblois remettaient du cœur à l'ouvrage et faisaient le forcing pour marquer le second but. Jönsson et Russell étaient à deux doigts d'y parvenir sur une contre-attaque rondement menée mais de l'autre côté de la glace Burnet devait rester vigilant sur des tentatives de Miettinen et Billieras notamment. Après que chaque équipe eut bénéficié d'une occasion de faire la différence en avantage numérique, la tension montait d'un cran et une petite échauffourée conduisait Favarin et Bergin en prison. Les rencontres entre Grenoble et Morzine sont en général assez tendues et celle-ci n'échappait pas à la règle. Mais malgré quelques réactions sporadiques, le collectif morzinois avait du mal à se trouver dans ce premier tiers et les Brûleurs de Loups restaient dominateurs malgré un manque réel d'efficacité devant la cage. Une lacune qui empêcha les hommes de Gérald Guennelon de rentrer au vestiaire avec un avantage plus conséquent malgré une ultime tentative de Meunier qui heurtait le poteau et même peut-être un peu plus...

Avec seulement un but de retard, les Pingouins restaient un réel danger, au tableau d'affichage du moins. Car sur le plan du jeu, ils ne se présentaient pas sous leur meilleur jour, et on les avait connus plus incisifs lors de leurs précédentes venues à Grenoble. Yven Sadoun était cueilli à froid dès l'entame du deuxième tiers et donnait l'occasion à ses coéquipiers de rôder leur penalty killing. Solides à quatre contre cinq mais inefficaces à cinq contre cinq, les Dauphinois allaient finalement trouver la solution dans (oh miracle !) le jeu en avantage numérique. Pour la deuxième fois de la rencontre, leur jeu de puissance faisait la différence et toujours avec le même homme à la conclusion, en l'occurrence Jean-François Bonnard. Bien placé devant les buts, l'emblématique défenseur des Brûleurs de Loups concluait avec aisance un jeu en triangle initié par Meunier et relayé par Jönsson (2-0, 27'13"). Et il était dit que ce serait SA soirée puisque Jeff Bonnard, dans une forme digne des play-offs, signait un coup du chapeau en prenant son temps pour ajuster une nouvelle fois Johan Bäckö suite à une bonne passe derrière les buts de Roger Jönsson (3-0, 29'21"). Avec ces deux buts encaissés en l'espace de deux minutes, Morzine avait quasiment perdu tout espoir de victoire dès la mi-match. Mais les Pingouins (du moins ceux qui étaient présents l'an dernier) gardaient certainement dans un coin de leur tête ce fabuleux come-back réalisé à Pôle Sud et qui leur avait permis de remporter un retentissant succès en prolongation. Burnet devait donc rester vigilant et faire preuve d'une grosse présence pour éviter tout retour haut-savoyard avant la fin du deuxième tiers. Les occasions ne manquaient pourtant pas avec une alternance de supériorités numériques de part et d'autre accordées avec une régularité de métronome par le sifflet un tantinet tatillon de M. Mendlowictz.

Avec un écart de trois buts à l'entame, la troisième période ne devait pas réserver beaucoup de suspense. Il n'y en eut pas avec une équipe grenobloise sûre de son hockey et qui se permettait de reculer pour se contenter d'un pressing à un seul joueur tandis que les Pingouins essayaient vainement de franchir un rideau défensif bien en place. Et quand ils y parvenaient, Christophe Burnet, auteur d'un bon match dans la lignée de ses dernières sorties, se chargeait de les décourager définitivement. Johan Forsander tentait de sonner la charge au cours des trois supériorités numériques obtenues par Morzine dans ce tiers (contre une seule à Grenoble), mais le jeu de puissance haut-savoyard n'était guère convaincant et le chronomètre défilait à l'avantage des Brûleurs de Loups. Le score semblait devoir en rester là mais la fin de match apportait un peu de piment. À sa sortie de prison Bobby Russell récupérait le palet et s'échappait vers la cage morzinoise. Il butait sur Bäckö (au sens propre comme au figuré) mais Benoît Bachelet avait bien suivi l'action et n'avait plus qu'à pousser le palet au fond des filets alors que le gardien morzinois restait au sol (4-0, 58'22"). Le score ne prenait cependant de l'ampleur que pendant un court instant puisque trente secondes plus tard, Aram Kevorkian, un des Pingouins les plus en vue ce soir, s'échappait à la ligne bleue au nez et à la barbe de Nicolas Favarin pour marquer d'une splendide lucarne et priver Christophe Burnet d'un blanchissage pourtant mérité (4-1, 58'49").

Morzine n'a jamais été en mesure d'influer sur le cours de la rencontre ce soir, confirmant ainsi les difficultés éprouvées depuis quelques semaines. Devant un Bäckö dans l'ensemble assez fébrile devant la cage malgré quelques arrêts importants, la défense morzinoise a fait preuve d'assez peu de ténacité en infériorité numérique notamment, laissant le champ libre à Bonnard. Johan Forsander n'a pas eu son rendement habituel, et ce sont finalement les jeunes Français, Aram Kevorkian et Marc Billieras en tête, qui se sont les mieux distingués. Il reste encore beaucoup de travail à Stéphane Gros avant les play-offs pour redonner confiance à un collectif qui manque cruellement de liant.

Du côté des Brûleurs de Loups en revanche, on voit la vie en rose. Avec six victoires d'affilée et une deuxième place au classement, les Grenoblois sont en passe d'aborder les play-offs de la meilleure des manières. Encore faudra-t-il confirmer samedi face à Gap. Mais si les Brûleurs de Loups évoluent avec la même détermination, ils ne devraient pas rencontrer de problème. Les trois lignes fonctionnent bien depuis quelques matches, Roger Jönsson retrouve son meilleur niveau et Jeff Bonnard se mue en buteur d'un soir avec un triplé inédit pour lui. Et cerise sur le gâteau, Grenoble semble même avoir corrigé ses deux principales lacunes avec un powerplay enfin efficace et un gardien n°1 enfin décisif en la personne de Christophe Burnet, régulier dans la performance depuis quelques matchs. Ce que n'a évidemment pas manqué de faire remarquer Stéphane Gros au micro de Télé Grenoble...

Désignés meilleurs joueurs du match : Jean-François Bonnard (Grenoble) et Marc Billieras (Morzine).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "La victoire était impérative pour viser la deuxième place. Et l'essentiel est acquis. Les joueurs ont appliqué ce qui est demandé, ont créé des situations dangereuses et en plus marqué au terme de deux beaux jeux. C'est une montée en puissance intéressante car les joueurs ont également montré lucidité et détermination. Quant à Bonnard, je suis ravi pour lui. Qu'un défenseur marque trois buts, c'est assez incroyable mais bon, il faut qu'il reste humble pour la suite. C'est vrai que c'est quand même rare. On va aborder les play-offs plus sereinement mais il s'agira d'un autre championnat."

Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "Il nous en reste un à jouer samedi pour valider cette deuxième place, face à Gap. C'est à priori moins difficile mais gare quand même. On a su faire le dos rond lorsque ça allait mal il y a quelques mois et revenir au bon moment. On sait toutefois que ça peut aller très vite dans un sens comme dans l'autre même si on est désormais pétri de confiance. Jeff Bonnard ? À 34 ans il était temps qu'il réalise le premier hat-trick de sa carrière !"

Jean-François Bonnard (défenseur de Grenoble) : "C'est ma première fois, depuis mes débuts en 1988. J'pensais peut-être arrêter cette année, je vais finalement attendre, non ? J'ai aussi bénéficié de superbes passes et je concrétise des actions de groupe. La première partie du championnat, c'était pour les juniors, maintenant ce sont les hommes forts qui se mettent en avant. C'est à nous, anciens, de montrer aux jeunes qu'on n'a pas envie que le titre nous échappe. Et l'odeur des play-offs, ça m'a toujours excité..."

 

Grenoble - Morzine-Avoriaz 4-1 (1-0, 2-0, 1-1)

Mardi 28 février à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3300 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Cyril Carlin et Guillaume Gielly.

Pénalités : Grenoble 22' (8', 8', 6'), Morzine 16' (8', 6', 2').

Évolution du score :

1-0 à 02'58" : Bonnard assisté de Jönsson (sup. num.)

2-0 à 27'13" : Bonnard assisté de Jönsson et Meunier (sup. num.)

3-0 à 29'21" : Bonnard assisté de Jönsson et B. Bachelet

4-0 à 58'22" : B. Bachelet assisté de Russell

4-1 à 58'49" : Kevorkian assisté de Bardet et Enselme

 

Grenoble

Gardien : Christophe Burnet.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Martin Millerioux - Nicolas Favarin.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Laurent Meunier - Yven Sadoun ; Bobby Russell - Roger Jönsson - Benoît Bachelet (C) ; Craig Mills - Brett Draney - Cyril Papa.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Josef Podlaha, Yohann Morant, Romain Bachelet. Absents : Christophe Tartari (tendinite), Teddy Trabichet, Ludek Broz (genou, saison terminée), Sacha Treille (clavicule).

Morzine-Avoriaz

Gardien : Johan Bäckö.

Défenseurs : Santeri Immonen - Johan Ohlsson ; Tony Bergin (C) - Mathieu Mille ; Christian Elian - James Hutchinson.

Attaquants : Johan Forsander (A) - Arto Miettinen - Niko Halttunen ; Tobias Holm - Tomas Lindgren - Marc Billieras (A) ; Aram Kevorkian - Mickaël Bardet - Kévin Enselme.

Remplaçants : Olivier Courally (G), Éric Dupieux. Absents : Tibor Schneider (entorse de la cheville), Cyril Trabichet, Thibault Geffroy (doigt cassé), Anthony Richard.

 

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