Suède - République Tchèque (24 février 2006)

 

Demi-finale des Jeux Olympiques de Turin 2006.

La Suède arrive en demi-finale en ayant remplacé une pierre angulaire défensive par une autre. Öhlund s'étant fracturé une côte contre la Suisse, elle peut se permettre de trouver un substitut aussi solide avec Niklas Kronwall. Initialement remplacé pour cause de longue convalescence, celui-ci avait effectué son retour sur la glace avec Detroit juste avant que le tournoi olympique ne débute et avait alors été inclus dans la liste des réservistes.

Kronwall prend place à l'arrière d'une première ligne qui réunit toujours les stars Peter Forsberg et Mats Sundin. Le troisième homme Fredrik Modin est toujours le complément idéal quand il est placé avec des joueurs de talent. Il sait alors se positionner pour amasser des points, en bonne homme de main des génies du jeu. Il n'avait pas marqué depuis le début du tournoi, et il avait suffi de lui adjoindre Forsberg qu'il réceptionne une passe du maître en quart de finale. Il récidive cette fois après seulement une trentaine de secondes de jeu en trouvant le haut du filet sur un centre de la gauche de Sundin (1-0 à 00'34"). Il y a de meilleures façons de commencer un match mais la République Tchèque réagit aussitôt. Un tir de Filip Kuba transperce Henrik Lundqvist avant de rebondir sur le poteau puis sur l'arrière de son patin (1-1 à 03'11"). C'est déjà évident, ce ne sera pas la journée des gardiens...

Chaque équipe qui évolue avec ses armes. Le jeu de transition tchèque est à son meilleur : il suffit d'un palet bafouillé par les Scandinaves en zone neutre, et le jeune Rostislav Olesz envoie immédiatement en breakaway Petr Cajanek, qui ne cadre pas son tir. La Suède aussi joue sur son point fort : conserver le palet et s'installer en zone offensive. Le remplaçant de luxe Kronwall attire les adversaires pour donner un lancer ouvert à Nicklas Lidström, et Per-Johan Axelsson se place dans le slot pour une déviation parfaite. Un but d'école (2-1 à 13'37"). Les Tchèques sont dominés, mais il ne faut pas grand-chose pour qu'ils soient dangereux : Marek Zidlicky est plus vif que Tjärnqvist sur l'aile droite et centre pour Milan Hejduk qui tire sur le poteau couvert juste à temps par Lundqvist. Peu de temps mort dans cette première période qui s'achève par une infériorité tchèque, la crosse de Zidlicky ayant traîné entre les jambes de Forsberg.

Défenseur tchèque le plus solide du tournoi jusqu'ici, Pavel Kubina paie l'imprécision de sa relance au début du tiers-temps. Jagr ne peut en effet contrôler correctement le palet. Henrik Sedin renverse le jeu, passe à Daniel par-dessus la crosse de Kubina et suit le tir de son frère (3-1 à 21'16"). Milan Hnilicka, certes livré à lui-même, a faibli en laissant ce rebond, et il s'écroule tout à fait sur le but suivant. Il laisse passer sous son bras un lancer de Christian Bäckman après une récupération de palet d'Alfredsson derrière le but (4-1 à 23'54"). La protection de palet à une main de Mats Sundin autour de la cage tchèque pousse Straka à la faute, et c'est le second but "familial" du tiers-temps. Jörgen Jönsson, dont la présence sur les phases de supériorité numérique avait fait grogner certains supporters suédois, dévie un service de la bleue de son frère Kenny (5-1 à 27'54"). C'est le moment où Alois Hadamczik fait rentrer Tomas Vokoun à la place de Hnilicka, ce qui aurait dû être fait après le but précédent et pas après cette seconde déviation imparable du jour. Trois des lignes tchèques sont également changées.

Deux pénalités contre les arrières Kronwall et Tjärnqvist laissent les Tchèques à cinq contre trois pendant une minute et vingt secondes. En double infériorité, Bengt-Åke Gustafsson utilise alors des triangles composés d'un défenseur et deux attaquants. Celui de Zetterberg et des frères Jönsson résiste pendant une minute, et Kenny réalise un excellent travail avant de sortir le palet. Ils peuvent laisser la place au trio Lidström-Påhlsson-Axelsson, qui concède le but juste au moment où la Suède revient à quatre. Ales Hemsky a eu de la chance sur ce coup-là car le palet est revenu dans sa crosse après avoir frappé la bande (5-2 à 30'40"). Dans la foulée, Vaclav Prospal devance Hävelid pour dévier au premier poteau un centre de David Vyborny (5-3 à 31'25"). Le sélectionneur tchèque Hadamczik recommence à y croire et demande un temps mort. Il n'a pas le temps de passer à ses joueurs une vidéo du miracle de Helsinki, quand la Suède avait battu la Finlande 6-5 après un changement de gardien à 1-5...

Une crosse de Kronwall au visage de Rucinsky (2'+2' à 33'04") peut faire basculer le match. Mais la qualité des Suédois en infériorité numérique est sans doute décisive pendant ces quatre minutes capitales. Au retour à forces égales, les Tchèques sont à la peine. Forsberg a peut-être été un peu altruiste en deux contre un avec Modin, mais c'est Per-Johan Axelsson qui réussit une action d'éclat. Il remonte toute la glace, attire deux Tchèques derrière leur cage, garde le palet contre la bande et donne un caviar à Daniel Alfredsson qui venait de signaler sa présence seul devant le but avec deux coups sur la glace (6-3 à 39'00").

Un but qui change beaucoup de choses psychologiquement. Les Suédois ont évité le pire, et si on voit mal la troupe de Gustafsson remonter quatre buts de retard comme avait su le faire celle de Hardy Nilsson, on doute aussi de la voir céder une fois nantie d'une telle avance. Réorganisée à la pause, elle est parfaitement en place pour contenir les assauts des trois lignes adverses (on ne compte en effet plus celle de Robert Lang, complètement hors du coup...). Les Tchèques n'arrivent pas à porter le danger sur la cage de Lundqvist, quand ils ne rendent pas directement le palet à Alfredsson dans leur zone. Une pénalité pour surnombre achève de les plomber moralement. Henrik Zetterberg n'a plus qu'à porter le coup de grâce : il dribble Pavel Kubina à la bleue et fixe Tomas Kaberle pour décaler Tomas Holmström pour la reprise (7-3 à 56'05").

Au-delà du cas de Milan Hnilicka qui n'a pas confirmé ses bonnes prestations de ces jours derniers, les Tchèques seront complètement passés à côté de leur match. Lorsque les Suédois avaient été menés 1-5 il y a trois ans, ils avaient surtout eu Peter Forsberg pour les sortir de là. Aujourd'hui, les Tchèques ont attendu en Jaromir Jagr en vain. Autrefois modèle de constance, ils sont redevenus une équipe capable du meilleur comme du pire.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Henrik Lundqvist (gardien de la Suède) : "Ils sont revenus fort avec ces deux buts rapides et quatre minutes de supériorités. J'étais un peu nerveux et quelques pensées sont passées par ma tête. Je pense que le sixième but a été important pour l'équipe."

Fredrik Modin (attaquant de la Suède) : "Bien sûr, nous ressentons la pression de notre pays et des gens chez nous. Mais la pression principale vient de l'intérieur de l'équipe. Nous avons de hautes attentes envers nous-mêmes. Nous savons que nous avons une bonne équipe. Et c'est bien d'être capable de gagner un match comme celui-ci. Mais je pense que chacun est pleinement conscient qu'il en reste un."

Kenny Jönsson (défenseur de la Suède) : "Ce qui me revient à l'esprit de Lillehammer, c'est ce qui s'est passé pendant et après le match, combien nous étions heureux, et l'enthousiasme en rentrant chez nous. Il y avait 100 000 personnes à Stockholm qui nous attendaient. À ce moment, j'ai pensé que ça n'arrivait qu'une fois dans une vie. Beaucoup de joueurs n'ont jamais eu une standing ovation comme ça. C'est quelque chose qui nous donne de l'énergie positive."

Alois Hadamczik (entraîneur de la République Tchèque) : "Les Suédois ont été meilleurs que nous dans tous les compartiments du jeu : en attaque, dans les duels, en défense. Nous avons mal joué le début des deux premières périodes, encaissant à chaque fois des buts évitables. Les joueurs ont commis tant d'erreurs individuelles qu'ils ne se sont laissé aucune chance de gagner. Hnilicka a fait un très bon match en quart de finale et a été titularisé. Vokoun ne s'est pas entraîné hier parce qu'il avait besoin de repos. Je ne considère pas que les cinq buts encaissés sont la faute de Hnilicka et qu'il méritait d'être sorti plus tôt. Notre point faible aujourd'hui, ce n'est pas le gardien, c'était notre jeu défensif."

Vaclav Prospal (attaquant de la République Tchèque) : "Nous n'avons pas bien défendu collectivement et ils ont démonté notre défense."

 

Suède - République Tchèque 7-3 (2-1, 4-2, 1-0)

Vendredi 24 février 2006 à 16h35 au Palasport Olimpico de Turin. 8071 spectateurs.

Arbitrage de Dan Marouelli (CAN) assisté d'Antti Hämäläinen (FIN) et Pierre Racicot (CAN).

Pénalités : Suède 8' (0', 8', 0'), République Tchèque 6' (2', 2', 2').

Tirs : Suède 32 (12, 13, 7), République Tchèque 24 (6, 10, 8).

Évolution du score :

1-0 à 00'34" : Modin assisté de Sundin et Forsberg

1-1 à 03'11" : Kuba assisté de Straka et Prospal

2-1 à 13'37" : Axelsson assisté de Lidström et Kronwall

3-1 à 21'16" : H. Sedin assisté de D. Sedin

4-1 à 23'54" : Bäckman assisté d'Alfredsson

5-1 à 27'54" : J. Jönsson assisté de K. Jönsson et Samuelsson (sup. num.)

5-2 à 30'40" : Hemsky assisté de Jagr et Zidlicky (sup. num.)

5-3 à 31'25" : Prospal assisté de Vyborny

6-3 à 39'00" : Alfredsson assisté d'Axelsson

7-3 à 56'05" : Holmström assisté de Zetterberg

 

Suède

Gardien : Henrik Lundqvist.

Défenseurs : Nicklas Lidström - Niklas Kronwall ; Niclas Hävelid - Daniel Tjärnqvist ; Christian Bäckman - Kenny Jönsson.

Attaquants : Peter Forsberg - Mats Sundin - Fredrik Modin ; Per-Johan Axelsson - Samuel Påhlsson - Daniel Alfredsson ; Tomas Holmström - Henrik Zetterberg - Mikael Samuelsson ; Daniel Sedin - Henrik Sedin - Jörgen Jönsson.

Remplaçants : Mikael Tellqvist (G), Mika Hannula, Ronnie Sundin. Absent : Mathias Öhlund (fracture d'une côte ; remplacé par Kronwall).

République Tchèque

Gardiens : Milan Hnilicka puis Tomas Vokoun à 27'54".

Défenseurs : Tomas Kaberle - Pavel Kubina (A) ; Marek Zidlicky - Marek Malik ; Filip Kuba - Frantisek Kaberle ; Jaroslav Spacek.

Attaquants : Martin Straka - Vaclav Prospal [puis Cajanek] - Jaromir Jagr ; Martin Rucinsky - Robert Lang (C) - Milan Hejduk ; Rastislav Olesz [puis Prospal] - Petr Cajanek [puis Vyborny] - Ales Hemsky ; Jan Bulis - David Vyborny (A) [puis Olesz] - Martin Erat ; Ales Kotalik.

 

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