Slovaquie - République Tchèque (22 février 2006)

 

Quart de finale des Jeux Olympiques de Turin 2006.

Le dernier quart de finale de la journée opposait les deux frères ennemis, la Slovaquie et la République Tchèque. Et une fois n'est pas coutume, le favori est cette fois le "petit", à savoir la Slovaquie, qui est sortie grande gagnante de son groupe avec cinq victoires en cinq matchs. Avec un tel classement, les Slovaques étaient sans doute loin d'espérer tomber sur un adversaire aussi coriace dès les quarts de finale. Mais la Tchéquie a réalisé un premier tour en dents de scie avec notamment trois défaites au compteur face à la Suisse, le Canada et la Finlande. Pas très glorieux pour des champions du monde d'autant plus que la blessure rapide de Hasek a fragilisé la position de gardien. Vokoun, peu convaincant depuis le début du tournoi, devait laisser sa place à Hnilicka pour débuter la rencontre.

Les deux voisins se connaissent bien et se méfient l'un de l'autre au point que la prise de risque est minimum en ce début de rencontre. À défaut de pouvoir porter le danger à cinq contre cinq, on se contente des jeux en avantage numérique. Chaque équipe en bénéficie d'une en ce début de rencontre suite aux prisons de Kapus et Bulis mais aucune ne parvient à convertir l'opportunité. C'est donc après dix premières minutes sans grande occasion que la partie va s'emballer. Alors que les Slovaques bénéficient de leur deuxième supériorité numérique de la rencontre, Martin Rucinsky intercepte à la ligne bleue une mauvaise passe de Miroslav Satan et s'en va battre tout seul Peter Budaj d'un tir entre les jambes (0-1, 12'51"). Un break parfaitement exécuté et une première stupeur dans les rangs slovaques qui ne s'attendaient pas à une telle configuration. Les hommes de Frantisek Hossa auraient sans doute préféré mener à la marque pour mieux prendre leurs adversaires en contre comme ils savent si bien le faire. Toujours est-il que les partenaires de Jaromir Jagr vont profiter du momentum pour tenter de porter le coup de grâce. Rastislav Olesz se trouve dans une position similaire à celle de Rucinsky quelques minutes plus tôt mais perd son duel avec Budaj. Après treize minutes de jeu, la République tchèque mène huit tirs à trois et étouffe son adversaire. Le power-play tchèque est convaincant pendant une prison de Jurcina. Le palet circule bien et Kubina puis Hemsky sont tout près de trouver la faille dans la défense slovaque. Budaj doit sauver les meubles alors que les Tchèques parviennent à créer beaucoup de trafic devant lui. Ils ne marqueront pas mais finiront le tiers en force alors que la Slovaquie n'a pu se contenter que de quelques tirs de loin.

Une fois tuée une pénalité concédée par Jagr en fin de premier tiers, la République tchèque prend une position plus attentiste au début du deuxième tiers. Mais la Slovaquie ne veut pas vraiment prendre le jeu à son compte et les premières minutes sont à nouveau relativement insipides. Il faut à nouveau une prison, en l'occurrence celle de Satan, pour assister à un regain d'activité. Malgré un bon slap de Kaberle, les Tchèques ne profitaient pas de l'avantage numérique mais poursuivaient leur effort à cinq contre cinq. Après un deux contre un Rucinsky-Hejduk enrayé dans un premier temps par la défense, Frantisek Kaberle remet le palet devant la cage et Milan Hejduk qui avait gardé sa position était le premier à l'exploiter, devançant la sortie de Budaj (0-2, 28'41"). La Slovaquie cette fois n'a plus le choix et se doit d'attaquer. La pénalité d'Olesz lui donne l'occasion de se rapprocher des cages de Hnilicka. Chara arme son slap de la bleue et Surovy n'arrive pas à profiter d'une incroyable bévue de Marek Malik qui glisse devant ses buts en possession du palet. À chaque fois Hnilicka répond présent. Malgré six minutes jouées en avantage numérique sur les dix de la deuxième moitié du tiers, la Slovaquie ne parvient pas à se procurer beaucoup d'occasions franches. Elle fait bien circuler le palet en jeu de puissance mais ne totalise que six tirs cadrés sur l'ensemble de la période.

Avec deux buts à combler en une période, la situation s'avère compliquée pour les Slovaques. Comme au début de chaque tiers, le jeu est fermé et les défenses se neutralisent à l'affût de la moindre erreur de l'adversaire. Celle-ci finit par arriver lorsque Marek Zidlicky trébuche et laisse le champ libre à Marian Gaborik qui déborde côté gauche et ajuste Milan Hnilicka d'un tir croisé bien placé (1-2, 43'38"). Ce but marqué tôt dans la période relance l'intérêt du match et laisse espérer un retour slovaque. Hossa tente une reprise sans contrôle devant les buts mais il ne surprend par Hnilicka. Une pénalité de Demitra va freiner la Slovaquie dans son élan, obligée de perdre deux minutes précieuses à défendre dans sa zone face au jeu de puissance tchèque très bien installé. Les artilleurs attitrés Kubina et Kaberle ne trouvent pas cependant le fond des filets de Budaj. Les minutes passent en faveur des Tchèques qui défendent haut et occupent remarquablement la glace, inquiétant Budaj de temps à autre comme sur cette déviation vicieuse de Jan Bulis. Les Slovaques parviennent tout de même à se montrer menaçants, d'abord sur des tirs de loin de Chara et Majsky, puis de plus en plus près.

Suite à un slalom de Zednik dans la zone tchèque, Marek Zidlicky est contraint à un sauvetage in extremis sur sa ligne mais se fait pénaliser pour avoir bougé la cage. Mais les Slovaques perdent d'abord Demitra touché au visage par un palet puis deux minutes à essayer d'installer vainement leur power-play. Hnilicka plonge dans les patins de Hossa pour le devancer au rebond et Zidlicky est même tout près partir en break à sa sortie de prison mais il est signalé en position de hors-jeu. La partie s'anime mais les hommes de Frantisek Hossa semblent avoir laissé passé leur chance. Gaborik ne parvient pas à exploiter un rebond, le coach slovaque se résout à faire sortir Budaj pour créer le surnombre, Bondra parvient à tirer deux fois mais butte sur la jambière de Hnilicka alors que le palet glisse sous le dos de ce dernier sans pour autant franchir la ligne de but. Gaborik n'avait plus qu'à le pousser mais n'y parvient pas et au lieu de cela Straka s'en va sceller définitivement le sort du match en marquant dans la cage vide (1-3, 59'57").

Il s'en est fallu d'un cheveu pour que la Slovaquie égalise en fin de match et arrache une prolongation inespérée. De quoi donner plus de regrets aux coéquipiers de Miroslav Satan qui n'ont jamais vraiment réussi à se libérer dans cette rencontre et qui ont été pris à froid par l'ouverture du score tchèque. Est-ce la peur de l'adversaire, un complexe d'infériorité ou tout simplement la paralysie liée à l'enjeu, toujours est-il que la Slovaquie n'a pas montré son visage des matchs précédents face au grand voisin. Sa première défaite dans le tournoi vient au plus mauvais moment et une fois encore elle montre sa fragilité à bien négocier les matchs "qui comptent vraiment".

Quant aux Tchèques, ils reviennent de nulle part pour créer la surprise de ces quarts de finale. Moribonds au tour préliminaire, ils avaient esquissé une réaction la veille face au Canada. La confirmation est venue aujourd'hui grâce à une défense exemplaire et un gardien Hnilicka qui a justifié la confiance placée en lui par son entraîneur. La République tchèque a mieux négocié les moments clés du match et a su imposer son (faux) rythme à la rencontre tout en faisant progressivement la différence au score. La voilà toujours en course pour le podium et la Suède devra s'en méfier en demi-finale.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match

Frantisek Hossa (entraîneur de la Slovaquie) : "Bien sûr, après nos performances dans le tour préliminaire, je suis très déçu que nous ayons perdu ce match. Nous avons fait quelques erreurs individuelles. Comme nous avons joué hier contre la Suède, peut-être étions-nous un peu fatigués."

Milan Hnilicka (gardien de la République Tchèque) : "J'était un peu surpris d'être titulaire mais je n'y ai pas pensé plus que ça. Hier soir je me suis préparé. Je voulais être sûr de ne pas être trop nerveux. Je voulais faire de mon mieux. Les Slovaques ont une équipe très offensive, et nous avons été excellents défensivement. Je ne sais pas d'où c'est venu, car nous nous n'avions pas joué aussi bien dans les matches précédents, mais c'était un match assez excitant."

 

Slovaquie - République Tchèque 1-3 (0-1, 0-1, 1-1)

Mercredi 22 février 2006 à 21h35 au Palasport Olimpico de Turin. 6893 spectateurs.

Arbitrage de Don Van Massenhoven (CAN) assisté de Stefan Fonselius (FIN) et Pierre Racicot (CAN).

Pénalités : Slovaquie 8' (4', 2', 2'), République Tchèque 14' (6', 6', 2').

Tirs : Slovaquie 21 (5, 6, 10), République Tchèque 28 (17, 5, 6).

Évolution du score :

0-1 à 12'51" : Rucinsky (inf. num.)

0-2 à 28'41" : Hejduk assisté de F. Kaberle et Rucinsky

1-2 à 43'38" : Gaborik assisté de Hossa

1-3 à 59'57" : Straka (cage vide)

 

Slovaquie

Gardien : Peter Budaj.

Défenseurs : Martin Strbak - Lubomir Visnovsky ; Andrej Meszaros - Zdeno Chara ; Radoslav Suchy - Milan Jurcina ; Ivan Majesky.

Attaquants : Marian Gaborik - Pavol Demitra (C) - Marian Hossa ; Peter Bondra - Richard Kapus - Miroslav Satan ; Richard Zednik - Jozef Stümpel - Marek Svatos ; Marcel Hossa - Tomas Surovy - Lubos Bartecko ; Ronald Petrovicky.

République Tchèque

Gardien : Milan Hnilicka.

Défenseurs : Tomas Kaberle - Pavel Kubina (A) ; Marek Zidlicky - Marek Malik ; Filip Kuba - Frantisek Kaberle ; Jaroslav Spacek.

Attaquants : Martin Straka - Vaclav Prospal - Jaromir Jagr ; Martin Rucinsky - Robert Lang (C) - Milan Hejduk ; Jan Bulis - David Vyborny (A) - Martin Erat ; Rastislav Olesz - Petr Cajanek - Ales Hemsky.

Remplaçants : Tomas Vokoun (G), Ales Kotalik.

 

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