Suède - États-Unis (19 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe B.

Après s'être en partie rassurée face à la Lettonie, la Suède passait un nouveau test face aux États-Unis dont le début de tournoi est relativement poussif. Avant d'affronter la Russie mardi, les Américains doivent absolument décrocher un résultat face à la Suède s'ils veulent assurer leur qualification sans trop craindre les résultats des Lettons. Quant à la Tre Kronor, elle devait montrer que son cinglant échec face aux Russes n'était qu'un accident. Pour ce match, Peter Forsberg, de retour hier face à la Lettonie, était laissé au repos sur le banc afin de limiter tout risque d'aggravation de sa blessure.

C'est d'ailleurs son remplaçant dans l'effectif suédois, Mika Hannula, qui se mettait le premier en valeur avec un tir sur le poteau de Rick Di Pietro. Nicklas Lidström confirmait quelques minutes plus tard que la Suède avait pris en main la rencontre même s'il l'essentiel du jeu avait tendance à se passer en zone neutre. Les Américains procédaient par contres et sur un centre d'Erik Cole, Brian Rolston trouvait le poteau de Lundqvist. Le ton était donné dans la rencontre et après deux tentatives de Samuel Påhlsson et Henrik Sedin, la pression se faisait plus forte sur DiPietro. La Suède ouvrait logiquement le score lorsque Daniel Alfredsson se trouvait présent au rebond sur un tir de Kenny Jönsson. L'attaquant des Ottawa Senators couchait DiPietro et levait la rondelle dans le but grand ouvert (1-0, 07'05"). Les Américains réagissaient rapidement après ce but et profitaient d'une phase de jeu à quatre contre quatre pour inquiéter Lundqvist. Le revers d'Erik Cole et le tir de Jason Blake sollicitaient le portier suédois qui rendait une copie propre dans ce premier tiers.

La physionomie de la rencontre s'était inversée et la Suède procédait désormais par contres. Mais pas plus qu'un trois contre deux conclu par Mats Sundin d'un tir non cadré ou qu'un deux contre un Modin-Alfredsson enrayé par DiPietro ne permettaient à la Suède de faire le break dans la rencontre. Une pénalité contre Modano en fin de tiers offrait aux Suédois leur premier jeu de puissance du match. Mais malgré un bon tir du poignet d'Alfredsson, la Suède se procurait peu d'occasions pendant deux minutes. Pire même, à sa sortie de prison, Modano filait vers la zone d'attaque et se trouvait idéalement placé pour reprendre victorieusement une passe en retrait de Conroy alors qu'une pénalité avait été appelée contre la Suède (1-1, 17'31"). Les deux équipes rentraient donc au vestiaire dos à dos.

Si la première période n'avait procuré qu'une seule situation d'avantage numérique, ce ne fut pas le cas de la deuxième, particulièrement perturbée par les pénalités. Di Pietro ouvrait le bal avec un retard de jeu sans que les Suédois n'en retirent un grand profit, se montrant seulement dangereux sur un tir de Jörgen Jönsson. Les choses se compliquaient sérieusement pour les coéquipiers de Mats Sudin lorsque son homonyme Ronnie était suivi en prison par Nicklas Lidström, auteur d'une obstruction sur Mike Knuble en bonne position devant les buts. Avec 1'43" de double supériorité numérique à leur actif, les Américains avaient tout le temps nécessaire pour prendre les devants dans la rencontre. Mais ils ne furent guère convaincants et laissent même filer en break Per-Johan Axelsson qui perdait son face-à-face avec Di Pietro. Empruntés à cinq contre trois, les hommes de Peter Laviolette continuaient pourtant à fournir un gros travail devant la cage à égalité numérique, notamment par l'intermédiaire de Weight et Tkachuk très présents sur la cage de Lundqvist. Après un avantage numérique suédois sans effet, les Américains obtenaient à nouveau une double supériorité numérique, cette fois pour 1'54". Modano et Gionta ont beau s'employer, la Suède gère parfaitement le jeu en infériorité et neutralise pour la seconde fois de la soirée un jeu de puissance américain guère inspiré. Le tiers-temps avait été passablement frustrant pour les attaquants des deux bords et finalement assez terne offensivement malgré la quantité de supériorités numériques.

Le dernier tiers ne débutait pas sous de meilleurs auspices. Les deux équipes se contentaient d'un jeu d'attente avec quelques tirs lointains histoire de maintenir le gardien adverse sous pression. L'essentiel du jeu se déroulait en zone neutre et chaque équipait semble vouloir attendre une erreur de l'adversaire. Celle-ci aurait pu venir sur un palet relâché par DiPietro sur un tir de Kenny Jönsson. Leopold écopait de sa deuxième prison de la soirée et on était en droit de ne pas attendre grand chose du jeu de puissance qui allait suivre. Sauf que cette fois, une grande transversale de Sundin trouvait Alfredsson qui tirait instantanément. DiPietro repoussait difficilement dans les patins de Mikael Samuelsson à l'affût devant les cages et l'attaquant des Red Wings de Detroit n'avait plus qu'à pousser le palet au fond des cages vides (2-1, 44'22"). Un but importantissime au vu de la rencontre mais les Américains avaient l'occasion de revenir au score sur une pénalité de Pahlsson. Clairement en manque d'automatismes, ils se montraient une nouvelle fois timorés et manquaient encore de se faire surprendre à la sortie de prison de Pahlsson. Les dix dernières minutes de la partie furent 100% américaines avec un très gros pressing mais ni Modano à bout portant ni Knuble ne parvenaient à déjouer un Lundqvist retrouvé qui se rachetait de sa prestation en demi-teinte face à la Russie.

La Suède a souffert pour s'imposer mais au bout de compte la victoire devrait rassurer l'entraîneur Bengt-Åke Gustafsson sur le potentiel défensif de son équipe et la forme de son gardien n°1 Henrik Lundqvist. Certes, sur le plan offensif, la Tre Kronor a été bien moins convaincante que face à la Lettonie mais l'opposition n'était pas la même et Forsberg a été laissé sur le banc pendant tout le match. En attendant son retour, Daniel Alfredsson et Mats Sundin ont assuré l'essentiel devant. Avec cette victoire, la Suède se qualifie pour les quarts de finale et passera un dernier test majeur face à la Slovaquie mardi.

Du côté américain, on peut nourrir d'énormes regrets quant à l'issue de la rencontre. Avec deux situations de jeu à cinq contre trois lors de la deuxième période, les Américains avaient l'occasion de passer en tête au tableau d'affichage et même de faire le trou. Mais un jeu de puissance catastrophique et une inefficacité flagrante devant la cage n'ont pas permis aux boys de Peter Laviolette de concrétiser les bonnes intentions affichées pendant toute la rencontre. Comme face à la Slovaquie hier, les Américains s'inclinent d'un tout petit but face à un adversaire qui ne les a pas vraiment dominés. Rageant et en même temps porteur d'espoir à condition que les leaders offensifs que sont Guerin, Modano, Weight, Drury et Tkachuk trouvent plus souvent le chemin des filets.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match

Peter Forsberg (attaquant de la Suède) : "C'est une décision commune. Nous voulons voir comment ça allait après le match d'hier. Et je me sens bien, pas de problème. Mais nous ne voulons pas prendre de risque. Cela me donne deux jours de repos supplémentaire avant mardi. Faire deux matches en deux jours tout de suite ne faisait pas partie du plan. Je n'avais pas joué depuis trois semaines et demi. Il n'y a aucun problème, je me sens super, je m'entraînerai demain et je jouerai après-demain."

Scott Gomez (attaquant des États-Unis) : "Nous ne voulons pas nous qualifier à la différence de buts. Nous devons aborder notre match contre la Russie comme un match à gagner absolument."

Doug Weight (attaquant des États-Unis) : "Quand on est deux fois à cinq contre trois et qu'on ne marque pas, il n'y a pas d'excuses. C'était ce qui a fait la différence dans ce match."

 

Suède - États-Unis 2-1 (1-1, 0-0, 1-0)

Dimanche 19 février 2006 à 17h05 au Torino Esposizioni. 4450 spectateurs.

Arbitrage de Dan Marouelli (CAN) assisté de Thomas Gemeinhardt (ALL) et Steven Michael Miller (CAN).

Pénalités : Suède 12' (2', 8', 2'), États-Unis 14' (4', 8', 2').

Tirs : Suède 26 (6, 10, 10), États-Unis 25 (8, 10, 7).

Évolution du score :

1-0 à 07'05" : Alfredsson assisté de K. Jönsson et Sundin

1-1 à 17'31" : Modano assisté de Conroy et Chelios

2-1 à 44'22" : Samuelsson assisté d'Alfredsson et Sundin (sup. num.)

 

Suède

Gardien : Henrik Lundqvist.

Défenseurs : Mathias Öhlund - Nicklas Lidström ; Ronnie Sundin - Daniel Tjärnqvist ; Christian Bäckman - Kenny Jönsson.

Attaquants : Fredrik Modin - Mats Sundin - Daniel Alfredsson ; Jorgen Jönsson - Henrik Zetterberg - Tomas Holmström ; Daniel Sedin - Henrik Sedin - Mikael Samuelsson ; Per-Johan Axelsson - Samuel Påhlsson - Mika Hannula.

Remplaçants : Mikael Tellqvist (G), Niclas Hävelid, Peter Forsberg.

États-Unis

Gardien : Rick DiPietro (sorti à 59'17").

Défenseurs : Derian Hatcher - Jordan Leopold ; Mathieu Schneider - Chris Chelios (C) ; Bret Hedican - Brian Rafalski ; John-Michael Liles.

Attaquants : Brian Rolston - Mike Modano - Erik Cole ; Chris Drury - Doug Weight - Bill Guerin ; Keith Tkachuk - Scott Gomez - Brian Gionta ; Jason Blake - Craig Conroy - Mike Knuble ; Mark Parrish.

Remplaçant : Robert Esche (G).

 

Retour aux Jeux olympiques