Allemagne - République Tchèque (15 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe A.

Beaucoup d'entraîneurs aimeraient pouvoir choisir entre Hasek et Vokoun dans les cages, mais la décision d'Alois Hadamczik n'a pas été facile à prendre. Les deux gardiens ont été exceptionnels à l'entraînement hier, tenant chacun une demi-heure sans encaisser de but. Finalement, Dominik Hasek a été titularisé pour ce match, lui qui avait le handicap de porter un équipement emprunté, le sien ayant été perdu quelque part entre Ottawa et Turin. Il est arrivé entre-temps.

De l'autre côté, Olaf Kölzig a la lourde tâche d'affronter en deux jours les deux favoris, les Canadiens et les Tchèques. Heureusement il a l'habitude cette saison de voir beaucoup de lancers à Washington et de réaliser des miracles. Il est très vite mis au travail car Petr Fical est pénalisé après seulement une minute de jeu. Le gardien allemand s'incline déjà à la sixième minute sur un lancer de Martin Rucinsky, mais il est sauvé par son poteau. La surprise vient d'en face, car Hasek quitte la glace à la dixième minute, apparemment gêné aux adducteurs après un arrêt, et cède sa place à Tomas Vokoun. C'était bien la peine de réfléchir trois mois à l'identité du titulaire...

La défense allemande est comme toujours disciplinée et regroupée, mais Jaromir Jagr, en enrhumant Dennis Seidenberg à la bleue, prouve qu'il peut percer la muraille individuelle. Une autre méthode est d'amener le palet à un joueur lancé près de la cage au moyen d'une bonne passe. Martin Erat en réussit deux de ce genre sur la même présence : sur la première, Bulis échoue sur Kölzig, et sur la seconde, Cajanek pousse le palet sur le poteau avant que la cage ne sorte de ses gonds.

En fin de première période, Jagr prend deux pénalités de suite, une pour avoir accroché Boos, l'autre plus douteuse pour une obstruction sur Martinec qui semblait le plus fautif dans l'histoire. Et c'est sur cette prison que l'Allemagne ouvre la marque à la stupéfaction générale, sur un tir de la bleue d'Alexander Sulzer astucieusement dévié par la crosse de Tino Boos (1-0 à 19'10"). Ce but arrive plutôt contre le cours du jeu, mais n'est pas non plus complètement du vol au vu de l'énergie déployée par l'équipe allemande.

Les Allemands ont d'ailleurs tiré plus souvent que leur adversaire au premier tiers-temps, mais ils rentrent des vestiaires avec le handicap de la pénalité sifflée contre Seidenberg juste avant la pause. À mi-pénalité, ils procèdent à un changement de ligne pour souffler mais se font piéger par la relance rapide de Vokoun. Les Tchèques foncent et Tomas Kaberle égalise (1-1 à 21'02"). Sascha Goc goûte lui aussi à la prison et Tomas Kaberle marque encore sur une passe de derrière la cage de Straka, alors que les quatre joueurs allemands étaient attirés dans le même coin (1-2 à 23'38"). Deux buts en trois minutes, ce n'est pas mal pour un joueur qui est censé "ne pas avoir de lancer" à en croire les supporters des Toronto Maple Leafs (39 assistances pour seulement 6 buts cette saison). L'Allemagne tient mieux pendant une pénalité de Barta, qui a accroché Hejduk, et elle défend avec application. Il lui est en revanche de plus en plus difficile de porter le danger sur les cages de Vokoun.

La chance des Allemands se présente en début de troisième période. Alors que Zidlicky est déjà en prison, Bulis fait trébucher Fical et ils peuvent jouer quarante secondes à cinq contre trois. Ils sont actifs le long des bandes, ils cherchent à s'imposer devant la cage, mais leur jeu de puissance reste stérile. Les rares lancers sont écartés par Vokoun sans le moindre espoir de rebond exploitable. Dès que les Tchèques reviennent à cinq, ils repartent de l'avant et obtiennent une pénalité quand Lang se fait retenir par Sascha Goc. Tous regroupés autour de Kölzig, les Allemands résistent encore au courage. À la cinquantième minute, Petr Cajanek s'échappe et Christoph Schubert doit concéder un tir de pénalité. C'est Milan Hejduk qui s'élance, mais Kölzig ne prend pas à son amorce de feinte et le lancer du Tchèque s'envole loin du cadre. Toujours un tout petit bit d'écart. L'Allemagne attaque sans jamais se découvrir et a une occasion à deux contre deux avec une passe-abandon de Boos pour un lancer de Lewandowski. La première ligne tchèque revient de plus en plus souvent sur la glace et ses présences s'allongent. Elle arrive à ses fins en tuant le match. C'est un but malheureux, car le tir excentré de Jaromir Jagr est repoussé par Kölzig sur la jambe de son défenseur Sascha Goc (1-3 à 57'47"). Malgré les deux de retard, Uwe Krupp sort son gardien, et David Vyborny ajoute un dernier but en cage vide (1-4 à 59'32").

Les champions du monde en titre ont eu droit à un adversaire très coriace pour leur entrée en matière. L'Allemagne a fait un match solide et le premier match du nouveau sélectionneur Uwe Krupp en compétition officielle s'est bien passé. Le style de jeu rappelle l'époque de Zach : la tactique est en effet toujours assez défensive, et on n'attaque jamais à plusieurs de front, mais surtout, les jeunes ramènent ce hockey très énergique qui caractérisait les Allemands. Tout le monde est à fond dans ce qu'il fait, du joueur envoyé au fore-checking à la brigade défensive. Le jeu volontaire de la nouvelle génération conforte Krupp dans ses choix alors qu'il vient de prendre une décision difficile, inclure Jan Benda parmi les derniers noms à enlever de la sélection olympique. Le vétéran avait été averti que sa place de titulaire ne serait plus garantie, mais il ne pensait pas vraiment qu'il pourrait été écarté, et il l'a très mal pris. Mais nul n'est indispensable quand des jeunes arrivent avec un tel état d'esprit.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match

Dominik Hasek (gardien de la République Tchèque) : "Ça ne va pas. Si ça allait, je serais resté sur la glace tout le match. J'ai senti une douleur à la jambe et j'ai crié à mes coéquipiers pour qu'ils dégagent, mais ils ne savaient pas ce qui se passait, malheureusement. Je sentais que je devais laisser Tomas Vokoun finir le match. Ce n'est pas l'aine. C'est quelque part entre mes jambes. C'est musculaire, les docteurs vous en diront plus. On verra les prochains jours. Mon but est de revenir jouer, mais si je sens que je ne peux pas aider mon équipe, je ne veux pas forcer les coaches à m'aligner. Il faudra que je me sente bien."

 

Allemagne - République Tchèque 1-4 (1-0, 0-2, 0-2)

Mercredi 15 février 2006 à 17h05 au Palasport Olimpico de Turin. 6463 spectateurs.

Arbitrage de Dan Marouelli (CAN) assisté de Kevin Redding (USA) et Anthony Sericolo (USA).

Pénalités : Allemagne 10' (4', 4', 2'), République Tchèque 12' (6', 2', 4').

Tirs : Allemagne 25 (10, 6, 9), République Tchèque 34 (8, 13, 13).

Évolution du score :

1-0 à 19'10" : Boos assisté de Sulzer (sup. num.)

1-1 à 21'02" : T. Kaberle assisté de Kubina et Vokoun (sup. num.)

1-2 à 23'38" : T. Kaberle assisté de Straka et Jagr (sup. num.)

1-3 à 57'47" : Jagr

1-4 à 59'32" : Vyborny (cage vide)

 

Allemagne

Gardien : Olaf Kölzig (sorti de sa cage de 59'03" à 59'32").

Défenseurs : Rob Leask - Sascha Goc ; Christian Ehrhoff - Christoph Schubert ; Stefan Schauer - Dennis Seidenberg ; Alexander Sulzer - Andreas Renz.

Attaquants : Sven Felski - Alexander Barta - Petr Fical ; Tomas Martinec - Marcel Goc - Florian Busch ; Klaus Kathan - Stefan Ustorf (C) - Daniel Kreutzer ; Eduard Lewandowski - Tino Boos - Sebastian Furchner.

Remplaçant : Thomas Greiss (G).

République Tchèque

Gardiens : Dominik Hasek puis Tomas Vokoun à 09'25".

Défenseurs : Tomas Kaberle - Pavel Kubina ; Marek Zidlicky - Jaroslav Spacek ; Filip Kuba - Frantisek Kaberle ; Marek Malik.

Attaquants : Martin Straka - Robert Lang (C) - Jaromir Jagr ; Martin Rucinsky - Vaclav Prospal - Milan Hejduk ; Patrik Elias - David Vyborny - Ales Hemsky ; Jan Bulis - Petr Cajanek - Martin Erat ; Rastislav Olesz.

 

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