Épinal - Briançon (19 novembre 2005)

 

Match comptant pour la treizième journée de la Ligue Magnus 2005/2006.

Des hauts et des bas

"Un groupe qui se cherche, capable du meilleur mais souvent du pire." Voilà l'un des constats pouvant résumer la phase aller de l'ICE. À l'heure de recevoir de solides Briançonnais et ainsi clôturer cette première partie de saison, les Spinaliens, poussifs, n'ont pas fait preuve d'une grande régularité. Capables bien souvent de tenir tête aux meilleurs (Villard poussé en mort subite, Grenoble contraint au nul ou blanchissage de Dijon sur sa glace), les "boys" de Joakim Nilsson semblent en revanche se reposer sur leurs acquis face aux "petits" de Ligue Magnus, se contentant du strict minimum en nivelant leur niveau à celui de l'adversaire proposé. Les qualités intrinsèques des Dauphins - enfin surtout celles des fers de lance que sont notamment Plch, Šimko et Haapasaari - ont suffi à faire la différence face à Caen et dernièrement Chamonix, mais ce ne fut pas toujours le cas. Sans véritable fond de jeu, parfois sans rigueur et sans envie, ces Dauphins-là sont pourtant capables de se sublimer sur un match. Ayant connaissance de cet état de fait, on peut alors espérer qu'Épinal puisse faire quelque chose face à Briançon, l'un des gros outsiders du championnat.

Quasiment intraitables chez eux (seulement défaits par l'invincible armada rouennaise et tenus en échec par des Grenoblois aux deux visages) et solides sur la route, les Diables Rouges sont bien accrochés au quinté de tête et misent, à l'instar de leurs homologues lorrains, sur un fort contingent étranger. C'est le cas depuis l'arrivée de Luciano Basile voilà trois ans. L'entraîneur italo-canadien a pu conserver son infernal duo Filip-Terglav - orphelin d'Éric Blais qui a arrêté sa carrière - mais a dû se résoudre aux pertes des deux autres gros calibres de l'an passé, l'international Julien Desrosiers à Rouen et bien sûr le NHLer Mark Rycroft, venu pour le lock-out et parti fort logiquement reprendre ses activités au sein des faibles St. Louis Blues. On dénombre ainsi une douzaine d'importés dans son groupe, parmi eux l'ancienne gâchette tourangelle et villardienne Rob Millar ou encore le défenseur offensif Chris Lyness, petite révélation du championnat venue du semi-pro québécois, mais aussi des jeunes, comme l'autre Slovène de Ligue Magnus Jakob Milovanovic ou la doublure originaire du Val d'Aoste Michel Favre. Une troupe cosmopolite ayant dernièrement reçu les renforts du polyvalent américain - pas qualifié pour ce match - Justin Kinnunen (24 ans) et de l'expérimenté blueliner slovaque Miroslav Mosnár (37 ans), à la carte de visite étoffée d'un long séjour au Slovan Bratislava et un solide parcours européen (Superleague britannique et Serie A où il fut dernièrement finaliste avec Cortina) pour substituer les pertes de Tomáš Baluch et du Saint-Pierrais Gary Levêque, tous deux blessés pour la saison.

De solides gaillards, certes diminués par quelques forfaits, qui risquent fort d'être coriaces à bouger, mais Épinal n'a plus le choix. Il conviendra donc de montrer un visage séduisant et surtout de retrouver un niveau de jeu décidément bien difficile à conserver cette saison. Gagner aussi en mémoire de Dušan Ilic, père de Borislav, ex-entraîneur et grande figure de l'ICE, disparu dimanche dernier... Mais sont-ils en mesure de le faire ?

Préchauffage

Décidément, les entames de match semblent bien être un problème insoluble pour Épinal. Transparents et visiblement à côté de leurs patins, les Spinaliens laissent faire Briançon et nous refont le coup de Chamonix, une semaine auparavant. Cette fois-ci, c'est le capitaine franco-canadien des Diables Rouges Jean-François Jodoin qui ouvre le score d'un petit slap flottant et pas bien puissant de la bleue (0-1 à 01'40"). La torpeur spinalienne perdure et les Briançonnais, plus tranchants et surtout plus rapides, n'ont aucun mal à prendre les devants. Parfaite illustration de cette situation, Chris Lyness passe en revue sans difficulté apparente un simulacre de défense et s'amène aux avant-postes pour servir, sans réussite, Emmanuel Giusti au second poteau (6'20").

Approximatifs - comme bien souvent hélas - dans leurs relances et incapables de s'installer correctement en supériorité numérique, les Dauphins ne montrent pas grand chose de bon durant ces vingt premières minutes si ce n'est un fond de jeu vraiment inexistant. Les Spinaliens seraient-ils crispés devant leur public, eux qui ont pris la fâcheuse habitude de balbutier leurs débuts de partie ? C'est une possibilité et Briançon en profite pour s'offrir de bonnes actions en zone offensive, mais ni Orsolini dans l'angle (15'50"), ni Terglav d'un tir croisé à ras de glace (17e) ne trouvent la faille devant Petrik. Et lorsque le portier slovaque se troue, comme sur cette sortie ô combien hasardeuse, les Diables briançonnais - ici la ligne de Rob Millar - se montrent incapables de scorer dans la cage vide (18e). Épinal frise encore la correctionnelle juste après l'incarcération d'Åblad (18'11") mais Edo Terglav, bien servi dans la zone de vérité par le diablotin Martin Filip, voit Stanislav Petrik se jeter sur la glace pour contrer son tir ras de glace (18'21"). Les prodiges se sont accumulés du côté d'un Petrik redevenu une poignée de minutes "petrikéen", et un miracle en désavantage numérique scelle l'issue d'un premier tiers-temps sans saveur. Lancé en profondeur par Ján Plch après une interception en zone défensive, l'express slovaque Ján Šimko s'échappe plein axe et s'en va crucifier Beaubien d'un tir pleine lucarne (1-1 à 19'56"). Voilà une conclusion bien heureuse, pas forcément méritée ni représentative pour un ensemble spinalien bien peu reluisant mais ne pouvant que s'améliorer au fil de la soirée.

Épinal passe la seconde

Ce à quoi il s'emploie d'entrée de jeu avec cette longue relance d'Haapasaari vers un Mazerolle déséquilibré mais parvenant tout de même à approcher la cage de Beaubien (20'21"). Rare satisfaction des premières minutes avec Stanislav Petrik, Ján "Bip-Bip" Šimko n'a de cesse de tourmenter et perforer une arrière-garde briançonnaise réduite (quatre défenseurs) et dépassée par les accélérations de l'ancien diable, noir cette fois-ci, comme au temps de ses récentes années tourangelles. L'ICE propose ainsi un jeu de bien meilleure facture et une combativité accrue mais le problème des relances, de diversité offensive et de réalisme demeurent. Alors que ce diable de Šimko parvient toujours à transpercer la défense alpine (27'54"), Stanislav Petrik doit lui sortir le grand jeu et faire le spectacle en sortant une mitaine autoritaire devant un Rob Millar bénéficiant de certaines largesses pour tenter sa chance de près (28'50"). Peine perdue pour l'emblématique cerbère des Dauphins puisque sur le jeu de puissance visiteur, un tir très excentré d'Hubácek ne va lui laisser aucune chance en se logeant avec une précision diabolique dans l'angle gauche de sa cage (1-2 à 30'47").

S'ensuit une dizaine de minutes assez ouvertes où les deux attaques exploitent les petites erreurs de défense, comme cette relance dans l'axe bien hasardeuse de Milovanovic non validée par Mazerolle (38e). Mais s'il est une chose qu'Épinal possède, c'est bien une grande ressource morale qui lui a souvent permis de renverser la vapeur au cours de ses précédentes sorties. Nouvelle démonstration avec un Jan Plch très en verve et jouant enfin son rôle d'inspirateur offensif pour affoler ses vis-à-vis et initier une jolie combinaison avec ses deux compagnons de trio. Slalomant dans la zone, Plch trouve le relais de Trebaticky posté à la gauche de Beaubien à direction d'un Šimko surgissant au second poteau pour une conclusion de ce même Roman Trebaticky (2-2 à 38'54"). Même si le niveau global est loin d'atteindre des sommets, force est de constater que le tiers médian a permis aux locaux de se refaire quelque peu la cerise malgré l'énergie déployée par un ensemble briançonnais accrocheur où le premier trio Orsolini-Filip-Terglav fait lui aussi des misères à l'escouade défensive de l'ICE.

l'IC Épinal poursuit dans la continuité en se basant à nouveau sur ses individualités et plus particulièrement la paire Šimko-Plch. Les Spinaliens multiplient les actions dangereuses devant Frédérick Beaubien et doivent faire face aux contres des Diables Rouges, des remuants Lionel Orsolini et Martin Filip notamment (46e). Venant de purger ses dix minutes de méconduites après quelques mots aigre-doux dispensés à M. Bergamelli suite à un tour de passe-passe de Filip non sanctionné, le farfadet finlandais Jussi Haapasaari, décalé par Ján Plch, fait trembler un Frédérick Beaubien tout heureux par la suite de voir un slap puissant de la bleue signé de Tobias Åblad finir au chaud entre ses bottes (51'20"). Si le contraste est saisissant entre l'ICE du début de match et celle malmenant présentement les Diables Rouges, ceux-ci, bien que subissant les contrecoups de leur alignement amoindri, poussent durant ces dernières minutes. Sébastien Rohat (53'29"), Edo Terglav (54'16") ou encore un tir en pivot de Rob Millar (56'43") sollicitent toujours un Petrik solide au poste et inflexible devant les contres adverses. En dépit d'une dernière reprise de Trebaticky (58'41") et une dernière présence haut-alpine en zone offensive, le match se dirige vers une mort subite, la cinquième déjà et la quatrième de suite à Poissompré pour des Spinaliens désormais rôdés à ce genre de scénario. L'occasion pour eux de prolonger leur série victorieuse ?

Mosnár ferme le rideau

Et bien non, car la dernière recrue de Briançon, le très expérimenté Miroslav Mosnár, brise le suspens en contre-attaque d'un lancer de la bleue trouvant la lucarne de Stanislav Petrik (2-3 à 62'21"). Une victoire pas imméritée pour des Briançonnais pressants et volontaires. Épinal a payé-là ses errements en zone offensive et son manque de lucidité et de réalisme devant le filet de Beaubien.

Après un démarrage poussif, l'ICE, sur sa lancée du but égalisateur en fin de première période, a su peu à peu rééquilibrer le jeu par la suite sous l'impulsion du dévoreur d'espace qu'est Ján Šimko, mais aussi d'un Ján Plch plutôt inspiré ou d'un Jussi Haapasaari toujours très vif. Trouvant encore une fois les ressources pour créer l'égalité, Épinal a pu compter sur un très bon Stanislav Petrik mais a une nouvelle fois montré ses limites. Que ce soit défensivement où les Filip et autres Terglav ont pu s'en donner à cśur joie en profitant entre autres de quelques relances suspectes, mais aussi offensivement où l'arsenal vosgien semble toujours se limiter aux exploits individuels, en particulier des trois cités plus haut.

Rigoureux, les Diables Rouges de Briançon et notamment leur petit stratège tchèque Martin Filip, accompagné de ses lieutenants que sont Lionel Orsolini et l'international slovène Edo Terglav, ou encore Jirí Hubácek ont pris un malin plaisir à exploiter tous les nombreux espaces et se sont montrés plus qu'à leur tour dangereux en zone offensive. Solides derrière -avec un bon Jean-François Jodoin et un Chris Lyness solide - malgré les absences de quelques titulaires, les hommes de Luciano Basile tiennent-là un succès important leur permettant de revenir sur Villard-de-Lans et de rester au contact de l'équipe en forme du moment, Dijon qui n'a pas fait de détails en passant ces mêmes Ours à la moulinette (8-1).

Suite de la période alpine des Dauphins (Morzine-Avoriaz, Grenoble, Mont-Blanc, Chamonix et donc Briançon) avec l'entame de la phase retour et un prochain déplacement chez des Rapaces de Gap ayant opéré un renouvellement partiel de leur contingent étranger et toujours délicats à manier dans leur antre, même s'ils restent tout de même sur deux revers, le dernier ce samedi devant Morzine-Avoriaz (4-7).

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Briançon 2-3 après prolongation (1-1, 1-1, 0-0, 0-1)

Samedi 19 novembre 2005 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1088 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Jérémy Rauline et Éric Bouguin.

Pénalités : Épinal 22' (6', 4'+10', 2', 0'), Briançon 20' (4'+10', 2', 4', 0').

Tirs : Épinal 29 (8, 10, 10, 1), Briançon 41 (13, 15, 11, 2).

Évolution du score :

0-1 à 01'40" : Jodoin assisté de Filip

1-1 à 19'56" : Šimko assisté de Plch et Duda (inf. num.)

1-2 à 30'47" : Hubácek assisté de Perez et Rohat (sup. num.)

2-2 à 38'54" : Trebaticky assisté de Šimko et Plch

2-3 à 62'21" : Mosnár assisté de Jodoin et Perez

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Djamel Zitouni - Lubomir Duda ; Peter Slovak - Milan Sejna ; Lionel Simon - Tobias Åblad.

Attaquants : Luc Mazerolle - Jussi Haapasaari - Martin Kotásek ; Christophe Ribanelli - Anthony Maurice - Guillaume Chassard (C) ; Jan Šimko - Roman Trebaticky - Jan Plch ; Guillaume Papelier.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Radoslav Regenda, Gaétan Gavoille. Absent : Borislav Ilic (deuil familial).

Briançon

Gardien : Frédérick Beaubien.

Défenseurs : Miroslav Mosnár - Jean-François Jodoin (C) ; Jakob Milovanovic - Chris Lyness.

Attaquants : Lionel Orsolini (A) - Martin Filip - Edo Terglav (A) ; Dimitri Faure-Brac - Rob Millar [ou Hubácek] - Jirí Hubácek [ou Millar] ; Emmanuel Giusti - Mickaël Perez - Sébastien Rohat ; Cyril Arnaud, Nicolas Chevalier.

Remplaçants : Michel Favre (G), Alexandre Rouillard. Absents : Gary Levêque (genou, saison terminée), Tomáš Balúch (entorse du genou), Valdemar Pelikovský (blessé), Yannick Maillot, Anders Dahlin (dos), Arnaud Blanchard (entorse du genou), Miroslav Dvorák (renfort déjà blessé...), Justin Kinnunen (pas qualifié).

 

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