MVD Tver - Spartak Moscou (18 novembre 2005)

 

Match comptant pour la vingt-sixième journée de la Superliga russe.

Un match très important en cette soirée automnale à Tver. La ville natale d'Ilia 1er roi de Kovaltchoukie accueille un (presque) derby entre les policiers de Tver (au nord de Moscou) et les Spartakistes de la capitale. Mais, plus que la proximité géographique, c'est la proximité au classement qui retient l'attention. Le Spartak est dixième avec juste trois points d'avance sur Tver. Or la victoire est justement à trois points en Russie ! Le club du ministère de l'intérieur (M.V.D.), qui réussit le meilleur parcours pour un promu depuis de longues années, a donc l'occasion d'interpeller le Spartak et de le ramener plus bas dans le classement après un bon début de championnat.

Cela s'annonce serré, car au match aller a Sokolniki, le 4 octobre dernier, les deux équipes s'étaient séparées sur le score de un partout. En tout cas les policiers sont mobilisés et pas uniquement sur la glace. Pour éviter des débordements comme ceux causés par les hooligans du CSKA venus du foot lors du match MVD-CSKA en hockey, les forces de l'ordre sont très nombreuses, car l'on annonce 500 supporters du Spartak. Si ce sont les habituels fans du Spartak hockey, il n'y a rien à craindre, si ce sont ceux du Spartak foot...

Le match débute sur un rythme plutôt pépère. Pas grand-chose à se mettre sous les yeux au cours des cinq premières minutes. Le public qui s'entasse dans la petite (et plutôt moche) patinoire de Tver n'a pas vraiment de raisons de se mettre en transe. Et puis, petit à petit, Tver s'enhardit et Konstantin Barouline, le portier du Spartak doit sortir un bel arrêt à la sixième minute sur un tir puissant. Mais les visiteurs spartakistes ont l'occasion de se remettre en ordre de marche avec la première pénalité infligée à Maxime Velikov. Et ça marche, puisque Sergueï Klimovitch ouvre la marque, en embuscade seul en coin, au second poteau comme on dirait en foot, sur une passe sèche de Denis Grot. Pas certain que Sébastien Charpentier, le gardien québécois de Tver, ait encore vraiment touché le palet depuis le début du match, et cela fait déjà 0-1...

Mais les policiers ne se laissent pas abattre. À la douzième minute, Igor Alexandrov est à deux doigts de trouver la faille, sur une belle déviation. Son tir passe juste à côté de la cage de Konstantin Barouline. C'est alors que monsieur Tsyplakov s'énerve et envoie en prison quatre joueurs de suite ! Un Spartakiste et trois policiers à la queue-leu-leu sur le banc d'infamie... Ce sont tout d'abord le chef de la police - le capitaine de Tver - Viatcheslav Boutsaev et le Spartakiste Artiom Ostrouchko qui vont se calmer ensemble, puis quelques secondes plus tard, ils sont rejoints par l'ancien Spartakiste passé à Tver, Evgueni Chaldybine, puis son coéquipier Andrei Zabolotnev, avant qu'une bagarre devant la cage de Tver n'entraîne de nouvelles sanctions pour David Ling, le redoutable attaquant du Spartak, et Dimitri Subbotine, l'ex-attaquant vedette d'Omsk ! Et ce n'est pas fini. Iouri Babenko, l'attaquant de Tver, file au but. Le défenseur du Spartak, Artiom Ostrouchko, décide donc de l'abattre en plein vol. Et deux autres minutes de prison ! C'est chaud entre policiers et esclaves en révolte ! Mais toutes ces pénalités ne donnent rien et la situation revient à la normale. Le tiers se termine sur cette courte avance pour les Rouges et Blancs de Moscou, après une première période agitée.

Le Spartak attaque la période suivante en infériorité suite à une pénalité d'entrée de jeu pour Mikhail Ionkov, mais les locaux n'en profitent pas. Au contraire, ils sont à leur tour sanctionnés pour une crosse haute de Iouri Babenko. Une pénalité aux lourdes conséquences. Bien démarqué par Dimitri Semine, le buteur canadien David Ling trompe son compatriote Sébastien Charpentier en angle (0-2). Une sacrée recrue que ce David Ling, nommé junior canadien de l'année en 1995, longtemps passé par l'AHL et même la NHL avec Montréal et surtout Columbus. Il compte 18 points en 24 matches, voila donc son 19e !

Heureusement pour le public local et le suspense, la réaction de Tver est foudroyante. Trente-deux secondes plus tard, le MVD revient à un but. Le capitaine de Tver, Viatcheslav Boutsaïev, reprend devant la cage spartakiste une passe de Dimitri Subbotine. L'arbitre suspend sa décision, car Boutsaïev était dans la zone du gardien lors du but. Il consulte donc la vidéo, mais comme le vétéran international n'est pas resté trois secondes dans la zone et qu'en plus c'est un défenseur du Spartak qui l'y a poussé vigoureusement, Iouri Tsyplakov valide logiquement le but qui redonne l'espoir à tout le ministère de l'intérieur de la Fédération de Russie. Le MVD se lance alors à l'attaque des cages de Konstantin Barouline, mais sans grande réussite. Rien ne semble ce soir perturber les rouages de la machine spartakiste. En plus, les locaux prennent deux pénalités par Maxime Belikov (33e) et Anton Poletchouk (38e), ce qui permet au Spartak de maintenir sa mainmise sur le jeu. Et malgré une pénalité à la 39e pour le Moscovite Mikhail Iakoubov, c'est le Spartak qui se donne la plus belle occasion a l'ultime minute du tiers avec Alexandre Iounkov (ancien de Tver, mais formé au Dynamo) qui se retrouve tout seul face à Sébastien Charpentier. Le représentant de la police montée chez les miliciens russes s'en sort avec un incroyable jeté de bottes.

C'est également le Spartak qui est le plus dangereux dès le début de la troisième période. Sergueï Klimovitch tente un toujours spectaculaire tour de cage, profitant du fait que Sébastien Charpentier était colle à son autre poteau. Mais une fois de plus, l'ancien gardien des Capitals de Washington est remarquable et écarte le danger. Denis Grot du Spartak est sanctionné dès la deuxième minute de ce tiers, mais cela ne change pas grand-chose. Les Moscovites tiennent la baraque, bien regroupés autour de Konstantin Barouline. À dix minutes de la fin du match, Tver comprend qu'il faut tenter quelque chose, sinon le faux rythme des Spartakistes va les emmener tout droit vers la défaite. C'est alors la charge de la brigade légère de la milice russe. Malheureusement pour elle, cela ne passe pas. Soit la défense hyper regroupée du Spartak la bloque à l'entrée de la zone d'attaque, soit Barouline fait le boulot si le rideau est percé, soit, et malheureusement pour eux, cela arrive régulièrement, les passes de Tver n'arrivent pas à leur destinataire. Si bien que le temps passe, que Tver domine, mais qu'au bout du compte, le Spartak passe une soirée au commissariat pas si inconfortable que cela.

D'ailleurs, on entend de plus en plus les supporters des Rouges et Blancs. Un début de bagarre entre David King et Iouri Babenko met de l'ambiance (59e) mais cela ne change rien au problème du MVD qui ne parvient pas à percer le coffre-fort du Spartak (Il ne manquerait plus que les policiers ne percent les coffres-forts maintenant...). Malgré un temps mort à trente secondes de la fin (le Spartak avait auparavant bien réussi à faire filer le temps en évitant soigneusement les dégagements interdits), le MVD ne parvient pas à faire sortir Charpentier et à tenter le tout pour le tout.

Tant et si bien que le Spartak s'impose, presque tranquillement, même si ce n'est que d'un but, et surtout, parvient à mettre son adversaire d'un soir à six points au classement et à rester au contact avec le haut du tableau. Décidément, il y a bien quelque chose de changé cette saison au Spartak. Les Rouges et Blancs ont retrouvé l'ambition, finies les années de disette en Vyschaïa Liga et de retrouvailles difficiles en Superliga, aujourd'hui le Spartak est solidement installé dans l'élite russe et peut dans un avenir proche jouer à nouveau un rôle au niveau de son palmarès et de son prestige. Apres tout, le CSKA, également après de longues années difficiles, est également en train de le prouver... Tout comme les Krylia Sovietov, seconds en Vyschaïa Liga, avec deux matches de moins que le leader. Mais c'est une autre histoire, ce soir ce sont les Rouges et Blancs qui friment devant la police !

Étoiles du match : *** Konstantin Barouline (Spartak), ** David Ling (Spartak), * Kirill Stepanov (Tver).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

HK MVD Tver - Spartak Moscou 1-2 (0-1, 1-1, 0-0)

Vendredi 18 novembre 2005 à 19h00 au palais des sports de Tver. 1900 spectateurs.

Arbitrage de M. Tsyplakov assisté de MM. Aleshin et Kalinin (tous Saint-Pétersbourg).

Pénalités : Tver 18' (10', 6', 2'), Spartak 14' (6', 4', 4').

Tirs : Tver 24 (7, 8, 9), Spartak 29 (11, 10, 8).

Évolution du score :

0-1 à 06'34" : Klimovich assisté de Grot et Radulov (sup. num.)

0-2 à 23'37" : Ling assisté de Semin et Bondarev (sup. num.)

1-2 à 24'09" : V. Butsaïev assisté de Subbotin et Aleksandrov

 

HK MVD Tver

Gardien : Sébastien Charpentier (CAN).

Défenseurs : Evgeni Gribko - Andrei Zabolotnev ; Evgeni Shaldybin - Marat Davydov ; Maksim Velikov - Evgeni Namestnikov ; Andrei Sryubko (UKR) - Anton Polechuk.

Attaquants : Vyacheslav Butsaev (c) - Dmitri Subbotin - Igor Aleksandrov ; Sergei Luchnikin - Yuri Babenko - Aleksandr Zevakhin ; Aleksei Tsvetkov - Andrei Stepanov - Denis Kokarev ; Vadim Averkhin - Aleksei Vassiliev - Vladimir Gorbunov.

Remplaçant : Viktor Chistov (G).

Spartak Moscou

Gardien : Konstantin Barulin.

Défenseurs : Sergei Zimakov - Aleksei Bondarev ; Vladimir Korsunov - Denis Grot ; Andrei Poddiakon (c) - Artiom Ostrushko (UKR) ; Valeri Klimov - Aleksei Litvinenko (KAZ).

Attaquants : Dmitri Semin - Aleksei Kopeikin - Mikhaïl Ivanov ; Sergei Klimovich - Evgeni Pavlov - Igor Radulov ; Ruslan Zainullin - Aleksandr Kucheryavenko - Ilya Malyushkin ; Aleksandr Yunkov - Mikhaïl Yakubov - David Ling (CAN).

Remplaçant : Tyler Moss (CAN).

 

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