Épinal - Chamonix (10 novembre 2005)

 

Match en retard de la onzième journée de la Ligue Magnus 2005/2006.

Les Dauphins contrastent dans leurs performances ces derniers temps. Une somme de paradoxes née d'une fiche assez positive à domicile (deux victoires et un nul sur Grenoble ; six points sur dix possibles) et d'un bilan à l'étranger l'étant beaucoup moins (seulement trois points récoltés en six déplacements), le dernier revers en date restant celui de Saint-Gervais. Humiliés par la garde tricolore du Mont-Blanc (1-5), les Spinaliens ont encore montré de sérieuses lacunes collectives, défensives et trop peu d'orgueil après l'ouverture du score haut-savoyarde. Un fait dû en partie à une épidémie de grippe ayant sévi - sévissant toujours d'ailleurs - dans les rangs vosgiens...

Car à l'heure où chacun commence à trouver son rythme de croisière, Épinal fait preuve d'une irrégularité chronique et ne parvient toujours pas à pleinement exploiter son potentiel à l'image d'une "ligne forte" trop peu productive, même si Jan Plch a trouvé la faille en toute fin de rencontre samedi dernier. Ayant paru émoussé à Saint-Gervais, Stanislav Petrik n'a pas terminé le match, se voyant remplacé par son back-up Franck Constantin, une doublure méritant sûrement un peu plus de temps de glace pour soulager le titulaire slovaque. Un privilège qu'il n'aura point ce soir face à ses anciennes couleurs.

Quoi qu'il en soit, la plus grande rigueur sera de mise avant de croiser le fer avec la jeune troupe chamoniarde, lanterne rouge de Ligue Magnus mais enfin au complet après des semaines de tergiversation. Misant sur un bon groupe d'espoirs (dont les néo-internationaux Benjamin Dieude-Fauvel et Clément Masson, titulaires de l'équipe de France des moins de vingt ans que le club a obtenu de garder à disposition afin de ne pas reporter à nouveau ce match déjà décalé et inversé il y a dix jours à cause d'un problème de glace à Chamonix) encadrés par les "anciens" Richard Aimonetto ou Bruno Margerit, les Chamois reposent beaucoup sur le sous-coté Radek Lukeš, capable de grosses performances devant son filet alors que les étrangers de l'attaque ont une implication moindre sur le rendement offensif. Anders Torgersson (21 ans, ex-Fassa) et Rastislav Böhme (29 ans, plus de 200 matchs en Extraliga slovaque) sont quant à eux venus rejoindre les rangs d'une défensive très juvénile. Le style est donc alpin et ne tolère aucun répit face à la fougue annoncée de ces jeunes loups. Les Dauphins sont prévenus, les Chamois ne payent pas de mines mais comptent bien exploiter toutes failles du jeu spinalien, comme ils l'ont fait voilà trois semaines avec Grenoble. Une victoire est donc indispensable, sous peine de voir les vieux démons resurgir.

Bonsoir tristesse...

Le ton est donné d'entrée de jeu avec des Spinaliens apathiques, laissant les Chamois prendre les devants et solliciter rapidement Petrik. Approximatifs et gênés dans leurs sorties de zone, les hommes de Joakim Nilsson tendent le bâton pour se faire battre et sont rapidement sanctionnés sur une énième relance dans l'axe interceptée par Pavol Fedor qui s'avance puis décale sur sa droite son compatriote Ondrej Prokop. L'ancien de Superliga espagnole, arrivé dans les valises du regretté Marius Konstantindis, l'éphémère coach du CHC, se charge de fusiller Petrik pour une ouverture du score logique (0-1 à 02'54"). Ce but a le mérite de donner un petit coup de fouet aux Lorrains qui réagissent par leur troisième ligne franco-française, et Guillaume Papelier, centrant devant la cage pour Chassard qui ne parvient pas à glisser le puck dans l'espace laissé par Lukes (3'21"). Un break de "Speedy" Šimko après une interception en zone neutre (4'44"), Kotásek lancé en profondeur par Haapasaari (7e) puis une reprise de Mazerolle (10'19") sont les seules occasions franches des locaux; banderilles aussitôt suivies de ripostes chamoniardes. Incontestablement plus volontaires et plus entreprenants, les Chamois prennent régulièrement le dessus sur une brigade défensive visiblement à côté de ses patins et tentent d'exploiter les mauvaises dispositions de leurs hôtes. Car même en situation de supériorité numérique (15'29"), les Spinaliens peinent à se montrer dangereux, se contentant de faire circuler la rondelle en zone offensive sans véritablement oser prendre de lancers.

On se dirige alors tranquillement vers la fin d'un premier acte bien peu emballant mais Luc Mazerolle de près crée l'égalité en reprenant dans un trou de souris l'excellent service d'un Haapasaari bien placé ligne de fond (1-1 à 19'16"). Voilà qui apparaît bien flatteur pour des Spinaliens anesthésiés et totalement dans le brouillard, n'ayant strictement rien montré au cours de ces vingt premières minutes...

Facteur essentiel de cette première période, l'ennui perdure dans un tiers médian reparti sur les mêmes bases que le précédent. Pointant désespérément aux abonnés absents, Épinal endosse à nouveau le costume de spectateur et subit les contres alpins. Stanislav Petrik s'emploie à repousser du gant devant un très bon Tobias Granath (21'01") alors que de très rares individualités percent dans la grisaille ambiante. Plus incisifs, les Chamois ne se font pas prier pour profiter de cette léthargie persistante, à l'image d'un Granath libre de ses mouvements et repiquant dans l'axe sans être inquiété le moins du monde par une défense ouverte à tous les vents (27'41"). Un surnombre chamoniard est enfin l'occasion d'instaurer une certaine pression dans le camp adverse mais Haapasaari puis Šimko se heurtent à un mur nommé Radek Lukeš (32e). Sitôt cette péripétie close, Chamonix reprend ses aises mais se fait surprendre par un contre de la première ligne des Dauphins amenant Ján Plch à faire le tour le but pour servir dans le slot Roman Trebaticky. Dans un fauteuil, le Franco-Slovaque ne rate pas la cage grande ouverte (2-1 à 37'33"). Nullement découragés, les Chamois ripostent dans la foulée par une attaque côté gauche, conjointement menée par Tobias Granath et Richard Aimonetto, conduisant l'ex-international tricolore à contourner la cage pour trouver sur le côté opposé un Rastislav Böhme à l'affût devant Petrik (2-2 à 38'15"). Le doute n'a pas le temps pour s'installer avec Kotásek lançant dans l'intervalle Haapasaari qui a le chemin grand ouvert pour s'en aller confondre Lukeš (3-2 à 38'52"). L'ICE a sauvé les apparences au terme de quelques secondes de folie, mais Dieu que c'est laborieux !

Inspirés par ces dernières minutes, les Spinaliens changent de cap et instaurent à leur tour leur domination devant un Lukeš tout à coup plus entouré. Restant toujours sous la menace des contres chamoniards, à l'image du remuant Gautier Lafrancesca (42'10"), les Vosgiens voient une obstruction de Milan Sejna casser leur nouvel élan (43'12"). Bien installé dans la zone locale, le jeu de puissance haut-savoyard fait mouche par le jeune arrière Damien Torfou, idéalement servi dans l'enclave après une bonne temporisation derrière la cage de Yannick Charlet et plaçant à bout portant le palet entre les bottes de Stanislav Petrik (3-3 à 44'12"). Coup dur sur Poissompré aussitôt suivi d'une nouvelle démonstration de l'invraisemblable passivité affichée par les représentants de la Cité des Images. Le grand Suédois Anders Torgersson remonte la rondelle et passe en revue une légion spinalienne statique pour trouver en relais Tobias Granath, lequel décale sur le flanc droit Gautier Lafrancesca qui nettoie la lucarne d'un tir sec (3-4 à 46'46").

Les choses paraissent mal engagées et peu de solutions s'offrent alors aux locaux, hormis un slap plein axe d'Åblad en supériorité numérique faisant résonner le montant droit du portier tchèque des Chamois (47'46"). Toujours chahuté par ces jeunes chamoniards aux dents longues, Épinal exploite à nouveau leurs mauvais placements à hauteur de la ligne bleue pour un fac-similé du troisième but. On prend les mêmes et on recommence, Kotásek à l'origine puis toujours ce même Jussi Haapasaari, lancé plein axe pour aller déjouer Lukeš en duel singulier (4-4 à 52'13"). Chamonix s'essouffle en fin de partie mais parvient à tenir jusqu'au temps additionnel.

Šimko tranche en prolongation

Le jeu est assez ouvert durant cette cinquième mort subite de la saison pour Épinal. Lukes s'emploie à fermer son angle devant Chassard (61'40") alors que la paire Aimonetto-Granath fait encore passer de pénibles moments à l'arrière-garde des Dauphins (63'40" et 65'26"). Le salut vient une nouvelle fois d'une des individualités majeures de l'ICE. Après Ján Plch face à Caen, c'est au tour de son compagnon de ligne Ján Šimko de faire la décision en s'infiltrant toutes voiles dehors dans le camp chamoniard et ne laissant pas l'ombre d'une chance à Radek Lukeš (5-4 à 65'59").

L'épilogue est heureux voire inespéré au vu du scénario d'une rencontre n'ayant jamais atteint des sommets. Mais l'essentiel est bien là, la victoire. Car, avec ou sans la manière, tous les points comptent...

Les Chamoniards ont bien failli ramener les deux points ce soir et ce, sans que cela puisse paraître le moins du monde immérité. Plus en verve qu'un hôte spinalien léthargique, sans complexes et proposant un patinage et un collectif plus rodé que celui des Dauphins, Chamonix a fait mieux que se défendre. Montrant beaucoup de gnac, les Chamois se sont battus sur tout les palets tout en remportant une majorité de leurs duels. Une activité incessante symbolisée par l'abattage du Suédois Anders Torgersson et surtout du duo Aimonetto-Granath, constamment dangereux au cours de ses présences. Volontaire mais limitée, la jeune garde chamoniarde a toutefois payé son manque d'expérience dans les "moments chauds" du match, en particulier les fins de période.

Trop stéréotypés dans leur jeu, attentistes et pris à la gorge par le pressing de Chamonix, les Spinaliens ont rendu là une bien pâle copie. Cette inconsistance collective à de quoi alarmer car à l'exception d'une association prometteuse entre le virevoltant Jussi Haapasaari, Luc Mazerolle et le percutant Martin Kotásek, ou encore une troisième ligne toujours aussi travailleuse, Épinal a surtout mis en valeur ses lacunes et ses faiblesses. Défensivement notamment où les Duda, Åblad et consorts n'ont pas brillé, balbutiant leurs relances et éprouvant toute les peines du monde à contenir les montées adverses. L'adjonction de Trebaticky aux-côtés d'un Plch décevant et de Šimko n'a pas apporté beaucoup plus que d'habitude, le tireur d'élite naturalisé peinant décidément trop à suivre le rythme. À noter aussi un certain manque de diversité en attaque, de lucidité à l'approche des derniers mètres, et une grosse appréhension à prendre des lancers en avantage numérique.

Certes, le succès est au rendez-vous mais pour le spectacle, on repassera... Brillants voilà deux semaines face aux Brûleurs de Loups, les hommes de Joakim Nilsson sont retombés dans leurs travers tout en donnant une désagréable sensation de se reposer quelque peu sur leurs acquis. Ces Spinaliens sont d'ailleurs tellement imprévisibles qu'ils pourraient très bien nous offrir le meilleur dans une dizaine de jours à l'occasion de la venue des Diables Rouges de Briançon.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Chamonix 5-4 après prolongation (1-1, 2-1, 1-2, 1-0)

Jeudi 10 novembre 2005 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 850 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Benjamin Gremion et Laurent Rouèche.

Pénalités : Épinal 14' (0', 2', 2', 0'+10'), Chamonix 8' (2', 2', 4', 0').

Évolution du score :

0-1 à 02'54" : Prokop assisté de Fedor et Torfou

1-1 à 19'16" : Mazerolle assisté de Haapasaari

2-1 à 37'33" : Trebaticky assisté de Plch et Šimko

2-2 à 38'15" : Böhme assisté d'Aimonetto et Granath

3-2 à 38'52" : Haapasaari assisté de Kotásek et Mazerolle

3-3 à 44'12" : Torfou assisté de Charlet (sup. num.)

3-4 à 46'46" : Lafrancesca assisté de Granath et Torgersson

4-4 à 52'13" : Haapasaari assisté de Kotásek

5-4 à 65'59" : Šimko

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Lionel Simon - Tobias Åblad ; Borislav Ilic - Lubomir Duda ; Peter Slovak - Milan Sejna.

Attaquants : Jan Šimko - Roman Trebaticky - Jan Plch ; Luc Mazerolle - Jussi Haapasaari - Martin Kotásek ; Christophe Ribanelli - Guillaume Papelier - Guillaume Chassard (C).

Remplaçants : Franck Constantin (G), Djamel Zitouni, Gaétan Gavoille. Absents : Radoslav Regenda (doigt), Anthony Maurice (raisons professionnelles).

Chamonix

Gardien : Radek Lukeš.

Défenseurs : Anders Torgersson - Damien Torfou ; Benjamin Dieude-Fauvel - Vivien Renson ; Rastislav Böhme - Yoann Petiot.

Attaquants : Yannick Charlet - Pavol Fedor - Ondrej Prokop ; Bruno Margerit - Clément Masson - Alexandre Audibert ; Guillaume Ribourg ou Gautier Lafrancesca - Richard Aimonetto (C) - Tobias Granath.

Remplaçant : Julien Leclerc (G). Absents : Erwan Pain (péroné et ligaments de la malléole), Fabien Veydarier (genou).

 

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