Italie - France (9 novembre 2005)

 

Match comptant pour le tournoi préolympique féminin de Turin.

Là où s'en vont les hirondelles pendant la mauvaise saison, j'y enverrais bien hiverner Markus "Napoléon" Sparer. Il est sûrement un excellent entraîneur, il sait même gouverner l'invincible armada des Eagles Bolzano, mais il n'a pas, je me répète, le plus petit sens de l'opportunité, il ne sait pas changer le cours d'un match, il ne sort pas de ses concepts pré-établis même confronté à l'évidence.

Le second match contre la France commence là, dans le confinement sur le banc de la ligne Da Rugna, Carignano, De La Forest, qui avait plu hier. Elle commence de la morne rotation des arrières sans un signe pour sauvegarder Bettarini de la faute d'être jeune et de ne pas savoir quoi faire quand on la presse. Elle commence de la présomption de défier les Françaises en jouant à une ligne et demi pendant les deux tiers du match.

Ah, certes, la ligne Leitner-Florian-Kaser, avec Sparer (fille) derrière, a de quoi rendre les autres timides, mais peut-être que l'expérience de Fiorese ou De Nardin aurait donné plus de poids au jeu de puissance (en admettant qu'il soit prévu dans les manuels techniques que les défenseurs reçoivent le palet durant les phases de supériorité numérique), peut-être que la ligne "jeune" aurait permis à toutes de souffler, y compris les joueuses d'Agordo que je n'ai jamais vues aussi essoufflées. Et que faisait Silvia Toffano, notre "Jolly" qui sait défendre et distribuer le jeu, à moisir sur le banc ? Bah !

Faisons l'éloge de la France, mais sans exagérer, parce qu'avec Iszraelewicz moins inspirée il est revenu aux Grenobloises (Bidaud, Sawyerr, Bouetz plus les "ex" Favarin et Roy) de tirer les marrons du feu. Elles ont joué à courant alternatif : des flambées mêlées à des périodes de pause pendant lesquelles tout pouvait se passer ; en réalité, il ne se passait rien, parce que Leenders, attentive, donnait des garanties, et que l'Italie, avec une Maria Michaela Leitner surveillée de près, ne trouvait pas de débouchés.

Les deux premiers buts, en 37 secondes, suggèrent un KO, puis toutes travaillent comme des folles et Sabina Florian rallume la lumière. Dommage qu'à la reprise, cette fois en 47 secondes, la France ajoute deux autres buts ! La ligne "Eagles" parvient à réduire l'écart grâce à la "Reine des elfes" très habile à se démarquer, mais cela ne peut pas durer : du banc ne parviennent que des signaux de défiance envers deux tiers de l'équipe, et quand le combustible commence à manquer même pour les meilleures, il ne reste qu'à attendre la fin. Françoise Bidaud échappe à Michela Angeloni et donne le palet à Iszraelewicz pour un 5-3 facile, Sparer enlève la gardienne Luana Frasnelli à six minutes de la fin et encaisse le 6-3 en cage vide par Noëlle Roy.

Alors : l'Italie hockeyistique est divisée en deux par une nette ligne de démarcation qui comprend le territoire baigné par le cours de l'Adige jusqu'à Mezzocorona (avec quelques concessions à l'Isarco) et le reste de la nation. Les joueurses peuvent être préparées et douées, seulement bien préparées ou viande d'abattoir, les matches se gagnent si Leitner et Florian marquent suffisamment, sinon ils se perdent, et montent sur la glace celles qui ont joué l'EWHL [championnat italo-autrichien] si possible avec Bolzano. Je pourrais même souscrire à toutes ces conditions s'il s'agissait des caractéristiques techniques d'une machine, et non de filles qui ont des pensées, des émotions, des sentiments, des peurs, des rages et de l'ingenuité.

Meilleures joueuses du match : Françoise Bidaud pour la France et Sabina Florian pour l'Italie.

Compte-rendu signé Mauro Deusebio

 

Italie - France 3-6 (1-2, 2-2, 0-2)

Mercredi 9 novembre 2005 à 18h00 à la patinoire de Torino Esposizioni. 1246 spectateurs.

Arbitrage d'Ulla Sipila (FIN) assistée d'Iriuna Mogilnikova (KAZ) et Alice Stanley (GBR).

Pénalités : Italie 20', France 30'.

Tirs : Italie 16, France 14.

Évolution du score :

0-1 à 06'05" : Bidaud assistée d'Allemoz et Iszraelewicz

0-2 à 06'42" : Sawyerr assistée de Philippon et Rangeon

1-2 à 16'35" : Florian assistée de Caldart

1-3 à 21'59" : Fuster

1-4 à 22'46" : Bouché assistée de Marin

2-4 à 29'43" : Leitner assistée de Sparer

3-4 à 32'02" : Leitner assistée de Sparer et Bettarini (double sup. num.)

3-5 à 42'56" : Iszraelewicz assistée de Bidaud (sup. num.)

3-6 à 54'57" : Roy assistée de Bidaud (cage vide)

 

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