Krylia Sovietov Moscou - Neftyanik Leninogorsk (22 octobre 2005)

 

Match comptant pour la douzième journée de la Vysshaïa Liga russe.

Ah, enfin ! C'est mon grand retour dans l'ouest de Moscou, au palais des sports des Ailes Soviétiques. Je n'ai pas eu encore l'occasion d'y revenir depuis le début de la saison. Pourtant, les Krylia Sovietov sont en plein renouveau. Refinancées à l'intersaison par la mairie de Moscou et le richissime homme d'affaires d'origine tatar Ralif Safine, le club vise de nouveau les sommets. Son début de saison est d'ailleurs prometteur avec une cinquième place au bout de onze journées, mais neuf matchés joues puisque les deux rencontres à Moscou contre le Spartak de Saint-Pétersbourg ont été reportées.

Et l'on note tout de suite le changement. Devant la patinoire sont alignés les drapeaux des sponsors qui ont permis au club d'éviter la faillite l'hiver dernier. La compagnie d'électricité de la ville de Moscou (Mosenergo), le groupe métallurgique OMK, l'entreprise de BTP, PIK, la banque Transinvestbank et la société énergétique MOEK. Des sponsors que l'on retrouve partout, sur la glace, autour de la glace, dans les programmes, etc. Même la surfaceuse, toute neuve, est sponsorisée par MOEK ! Autres changements, à l'intérieur de la patinoire. Un coup de neuf a été donné au vieux palais des sports des Krylia Sovietov. Les maillots des joueurs et entraîneurs mythiques (neuf joueurs et trois entraîneurs, si vous voulez la liste faites-moi signe !) et les fanions des trophées remportées par le club (deux titres de champions d'URSS en 57 et 74, trois coupes d'URSS en 51, 74 et 89 et une coupe d'Europe en 77) ont été refaits. Il y a une bâche reproduisant la photo en noir et blanc d'un joueur de la grande époque du club avec le slogan "Les KS pour toujours" qui accueille le spectateur dans la tribune face aux joueurs, il y a des pom-pom girls sur le podium et même une mascotte qui se promène dans les travées, se faisant prendre en photo avec les enfants. Il s'agit d'un canard psychédélique avec un accoutrement violet et une mèche orange ! Pourquoi un canard ? Peut-être parce que les canards ont des ailes ? (Krylia : ailes, puisque le club était du temps de l'URSS l'équipe de l'aviation civile).

Et puis, il y a ce qui ne change pas. On s'en aperçoit dès le parking. Des supporters venus en famille, comme ce père avec son maillot du club et sa fille de cinq ans environ avec son bonnet rouge et bleu et son écharpe du club plus grande qu'elle. Les Krylia Sovietov sont un club auquel on reste fidèle de génération en génération. D'ailleurs, moi aussi, je suis venu avec mon fils, qui est rentré à la maison très fier de son calendrier 2006 avec la photo de l'équipe ! Calendrier immédiatement scotché sur la porte de sa chambre.

Ah si, quand même, l'année dernière c'était gratuit pour les enfants, cette année, il faut payer... dix roubles, soit environ trente centimes d'euros. Le prix "normal" reste à cinquante roubles, soit approximativement un euro et demi.

La patinoire n'est évidemment pas pleine, mais près de deux mille spectateurs, c'est déjà plus que le Spartak en Superliga, que parfois le CSKA, et que le Khimik de l'Oblast de Moscou, qui même s'il joue toujours pour l'instant à Voskresensk, est boycotté par les fans qui lui préfèrent l'autre Khimik, engagé en Vyschaia Liga et d'ailleurs en tête de cette poule occidentale. Et le public, jeune et familial, des Krylia est certainement celui qui fait le plus de bruit sur Moscou, même si cela reste des plus modéré par rapport aux ambiances des patinoires d'Europe occidentale.

Le match de cet après-midi est presque un derby tatar ! Ça y est, vous dites-vous, il a un peu trop forcé sur la mauvaise vodka et imagine que Moscou est devenu une banlieue de Kazan. Que nenni. Il n'y a bien qu'un seul club tatar sur la glace cet après-midi, et c'est évidemment le Neftianik de Leninogorsk. Mais c'est juste que les KSM sont un peu le club des Tatars de Moscou. On l'a dit, le président du club, l'oligarque Ralif Safine, est tatar, tout comme le manager Roman Khairetdinov, dont le fils Renat est un excellent attaquant du club. Et à l'intersaison, les arrivées en provenance du Tatarstan ont été nombreuses aux Krylia Sovietov. Il y a le gardien Dimitri Iatchanov, d'Ak Bars Kazan, parti l'an passé à Leninogorsk justement, suite à l'arrivée massive de milliardaires dans l'équipe de la capitale tatare, mais également deux joueurs en provenance de l'autre Neftianik tatar, celui d'Almetievsk, soit Oleg Goubine, meilleur buteur du club moscovite en ce début de saison, et l'autre attaquant Andrei Ptchliakov. Un autre joueur de Leninogorsk, Artiom Anissimov, était annonce aux KSM, mais il est finalement toujours dans l'équipe tatare. Une équipe de Leninogorsk qui compte dans ses rangs un joueur forme aux KSM (encore un !), le défenseur Ilia Stachenkov, mais il ne joue pas aujourd'hui.

Bon, les pompom girls sont prêtes sur le podium, le canard est toujours vivant malgré la grippe aviaire, la foule scande "Go Krylia Go !", les joueurs sont prêts. C'est donc parti pour un match qui étymologiquement fleure bon l'ancien régime entre les "Ailes Soviétiques" et "La montagne de Lénine" !

La première action dangereuse est d'ailleurs pour les visiteurs. Une mauvaise relance de la défense moscovite dès la trente-troisième seconde et l'attaquant Denis Koroteiev donne une bonne occasion a Dimitri Iatchanov de s'illustrer dans les cages ailées. Mais les locaux ont vite l'opportunité de se mettre en jambes avec la première pénalité du match des la cinquantième seconde pour Andrei Salnikov. C'est le jeune Igor Makarov qui s'illustre, mais le gardien Konstantin Alexeiev se met en évidence. Et j'aime autant vous dire que ce n'est pas la dernière fois...

Une pénalité infligée à l'excellent Mikhaïl Deïev (02'10") permet aux Tatars de revenir dans la partie. Le match devient plus équilibré, mais toujours rapide et spectaculaire. À la neuvième minute, la première ligne des KSM (entièrement formée au club) Alexei Eriomine - Alexandre Gorochanski - Viktor Gordiouk sème le trouble chez les Tatars, mais Konstantin Alexeiev est encore là... Du coup, la ligne de feu, la deuxième, composée des vedettes de l'équipe, Dimitri Chamoline (ex-Lausanne) - Oleg Goubine - Konstantin Chafranov, veut être à la hauteur, et l'international kazakhstanais Chafranov fait une superbe passe en retrait pour Goubine, mais le buteur des KSM formé à Voskresensk, trouve sur son chemin... Alexeiev (11e).

La domination des Moscovites est totale. Surtout lorsque le défenseur tatar Mikhaïl Kouklev est sanctionné de deux minutes. Le jeu de passe est impressionnant dans la zone d'attaque des Krylia, mais... Alexeiev... Même lorsqu'Igor Makarov lance magnifiquement Alexei Eriomine seul face à Konstantin Alexeiev (16'44") devant la cage. L'ancien gardien d'Oufa, qui a passé trois saisons au Belarus à Horadna (Grodno en russe), fait encore un arrêt de grande classe. Et bien sûr, comme de coutume en pareil cas, juste après sur un contre, Leninogorsk ouvre la marque (17'36). Un tir pas très puissant d'Artiom Anissimov, que Dimitri Iatchanov voit passer entre ses jambières qu'il n'avait pas resserrées à temps... Comment dit-on caramba en tatar ? Surtout qu'Anissimov avait été annonce à l'intersaison aux Krylia !

Des la première minute du nouveau tiers, les locaux ont l'occasion de revenir au score, suite à une pénalité infligée à Denis Beltski. Les Moscovites s'installent et poussent immédiatement. Mais Leninogorsk tient... jusqu'à la sortie de prison de Beltski. Sauf que les Ailes n'arrêtent pas pour autant de battre, et dans la continuité de l'action, Alexandre Gorochanski récupère une superbe passe en retrait de son capitaine Viktor Gordiouk. Sa reprise fait mouche pour l'égalisation à un partout. Un Alexandre Gorochanski qui est l'homme du moment. Juste après son but, il prend une prison, et en sortant du banc des pénalités, il récupère un palet de breakaway, mais il échoue sur... Konstantin Alexeiev, qui commence à devenir vraiment stressant pour les nerfs des supporters moscovites...

Il enchaîne arrêts sur arrêts, tous plus spectaculaires les uns que les autres. À la 33e minute, on pense même qu'il s'est blessé sur un magnifique arrêt en grand écart, mais il se relève sous les applaudissements sportifs du public du palais des sports des Ailes Soviétiques. Le capitaine des visiteurs Igor Safonov est sanctionné de deux minutes. On flair la bonne occase pour Moscou, mais le gardien local commet un impair. Alors qu'il n'était pas menacé, Dimitri Iatchanov loupe sa relance et le palet s'envole dans les tribunes. Ses deux minutes de pénalité sont purgées par son défenseur Mamachev. Le tiers se termine par quinze secondes de double supériorité numérique pour les KSM, mais à deux secondes de la sirène, Konstantin Alexeiev va encore chercher un palet qui ne demandait qu'à rentrer dans la cage...

Et cela recommence des la première minute de l'ultime période, Alexeiev en fait encore une belle ! Cela donne des ailes... à Leninogorsk, et Dimitri Iatchanov doit sortir deux arrêts de classe consécutifs, une mitaine puis un arrêt sur un tir lointain. Leninogork est en train de reprendre du poil de la bête. Alors le public sent que c'est le moment de donner de la voix. Et Moscou se remet dans le sens de la marche. Une prison infligée au centre tatar Alexandre Goloubnitchi donne le signal de plusieurs minutes de folie moscovite. Gorochanski, puis Mamachev et Chafranov par deux fois sont très dangereux. Mais Konstantin Alexeiev est impérialissime.

Moscou ne se déconcentre pas. Et cela finit par payer. L'ancien joueur d'Almetievsk, Andrei Ptcheliakov, trouve la solution. Un superbe tir sous la barre trompe, enfin, Konstantin Alexeiev, qui de déception reste longtemps couché sur la glace. L'abeille a piqué ! (Ptchelia, l'abeille).

N'ayant plus le choix, Leninogorsk descend de sa montagne et part à l'assaut de l'arrière-garde moscovite. Mais, là-bas, il y a Dimitri Iatchanov qui fait (bien) son boulot. Les KS peuvent donc se concentrer sur les contres, et Dimitri Chamoline est bien près de trouver la solution, sauf qu'Alexeiev... Quand ce n'est pas le talent du gardien, c'est le poteau qui sauve Leninogorsk comme sur ce nouveau tir encore de Ptcheliakov à la 56e. Vingt secondes plus tard, Igor Makarov tire juste au-dessus de la cage tatare... Vingt autres secondes s'écoulent et Dimitri Chamoline trouve également le poteau ! Chamoline ne se décourage pas et tente à la minute suivante un beau tour de cage... qui échoue sur Alexeiev. Gargl ! Grr ! Et autre Mphmm !

À 58'15", Alexeiev, qui décidément fait tout dans cette équipe, indique à son banc qu'il est temps de demander un temps mort ! Le coach s'exécute et Alexeiev sort de sa cage. Vingt secondes plus tard, toute la patinoire se lève, non pas pour Danetov, mais pour Gordiouk. Le capitaine des Krylia Sovietov a marqué dans la cage vide, ouf, c'est fini, youpi, et voilà. Et bien non ! L'arbitre consulte ses juges de lignes et Serguei Koulakov annule le but pour hors jeu... Argh ! Alexeiev rentre quelques secondes, le temps de faire l'engagement à l'entrée de la zone d'attaque des KS, puis retourne sur le banc à 58'54 à l'occasion d'un temps mort demande par l'entraîneur moscovite Iouri Novikov. La dernière minute est insupportable et interminable. À 59'12", Pavel Kanarski trouve le poteau (le troisième) de la cage vide de Leninogorsk ! Les Tatars se disent qu'avec autant de signes du destin en leur faveur, ils vont bien parvenir à égaliser. Mais les KS ne paniquent pas, bien regroupes autour de leur gardien Dimitri Iatchanov. C'est donc une sirène attendue qui libère les supporters et joueurs des Krylia Sovietov.

Il y a vraiment du nouveau à l'ouest de Moscou. Ces deux dernières saisons, la jeune équipe moscovite n'aurait jamais remporté un match de ce genre. Là, avec l'expérience des renforts arrives à l'intersaison, il a été possible aux KS de remporter les trois points de la victoire. Trois points importants, car pris sur leurs poursuivants immédiats au classement. Un classement où les Krylia Sovietov sont cinquièmes à six points du surprenant leader Dmitrov. Mais avec deux matches en moins... Demain, à la même heure, les deux équipes se retrouveront pour la suite. Et peut-être qu'Alexeiev sera un peu fatigue de ses exploits de la veille...

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Krylia Sovietov Moscou - Neftyanik Leninogorsk 2-1 (0-1, 1-0, 1-0)

Samedi 22 octobre à 13h00 au Palais des Sports des Krylia Sovietov. 2000 spectateurs.

Arbitrage de M. Kulakov (Tver) assisté de MM. Petukhov et Sergueïev (région de Moscou).

Pénalités : Krylia Sovietov 10', Leninogorsk 28'.

Évolution du score :

0-1 à 17'36" : Anisimov assisté de Safonov

1-1 à 23'24" : Goroshanski assisté de Gordyuk et Eriomin

2-1 à 39'39" : Pcheliakov assisté de Kvartalnov et Makarov

 

Krylia Sovietov Moscou

Gardien : Dmitri Yachanov.

Défenseurs : Pavel Kanarski - Aleksei Petrov ; Renat Mamachev - Anton Ulianov ; Stepan Mokhov - Sergueï Bernatski ; Rafael Batyrshin - Sergueï Dorofeiev.

Attaquants : Aleksei Eriomin - Aleksandr Goroshanski - Viktor Gordyuk (c) ; Dmitri Shamolin - Oleg Gubin - Konstantin Shafranov ; Renat Khairetdinov - Evgueni Pasternatski - Igor Makarov ; Mikhaïl Deïev - Andrei Pcheliakov - Dmitri Kvartalnov.

Remplaçant : Sergueï Mylnikov (G).

Neftanik Leninogorsk

Gardien : Konstantin Alekseïev (sorti de 58'15" à 58'35 et de 58'54" à 60'00").

Défenseurs : Oleg Bulurtski - Ilnaz Zagitov ; Artiom Anisimov - Mikhaïl Kuklev ; Stanislas Egorshev - Grigori Ivanin ; Denis Beltski - Ila Lugin.

Attaquants : Anton Nosov - Denis Koroteïev - Yakov Rachinski ; Igor Safonov (c) - Igor Averchenkov - Dmitri Kholepa ; Artiom Ivanov - Stanislav Mukhachev - Andrei Salnikov ; Aleksandr Kryukov - Aleksandr Golubnichi - Sergueï Khramov.

Remplaçant : Linar Shigapov (G).

 

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