Grenoble - Dijon (4 octobre 2005)

 

Match comptant pour la sixième journée de Ligue Magnus.

Après leur cruelle désillusion à Rouen, les Brûleurs de Loups avaient hâte de retrouver le chemin de la victoire face aux Ducs de Dijon, une équipe qui leur a laissé de biens mauvais souvenirs lors de leur précédente visite et qui reste une défaite à domicile face à Morzine. Gérald Guennelon continuait son turn-over dans les cages grenobloises et relançait Cédric Dietrich après deux matches consécutifs de Christophe Burnet conclus par des fortunes diverses. Mais les soucis de Guennelon résidaient dans la série ininterrompue de blessures frappant son équipe. Après Hecquefeuille, c'est Viktor Wallin qui venait s'ajouter en dernière minute à la liste des forfaits. Ce qui laissait Grenoble avec seulement trois défenseurs d'expérience et trois autres de moins de 21 ans.

La rencontre débutait par une minute de silence émouvante en hommage au regretté Marius Konstantinidis qui a laissé tant de bons souvenirs du côté de la patinoire du boulevard Clémenceau. Puis la rencontre débutait sur des bases relativement tranquilles avec des Dijonnais repliés devant leur but et laissant l'initiative du jeu à leurs hôtes. Les Grenoblois tournaient autour de la cage lors d'une première supériorité numérique concédée par Dijon. La réussite n'était pas au bout de la crosse mais Craig Mills ouvrait le score quelques minutes plus tard d'un lancer du poignet très précis qui surprenait Vladimir Hiadlovsky pourtant en bonne position (1-0, 06'31"). Les Grenoblois mettaient leur emprise sur la rencontre, maintenant dans sa zone une équipe dijonnaise très timide. Un 2'+2' infligé à Cyril Papa pour une crosse haute plutôt involontaire donnait pourtant une belle occasion aux Dijonnais de refaire surface. Mais ceux-ci la gâchaient par une belle étourderie en commettant un surnombre. Pire, Anton Poznik se faisait sanctionner quelques secondes plus tard. Les Ducs se retrouvaient alors à trois sur la glace contre quatre grenoblois. Baptiste Amar profitait des espaces pour adresser une passe parfaite à Roger Jönsson dont le one-timer ne laissait aucune chance à Hiadlovsky (2-0, 17'09"). Les Brûleurs de Loups menaient ainsi de deux buts au terme de la première période sans avoir eu à forcer leur talent.

La deuxième période fut encore plus lente à démarrer que la première avec une longue bataille en zone neutre et un nombre d'occasions relativement limitées. Dijon jouait le jeu défensivement et ne s'exposait pas. Josef Podlaha, encore peu en réussite ce soir, perdait subitement ses nerfs et se faisait sanctionner pour une charge contre la bande un peu trop appuyée. L'occasion pour Gérald Guennelon de lancer dans le grand bain Yven Sadoun qui faisait ainsi ses grands débuts ce soir après son opération de l'épaule. Les Brûleurs de Loups mettaient finalement la pression sur la cage de Hiadlovsky, bien aidés par les trois pénalités d'affilée concédées par des Dijonnais indisciplinés à défaut d'être agressifs comme leur réputation pouvait le laisser supposer. Même si on se demande encore comment le portier slovaque de Dijon a pu arrêter cette reprise à bout portant de Johann Morant, il est indéniable que le jeu de puissance grenoblois manque vraiment d'efficacité. Même pendant une poignée de secondes à cinq contre trois, les Grenoblois ne parvenaient pas à faire la différence. Dietrich s'était ennuyé ferme pendant ce tiers mais les Ducs s'en sortaient plutôt bien en ne concédant pas de but malgré une dernière action dangereuse de Cyril Papa dont le centre parfait pour Jönsson aurait mérité une meilleure conclusion.

Malgré une domination outrageuse pendant les dix dernières minutes du deuxième tiers, les Grenoblois ne possédaient "que" deux buts d'avance. Un avantage semble-t-il suffisant, d'autant plus que Baptiste Amar s'y reprenait à deux fois pour inscrire en force le troisième but tant attendu sur une double supériorité numérique (3-0, 44'56"). La fin du match semblait être une formalité pour les Grenoblois en route vers leur quatrième succès de la saison. Sauf que les hommes de Daniel Maric ne l'entendaient pas de cette oreille et allaient faire passer un sale quart d'heure à des Brûleurs de Loups subitement mis sous pression. Revigorés et enfin dans le match (il était temps !), les Ducs multipliaient les offensives sur les cages de Dietrich et forçaient leurs hôtes à reculer. La pénalité concédée par Benoît Bachelet s'avérait lourde de conséquences puisque, sur le jeu de puissance qui suivit, Miroslav Kristin profitaient de l'apathie de la défense grenobloise pour reprendre à bout portant un centre de Bochna (3-1, 47'55"). Les Dijonnais se remettaient à y croire et Guennelon, sentant ses joueurs hors du coup, demandait un temps mort pour recadrer tout son monde. Sans résultat cependant car les Grenoblois tombaient à leur tour dans l'indiscipline, et Bonnard puis Papa commettaient des fautes largement évitables. Les Ducs n'en demandaient pas tant et sur un jeu de puissance tout en mouvement, inscrivaient un second but sur un centre d'Andrej Mrena qui trouvait Mickaël Brodin lancé à pleine vitesse vers les buts de Dietrich (3-2, 54'41"). Avec seulement un but d'écart, tout redevenait possible et les Dijonnais espéraient bien refaire le coup de l'an passé où ils s'étaient imposés en prolongation après une remontée spectaculaire. Josef Podlaha manquait de peu de tuer le match sur un break mais le Tchèque, trop lent au démarrage, ne parvenait pas à se présenter en bonne position face à Hiadlovsky. Les cinq dernières minutes étaient donc particulièrement stressantes pour les coéquipiers de Benoît Bachelet qui préservaient finalement dans la douleur leur petit but d'avance jusqu'au coup de sirène.

Si les Brûleurs de Loups cherchaient à se remonter le moral après leur défaite à Rouen, c'est raté. Leur inexplicable baisse de régime en fin de rencontre aurait pu leur coûter très cher et dilapider un avantage de trois buts péniblement acquis en quarante-cinq minutes malgré une domination sans partage. L'absence de Viktor Wallin explique sans doute les errements défensifs constatés en fin de match. Le Suédois joue un rôle important en infériorité numérique et la défense grenobloise alignée ce soir était très jeune avec des joueurs pas toujours habitués à autant de temps glace. Mais cette absence ne suffit pas à elle seule à expliquer cette faillite quasi générale dans les dernière minutes de la rencontre. Les Grenoblois auraient d'ailleurs pu et dû tuer le match au deuxième tiers au vu des nombreuses occasions qu'ils se sont procurées. Mais la maladresse parfois et le talent de Hiadlovsky ont retardé l'échéance. Sans compter que Romain Bachelet n'a pas l'apport de Hecquefeuille sur la première ligne, que Josef Podlaha tourne toujours au diesel et que Laurent Meunier et Benoît Bachelet sont encore loin de leur forme optimale. Mills, Russell et Jönsson portent donc l'attaque grenobloise à bout de bras, et cela est sans doute insuffisant pour l'instant.

Du côté des Dijonnais, on peut être satisfait de la prestation réalisée mais aussi avoir quelques regrets de ne pas s'être mis à jouer plus tôt. Car les Kristin, Brodin, Gueguen & co. ont vraiment mis en difficulté les Grenoblois en fin de match au point de monopoliser le palet. Hiadlovsky, malgré un premier but concédé relativement facilement, fut le grand bonhomme de la rencontre côté dijonnais. Les Ducs, à l'image de Poznik (18' de pénalité à lui tout seul !), gagneraient à être plus disciplinés. Mais ils ont montré néanmoins qu'ils avaient les moyens techniques de réaliser une saison intéressante et une place dans les huit premiers semble un objectif tout à fait réalisable.

Désignés meilleurs joueurs du match : Roger Jönsson (Grenoble) et Vladimir Hiadlovsky (Dijon)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaire d'après-match (dans Le Bien Public)

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "On n'y a pas assez cru ! On a fait un bon match dans l'ensemble mais on n'a pas été assez agressif d'entrée. Face à une telle équipe, cela ne pardonne pas. On y est allé sur le bout des patins. On a été fébrile, et du coup, on a encore pris des pénalités qui nous coûtent cher. C'est le côté paradoxal de la situation : on commet des fautes bêtes, et on se retrouve sanctionné. Après, on n'ose plus et on ne frappe plus. [...] J'ai rarement vu un aussi joli but [que celui de Brodin]. Tout a été d'une telle fluidité, c'était superbe. Nos doutes et notre malchance actuelle s'effaceront avec la victoire."

 

Grenoble - Dijon 3-2 (2-0, 0-0, 1-2)

Mardi 4 octobre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 2821 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Nicolas Barbez et Laurent Antunes

Pénalités : Grenoble 24' (4', 4'+10', 6'), Dijon 28' (8', 6', 4'+10').

Évolution du score :

1-0 à 06'31" : Mills assisté de Tartari

2-0 à 17'09" : Jönsson assisté d'Amar et Mills (sup. num.)

3-0 à 44'56" : Amar assisté de Jönsson et B. Bachelet (double sup. num.)

3-1 à 47'55" : Kristin assisté de Bochna et Sucko (sup. num.)

3-2 à 54'41" : Brodin assisté de Mrena et Gueguen (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Cédric Dietrich.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Martin Millerioux ; Nicolas Favarin - Teddy Trabichet ; Yohann Morant - Jean-François Bonnard (A).

Attaquants : Bobby Russell - Roger Jönsson - Romain Bachelet ; Craig Mills - Christophe Tartari - Josef Podlaha (puis Yven Sadoun de 27'17" à 39'17") ; Cyril Papa - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C).

Remplaçants : Christophe Burnet (G), Sacha Treille. Absents : Viktor Wallin (contracture aux lombaires), Kévin Hecquefeuille (bras), Simon Bachelet (fracture du pied), Ludek Broz (opération du genou), Brett Draney (pas encore qualifié).

Dijon

Gardien : Vladimir Hiadlovsky (sorti de sa cage à 59'09").

Défenseurs : Anton Poznik - Milan Tekel ; Rastislav Palov - Miroslav Sucko ; Kévin Dugas - Aymeric Gillet.

Attaquants : Mickaël Brodin - Thomas Gueguen - Andrej Mrena ; Miroslav Kristin - Stephen Dugas - Erik Bochna ; Martin Jeannette - Julien Tiphaigne - Martin Drotar ; Dave Thomas.

Remplaçant : Fabien Chardon (G). Absents : Sébastien Rousselin (blessé contre Morzine), Antoine Amsellem (suspendu).

 

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