Amiens - Épinal (20 septembre 2005)

 

Match comptant pour la troisième journée de la Ligue Magnus 2005/2006.

Trois jours après un déplacement bien compliqué, et bien malheureux, à Grenoble, Amiens a retrouvé sa glace du Coliséum pour rencontrer les Dauphins d'Épinal. Ceux-ci ont réalisé l'un des recrutements les plus remarqués de l'intersaison et l'on ne sait pas encore trop à quoi s'attendre avec cette équipe. Comme face à Morzine, c'est contre un autre outsider que les Gothiques vont devoir éviter le piège. Surtout que Joakim Nilsson, le coach suédois d'Épinal, peut compter sur l'intégralité de son effectif. Ce qui n'est en revanche toujours pas le cas de Denis Pérez... Si Élie Marcos signe ici son retour, avec une visière intégrale pour protéger son visage touché en Suède, François Rozenthal est quant à lui toujours absent. Et, coup de tonnerre à Amiens, Antoine Mindjimba n'est pour une fois pas titulaire dans les cages amiénoises. Puni pour son comportement violent lors du choc contre Grenoble, le mythique cerbère amiénois n'est que remplaçant. C'est donc Jérôme Plumejeau que Denis Pérez a choisi d'aligner dès le début du match. Une poste de titulaire que "Plume" n'avait plus occupé depuis un déplacement à Brest début 2004 !

Mais le jeune gardien n'a pas vécu un début de soirée trop compliqué, histoire de se remettre tranquillement dans le bain de la Ligue Magnus. Tout le contraire de son homologue spinalien, puisque les attaquants amiénois ont vite su trouver suffisamment d'espace dans la défense vosgienne pour s'approcher de Stanislav Petrik. Après un peu plus de deux minutes de jeu, la première mèche était allumée par Jonathan Zwikel, qui sollicitait après une bonne percée coté droit, le gardien slovaque. Trente secondes plus tard, Peter Janik sortait de la zone défensive amiénoise et envoyait Brice Chauvel à l'abordage. Mais l'ailier picard butait lui aussi sur "Magic" Petrik. Même punition quelques secondes plus tard pour Simon Petit et Miroslav Pazak. Mais malheureusement pour Épinal, l'état de grâce de Petrik a fini par momentanément prendre fin, juste le temps pour Amiens d'ouvrir la marque. Sur un engagement gagné par Laurent Gras, Julian Marcos transmettait le palet à Loïc Sadoun qui, esseulé dans l'enclave, inscrivait son deuxième but de la saison, son premier sur le glaçon amiénois (1-0 à 04'08").

Et sans un énorme Petrik, Amiens aurait très vite pu doubler, voire tripler, la marque. Tour à tour, Gras, Lefranc, Pulscak et Sadoun sont venus échouer sur le portier spinalien. Et il a fallu finalement attendre la première pénalité du match, sifflée contre Miroslav Pazak pour une charge incorrecte, pour voir les joueurs d'Épinal s'approcher de Jérôme Plumejeau. Des approches qui restèrent encore relativement timides, conclues par deux petits tirs sans grand danger, par Jussi Haapasaari et Radoslav Regenda en fin de supériorité. Cette parenthèse refermée, Amiens repartait à l'assaut, Pazak et Mortas manquant de peu le filet adverse.

Alors que Joakim Nilsson commençait à vraiment s'inquiéter sur son banc, Jan Plch se décidait à montrer au public du Coliséum que le hockey sur glace est un sport qui ne se joue pas qu'avec un gardien de but, et qu'une équipe normalement constituée comporte aussi quelques joueurs à vocation offensive. Le talentueux Slovaque commençait par dribbler une première fois plusieurs Amiénois, mais son tir frôlait la transversale du but de Jérôme Plumejeau. Deux minutes plus tard, le Dauphin volait le palet à Loïc Sadoun dans sa zone défensive, remontait toute la patinoire et obligeait Plumejeau à se coucher de tout son long pour empêcher l'égalisation. Et, alors qu'il restait moins de quatre minutes de jeu avant la fin du premier tiers, le toujours intenable Jan Plch envoyait Peter Janik en prison, le défenseur amiénois ayant été obligé d'accrocher son compatriote pour éviter une nouvelle occasion de but. Copie conforme de la première supériorité spinalienne de la soirée, la pénalité ne déboucha sur rien de bien inquiétant pour Jérôme Plumejeau. Et le jeune gardien amiénois ne fut pas beaucoup plus sollicité pendant les deux minutes de prison, pour cinglage, purgées par Jonathan Zwikel en toute fin de tiers.

Dès l'engagement du deuxième tiers, Amiens retrouvait ses velléités offensives des vingt premières minutes. Après trente-quatre secondes de jeu, Peter Janik récupérait le palet suite à une grosse pression sur l'ancien amiénois Tobias Åblad. Le défenseur slovaque lançait Laurent Gras sur la gauche. Le rapide international envoyait d'un énorme slap le palet tout au fond de la lucarne de Petrik, complètement impuissant ce coup-ci (2-0 à 20'34"). À la reprise du jeu, Épinal parvenait à s'approcher timidement de la zone amiénoise. Depuis la ligne bleue, Jussi Haapasaari décochait un lancer qui semblait parfaitement anodin... sauf pour Jérôme Plumejeau. Le gardien amiénois refermait trop tôt sa mitaine. Le palet rebondissait donc sur lui, passait au-dessus de son épaule et finissait tranquillement sa course au fond des filets amiénois (2-1 à 20'44"). Peu rancunier, le public du Coliséum scandait des "Jérôme, Jérôme" pour encourager son jeune gardien et le remettre en confiance. Un joli geste suivi de peu d'effet, puisque deux minutes plus tard, l'ancien Brestois ratait de nouveau son arrêt, le palet lui repassant par-dessus l'épaule mais manquant cette fois-ci le cadre... Finalement, Plumejeau retrouvait son assurance lors d'une nouvelle supériorité spinalienne - Sébastien Dermigny ayant pris deux minutes pour avoir accrocher le rapide Jan Simko à 26'09" - en stoppant efficacement les rares occasions spinaliennes.

Contrairement à leurs adversaires du jour, les Gothiques ont quant à eux montré un bon réalisme en jeu de puissance. Si la première pénalité du match sifflée contre un visiteur, en l'occurrence Roman Trebaticky pour un accrocher, ne donnait rien, les joueurs de Denis Pérez parvinrent à profiter des deux minutes de prison infligées à Lubomir Duda pour une crosse haute. Loïc Sadoun sortait en effet le palet du coin droit et retrouvait Vincent Bachet. Le défenseur international redonnait un peu d'air aux siens en trompant Stanislav Petrik (3-1 à 31'35"). Trois minutes plus tard, c'était au tour de Tobias Åblad de partir en prison, pour une charge avec la crosse, puis de Borislav Ilic, qui écopait d'une 2'+2' pour dureté. Le jeu de puissance amiénois s'installait assez facilement, et tout le public s'attendait à voir les Gothiques profiter de cette double supériorité numérique pour enfoncer un peu plus encore le clou. Sauf que l'intenable Jan Plch n'était pas du tout de cet avis. L'attaquant spinalien montait très vite sur Anthony Mortas. Et le capitaine amiénois, surpris par cette pression, manquait son contrôle. Plch en profitait et partait en break pour ne faire qu'une bouchée du pauvre Jérôme Plumejeau (3-2 à 35'34").

C'était donc raté pour la double supériorité numérique. Tant pis, il restait encore à Amiens quelques secondes en supériorité grâce à l'indiscipline de Borislav Ilic. Le premier à en profiter fut Peter Janik. Le défenseur amiénois, bien servi par Anthony Mortas, envoyait un gros slap depuis la ligne bleue qui cognait le poteau du but de Petrik avant de retomber dans la cage du gardien spinalien (4-2 à 36'50"). Quelques secondes plus tard, Laurent Gras récupérait un palet dans sa zone et partait en deux contre un avec Loïc Sadoun. Après une feinte de tir, Gras donnait le palet sur sa gauche à son ailier qui inscrivait là son premier doublé avec le maillot des Gothiques sur le dos (5-2 à 37'09"). Et Amiens manquait même de définitivement assommer Épinal avec un but d'Anthony Mortas que le trio arbitral refusait logiquement, la cage spinalienne n'étant plus immobile à ce moment...

Malgré cet avantage de trois buts, Amiens ne relâchait pas son étreinte en début de troisième tiers. Pendant près de cinq minutes, les Gothiques ont campé autour du but adverse, ne parvenant cependant jamais à tromper une nouvelle fois la vigilance du gardien slovaque. Il fallait même attendre 5'40" pour voir le premier lancer d'Épinal, signé Guillaume Chassard, sur Jérôme Plumejeau. Après six minutes de jeu, Miroslav Pazak faisait tourner en bourrique la défense vosgienne. Cette fois-ci, Stanislav Petrik était battu. Mais pas Radoslav Regenda, qui bougeait la cage pour éviter à son équipe d'encaisser un sixième but, le défenseur prenant au passage une pénalité pour retard de jeu. Pendant les longues minutes qui séparaient encore les deux équipes de la fin du match, Amiens restait dominateur. Mais les Gothiques avaient désormais toutes les peines du monde pour s'offrir d'intéressantes positions de tir. La défense spinalienne se faisait même enfin efficace et Petrik n'était plus inquiété que sur quelques lancers lointains relativement insignifiants pour un gardien de son calibre. Et en toute fin de match, ce sont même les Dauphins qui se procuraient les plus belles occasions. Alors qu'il restait un peu plus de trois minutes à jouer, Milan Sejna s'échappait sur le coté droit et retrouvait Jussi Haapasaari qui profitait du relâchement amiénois pour inscrire son premier doublé de la saison (5-3 à 56'48"). La dernière pénalité du match, sifflée contre Sejna pour une obstruction, ne changeait plus rien, Amiens s'imposant donc finalement sur ce score de 5-3.

Amiens s'est donc rassuré après sa défaite trois jours plutôt contre Grenoble (4-1). Mais Denis Pérez a quelques soucis à se faire en cas de nouveau problème avec Antoine Mindjimba. Car si Jérôme Plumejeau a relativement bien assuré la relève contre les Brûleurs de Loups après l'expulsion de Mindji, le jeune Amiénois a été parfois complètement à côté de ses patins, comme lors du premier but spinalien, et a laissé un nombre très important de rebonds, donnant du même coup quelques sueurs froides à sa défense.

À sa décharge, le manque d'alternance au poste ne lui a pas vraiment permis d'emmagasiner l'expérience nécessaire pour évoluer convenablement à ce niveau. Heureusement pour le moral des Gothiques, l'attaque est en net progrès. Les Amiénois ont transformé environ une occasion sur dix (5 buts en 52 tirs), un score relativement honorable. Et Denis Pérez dispose avec Loïc Sadoun d'un attaquant en pleine bourre. Déjà buteur contre Grenoble, l'ancien tourangeau a inscrit ici deux buts et deux assistances. Heureusement pour ses adversaires, l'aîné des frères Sadoun, de son propre aveu, n'est pas encore en grande forme...

Quant à Joakim Nilsson, l'entraîneur spinalien peut se féliciter d'avoir deux incroyables joueurs dans son effectif, avec Jan Plch et Stanislav Petrik. Le premier a été quasiment le seul Spinalien à causer d'énormes soucis aux défenseurs amiénois. Et le second, peu aidé par ses coéquipiers, a dégoûté plusieurs fois les attaquants gothiques. Encore un peu juste cependant, Épinal dispose quand même des moyens de viser assez haut cette année, à condition que l'amalgame entre anciens et nouveaux (ils étaient neuf sur la glace amiénoise) se fasse rapidement. Ce qui ne devrait plus tarder.

Élus meilleurs joueurs du match : Loïc Sadoun (Amiens) et Jan Plch (Épinal).

Compte-rendu signé Josselin Giret

 

Commentaires d'après-match :

Loïc Sadoun (attaquant d'Amiens) : "C'est très beau de marquer un doublé, ici, à domicile. Physiquement, je suis encore un peu juste. Je n'ai vraiment repris que depuis deux semaines. J'ai encore du mal à finir les rencontres. Je manque de rythme et c'est difficile dans ces conditions de tenir sur les présences un peu plus longues. Offensivement, cinq buts sur un peu plus de cinquante tirs, c'est une bonne moyenne. Si on joue comme ça à chaque match, on devrait finir avec quelques victoires."

Jérôme Plumejeau (gardien d'Amiens) : "C'est difficile de se préparer pour un tel match, surtout que j'ai tendance à me mettre beaucoup trop de pression sur les épaules. J'ai essayé de ne rien changer, de ne pas trop penser à la rencontre. Et je me suis dit que je n'avais rien à perdre et je devais en profiter pour prendre un maximum de plaisir. Pendant le match, il n'y a eu que peu de lancers contre moi et dans ces conditions, c'est difficile pour un gardien de rester bien concentré. C'est ce qui me fait défaut sur le premier but. Je manque de concentration et je suis trop sûr de moi. Et à ce niveau, ça ne pardonne pas. Le shoot vient de loin et je pense l'avoir dans ma mitaine. Mais je le rate et il retombe derrière moi."

Joakim Nilsson (entraîneur d'Épinal) : "Stanislav Petrik a encore fait un gros match. Et c'est vrai que, parfois, c'est un très bon gardien. Mais il ne faut oublier Franck Constantin qui est aussi un très bon joueur. Et ce sera encore bien mieux quand toute l'équipe jouera pour l'aider. Il est malheureusement encore bien seul par moment. Sinon, je suis globalement satisfait du comportement de mes joueurs, excepté dans les dix dernières minutes du deuxième tiers. Et je retiens que nous avons gagné la troisième période, ce qui me laisse espérer de bonnes choses pour la suite de la saison."

 

Amiens - Épinal 5-3 (1-0, 4-2, 0-1)

Mardi 20 septembre 2005 à 20h00 au Coliséum d'Amiens. 2263 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Damien Bliek et de Sébastien Moine.

Pénalités : Amiens 10' (6', 2', 2'), Épinal 14' (0', 10', 4').

Tirs : Amiens 52 (17, 14, 21), Épinal 24 (6, 9, 9).

Évolution du score :

1-0 à 04'08" : Sadoun assisté de J. Marcos et de Gras

2-0 à 20'34" : Gras assisté de Janik et de Sadoun

2-1 à 20'44" : Haapasaari

3-1 à 31'35" : Bachet assisté de Sadoun (sup. num.)

3-2 à 35'34" : Plch (double inf. num.)

4-2 à 36'50" : Janik assisté de Mortas (sup. num.)

5-2 à 37'09" : Sadoun assisté de Gras et de J. Marcos (sup. num.)

5-3 à 56'48" : Haapasaari assisté de Sejna et de Petrik

 

Amiens

Gardien : Jérôme Plumejeau.

Défenseurs : Nicolas Pousset - Peter Janik ; Vincent Bachet (A) - Thomas Roussel ; Sébastien Dermigny - Frantisek Pulscak.

Attaquants : Brice Chauvel - Jonathan Zwikel - Julien Lefranc ; Miroslav Pazak - Anthony Mortas (C) - Simon Petit ; Loïc Sadoun - Laurent Gras (A) - Julian Marcos ; Élie Marcos - Lionel Wiotte - Geoffrey Paillet.

Remplaçant : Antoine Mindjimba (G). Absent : François Rozenthal (genou).

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Radoslav Regenda - Tobias Åblad ; Lubomir Duda - Milan Sejna ; Borislav Ilic - Lionel Simon.

Attaquants : Luc Mazerolle - Jussi Haapasaari (A) - Guillaume Chassard (C) ; Martin Kotasek - Roman Trebaticky (A) - Guillaume Papelier ; Jan Plch - Anthony Maurice - Jan Simko.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Christophe Ribanelli et Sébastien Geoffroy. Absents : Djamel Zitouni et Gaëtan Gavoille.

 

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