Grenoble - Amiens (17 septembre 2005)

 

Match comptant pour la deuxième journée de Ligue Magnus.

Premier match de championnat à Pôle sud et une affiche de rêve entre deux prétendants au titre, qui plus est ennemis de toujours. De quoi déplacer la foule du côté de la patinoire grenobloise qui faisait le plein pour l'occasion, histoire de voir à l'œuvre ce cru 2005-06 face à une sérieuse opposition. Car si Amiens avait pu se rassurer la semaine précédente face à l'ambitieuse équipe morzinoise, les Brûleurs de Loups avaient disputé un match à sens unique face à Gap n'apportant que peu d'informations sur le potentiel grenoblois cette saison vu la faiblesse de l'opposition. Avec Bonnard suspendu, Simon Bachelet toujours blessé, Morant incertain et Millerioux de retour de blessure, la défense grenobloise ne se présentait dans les meilleures conditions. Surtout que la nouvelle du forfait général de Ludek Broz tombée cette semaine avait déjà fortement atteint le moral des troupes. De leur côté les Gothiques se présentaient dans les mêmes dispositions que face à Morzine, François Rozenthal venant seulement de reprendre l'entraînement...

Un match Grenoble-Amiens n'est jamais vraiment un match comme un autre. Au fil des ans et des victoires des uns ou des autres, une rivalité s'est créée au point d'en faire un des sommets du championnats. Peu après le coup d'envoi, on se rendit vite compte que l'ambiance était électrique. Les deux équipes étaient visiblement très tendues et la première pénalité appelée contre Trabichet après seulement quinze secondes de jeu ne préfigurait rien de bon. Les deux équipes se rendaient coup sur coup, les charges devenaient de plus en plus appuyées et l'arbitre sanctionnait logiquement celle de Marcos sur Meunier afin d'éviter l'escalade. Peine perdue car après seulement trois minutes de jeu, une action chaude devant les cages d'Antoine Mindjimba provoquait une première bagarre. Le portier amiénois s'en prenait à Craig Mills à qui il reprochait de l'avoir approché de trop près, et les débats entre les deux hommes devinrent houleux. On aurait pu en rester là si Mindjimba n'en avait pas rajouté une couche en allant donner un coup de poing à Mills alors que les deux hommes étaient séparés par les arbitres. Coup de tonnerre à Pôle Sud : Mindjimba était renvoyé directement au vestiaire et Jérôme Plumejeau appelé à la rescousse. L'occasion était belle pour Grenoble de prendre les devants, mais son jeu de puissance était bien trop laborieux pour espérer profiter des cinq minutes d'avantage numérique. La pression n'était visiblement pas retombée. Quelques minutes plus tard, nouvel incident devant les cages amiénoises, et cette fois c'est Craig Mills qui perd son sang-froid en envoyant un coup de poing à Pousset. Même cause, mêmes effet et retour direct au vestiaire pour le Grenoblois. Mais les Gothiques n'avaient pas plus de réussite en supériorité numérique que leurs hôtes. Les coups continuaient à pleuvoir jusqu'à la fin du tiers entre deux équipes ayant plus l'intention de s'imposer physiquement que de faire grimper le tableau d'affichage. Plumejeau sortait tout de même le grand jeu sur un tir d'Hecquefeuille en supériorité numérique et permettait à ses coéquipiers de regagner les vestiaires sur un score nul et vierge.

Les quinze minutes de pause firent visiblement le plus grand bien aux protagonistes. Les esprits s'étaient visiblement calmés au vestiaire et on commençait enfin à voir du vrai hockey au début du deuxième tiers. Mais si l'agressivité était tombée d'un cran, le jeu n'en devenait pas pour autant d'une fluidité extrême. Les deux équipes s'employaient surtout à bien défendre et se neutralisaient en zone neutre ce qui limitait le nombre d'occasions de but. La prise de risque était minimale et on assistait même à une succession de hors-jeu et autres dégagements interdits. Plumejeau et Dietrich étaient très concentrés sur les quelques interventions clés qu'ils avaient à effectuer et le match semblait passablement bloqué. L'éclair vint finalement de la recrue canadienne de Grenoble, Bobby Russell. Lancé sur son aile gauche par Jönsson, il parvenait à trouver une splendide lucarne dans un angle pourtant très fermé (1-0, 34'02"). Un but sorti de presque nulle part qui éclaircissait enfin les débats. Amiens se lançait à corps perdu dans la bataille et ne mettait pas longtemps à revenir à hauteur, deux minutes exactement : Frantisek Pulscak trouvait de l'espace dans la défense grenobloise un peu statique et servait dans un mouchoir Loïc Sadoun qui fusillait Dietrich à bout portant (1-1, 36'00"). Tout était à refaire dans une rencontre décidément très indécise. Les Brûleurs ne parvenaient pas à profiter de la première pénalité du tiers-temps et commettaient même une bête faute de déconcentration qui allait les obliger à débuter la dernière période en infériorité.

Bien malin qui aurait pu prédire l'issue de la rencontre à l'orée du dernier tiers. Et encore plus que les supériorités numériques allaient faire la différence. Les jeux de puissance étaient d'une égale médiocrité depuis le début de la rencontre (à moins que ce ne soient les défenses à quatre qui soient parfaitement bien en place...). Toujours est-il que la supériorité amiénoise initiale ne donnait pas grand-chose et était facilement tuée par les Grenoblois. Ceux-ci bénéficiaient à leur tour de l'opportunité de faire la différence sur une pénalité de Jimmy Lefranc. Les Brûleurs de Loups installaient le jeu de puissance sous l'impulsion de Roger Jönsson, omniprésent dans l'orientation du jeu grenoblois. Après quelques situations chaudes devant la cage de Plumejeau, le Suédois trouvait Hecquefeuille qui décalait Russell lequel n'avait plus qu'à pousser le palet dans la cage vide et signait ainsi son doublé (2-1, 44'20"). Une nouvelle fois menés au score, les Gothiques tentaient de rééditer leur coup du deuxième tiers avec une égalisation rapide. Les Isérois passaient alors trois minutes très inconfortables, acculés dans leur zone, et la panique s'emparait de la défense grenobloise. Dietrich répondait présent aux nombreuses sollicitations amiénoises mais c'est logiquement que les Brûleurs de Loups étaient poussés à la faute par l'intermédiaire de Baptiste Amar. Amiens avait donc l'occasion de revenir à hauteur sur la supériorité qui suivait. Mais la réussite n'était pas au rendez-vous et Jönsson - encore lui - récupérait le palet puis partait en contre avant de temporiser et de servir sur un plateau... Bobby Russell. Son tir initial était repoussé par Plumejeau mais le Canadien récupérait victorieusement son rebond, au grand désespoir d'un Plumejeau dépité qui avait cassé sa crosse sur l'arrêt (3-1, 48'58"). Cette fois le break était fait, et les Amiénois, abattus, ne pouvaient plus revenir dans la partie. Nicolas Favarin enfonçait même le clou sur un slap que le malheureux Plumejeau ne parvenait pas à capter fermement, laissant le palet finir sa course au fond des filets (4-1, 52'44"). Une boulette regrettable pour le gardien amiénois qui jusque là avait remis une copie plutôt propre. La victoire acquise, la défense grenobloise se relâchait et laissait de l'espace aux attaquants amiénois dans les deux dernières minutes. Sans conséquence toutefois grâce à la maladresse inhabituelle de Pazak qui manquait le cadre à deux reprises alors qu'il était seul face à Dietrich.

Grenoble a donc réussi à faire la différence au troisième tiers et remporte un succès de prestige face au rival amiénois. Le match s'est finalement joué à peu de chose et le score est assez lourd pour Amiens mais visiblement les Brûleurs de Loups étaient plus frais au troisième tiers. C'est aussi sur le plan offensif que la différence s'est faite avec côté grenoblois un duo Jönsson-Russell décisif. Le Canadien signe ainsi un coup du chapeau du plus bel effet pour son premier match officiel à Pôle Sud. On retiendra également la prestation de Viktor Wallin qui peut s'affirmer comme le patron de la défense et la présence rassurante des jeunes Martin Millerioux, Johann Morant et Teddy Trabichet qui ont fait oublier Jeff Bonnard et Simon Bachelet. Malgré quelques sorties incertaines, Cédric Dietrich s'est une nouvelle fois montré très efficace en ne concédant qu'un but en cinq tiers-temps disputés cette saison.

Du côté amiénois, la sortie prématurée de Mindjimba a considérablement changé la donne. Les Gothiques ont pourtant bien protégé Jérôme Plumejeau pendant quarante minutes avant de lâcher au troisième tiers. Le manque de percussion en attaque est aussi à déplorer avec un Miroslav Pazak moins efficace qu'à la accoutumée et un Jonathan Zwikel bien discret en l'absence de son compère François Rozenthal. Les Amiénois auront l'occasion de se rassurer mardi face à Épinal tandis que les Brûleurs de Loups s'apprêtent à disputer un derby prometteur sur le plateau du Vercors...

Désignés meilleurs joueurs du match : Bobby Russell (Grenoble) et Anthony Mortas (Amiens)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphine Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Amiens faisait partie des grosses cylindrées mais nous tenions à l'aborder avec la même approche que les autres rencontres. Bien sûr, on savait que cette rencontre avait une saveur particulière et je m'attendais à ce que le jeu soit haché, agressif. Mais peut-être bien que notre physique a fait la différence au troisième tiers. Ce qui me réjouit surtout, c'est que nous avons été solidaires et solides de la première à la dernière seconde. Quant à Bobby Russell, il réalise certes une très belle performance mais ne nous enflammons pas, ce n'est que le début de saison. Il a toutefois montré ses velléités."

Kévin Hecquefeuille (attaquant de Grenoble) : "On a été parfois fébrile en zone offensive, devant la cage mais nous avions la possession du palet. On savait que ça se jouerait à pas grand-chose et on a été présent aux moments clés. Notre grosse préparation a payé."

Denis Perez (entraîneur d'Amiens) : "C'est nous qui avons fait l'essentiel du jeu, mais nous avons presque trop poussé, comme si nous jouions à domicile. Eux ont eu surtout de la réussite et je trouve le score beaucoup trop large par rapport à la physionomie du match. Mais nous les avons poussés dans leurs retranchements et je suis fier de mes gars. Je ne peux que m'incliner par rapport au résultat, bravo Grenoble. On a mis un genou à terre alors qu'on aurait voulu les décapiter. Mais nous n'avons perdu qu'une bataille, pas la guerre."

Antoine Mindjimba (gardien d'Amiens expulsé après 03'01") : C'est frustrant. La décision de l'arbitre m'a surpris. Certes, il y a eu une petite échauffourée et j'ai mis un coup de poing. Mais de là à être expulsé... On jouait un match de hockey, pas de ping-pong !"

 

Grenoble - Amiens 4-1 (0-0, 1-1, 3-0)

Samedi 17 septembre 2005 à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Damien Bliek et Éric Bouguin.

Pénalités : Grenoble 37' (8'+5'+20', 2', 2'), Amiens 49' (10'+10'+5'+20', 2', 2').

Évolution du score :

1-0 à 34'02" : Russell assisté de Jönsson

1-1 à 36'00" : L. Sadoun assisté de Pulscak

2-1 à 44'20" : Russell assisté de Hecquefeuille et de Jönsson (sup. num.)

3-1 à 48'58" : Russell (inf. num.)

4-1 à 52'44" : Favarin assisté de Meunier

 

Grenoble

Gardien : Cédric Dietrich.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Teddy Trabichet ; Viktor Wallin - Christophe Tartari [puis Yohann Morant à 12'20"] ; Martin Millerioux - Nicolas Favarin.

Attaquants : Bobby Russell - Roger Jönsson (A) - Kévin Hecquefeuille ; Craig Mills [puis Christophe Tartari à 12'20"] - Benoît Bachelet (C) - Josef Podlaha ; Cyril Papa - Laurent Meunier - Romain Bachelet ; Sacha Treille.

Remplaçant : Christophe Burnet (G). Absents : Simon Bachelet (fracture du pied), Yven Sadoun (opération de l'épaule), Ludek Broz (opération du genou, saison terminée), Jean-François Bonnard (suspendu).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba puis Jérôme Plumejeau à 03'01".

Défenseurs : Sébastien Dermigny - Frantisek Pulscak ; Vincent Bachet (A) - Thomas Roussel ; Peter Janik - Nicolas Pousset.

Attaquants : Loïc Sadoun - Laurent Gras (A) - Miroslav Pazak ; Julian Marcos - Anthony Mortas (C) - Simon Petit ; Julien Lefranc - Jonathan Zwikel - Brice Chauvel.

Remplaçants : Geoffrey Paillet, Lionel Wiotte. Absents : François Rozenthal (genou), Élie Marcos (visage).

 

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