Épinal - Gap (17 septembre 2005)

 

Match comptant pour la deuxième journée de la Ligue Magnus 2005/2006.

En manque de préparation, de rythme et de repères, les Dauphins d'Épinal n'ont pu réussir l'exploit de revenir vainqueurs d'Angers, leur nouvelle bête noire (six revers de rang depuis le printemps 2003). La défaite concédée sur les terres d'un des principaux outsiders de Ligue Magnus n'a bien sûr rien de dramatique en soi, même si Joakim Nilsson a connu quelques tergiversations dans la composition de ses lignes offensives, nous pouvons penser aux Maurice ou autres Chassard, priés de suivre la fin du match du banc de touche alors que Ribanelli n'a quant à lui pas quitté le banc de la partie. Si le deuxième trio Mazerolle-Haapasaari-Chassard a encore montré d'intéressantes dispositions (c'est encore lui qui a assuré la marque samedi), l'entraîneur suédois des Dauphins n'a semble-t-il pas encore totalement réussi l'alchimie dans ses alignements, et la réception de Gap est une belle rampe de lancement pour l'ICE.

Ce qu'il a manqué à Épinal pour être en position optimale à l'entame du championnat, il le manque toujours à Gap, venant de se faire dépecer par Grenoble (0-7) et sujet à quelques remous internes suite à la récente destitution de l'entraîneur russe Viktor Valustkikh - recasé finalement dans la section mineure du club - au profit de Patrick Turcotte, jeune retraité du glaçon et ex-buteur des Rapaces. À défaut de talent pur, Gap a donc misé sur l'engagement physique avec ses deux robustes défenseurs canadiens McGee et Nahirniak (1,96 m et près de 100 kg chacun) et le sulfureux Jonathan Dubois, mais compte encore sur ses jeunes, sa marque de fabrique depuis toujours même si cette saison à vu l'arrivée de joueurs étrangers aux références bien modestes, à l'instar du gardien titulaire Peter Štanga, ballotté l'an dernier de Gap (déjà) à Toulon en division 2. L'effectif gapençais, inexpérimenté et sans grandes références, ne présente donc pas de sérieuses garanties mais un gros cśur peut faire tomber des montagnes, Dunkerque est bien placé pour le savoir...

Le dernier voyage dans l'antre de Poissompré n'est pas vraiment un souvenir impérissable pour des Gapençais espérant ne pas connaître un scénario identique où ces Rapaces-là, amoindris par les forfaits, furent ensevelis sous une avalanche de caoutchouc (10-1). Gap s'emploie d'entrée à ne pas vivre un tel déroulement en se montrant offensif face à des Spinaliens approximatifs en défense. Peu transcendants durant ces premières minutes, les Dauphins ne se montrent réellement dangereux devant la cage gapençaise qu'après la première indiscipline de Nahirniak (5'58" pour accrocher) et en profitent pour ouvrir la marque par Luc Mazerolle, bien placé dans l'enclave, dont la reprise en pivot ne peut qu'être freinée par la mitaine de Štanga (1-0 à 6'24"). Il était important qu'Épinal débloque rapidement le score sous peine de voir les Rapaces prendre confiance et se procurer d'autres occasions, à l'instar d'un Mertl entrant comme dans du beurre dans une défensive spinalienne bien passive ou d'un Odot-Andersson sollicitant Petrik après une belle percée côté droit (7'40").

Bref, le jeu ne décolle pas vraiment en ce début de partie où seuls quelques bons déboulés de Jan Šimko (9'27") ou du nouveau venu Martin Kotásek, très actif sur le flanc droit (11'22"), inquiètent vraiment Peter Štanga. Et comme ce fut le cas à l'occasion des tout premiers matchs amicaux, la lumière jaillit d'une action d'éclat du brillant Jan Plch, lancé en profondeur par Lionel Simon, qui entre en zone et déshabille la défense alpine pour conclure son action d'un revers magistral (2-0 à 12'30"). Un trait de génie signé de celui qui devrait sans nul doute figurer parmi les vedettes de cette nouvelle Ligue Magnus. Mais en attendant, le technicien slovaque régale ses partisans et sert dans la foulée un Tobias Åblad ne pouvant convertir sa tentative (13'55"). L'ICE commence à monter en puissance dans cette première période où Kotásek, Plch ou autres Šimko et Mazerolle semblent être les maillons forts de la soirée.

Si le penalty-killing gapençais parvient à se tirer sans dommages d'une situation de quatre contre cinq occasionnée par un cinglage en fin de première période de Ravoire sur Duda (18'35"), le powerplay lui ne fait pas d'étincelles malgré deux gros lancers de la bleue des bûcherons canadiens McGee (21'48") et Nahirniak (22'37"). Une fois passée cette petite brise, Épinal poursuit sans tarder sa marche en avant vers la cage d'un Štanga s'apprêtant à vivre des minutes difficiles. Allumé par une déviation de Plch (23e), le gardien slovaque, dans un style pas toujours académique, s'emploie sur les nombreuses tentatives spinaliennes, de cet essai en angle fermé d'Haapasaari (24'30") en passant par ceux de Šimko (24'49") ou d'Åblad (25'19"). Peine perdue pour Štanga car un énième déboulé côté gauche de Jan "Flash" Šimko aboutit à un lancer ras de glace très pur qui finira entre ses bottes (3-0 à 25'21"). Déboussolés par la vitesse d'exécution de Šimko et consorts, les Gapençais n'ont d'autre alternative que de subir et jouer les contres. Et hormis quelques minutes durant lesquelles Petrik devra se montrer vigilant, dans un premier temps sur une reprise de Mertl (26'47") puis sur un gros lancer de McGee (33'48") ou devant Vidal (35'00"), l'ICE garde les choses en main. Si Jan Plch, parti à l'abordage sur une bonne récupération dans son camp, se voit stoppé sans ménagement par un McGee bien replié, la défense des Rapaces ne peut contenir bien longtemps les assauts d'une deuxième ligne spinalienne inspirée et doit s'en remettre à Štanga, autoritaire devant Chassard (34'37") et chanceux sur un contre impulsé par Kotásek où Trebaticky, lancé au deuxième poteau, ne peut cadrer sa reprise (35'46"). Partie remise pour le Tchèque Martin Kotásek, puisque c'est lui qui se retrouve à la conclusion d'un bon travail de Papelier derrière la cage pour trouver la faille dans l'angle gauche du cerbère gapençais (4-0 à 36'07"). L'ancien de Vítkovice se voit récompensé de ses efforts, lui qui ne cesse de se montrer à son avantage, percutant et incisif dans le couloir droit. Mais voilà, une charge de Duda (38'02") puis un coup de crosse involontaire de Mazerolle au visage de Moussier, lui occasionnant des saignements (38'11"), procurent une situation idéale de double avantage numérique pour Gap qui saisit l'opportunité en brisant la sérénité de Petrik et des siens par un slap non cadré de McGee dont le rebond contre la bande est pris par un Sárka libre comme l'air pour placer la rondelle dans un angle fermé (4-1 à 38'35"). Petit coup de froid sur Poissompré, mais un dernier "spécial" de Trebaticky - comprenez un lancer puissant mais précis pris de la bleue - (39'48") conclut une deuxième période globalement satisfaisante.

Cette dernière péripétie du deuxième tiers ne hante pas longtemps les esprits locaux. Le temps d'être ébloui par un flash nommé Jan Šimko. Alors que Mazerolle purge toujours sa sanction au cachot, la torpille slovaque est lancée en zone neutre par Milan Sejna et fonce dans le dos de la défense côté gauche, repique vers le gardien puis l'élimine pour glisser le palet dans l'en-but des Rapaces (5-1 à 40'57"). Mais dans ce genre de situation, la moindre erreur peut se payer, et un mauvais contrôle de Lionel Simon aurait pu profiter à Romain Moussier parti en échappée mais voyant Petrik bloquer sans trop de difficultés son lancer (43'30"). De nouveau sanctionnés, les Rapaces doivent subir des jeux de puissance spinaliens incomparables à leurs devanciers et autrement plus dangereux avec la vivacité d'un Plch qui offre un bon palet à Maurice au second poteau (47'08") ou d'un Mazerolle parti en break et balancé dans le slot par la défensive gapençaise. Le tir de pénalité est logiquement appelé et c'est à Jan Šimko de se charger de la sentence pour peut-être son premier coup du chapeau sous le maillot frappé du dauphin. Peine perdue pour l'ex-Tourangeau qui voit Peter Štanga enrayer son essai en fusillade (47'38").

Une charge contre la bande assez insolite du petit Jussi Haapasaari sur le massif Oliver McGee (48'04") puis une charge dangereuse de ce même McGee, écopant au passage de 2'+10' (48'27") amène à une situation de quatre contre quatre sur laquelle Gap est en difficulté et doit s'en remettre à une superbe mitaine de Štanga devant Kotásek pour ne pas rompre à nouveau (49'37"). Le roseau casse néanmoins sur un bon slap de la ligne bleue de Borislav Ilic dont le rebond est profitable à Guillaume Papelier qui place la cerise sur le gâteau (6-1 à 52'24"). Mais voilà, bientôt une mauvaise passe d'Anthony Maurice occasionne un dernier contre alpin. Nahirniak échappé sur le flanc droit adresse une bonne passe à Ravoire au second poteau, lequel ne vendange pas sa reprise devant Petrik (6-2 à 53'37"). Une dernière grosse pression de la deuxième ligne sur la cage gapençaise, avec une reprise à bout portant de Guillaume Chassard sur Štanga (54'19") scelle l'issue des débats.

Épinal a su hausser son niveau de jeu pour désarçonner quand il le fallait face à des adversaires limités. Inspirés par les qualités intrinsèques de leurs locomotives, par la technique de Jan Plch, les débordements et le patinage de Jan Šimko, l'engagement de Luc Mazerolle ou encore l'activité quasi-permanente de Martin Kotásek aux côtés de Papelier et Trebaticky sur le troisième trio, les Spinaliens n'ont eu de cesse que d'harceler et maintenir sous pression leurs adversaires. Toujours sujets à quelques petits errements défensifs, les Dauphins ont quelques ajustements à réaliser et doivent encore gagner en rigueur et en réalisme en vue des prochaines échéances. Toujours très régulier dans ses prestations depuis la reprise, Radoslav Regenda s'est montré solide dans son association avec Lubomir Duda, alors que Tobias Åblad, avec très peu de déchet dans son jeu, s'affirme vraiment comme le pilier de l'arrière-garde vosgienne. Si Christophe Ribanelli a de nouveau suivi les débats du banc de touche, Guillaume Papelier a été fidèle à son image, travailleur, combatif et enfin valorisé sous la lumière des projecteurs après des années passées dans l'ombre.

Pour Épinal, d'autres défis sont en vue à commencer par un déplacement mardi à Amiens chez des Gothiques renforcés mais revanchards après le camouflet grenoblois au cours duquel leur gardien Antoine Mindjimba a été exclu pour avoir frappé Craig Mills. Pas de répit pour la troupe à Joakim Nilsson avec la réception dès samedi de Villardiens en grande forme et équipe surprise du début de saison après leur succès autoritaire à Morzine-Avoriaz (5-0). Il s'agira là du véritable révélateur du niveau des Dauphins.

Parfois aux abois, Peter Štanga a fait son match mais a été trahi par une défensive pas vraiment capable de contenir les assauts des pointures offensives spinaliennes (52 tirs). Le teigneux Jonathan Dubois a beaucoup patiné dans le vide ce soir alors qu'Odot-Andersson et Rambousek ont signé çà et là quelques bonnes incursions en zone offensive, surtout en début de match. Les deux hommes-baobabs de la défensive gapençaise, Oliver McGee et Andrew Nahirniak, se sont parfois risqués à porter le danger devant malgré leur manque de mobilité et ont ponctué ce match comme il se doit par quelques passages en prison.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Gap 6-2 (2-0, 2-1, 2-1)

Samedi 17 septembre 2005 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1100 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Jérémy Rauline et Benjamin Grémion.

Pénalités : Épinal 12' (0', 8', 4'), Gap 24' (6', 4', 4'+10').

Tirs : Épinal 52, Gap 22.

Évolution du score :

1-0 à 06'24" : Mazerolle (sup. num.)

2-0 à 12'30" : Plch assisté d'Åblad et de Maurice

3-0 à 25'21" : Šimko assisté de Trebaticky et de Sejna (sup. num.)

4-0 à 36'07" : Kotásek assisté de Papelier et de Trebaticky

4-1 à 38'35" : Sárka assisté de McGee et de Rambousek (double sup. num.)

5-1 à 40'57" : Šimko assisté de Sejna et de Petrik (inf. num.)

6-1 à 52'24" : Papelier assisté d'Ilic

6-2 à 53'37" : Ravoire assisté de Nahirniak et d'Odot-Andersson

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Lionel Simon - Tobias Åblad ; Radoslav Regenda - Lubomir Duda ; Milan Sejna - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Šimko - Anthony Maurice - Jan Plch ; Luc Mazerolle - Jussi Haapasaari - Guillaume Chassard (C) ; Martin Kotásek - Roman Trebaticky - Guillaume Papelier.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Christophe Ribanelli, Sébastien Geoffroy, Gaétan Gavoille, Djamel Zitouni. Absent : Frédéric Dehaëne (pubalgie).

Gap

Gardien : Peter Štanga.

Défenseurs : Alexandre Cornaire - Ondrej Mertl ; Camille Gielly - Andrew Nahirniak ; Oliver McGee.

Attaquants : Jordane Fazende - Nicolas Ravoire - Štefan Sárka ; Sébastien Vidal - Jonathan Dubois (C) - Romain Moussier ; Jody Obninsky - Jirí Rambousek - Björn Odot-Andersson ; Julien Parinet.

Remplaçants : Aurélien Bertrand (G), Jonathan Perez. Absents : Jens Van Poucke (blessé), David Hennebert.

 

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