Championnats du monde 2005, deuxième tour, groupe E.

Grandes retrouvailles entre les frères ennemis dans une Stadthalle comble et forcément partagée entre les supporters des grands rivaux. Les Tchèques ont remporté les trois premières rencontres dans ces championnats du monde (on en n'attendait pas moins), sans pour autant faire forte impression, notamment sur le plan offensif. Ils vont donc passer un premier véritable test face au voisin slovaque qui est monté progressivement en puissance pour terminer sur un feu d'artifice face à l'Autriche (8-1). Pour ce match les Tchèques enregistrent les renforts de Jan Hlavac et Radim Vrbata mais surtout le grand retour de Jaromir Jagr, qui est parti soigner son petit doigt en République tchèque et qui va jouer avec une attelle.

Le grand Jaromir ne met pas longtemps à faire sentir sa présence, mais c'est Petr Sykora qui lui vole la vedette dans les premiers instants du match en coupant devant les buts une passe de Jan Hlavac pour ouvrir le score (0-1, 01'49"). Les Tchèques signent donc un début en fanfare et se rassurent d'entrée sur leur manque d'efficacité offensive. Sykora, très en vue dans ce début de match, est même tout près de doubler la mise en reprenant à bout portant un centre derrière les buts de Vyborny. Ça chauffe pour Rastislav Stana, titularisé dans les cages slovaques, et les joueurs de Frantisek Hossa subissent une grosse pression en ce début de match.

Zigmund Palffy signe le vent de la révolte slovaque en inquiétant pour la première fois Vokoun, mais les Tchèques reprennent leur domination et Jagr se procure une première occasion du revers que Stana parvient à enrayer. Puis sur une longue passe de Kaberle, Prospal met sur orbite Martin Straka qui fausse compagnie à la défense slovaque pour remporter avec panache son face-à-face avec Stana (0-2, 14'24"). Palffy aurait pu imiter son ex-coéquipier des Kings mais une position de hors-jeu l'empêche d'aller plus loin. La première pénalité du match infligée à Obsut ne fait qu'accentuer la domination des Tchèques qui peuvent rentrer satisfaits au vestiaire.

Jagr affole la défense slovaque dès la reprise en débordant côté droit avant d'ajuster une passe au second poteau pour Straka qui arrive un peu tard pour cadrer son tir. Mais les Tchèques se relâchent quelque peu, et après une première pénalité de Kaberle en fin de tiers, ils concèdent deux pénalités successives et se retrouvent à 3 contre 5. Voilà une occasion rêvée de revenir dans le match pour les coéquipiers de Satan, et Martin Strbak ne la laisse pas passer en ajustant Vokoun d'un puissant slap côté gauche alors que Zidlicky vient pourtant de revenir sur la glace (1-2, 27'23").

Les Slovaques, portés par leurs supporters, croient dur comme fer à un retour possible sur leur puissant voisin, mais leur déception n'en sera que plus grande. Car en moins de deux minutes, c'est un vrai déluge qui s'abat sur une défense slovaque complètement dépassée. Les Tchèques donnent en effet une leçon à leurs adversaires, notamment en jeu de puissance. C'est Tomas Kaberle qui ouvre le bal d'un slap que Stana ne voit pas arriver, masqué qu'il est par Rucinsky (1-3, 30'51"). Puis c'est au tour de Hemsky, bien décalé par Hlavac au second poteau et complètement oublié par la défense tchèque, de s'amuser avec le portier slovaque en le fixant, le laissant faire le premier geste pour finalement loger le palet sous la barre... Bingo (1-4, 31'31") ! Palffy a alors la mauvaise idée de regagner la prison et les Tchèques remettent ça avec cette fois Jagr à la manœuvre. Le grand Jaromir sert sur un plateau Kubina dont le one-timer fait mouche, au grand dam d'un Stana complètement désemparé (1-5, 32'23"). Jan Lasak est alors appelé à la rescousse pour stopper l'hémorragie, ce qu'il fait plutôt bien. Mais comme Vokoun répond présent à chaque fois qu'il est sollicité, les Tchèques regagnent les vestiaires avec la satisfaction du devoir accompli.

Avec un tel écart au score, on ne peut attendre décemment monts et merveilles de la troisième période. Les Slovaques n'ont plus qu'à espérer rendre la défaite plus honorable mais une pénalité infligée à Zednik ne leur simplifie pas la tâche. Lasak se montre très ferme dans ses buts, notamment sur un tir du poignet de Zidlicky. Puis Cajanek est à deux doigts de partir en break mais il est coupé dans son élan par une position de hors-jeu.

L'occasion de ce troisième tiers est à mettre à l'actif de Jaromir Jagr, intenable ce soir, qui part en un contre un, s'appuie sur le défenseur qui lui fait face pour se retourner et tire du revers... mais Lasak touche le palet et le détourne sur sa transversale. Grosse démonstration de Jagr qui aurait mérité un meilleur sort. Les Tchèques subissent et se contentent de gérer en fin de tiers, les Slovaques essaient de mettre la pression notamment sur deux supériorités numériques d'affilée, mais Vokoun est très présent et n'accorde pas la moindre chance de revenir à l'attaque slovaque.

Grosse prestation des Tchèques ce soir qui ont enfin retrouvé leur efficacité offensive sous l'impulsion d'un Jaromir Jagr omniprésent et qui a fait un retour tonitruant dans le tournoi après sa blessure. L'apport de Jan Hlavac sera sans doute très précieux s'il réédite sa performance de ce soir. Les hommes de Vladimir Ruczika remportent leur quatrième succès d'affilée et se posent plus que jamais en favoris de la poule avant d'affronter les Russes.

Pour les Slovaques, la soirée a été cauchemardesque et Rastislav Stana a manqué une belle occasion de concurrencer Jan Lasak. Il va falloir se remobiliser rapidement car un match important pour la qualification se profile face aux Suisses. On en saura alors plus sur les capacités de réaction de cette équipe slovaque décidément bien inconstante depuis le début de la compétition.

Élus meilleurs joueurs du match : Martin Strbak pour la Slovaquie et Jaromir Jagr pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

Commentaires d'après-match :

Jan Hlavac (attaquant de la République Tchèque) : "Nous avons essayé de les presser dès le début du match. Nous avons beaucoup shooté et sommes allés vers le filet. Je pense que nous avons joué à la perfection aujourd'hui. On a produit pas mal de mouvement sur la glace et nous avons enfin marqué des buts ! Ça fait du bien de battre les Slovaques mais nous devons garder les pieds sur terre. Ce n'est qu'une pièce du puzzle."

Jaromir Jagr (attaquant de la République Tchèque) : "Je ne pense pas qu'avoir pris du repos m'ait aidé, je préfère jouer tout le temps. Au début du match, j'avais un peu mal aux jambes, principalement en première période. Heureusement que nous avons beaucoup de pauses publicitaires. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'était la première fois de ma vie que je rencontrais la Slovaquie. Je n'avais pas de motivation spéciale, mais je savais que si nous perdions j'en entendrais parler pendant longtemps. Mieux vaut finir ainsi. Plus on marque de buts, plus on prend du plaisir au jeu. Si l'on continue ainsi, nos chances de victoire sont bonnes."

Jan Lasak (gardien de la Slovaquie) : "Ils ont sans doute entamé notre capital confiance ce soir. Nous n'avons simplement pas bien joué. On leur a donné beaucoup d'espace et nous avons été paresseux dans notre zone défensive. Nos erreurs nous ont coûté pas mal de buts. Mais nous sommes tous des joueurs professionnels. Nous allons essayer de nous concentrer sur le match de demain."

Slovaquie - République Tchèque 1-5 (0-2, 1-3, 0-0)

Samedi 7 mai à 20h15 à la Stadthalle de Vienne. 7614 spectateurs.

Arbitrage de Thomas Andersson (SUE) assisté de Gregor Brodnicki (ALL) et Antti Hämäläinen (FIN).

Pénalités : Slovaquie 8' (2', 4', 2'), République Tchèque 12' (2', 6', 4')

Tirs : Slovaquie 29 (5, 10, 14), République Tchèque 28 (12, 10, 6)

Évolution du score :

0-1 à 01'49" : Sykora assisté de Hlavac et Fischer

0-2 à 14'24" : Straka assisté de Prospal et T. Kaberle

1-2 à 27'23" : Strbak assisté de Visnovsky et Palffy (sup. num.)

1-3 à 30'51" : T. Kaberle assisté de Vyborny et Jagr (sup. num.)

1-4 à 31'31" : Hemsky assisté de Hlavac et Cajanek

1-5 à 32'23" : Kubina assisté de Jagr et Straka (sup. num.)

Gardiens : Rastislav Stana puis Jan Lasák à 32'23".

Défenseurs : Martin Strbák - Lubomir Visnovský ; Dominik Granák - Zdeno Chára ; Jaroslav Obsut - Radoslav Suchy ; René Vydarený - Richard Lintner.

Attaquants : Richard Zedník - Jozef Stümpel - Zigmund Pálffy ; Marián Hossa - Pavol Demitra - Marián Gáborík ; Lubos Bartecko - Michal Handzus - Miroslav Satan ; Juraj Stefanka - Peter Pucher - Vladimír Országh.

Gardien : Tomás Vokoun.

Défenseurs : Jirí Fischer - Marek Zidlický ; Jaroslav Spacek - Pavel Kubina ; Tomás Kaberle - Jirí Slegr ; Jan Hejda - Frantisek Kaberle.

Attaquants : Martin Straka - Václav Prospal - Jaromír Jágr ; Jan Hlavac - David Výborný - Petr Sýkora ; Martin Rucinský - Petr Cajánek - Radek Dvorák ; Radim Vrbata - Václav Varada - Ales Hemsky.

Remplaçant : Milan Hnilicka (G). Absents : Josef Vasícek, Petr Prucha (surnuméraires).

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