Russie - Belarus (4 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, premier tour, groupe A.

Les deux équipes sont déjà qualifiées pour le deuxième tour et luttent désormais pour l'objectif suivant, la qualification en quart de finale. Surprise dans les cages russes puisque Krikunov a décidé de se passer des services de Maksim Sokolov, pas en grande forme comme on pouvait le craindre. Cela implique qu'il titularise Sergueï Zvyagin, pas vraiment un gardien d'avenir puisqu'il a trente-quatre ans et... une sélection (un demi-match la semaine dernière en Slovénie).

Juste avant le match, on a appris le contrôle positif à la nandrostérone de Tsimafei Filin, à la suite du match Slovaquie-Bélarus. S'il n'avait pas joué contre l'Autriche, c'est parce que son équipe avait déjà appris que l'échantillon A était positif. Ce jeune joueur du Dynamo Minsk n'a pas disputé un seul match cette année en championnat du Bélarus, laissé en équipe-réserve par ses entraîneurs. Pourtant, Filin avait vite tapé dans l'œil du sélectionneur canadien Glen Hanlon, car il avait selon lui toutes les qualités physiques du centre moderne, comme on les aime en Amérique du nord. On sait maintenant d'où elles lui viennent...

Dudik accroche Gusev, mais se crée la meilleure occasion à sa sortie de prison avec un tir en entrée de zone. L'arrêt est facile pour Zvyagin, par contre le suivant l'est moins face à Zadelenov, qui a intercepté un palet et filé en contre. Après cinq minutes plutôt à l'avantage des blancs, les Russes passent enfin à l'action, et Datsyuk teste Mezin à bout portant. Sorti derrière sa cage, le gardien biélorusse dégage ensuite un palet dans les tribunes sous la pression. Deuxième jeu de puissance russe, et enfin une action consistante, avec une reprise de Pavel Datsyuk suite à un relais derrière la cage. Dans l'ensemble, le jeu manque vraiment de rythme, élément que l'entraîneur canadien Glen Hanlon devait pourtant amener au Bélarus. Par contre, il y a de beaux gestes techniques, de part et d'autre. La palme revient, en infériorité, à Evgueni Malkin, qui fait un petit pont sur Kopat et tire sur la transversale.

L'intensité décroît encore au deuxième tiers-temps, au point que, à quelques rares mouvements d'un Ovechkin près, on pourrait croire qu'on est en train de voir jouer le Kazakhstan contre le Kazakhstan. Et encore, c'est faire injure aux qualités collectives des joueurs d'Asie centrale. Ce duel fratricide entre deux nations de l'ex-URSS semble régresser à un hockey de la vieille école soviétique... à laquelle on aurait enlevé l'inspiration et la perfection collective. Autant dire qu'il ne reste plus grand-chose, et qu'on n'est plus du tout à un rythme de match international. Un Canadien placé en face de spectacle risquerait de mourir d'ennui en attendant la première mise en échec. Peu avant la mi-match, Aleksandr Kharitonov sort brièvement le public de sa torpeur en ouvrant le score sur un beau service du revers de Vyshedkevich (1-0). Mais les Biélorusses ne semblent pas capables de réagir, et ce sont plutôt les Russes qui accélèrent un peu en fin de tiers.

C'est encore plus flagrant à la reprise. Andreï Mezin est sollicité de toutes parts et pourrait alors se croire revenu au premier match contre la Slovaquie. Au plus fort de la domination russe, Fedor Fedorov commet un gros péché d'orgueil. Il perd le palet dans sa zone défensive en essayant de passer en un contre un Dmitri Dudik. Le genre d'action qui révulse les yeux de tout entraîneur qui se respecte. Dudik, après un une-deux avec Strakhov, se retrouve face à la cage grande ouverte, on bondit déjà à l'idée de cette égalisation qui va animer le match. Mais Dmitri Kalinin tente un plongeon désespéré et contre in extremis avec sa crosse le tir qui s'envole très haut...

Les Russes cafouillent pendant deux minutes après cette énorme frayeur et les blancs ont deux nouvelles bonnes occasions, mais ils ne cadrent pas leurs tirs. La domination rouge reprend et ne sera plus remise en cause. Les Biélorusses n'arrivent plus à se dégager et ne dépassent plus le bas de la zone. Zadelenov se fait contrer en passant la bleue défensive et la Russie se réinstalle face à une défense fatiguée. Un tir de la bleue de Sergueï Vyshedkevich retombe en feuille morte dans la lucarne de Mezin, qui n'a rien pu voir venir (2-0). Hanlon sort son gardien à l'avant-dernière minute, mais même à six contre cinq, ses joueurs doivent surtout s'employer pour défendre leur cage vide.

L'engagement physique a été quasiment absent de ce match très poussif. Le Bélarus a fait illusion en début de match où il paraissait capable de rivaliser, mais il n'a plus fait grand-chose par la suite, même s'il est passé près de l'égalisation sur le cadeau du cadet des Fedorov. Il a surtout essayé de s'appliquer défensivement, et ses arrières, comme Erkovich très critiqué après son erreur du premier match, ont racheté leur mauvaise réputation en effectuant des gestes utiles et des interventions à-propos. Il faudra quand même être capable de hausser le ton si l'on veut viser quelque chose de mieux que le maintien déjà acquis.

La Russie termine la première phase avec trois points et semble être en mesure d'éviter l'humiliation d'une non-participation aux quarts de finale. Mais elle ne convainc toujours pas. Tout n'est pas noir, les jeunes ont montré de l'envie et la première ligne a réussi de bonnes séquences collectives. C'est surtout le trio Kovalchuk-Yashin-Kozlov, complètement transparent, qui semble vraiment poser problème.

Le gardien Zvyagin a en revanche conclu son premier match en championnat du monde par un blanchissage... tout comme un certain Maksim Sokolov il y a quatre ans contre l'Italie.

Élus meilleurs joueurs du match : Sergueï Zvyagin pour la Russie et Vladimir Tsyplakov pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Nous avons manqué de fraîcheur aujourd'hui, nous avions dépensé beaucoup de forces contre les Slovaques. Mais l'important était de gagner, et c'est fait. Nous avions voulu reposer Sokolov, et il s'avère que ce n'était pas une mauvaise décision. Deux nouveaux joueurs apparaîtront au deuxième tour, Semin et Zinoviev, et ils joueront le prochain match. Les joueurs du Dynamo s'en sont mieux sortis dans ce match, car je les avais déjà entraînés à puiser dans leurs réserves quand ça devenait difficile. Peut-être que Kovalchuk se reposera s'il ne veut pas jouer. Il n'y a pas d'intouchables. Tous les joueurs sont pareils pour moi."

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Notre objectif avant de partir était de nous qualifier pour le deuxième tour, et c'est fait. Certes, nous voulions gagner aujourd'hui, mais parfois la victoire arrive, parfois pas. Maintenant, nous avons un jour de repos et nous pourrons nous fixer un nouvel objectif. Nous n'avions que dix attaquants et nos adversaires avaient une équipe puissante et très bien préparée physiquement. Pas étonnant que les forces nous aient manqué à la fin. Je ne veux pas accabler Filin, c'est un membre de notre famille. Et les familles ne tournent pas le dos à un des leurs quand les choses vont mal. Nous allons éduquer le joueur. Nous voulons que notre message soit entendu par tous les jeunes sportifs biélorusses : ce qu'il a fait est incorrect et inadmissible."

 

Russie - Bélarus 2-0 (1-0, 0-0, 1-0)

Mercredi 4 mai 2005 à 16h15 à la Stadthalle de Vienne. 7037 spectateurs.

Arbitrage de Richard Schütz (ALL) assisté d'Antti Hämäläinen (FIN) et Joacim Karlsson (SUE).

Tirs : Russie 33 (14, 7, 12), Bélarus 13 (3, 5, 5).

Engagements : Russie 30 (7, 9, 14), Bélarus 28 (9, 11, 8).

Pénalités : Russie 4' (2', 2', 0'), Bélarus 6' (4', 2', 0').

Évolution du score :

1-0 à 28'22" : Kharitonov assisté de Datsyuk et Vyshedkevich

2-0 à 51'40" : Vyshedkevich assisté de Markov et Kovalev

 

Russie

Gardien : Sergueï Zyvagin.

Défenseurs : Andreï Markov - Sergueï Vyshedkevich ; Denis Denisov - Aleksandr Karpovtsev ; Vitali Proshkin - Aleksandr Ryazantsev ; Dmitri Kalinin - Dmitri Gusev.

Attaquants : Aleksandr Kharitonov - Pavel Datsyuk - Alekseï Kovalev (C) ; Ilya Kovalchuk - Alekseï Yashin - Viktor Kozlov ; Vladimir Antipov - Ivan Nepryaev - Maksim Afinogenov ; Aleksandr Ovechkin - Evgueni Malkin - Fedor Fedorov.

Remplaçant : Maksim Sokolov (G).

Bélarus

Gardien : Andreï Mezin (sorti de sa cage à 58'40").

Défenseurs : Aleksandr Makritsky - Andreï Bashko ; Sergueï Erkovich - Oleg Mikulchik ; Vladimir Svito - Aleksandr Zhurik ; Aleksandr Radzinski - Vladimir Kopat.

Attaquants : Vladimir Tsyplakov (C) - Mikhaïl Grabovski - Konstantin Koltsov ; Andreï Kostsitsyn - Siarheï Zadzialionov - Andreï Skabelka ; Alekseï Ugarov - Alekseï Krutsikov - Alekseï Strakhov ; Dmitri Dudik.

Remplaçant : Sergueï Shabanov (G). Absents : Tsimafei Filin (exclu pour dopage), Dmitri Mikhalev (problèmes musculaires à l'aine).

 

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