Pays-Bas - France (22 avril 2005)

 

Championnats du monde 2005 de division I, groupe B.

"L'opération Turin" a échoué pour les Pays-Bas. Ils pensaient que quelques joueurs Canado-Néerlandais supplémentaires, amenés dans le championnat local juste à temps pour devenir sélectionnables, suffiraient à les qualifier pour les Jeux Olympiques ; ils ont dû déchanter. Aujourd'hui, Amsterdam, le club qui a servi de laboratoire à l'opération en accueillant ces internationaux en gestation comme Phil Groeneveld (rentré cette saison au Québec où il a retrouvé un certain Éric Doucet aux Dragons de Verdun), les a vus repartir et ne peut plus être compétitif sur le plan européen comme l'an passé. En recréant un championnat frontalier avec les plus faibles Belges, les clubs néerlandais restants ont implicitement admis qu'il fallait revoir les ambitions à la baisse. Bien que les rêves de grandeur aient été rangés au placard, l'équipe nationale a gardé l'essentiel de son effectif, y compris papy Livingston et ses 42 ans. Qui sait si le projet Turin raté ne pourrait pas avoir des effets secondaires inattendus à Eindhoven ? Les hommes de Doug Mason, encore revenu comme sélectionneur dans son pays de cœur après des passages comme entraîneur en LNA suisse et en DEL allemande, font un bon championnat du monde. Et ils seront toujours en course pour la montée dans l'élite mondiale s'ils gagnent ce soir contre la France.

C'est l'heure de vérité pour les Bleus face à une équipe très physique et agressive, qui ne lésine pas sur les mises en échec en toute occasion. Une particularité qui en dit long sur ces Néerlandais, c'est leur positionnement sur les mises au jeu. Le centre est entouré des deux défenseurs, alors que les ailiers partent des positions d'arrières pour prendre de la vitesse afin de foncer à l'avant et de forechecker à deux. Les Pays-Bas patinent fort et veulent mettre sous pression une défense française qu'ils savent prompte aux erreurs. Les tricolores ont plus d'occasions, mais peu sont vraiment dangereuses, même si Groeneveld se fait une petite frayeur sur un tir de Hecquefeuille qu'il croit à tort avoir arrêté. Mais la plus grande opportunité se présente en fin de tiers-temps, quand Chris Eimers perd sa crosse alors que son équipe est déjà en infériorité. Pour arrêter le jeu et se sortir de cette situation difficile, il prend le palet dans son gant avant de faire une passe à la main. L'arbitre signale donc un retard de jeu, mais les Néerlandais résistent à trois pendant près d'une minute. Puis, à cinq contre quatre, une entrée de zone trop gourmande de Maurice Rozenthal permet même à Hartogs de lui voler le palet et de partir en contre. Dans ce premier tiers-temps qui s'est écoulé très rapidement, les Bleus ont dominé mais ils ont manqué de précision en attaque, dans leurs tirs et surtout dans leurs passes, pour concrétiser.

On peut se rendre compte en début de deuxième période, notamment pendant deux pénalités de Daramy, que le jeu de puissance néerlandais est tout aussi laborieux. Les Français essaient maintenant eux aussi de finir leurs charges, mais ils sont moins convaincants dans ce registre. Les Pays-Bas font plus mal dans leurs mises en échec, et ils usent aussi d'un peu de vice : charges dans le dos, cross-checks, petit coup de poing à des fins de provocation (Karrer n'a pas répondu, contrairement au premier match du tournoi où il était tombé dans le piège)... L'équivalent glacé des méthodes du PSV Eindhoven en quart de finale de la ligue des champions footballistique contre Lyon, de quoi user un adversaire qui a plus de mal à construire du jeu. Paradoxalement, l'équipe locale n'a toujours pas pris la moindre prison depuis la reprise, tout juste un avertissement verbal pour Leo van den Thillart. C'est donc à cinq contre cinq que les Bleus parviennent à une bonne installation en zone offensive (32'). Cela fait toutefois un bilan assez maigre. Le meilleur marqueur français du tournoi François Rozenthal entre alors en action en patinant autour de la cage de Groeneveld jusqu'à trouver une bonne ouverture. Van den Thillart sent le danger et se précipite sur le poteau pour le faire bouger au moment où le tir part. L'ancien défenseur de Viry et Amiens ne s'est pas embarrassé de fioritures et part évidemment en prison, alors que son gardien avait quand même capté le palet au bout du compte. Un Phil Groeneveld qui a dû conserver quelques des leçons de ses duels passés avec Mindjimba en championnat de France. Dans les dernières secondes de l'infériorité numérique, il déloge discrètement sa cage de ses gonds. L'arbitre ne siffle pas cette fois, il faut une "aide à la décision" pour le faire réagir. Maurice Rozenthal fait donc bien savoir en plongeant que Hartogs l'a accroché en zone neutre.

Les Bleus rentreront ainsi sur la glace en avantage numérique et pourront mettre rapidement la pression. Après tout, la situation n'a rien de grave dans l'immédiat. Un match nul ou une victoire ne changent rien pour la France qui devra de toute façon battre l'Italie demain. L'essentiel est que la défense tricolore tienne malgré la perte de Bonnard blessé au genou avant-hier. Elle a été sûre jusqu'ici, mais une relance de Nicolas Pousset directement sur Eimers montre qu'il faudra craindre un but néerlandais jusqu'au bout. On serait plus tranquille avec un but français. On est loin dorénavant des torpilles oranges du début de match. Les Pays-Bas ne se ruent plus du tout à l'avant, ils sont maintenant très bien regroupés défensivement. Forts dans leur enclave, ils ressortent les palets et parient sur l'inefficacité de l'attaque française. Lancé dans l'enclave vers un rebond en or, Laurent Gras tire ainsi au-dessus. "Philou" ne veut pas craquer, malgré les exhortations des supporters français. Il faut pourtant continuer à prendre des tirs en espérant la réussite. C'est ce que fait Vincent Bachet en reprenant directement un palet qui a rebondi dans le coin. Julien Desrosiers, ventre à terre sur la glace, se pose en expert des buts de raccroc en levant la jambe pendant le tir, des fois que cela puisse dévier la rondelle au passage. Ce n'est pas le cas, néanmoins Phil Groeneveld qui était en train de se relever n'a pas pu se relever à temps sur la tentative de Bachet. Les Néerlandais sont furieux car ils réclament une faute préalable sur leur gardien, que Desrosiers avait heurté après avoir été poussé dans le dos par un défenseur, mais le but est validé (0-1 à 54'09"). L'avantage sera préservé jusqu'à la sirène, qui retentit sous la bronca du public, dont les sifflets de protestation contre ce qui est vécu comme une injustice se poursuivent même pendant la Marseillaise.

Le plus dur commence pour les Français. Demain à 16h30, ils joueront la montée face à l'Italie, qui a joué ce matin et a donc eu quelques heures de plus pour récupérer. Or, ils viennent de jouer le genre de match qui laisse des traces. "Momo", "Juju" et les autres ont été malmenés ce soir. Et il va falloir être fort pour oublier la douleur et être prêt à répondre à un autre défi physique que les Transalpins ne manqueront pas d'imposer pour éprouver la résistance française...

Élus meilleurs joueurs du match : Phil Groeneveld pour les Pays-Bas et Fabrice Lhenry pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Pays-Bas - France 0-1 (0-0, 0-0, 0-1)

Vendredi 22 avril 2005 à 20h00 à Eindhoven (HOL). 1611 spectateurs.

Arbitrage d'Igor Dremelj (SLO) assisté de Tom Darnell (GBR) et Pawel Meszynski (POL).

Pénalités : Pays-Bas 14' (6', 4', 4'), France 10' (4', 4', 2').

Tirs : Pays-Bas 19 (5, 7, 7), France 42 (13, 10, 19).

Évolution du score :

0-1 à 54'09" : Bachet assisté de Desrosiers

 

Pays-Bas

Gardien : Phil Groeneveld (sorti de sa cage de 57'56" à 59'23" et de 59'45" à 60'00").

Défenseurs : Maarten de Groot - Leo van den Thillart ; Justin Bekkering - Bjorn Willemse ; Nicky de Jong - Marcus Visschers.

Attaquants : Mark Bultje - David Livingston - Tom Hartogs ; Chris Eimers - Lamonte Polet - Simon de Wit ; Marcel Kars - Doug Stienstra - Jamie Visser ; Peter van Biezen - Chad Euverman - Bert van den Braak.

Remplaçants : Rudie van der Holst (G), Bob Teunissen, Dennis ten Bokkel.

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Simon Bachelet - Baptiste Amar ; Guillaume Karrer - Nicolas Pousset ; Nicolas Favarin - Vincent Bachet ; Nicolas Besch.

Attaquants : Guillaume Besse - Laurent Meunier - Thibault Geffroy [puis Desrosiers] ; Maurice Rozenthal - Julien Desrosiers [puis Geffroy] - François Rozenthal ; David Dostal - Laurent Gras - Olivier Coqueux ; Kevin Hecquefeuille - Pierre-Édouard Bellemare - Xavier Daramy.

Remplaçant : Christophe Burnet (G). Absent : Jean-François Bonnard (déchirure du ligament interne du genou gauche).

 

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