France - Estonie (18 avril 2005)

 

Championnats du monde 2005 de division I, groupe B.

Bien qu'elle soit encore privée de Toivo Suursoo qui se remet d'une opération, l'Estonie ne peut pas jouer plus mal que lorsqu'elle avait affronté les Français aux pré-qualifications olympiques de Briançon. Déjà battus par les Roumains la veille, les Baltes avaient alors fait un non-match indigne de leur potentiel. Même s'ils ont facilement battus les Estoniens lors de leurs seules confrontations, les Bleus doivent donc se méfier.

L'Estonie n'avait jamais marqué de son histoire face à la France, mais il faut moins de cinq minutes que pour que cela change. Guillaume Besse a pris la première pénalité du match pour charge dans le dos. Kaupo Kaljuste effectue de la ligne bleue un lancer au ras de la glace que Maksim Ivanov, le joueur d'Épinal laissé tout seul devant le but par Bonnard, place entre les jambières de Lhenry d'une subtile déviation (0-1 à 04'49"). À la dixième minute, les Français sont à leur tour en supériorité quand Rainer Palu donne un coup de crosse à Besse. Ils font ce qu'il faut et prennent des tirs, mais Sestakov repousse le palet vers les coins et ne laisse pas de rebonds jouables, contrairement au jeune Lituanien Dauksevicius hier. En fin de supériorité, François Rozenthal se présente seul face au but et feinte Sestakov, mais le palet échoue sur la botte de celui-ci. De plus, Guillaume Besse est pénalisé pour obstruction à la suite de cette action. Dès qu'il a purgé sa peine, il part à l'assaut du but et... retourne une troisième fois en prison, en compagnie de Lahesalu qui s'était frotté à lui en protégeant son gardien. À quatre contre quatre, Fabrice Lhenry fait le spectacle avec une "tête", un arrêt volontaire du masque sur un tir-dégagement de la zone neutre, mais il est battu sur un lancer en lucarne de Postnikov, qui avait le champ libre (0-2 à 14'55"). Malgré une pression finale en supériorité et un palet qui retombe devant la ligne de but, les Français rentrent aux vestiaires avec deux buts de retard, la faute à un manque de réussite offensive et surtout à un marquage défaillant en défense.

On pousse un grand ouf dès le début de la deuxième période quand Maurice Rozenthal entre en zone et décoche un slap croisé qui rentre à mi-hauteur au poteau opposé (1-2 à 22'34"). Et le soulagement est total après un tir du centre de glace de Simon Bachelet que Sestakov détourne au-dessus de lui. Le palet frappe le plexi et revient dans la crosse de Julien Desrosiers, à l'affût en pur buteur, qui transperce le gardien pas revenu en position (2-2 à 26'37"). Mais après cette assistance, Simon Bachelet, qui s'est fait déposer en un contre un pour la seconde fois en deux jours lors de la première période (et cette fois il ne s'agissait pas de Zubrus en face mais d'un certain Raskidajev), prend surtout une pénalité inutile en faisant trébucher un joueur sur un excès de précipitation alors que son équipe était en supériorité et que le danger était nul. Coqueux le rejoint en prison, et les Estoniens sont bientôt à cinq contre trois. La plaque de Lhenry (masqué ?) réagit tard sur un lancer de Potsinok (2-3 à 31'08"). Plus inquiétant encore, la production offensive des Bleus décline comme hier au fil du temps, hormis un tir de Coqueux sur une passe du revers de derrière la cage de Bellemare.

Il faut faire le forcing au troisième tiers-temps, mais les pénalités, même si elles sont bien tuées, font perdre du temps (déjà hier les Bleus avaient fait preuve d'indiscipline en troisième période quand Karrer et Gras avaient répondu aux provocations lituaniennes). Les minutes s'écoulent, inexorablement, et les attaques françaises sont de plus en plus laborieuses. Les Estoniens travaillent et défendent bien, et pour mettre encore plus à l'épreuve les nerfs français, la table de marque qui avait oublié de déclencher le chrono rattrape le temps perdu deux minutes plus tard. Les Bleus voient ainsi une partie du précieux temps restant défiler sous leurs yeux, ce qui les rapproche de l'échéance. Leurs efforts, personnifiés par l'abattage d'un Meunier, sont quand même méritants à défaut d'être convaincants. La persévérance est récompensée quand Laurent Gras récupère un palet dans l'enclave et trompe Sestakov côté mitaine (3-3 à 54'46").

Ce match nul est un moindre mal qui limite les dégâts. Les Français ont usé de leur droit à l'erreur, le même qu'il y a deux ans à Zagreb face à la Grande-Bretagne où ils avaient quand même été promus. Désormais, ils laissent probablement le statut de favori à l'Italie, qui n'a pas encaissé un seul but en deux journées. Mais pour disputer une finale face à elle, il ne faudra pas commettre un second faux-pas, sinon le duel face aux transalpins ne compterait plus que pour du beurre, comme cela avait été le cas à Grenoble en 2001 contre la Pologne...

Élus meilleurs joueurs du match : Laurent Gras pour la France et Roman Potsinok pour l'Estonie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match (dans L'Équipe)

Dave Henderson (entraîneur de la France) : "On a peut-être pensé que, parce qu'on les avait battus 7-0 en novembre, les Estoniens n'étaient pas capables de marquer. Mais cette équipe n'a rien à voir avec celle rencontrée à Briançon. On a voulu trop bien faire et on s'est fait cueillir à froid. Quand on prend autant de pénalités, on peut difficilement espérer qu'il n' aura pas de sanction. Mais en revenant de loin, on a récupéré un point et l'essentiel est préservé. On tâchera de faire un gros match mercredi contre la Roumanie."

 

France - Estonie 3-3 (0-2, 2-1, 1-0)

Lundi 18 avril 2005 à 16h30 à Eindhoven (HOL). 302 spectateurs.

Arbitrage de Wlodzimier Marczuk (POL) assisté de Pawel Meszynski (POL) et Joep Leermakers (HOL).

Pénalités : France 18' (8', 6', 4'), Estonie 14' (10', 2', 2').

Tirs : France 39 (17, 13, 9), Estonie 29 (11, 8, 10).

Évolution du score :

0-1 à 04'49" : M. Ivanov assisté de Kaljuste (sup. num.)

0-2 à 14'55" : Potsinok assisté de Kolpakov

1-2 à 22'34" : M. Rozenthal assisté de F. Rozenthal

2-2 à 26'37" : Desrosiers assisté de S. Bachelet

2-3 à 31'08" : Potsinok assisté de Kolpakov (double sup. num.)

3-3 à 54'46" : Gras assisté de Dostal

 

France

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Simon Bachelet - Baptiste Amar ; Guillaume Karrer - Jean-François Bonnard ; Nicolas Favarin - Vincent Bachet ; Nicolas Besch - Nicolas Pousset.

Attaquants : Guillaume Besse - Laurent Meunier - Julien Desrosiers ; David Dostal - Laurent Gras - Olivier Coqueux ; Maurice Rozenthal - [Besse ou Meunier ou Desrosiers] - François Rozenthal ; Kevin Hecquefeuille - Pierre-Édouard Bellemare - Xavier Daramy.

Remplaçant : Christophe Burnet (G). Absent : Jonathan Zwikel (sciatique, reparti à Amiens).

Estonie

Gardien : Andrei Sestakov.

Défenseurs : Roman Potsinok - Kirill Kolpakov ; Aleksei Sustov - Lauri Lahesalu ; Jevgeni Salagin - Kaupo Kaljuste.

Attaquants : Andrei Makrov - Aleksandr Petrov - Dmitri Raskidajev ; Maksim Ivanov - Eduard Valiulin - Mihhail Kozlov (C) ; Rainer Palu - Andrei Zorin - Deniss Konosev ; Vassili Titarenko - Kristjan Valk - Sergei Ivanov.

Remplaçants : Aleksei Terentjev (G), Maksim Semjonov, Anton Levkovitsh.

 

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