Suède - Canada (6 avril 2005)

 

Championnats du monde féminins 2005, groupe A.

La répartition des pays organisateurs des championnats du monde illustre parfaitement les problèmes du hockey féminin. Nous en sommes déjà à la huitième édition, mais seuls trois pays les ont accueillis, le Canada, les États-Unis et la Finlande, comme par hasard les trois équipes qui ont trusté tous les podiums depuis sa création (hormis une médaille de bronze russe isolée). La dernière tentative pour confier l'organisation à un pays tiers, il y a deux ans en Chine, a été contrecarrée par le destin, en l'occurrence par l'épidémie de SRAS. C'est dire si ce Mondial suédois représente un moment capital pour le développement du hockey féminin. Voilà une nation qui semble prête à prendre le flambeau du reste du monde pour se rapprocher du Canada et des États-Unis. Il lui faut un coup de pouce, avec ce championnat du monde à domicile. Le hockey féminin aura enfin droit aux honneurs de la télévision suédoise, et ce tournoi mondial est même diffusé pour la première fois sur tout le continent via Eurosport. Mais, outre qu'il faut vaincre les préjugés, même dans un pays où la condition féminine est évoluée comme la Suède, la compétition a un grand handicap, la disparité entre les participants. Voir un match à sens unique comme Canada-Kazakhstan, où une seule équipe joue, est de nature à rebuter même les amateurs éclairés de hockey. Pour qu'une équipe féminine puisse progresser et un jour espérer battre les meilleures, il est nécessaire qu'elle gagne d'abord de l'attention médiatique et populaire. Or, et c'est un cercle vicieux, il faut pour cela qu'elle donne une image gagnante. La Suède en a aujourd'hui les moyens, elle a semble-t-il doublé les Finlandaises et semble prête pour son premier podium mondial. Mais on attend déjà d'elle ce soir qu'elle ne soit pas ridicule face au Canada. Et les Suédoises sont persuadées qu'elle peuvent faire un coup. Lorsqu'elles avaient croisées les championnes du monde pour la dernière fois, en match amical en novembre à Lake Placid, elles n'avaient perdu que d'un seul but, concédé dans les deux dernières minutes sur une erreur défensive.

D'entrée de jeu, ce sont les Canadiennes qui dominent et qui mettent une forte pression sur la cage scandinave gardée par Kim Martin, avec par exemple un tir d'une arrière après seulement trente secondes de jeu. Les Suédoises ne touchent pas beaucoup le palet et le jeu se situe principalement en zone offensive canadienne. Mais quand enfin les "filles" de Peter Elander parviennent à s'offrir une occasion de but, comme elles le font à la troisième minute, il n'y a personne en soutien, à l'image de ce deux contre deux qui n'aboutit à rien. Les Suédoises, fatiguées, commettent des fautes. Les Canadiennes parviennent à installer très vite leur jeu de puissance et tentent beaucoup de choses avec de nombreux shoots sur Kim Martin mais cette dernière est bien présente en ce début de match. Les "filles" de Melody Davidson monopolisent le palet mais la défense suédoise est bien regroupée devant sa gardienne qui effectue de beaux arrêts mais qui laisse pas mal de rebonds. Les arrières tiennent bon sur cette première infériorité numérique et dégagent bien le palet. Mais une minute plus tard, le Canada évolue de nouveau en supériorité, même chose, pas mal de lancers et beaucoup de possibilités mais rien qui se concrétise pour l'instant. Les Suédoises semblent en dessous physiquement face à des Canadiennes qui jouent rapidement. Caroline Ouellette s'empare du palet et fait un superbe travail mais encore une fois Martin s'interpose.

Le Canada domine très largement la partie et leur gardienne n'a eu qu'un seul et unique arrêt à faire depuis le début du match. Le jeu continue et c'est au tour des Suédoises de se retrouver en supériorité numérique, mais l'engagement est gagné par les Canadiennes et la Suède a bien du mal à installer son power-play face au Canada qui a vraiment le match en main avec une très bonne maîtrise du palet. Et alors qu'il reste une minute de supériorité aux Suédoises, voilà que Rundqvist est pénalisée pour cinglage. On joue tout d'abord à quatre contre quatre puis, après une mise en échec d'Ylva Lindberg, les canadiennes vont pouvoir à quatre et surtout à cinq contre trois pendant une minute. Et c'est Danielle Goyette, la doyenne de 39 ans, qui inscrit le premier but en reprenant un rebond relâché par Martin sur un tir de Collins qu'elle avait dans sa mitaine. La Suède est de plus en plus agressive du fait de la forte pression canadienne. Et alors qu'on se retrouve de nouveau à cinq contre cinq, la Suède se crée sa deuxième occasion de la partie mais la gardienne Kim Saint-Pierre s'interpose, bien décidée à laisser sa cage inviolée une fois de plus. Les erreurs sont payées directement et, après un surnombre suédois, c'est MacLeod qui porte le score à 2-0. Tout est parti d'une passe faite depuis la ligne bleue, une feinte de tir, une passe, un shoot, un rebond et enfin le but ! Quelques minutes plus tard, alors que la Suède pense avoir réduit le score, le but est refusé à cause d'une faute flagrante de Goyette signalée juste avant. Et, juste avant la fin de ce premier tiers, c'est Piper qui offre au Canada une avance considérable malgré l'infériorité. Une passe en retrait, un shoot, le palet se retrouve derrière le but, Martin perd sa crosse et Piper envoie la palet au fond des filets.

Le deuxième tiers-temps est la répétition du premier, on peut voir des Suédoises énervées et indisciplinées, et un jeu de puissance canadien des plus efficaces. La défense suédoise est complètement dépassée, elle ne parvient pas à se dégager et c'est le quatrième but de Bechard. Ensuite vient le cinquième (un beau but en angle fermé, passe en retrait de Sunohara derrière le but puis lancer direct de Gillian Apps en pleine lucarne), le sixième - avec changement de gardienne - et ainsi de suite jusqu'au dixième. Les arrières laissent passer les Canadiennes sans bouger, et les gardiennes ne peuvent pas tout arrêter sans défense.

Le match s'achève donc sur le score de 10-0 pour le Canada qui n'a donc encore encaissé aucun but dans cette compétition et dont la supériorité est indéniable.

Élues meilleures joueuses du match : Danijela Rundqvist pour la Suède et Gillian Apps pour le Canada.

Compte-rendu signé Caroline

 

Commentaires d'après-match

Peter Elander (entraîneur de la Suède) : "Si nous devons gagner contre le Canada, il faut que Kim Martin fasse un super match. Aujourd'hui, elle a eu un match moyen, peut-être un peu en dessous de la moyenne. Notre but est de remporter l'or olympique à Vancouver en 2010. La majorité de mes joueuses ont moins de 25 ans. Elles manquent de discernement sur les contacts physiques et prennent des pénalités. Des joueuses comme Sostorics et d'autres Canadiennes jouent dur aussi, mais elles sont plus douées dans leur jugement. Elles savent bien mieux que nos filles où est la ligne à ne pas franchir."

Danielle Goyette (attaquante du Canada) : "Je pense qu'elles voulaient nous intimider, mais nous n'avons pas reculé. Nous avons utilisé notre vitesse et nous pouvons jouer physique aussi. Nous ne voulions pas rééditer notre petite victoire de novembre. Nous étions mieux préparées qu'à Lake Placid."

 

Suède - Canada 0-10 (0-3, 0-4, 0-3)

Mercredi 6 avril 2005 à 20h00 au Cloetta Center de Linköping. 2513 spectateurs.

Arbitrage d'Anu Hirvonen (FIN) assistée de Frédérique Huguenin (CAN) et Jana Zitkova (TCH).

Pénalités : Suède 22' (12', 6', 4'), Canada 14' (4', 4', 6').

Tirs : Suède 14 (2, 7, 5), Canada 44 (15, 16, 13).

Évolution du score :

0-1 à 11'46" : Goyette assistée de Botterill et Collins (double sup. num.)

0-2 à 14'55" : MacLeod assistée de Botterill et Vaillancourt (sup. num.)

0-3 à 19'06" : Piper assistée de Bechard et MacLeod

0-4 à 24'02" : Bechard assistée de Bredin (sup. num.)

0-5 à 28'14" : Apps assistée de Sunohara et Campbell

0-6 à 29'28" : Botterill assistée de Hefford (sup. num.)

0-7 à 39'39" : Sunohara assistée de Campbell et Apps

0-8 à 44'36" : Apps assistée de Sunohara

0-9 à 46'13" : Wickenheiser

0-10 à 51'44" : Apps assistée de Botterill

 

Suède

Gardiennes : Kim Martin puis Cecilia Andersson à 29'28".

Arrières : Gunilla Andersson - Emma Eliasson ; Jenni Asserholt - Ylva Lindberg ; Kristina Lindberg - Frida Nevalainen.

Attaquantes : Maria Rooth - Erika Holst - Emilie Okonor ; Danijela Rundqvist - Pernilla Winberg - Elin Holmlov ; Therese Sjölander - Evelina Samuelsson - Nanna Jansson ; Katarina Timglas - Anna Vikman.

Canada

Gardienne : Kim Saint-Pierre.

Arrières : Cheryl Pounder - Becky Kellar ; Delaney Collins - Colleen Sostorics ; Carla MacLeod - Correne Bredin.

Attaquantes : Caroline Ouellette - Jayna Hefford - Jennifer Botterill ; Sarah Vaillancourt - Hayley Wickenheiser - Danielle Goyette ; Cassie Campbell - Vicky Sunohara - Gillian Apps ; Gina Kingsbury - Kelly Bechard - Cherie Piper.

Remplaçante : Charline Labonte (G).

 

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