Tours - Mulhouse (4 avril 2005)

 

Finale de Ligue Magnus, deuxième manche.

Sévèrement défaits dans la première manche (6-2), les Tourangeaux pensaient avoir les armes pour faire plier les Scorpions, sur leur petite glace, devant un public encore une fois très nombreux et devant les caméras de Sport+ (on se souvient que contre Angers, cela avait plutôt porté chance aux Diables noirs, avec une victoire 9-2). Seulement, Mulhouse avait sans doute ce petit supplément d'envie pour gagner... et également l'équipe pour remporter la finale. Un gardien en état de grâce, une défense très solide, des attaquants inspirés et adroits.

Le ton de la rencontre est donné justement par Mulhouse avec une première occasion, dès le coup d'envoi, un lancer de Maurice Rozenthal, stoppé par Sopko (0'48). L'ASGT montre déjà quelques signes de fébrilité et offre une nouvelle occasion à Jani Kiviharju de se présenter seul devant Sopko. Le duel tourne à l'avantage du gardien (1'36). La première occasion tourangelle sera pour Peter Bohunicky, peu après la cinquième minute, après un bon travail de ses coéquipiers le long de la balustrade. Fabrice Lhenry capte le palet avec difficulté. Le jeu est alors plus équilibré mais les Scorpions donnent déjà l'impression d'une plus grande aisance dans la relance et sur ses individualités au service du collectif. Steven Reinprecht fait admirer sa grande classe sur un slap toujours aussi pur (5'49).

Sous la pression mulhousienne, l'ASGT est la première à commettre une faute. Peter Bohunicky est pénalisé (7'43). Quand on connaît la puissance de feu des Alsaciens, difficile de ne pas penser que c'est l'occasion rêvée pour ouvrir le score. Mais, côté tourangeau, on sait aussi que l'on peut compter sur Ramon Sopko. Et le jeune gardien slovaque ne flanche pas. Il s'interpose sur toutes les tentatives de Reinprecht, Vidman ou encore Hakkarainen. Il est encore là quand Allan Carriou se présente face à lui, placé dans des conditions idéales par un Pavol Segla altruiste (10'21).

Suite à une tentative assez molle de Peter Bohunicky, Kent Gillings est à la réception d'un palet qui traîne devant le slot, alors que Lhenry était sorti de sa cage. Celui-ci tente l'ultime geste en se jetant sur la glace à la manière d'un gardien de foot et parvient à stopper le palet. Un geste superbe sans lequel le cours du jeu aurait sûrement pu changer (12').

L'ASGT entrevoit le bout du tunnel et se dit que c'est possible. D'autant plus que Mulhouse se met à la faute (Segla, pour obstruction, 13'01). La supériorité numérique tourangelle est très mal gérée. Après un premier lancer de Perricone (13'30), les hommes de Christer Eriksson jouent parfaitement le coup en gênant les sorties de zone tourangelles. Iil faut dire également que l'inspiration des joueurs locaux n'est pas forcément au mieux. Beaucoup de relances ratées ou interceptées, une volonté d'aller trop vite, de trop bien faire.

Quoi qu'il en soit, Mulhouse revient vite dans le match avec un bon tir de Milos Palovcik, après une relance magnifique des Scorpions depuis leur zone défensive (15'55). En quelques passes bien ajustées et précises, les Alsaciens fondent sur la cage de Sopko. Le jeu d'attaque de Tours est plus laborieux. Pris dans la zone neutre, étouffés, les Diables noirs passent systématiquement par un palet envoyé au fond. Même si l'on sait que c'est un système de jeu qu'ils affectionnent particulièrement, ils se heurtent cette fois-ci à la puissance défensive des Scorpions.

L'arrière Philippe Roy peut bien se créer une belle occasion, en faisant le tour de la cage et en repiquant au poteau (16'30), le portier mulhousien ne se laisse pas surprendre, et sur le contre mené à fond, à trois contre deux, Maurice Rozenthal profite du travail de ses deux coéquipiers Prunet et Bilbao, attirant les défenseurs avec eux. Il repique sur la gauche de Sopko avant d'adresser un lancer sur la droite du gardien pour trouver le chemin des filets (0-1, 16'55). Une ouverture du score loin d'être imméritée.

Piqués au vif, les Diables noirs réagissent. Sur une grosse poussée, Éric Perricone se voit offrir une occasion en or. Lhenry étant une fois encore sorti d'une manière un peu hasardeuse, Jo Roy récupère le palet et le transmet à Perricone. La cage est ouverte. L'attaquant canadien tire à ras de glace mais c'est sans compter sur le retour improbable de Lhenry, qui se jette encore une fois pour sauver sa cage (17'10). Un arrêt chanceux peut-être, superbe assurément, et le deuxième tournant du match. Tous les acteurs l'ont compris à ce moment-là.

De retour des vestiaires, les espoirs tourangeaux diminuent sérieusement avec un nouveau but marqué par Pavol Segla. À l'origine, une sortie de zone cafouillée par la défense tourangelle, un puck récupéré par Maurice Rozenthal qui sert plein axe, l'artilleur mulhousien, qui d'un slap, fusille Sopko (0-2, 21'06). Avec ce double avantage au score, les Scorpions laissent faire le jeu tout en contrôlant au maximum la zone neutre. Tours est contraint de lancer de loin (Philippe Roy, 22'07) ou de s'en remettre aux déboulés de Jan Simko (26'27).

Même en commettant des fautes sanctionnées par M. Bachelet, l'arbitre de la rencontre (successivement Christie, Vidman et Bilbao), Mulhouse ne cède rien. L'ASGT perd même petit à petit son jeu, en bafouillant son hockey : de nouveau des passes ratées ou interceptées, des mauvais contrôles de puck. Bref, rien ne va vraiment. Et quand les mises en position de tir sont là, Lhenry sort le grand jeu. Il est excellent sur les tentatives de Perricone, Philippe Roy, Kent Gillings ou encore Simko. La mi-match est passée et Mulhouse tient sa proie fermement. La circulation de palet est académique, les attaquants sont en position de tir, alors qu'en face, les Diables noirs continuent de balancer au fond pour tenter de s'approcher du but alsacien. Le deuxième tiers se termine sur une demi-occasion pour Jonathan Roy (39'54).

Dans le dernier tiers, on assiste au même schéma tactique. Tours continue de pousser pour marquer ce petit but qui ferait se soulever un public déjà bien atone. Après une belle combinaison entre Simko et Sadoun, Benoît Paillet lance mais Lhenry capte de la mitaine (41'23), Loïc Sadoun tente ensuite la petite déviation devant le but sur un lancer de Simko, mais le palet est hors cadre (41'48).

Devant ce mur, les nerfs tourangeaux craquent. Bien disciplinés jusque là, les défenseurs de Tours commencent à s'énerver. Supuka (46'46) puis Stepan (47'07) goûtent aux joies de la prison. Sur cette double supériorité numérique, Jani Kiviharju s'avance, lance et profite du trafic devant la cage de Sopko pour trouver le passage au fond des filets (0-3, 48'03), un palet peut-être dévié par le patin d'un défenseur tourangeau. Peu importe, le match est plié, la Coupe Magnus prend déjà la direction de l'est. Les Scorpions se contentent ensuite de gérer, en attendant la délivrance du coup de sirène final.

Ils peuvent alors légitimement laisser éclater leur joie, avec ce premier titre amplement mérité. Les scènes de liesse, classiques dans ces moments-là, viennent clore une saison en tous points remarquable. Le bilan des Diables noirs est plus que satisfaisant même si forcément des regrets et quelques larmes ternissent quelque peu ce formidable parcours.

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Commentaires d'après-match (dans La Nouvelle République)

Bob Millette (entraîneur de Tours) : "Je suis fier de mes joueurs. Ce fut une belle saison, on s'est bien battu et on sort la tête haute. On avait une belle équipe en face de nous. Mon regret, c'est de ne pas avoir marqué de but ce soir. Mais c'est un petit regret car je pense à la saison qu'on a vécue. Personne ne nous voyait aussi haut en début de saison. Mon effectif était juste, la preuve, tous mes gars jouaient blessés ce soir."

Jonathan Roy (attaquant de Tours) : "Décevant d'échouer si près du but ! On a raté la coupe d'un rien. On a tant travaillé pour arriver à ça, il manquait le dernier round. J'ai un goût amer dans la bouche. On savait qu'il fallait ouvrir le score, c'était mieux pour nous. Gillings et Perricone ont deux occasions dans le premier tiers, mais leur gardien fait deux superbes arrêts. Mulhouse a une grosse défense, la meilleure sur une petite patinoire. Ils ont fermé le jeu au troisième tiers. On y croyait pourtant, mais le deuxième but nous a coupé les jambes, dès le début du deuxième tiers."

Christer Eriksson (entraîneur de Mulhouse) : "Trois à zéro, c'est bien mais ce n'est pas grand-chose non plus. J'étais ici même la semaine passée lors du match de Tours contre Grenoble et les Tourangeaux avaient réussi à inscrire trois buts en cinq minutes. Il fallait donc rester concentrés jusqu'au bout. Cela dit, on mérite ce titre car nous avons réussi un play-off extraordinaire, en nous comportant comme un rouleau compresseur. Notre force, c'est d'avoir tourné avec un gros effectif, au sein duquel tout le monde a beaucoup travaillé. En plus, nous avons été épargnés par les blessures ces dernières semaines, ce qui nous a permis de monter en puissance. Bravo à notre gardien Fabrice Lhenry qui nous a réussis une formidable première période, en arrêtant deux buts qui paraissaient presque faits pour Tours. Je retiendrai aussi que nous avons mieux su jouer collectivement."

 

Tours - Mulhouse 0-3 (0-1, 0-1, 0-1)

Lundi 4 avril 2005 à 20h35 à la patinoire municipale de Tours. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté d'Éric Bouguin et Damien Bliek.

Pénalités : Tours 18' (2', 0', 6'+10'), Mulhouse 10' (2', 6', 2').

Évolution du score :

0-1 à 16'55" : Rozenthal assisté de Prunet et Bilbao

0-2 à 21'06" : Segla assisté de Rozenthal

0-3 à 48'03" : Kiviharju assisté de Day et Vidman (double sup. num.)

 

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Lubomir Duda - Anton Poznik ; Jan Supuka - Robert Fail.

Attaquants : Rob Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Kent Gillings (A) - Alon Eizenman - Peter Bohunicky ; Jan Simko - Benoît Paillet - Loïc Sadoun ; François Gleize (C), Gaël Cler.

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), Valère Falck.

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Lilian Prunet (A) - Allan Carriou ; Jani Virtanen - Jukka Hakkarainen ; Jani Kiviharju.

Attaquants : Steven Reinprecht - Greg Day - Ryan Christie ; [Kiviharju ou Reinprecht] - Olivier Coqueux (A) - Hermanni Vidman ; Maurice Rozenthal - Milos Palovcik - Pavol Segla ; Steve Michou - Lionel Bilbao (C) - Juho Jokinen.

Remplaçants : Tom Charton (G), Francis Ballet, Jérôme Catil, Jérémy Bigot. Absent : Miikka Ruokonen (problème au genou, indisponible pour la saison).

 

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