Grenoble - Rouen (1er avril 2005)

 

Match pour la troisième place de la Ligue Magnus, première manche.

Le match des battus, la "petite" finale comme on l'appelle. Celle que personne ne veut avoir à jouer, surtout pas Grenoble et Rouen, les grands battus cette saison. Les deux équipes visaient le titre, elles sont sorties par la petite porte en demi-finale. Rouen a dû lâcher prise face à l'armada mulhousienne et avec un effectif décimé par les blessures. Grenoble est passé tout près du bonheur lors du quatrième match face à Tours mais a été emporté par la bourrasque tourangelle lors du cinquième. Inutile donc de préciser que les deux équipes n'affichaient pas une motivation extraordinaire au coup d'envoi. L'occasion était belle tout de même pour les fidèles supporters grenoblois de saluer une dernière fois leur équipe cette saison.

Le match débutait donc sur un rythme très tranquille. Une faible intensité, quasiment pas de mise en échec et... beaucoup d'espace : le ton du match était donné. Grenoble plaçait quelques banderilles par Sadoun et Jönsson. Et finalement c'est Nicolas Favarin qui ouvrait le score d'une lancer de la bleue que Raymond masqué ne voyait pas venir (1-0, 03'51"). Mais les Dragons allaient vite rectifier le tir. Notamment grâce à leur virevoltante ligne junior : Pierre-Édouard Bellemare à l'origine de l'action, une passe transversale clairvoyante de Tristan Lemoine pour Alexandre Lefebvre qui termine le travail d'une splendide lucarne (1-1, 04'40"). Rouen égalisait ainsi dans la minute suivante et était bien près de prendre les devants par la même ligne. Ces buts marqués tôt donnaient un ton plaisant à la rencontre. M. Bocquet sifflait ses deux premières pénalités, une de chaque côté et le jeu à quatre contre quatre accélérait encore le rythme. Et Daniel Carlsson, sur un tir anodin le long de la bande, trompait Rolland visiblement pas concentré (1-2, 08'23"). Raymond faillit bien rendre la pareille à son vis-à-vis en relâchant un palet capté initialement. Sans conséquence. L'un et l'autre se reprenaient par la suite en réalisant quelques arrêts importants. Les Brûleurs de Loups se montraient inexistants sur une supériorité numérique mais parvenaient à égaliser sur une action rondement menée par Meunier qui mettait dans le vent toute la défense rouennaise et passait en retrait à Forget qui n'avait plus qu'à pousser le palet dans la cage vide (2-2, 16'02"). Et cette fois c'est Hequefeuille qui était tout près d'enfoncer le clou. Mais Raymond veillait. C'est donc sur un logique score de parité riche en buts que s'achevait le premier tiers-temps.

La deuxième période était moins active avec, fait suffisamment rare pour être souligné, zéro minute de pénalité sifflée pendant vingt minutes. Ce qui renforçait l'impression de match amical donné par cette rencontre. Les occasions franches se faisaient plus rares, Kimmo Salminen essayait bien de redonner l'avantage aux siens mais Rolland était bien revenu dans le match. Rouen se montrait globalement plus dangereux en fin de tiers et après deux ou trois chaudes alertes devant Rolland, Salminen s'offrait un petit festival devant une paire Järvinen-Hämäläinen incroyablement statique. Après avoir buté sur Rolland, la troisième tentative était la bonne pour le Rouennais qui redonnait l'avantage aux siens (2-3, 34'06"). Rouen pensait revenir aux vestiaires avec cet avantage d'un but. Mais un petit oubli défensif et une longue passe précise de Deschaume permettait à Podlaha de s'échapper et d'enrhumer Raymond d'un malicieux tir du revers (3-3, 37'55"). Les deux équipes ne se lâchaient pas au score et en l'absence d'une grosse intensité de jeu, les techniciens avaient le champ libre pour laisser parler leur talent.

Dès le début de la troisième période, les Brûleurs de Loups bénéficient de leur deuxième supériorité du match mais se montrent tout aussi stériles, histoire de confirmer que ce n'est décidément pas leur spécialité cette saison. Roger Jönsson, encore une fois très en vue et très combatif ce soir, est tout près de donner l'avantage aux siens sur un "coast to coast" qu'il rate d'un cheveu après avoir pourtant débordé côté droit et réussi à repiquer au centre devant Raymond. Mais le palet vient mourir à quelques centimètres du poteau. Nouvelle tentative du Suédois quelques minutes plus tard, cette fois sur une palet mal dégagé par la défense rouennaise. Mais son tir instantané est repoussé par Raymond. Grenoble domine et se voit récompensé finalement par un but cafouilleux : tir de Tartari, arrêt de Raymond mais le gardien de Rouen ne parvient pas à se saisir de la rondelle. Papa le récupère et le glisse dans un trou de souris (4-3, 48'43"). Grenoble est à deux doigts de tuer le match sur un break de Forget mais ce dernier bute sur Raymond qui ne s'est pas laissé surprendre. Dommage car quelques minutes plus tard c'est Rouen qui revient au score sur un slap d'Elofsson sous la transversale de Rolland (4-4, 54'52"). On se dirige vers la prolongation mais Josef Podlaha, décidément en forme dans ces play-offs, signe son doublé d'une reprise en plein lucarne dont il a le secret (5-4, 57'58"). Pajonkowski sort bien son gardien en fin de match mais le score ne bouge plus et Grenoble remporte la première manche de cette petite finale.

Au final on a pu assister à un match assez plaisant, sans pression ni mauvais gestes, entre deux équipes démotivées mais libérées qui se préoccupaient de faire le spectacle dans un bon état d'esprit. La ligne Lefebvre-Bellemare-Lemoine s'est particulièrement distinguée côté rouennais en affichant une belle santé. À Grenoble, les joueurs les plus en vue des play-offs, les vétérans Jean-François Bonnard et Josef Podlaha, ont une nouvelle fois tenu le haut de l'affiche.

Les Brûleurs de Loups ont pu offrir une dernière victoire à leur public, pas toujours gâté cette saison, et terminer ainsi sur une bonne note à domicile. La victoire contre Rouen est aussi la bienvenue car après six échecs consécutifs face aux Normands (la dernière victoire iséroise remontait au 15 février 2003), les Grenoblois commençaient à nourrir un certain complexe. Mais ce sont maintenant les Rouennais qui reprennent la main en essayant d'offrir à Arnaud Briand, salué par le public grenoblois à la fin du match, une sortie digne de son talent.

Désignés meilleurs joueurs du match : Jean-François Bonnard (Grenoble) et Alexandre Lefebvre (Rouen)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "La déception était telle que pour remobiliser les joueurs, c'était délicat. Le relâchement était conséquent. La troisième place n'est tout de même pas si négligeable que ça. On espère finir lundi soir à Rouen."

Josef Podlaha (attaquant de Grenoble) : "Ah ça non, la déception n'est vraiment pas passée encore. Sur le coup, j'avais envie de tout casser et de me barrer le plus loin possible de tout ça. C'est un match que nous sommes obligés de jouer alors nous le faisons, pour les supporters aussi... Mais je n'avais vraiment pas envie. Malgré tout c'était un match agréable. Les joueurs des deux équipes étaient tellement déconcentrés que les espaces étaient ouverts. Je marque deux fois mais bon... Je vous assure que lundi je vais être sacrément motivé. Ce soir c'était sympa, mais lundi on termine et on se barre en vacances. On a des choses à oublier."

Guillaume Besse (capitaine de Rouen) : "C'est une façon de remettre le nez dans la boue après s'être fait éliminer. C'est vraiment dur, surtout compte tenu de l'intérêt inexistant d'une troisième place. On était aussi peu motivés de part et d'autre. Grenoble a été plus opportuniste que nous. Mais maintenant ils vont devoir l'être chez nous et ça ce n'est pas gagné d'avance. On va se battre jusqu'au bout et on ira chercher le podium à la maison."

 

Grenoble - Rouen 5-4 (2-2, 1-1, 2-1)

Vendredi 1er avril à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 2135 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Cyril Carlin et Damien Bliek

Pénalités : Grenoble 2' (2', 0', 0'), Rouen 6' (4', 0', 2').

Évolution du score :

1-0 à 03'51" : Favarin assisté de Tartari et R. Bachelet

1-1 à 04'40" : Lefebvre assisté de Lemoine et Bellemare

1-2 à 08'23" : Carlsson

2-2 à 16'02" : Forget assisté de Meunier et Bonnard

2-3 à 34'06" : Salminen assisté de Elofsson

3-3 à 37'55" : Podlaha assisté de Deschaume

4-3 à 48'43" : Papa assisté de Tartari et R. Bachelet

4-4 à 54'52" : Elofsson assisté de Salminen et Briand

5-4 à 57'58" : Podlaha assisté de Jönsson et Lehtonen

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Nicolas Favarin ; Jean-François Bonnard (A) - Martin Millerioux.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Dominic Forget - Laurent Meunier (C) - Yven Sadoun ; Nicolas Antonoff - Laurent Deschaume - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa - Christophe Tartari - Romain Bachelet.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Simon Bachelet. Absent : Benoît Bachelet (fracture du péroné - saison terminée).

Rouen

Gardien : Éric Raymond [sorti de sa cage à 59'34"].

Défenseurs : Jonas Elofsson - Nicolas Besch ; Daniel Carlsson - Benoît Pourtanel ; Stéphane Robitaille - Benoît Quessandier.

Attaquants : Kimmo Salminen - Arnaud Briand - Sami Karjalainen ; Alexandre Lefebvre - Pierre-Édouard Bellemare - Tristan Lemoine ; Adrien Dufournet - Guillaume Besse (C) - Yvan Fontana.

Remplaçants : Stéphane Burnet, François Dubillot, Simon Doreille. Absents : Ludek Broz (épaule), Jean-Philippe Paré (genou).

 

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