Lada Togliatti - Lokomotiv Yaroslavl (28 mars 2005)

 

Demi-finale de la Superliga russe 2004/05, deuxième manche.

Êtes-vous "pouf-pouf" ou "tchou-tchou" ? Êtes-vous "traction arrière" (pour une équipe entraînée par Piotr Vorobiev, il ne peut être question de traction avant...) ou "petit train" ? Bref, qui de la Lada et de la Locomotive va arriver la première en finale ?

Le premier match de la série, déjà à Togliatti, a donné une première indication hier. Les locaux se sont imposés aux tirs au but après un 2-2 suite à une mort subite qui n'avait tué personne. Dans une série qui s'annonce très serrée entre l'équipe la plus difficile à transpercer du championnat et le tombeur en quart de finale de la sélection mondiale du Tatarstan, c'est déjà un avantage non négligeable pour les joueurs du bassin de la Volga, car cette équipe est une telle machine à faire déjouer l'adversaire qu'il est très difficile de la faire dérailler. Le Loko y parviendra-t-il ? On peut le souhaiter pour le spectacle, car Iaroslavl est une équipe qui a pour habitude d'évoluer de manière très spectaculaire. Mais attention, le Lada a également pour habitude de se jeter sur son adversaire pour le faire craquer d'entrer et de l'achever en l'étouffant, tel un boa constrictor, bébête ne nichant pourtant pas habituellement sur les bords de la Volga. Comme quoi, Piotr Premier, Tsar de toutes les défenses, est vraiment très fort !

C'est d'ailleurs ce qui se passe d'entrée de jeu. Le Lada secoue l'arrière-garde du Loko. Une nuée de Lada bleues tentent de se garer devant la gare de Iaroslavl. Mais un évènement non prévu vient bousculer les plans locaux. Dimitri Vorobiev va se faire engueuler en rentrant à la maison, il a pris une amende pour avoir mal garé sa Lada. Une infraction qui lui vaut deux minutes de prison dès la cinquième minute. Et la conséquence est immédiate. On entend siffler le train. D'un tir lointain, Piotr Stchastlivyi transperce la lunette arrière de la Lada. Jussi Markkanen, le Finlandais chargé de garder la voiture, n'a rien pu faire. La locomotive est sur les rails. Que va faire la Lada ? Faire chauffer le moteur pardi !

Togliatti ne change rien à sa tactique de départ. Il s'agit de donner le tournis à Iaroslavl. Heureusement pour les locaux, ils n'ont pas à attendre longtemps pour revenir dans la partie. Un peu plus d'une minute après le but des visiteurs, ces derniers sont à leur tour pénalisés. C'est l'excellent mais indiscipliné Ivan Tkatchenko qui se fait prendre par la patrouille. Et là encore cela ne traîne pas. Six secondes de jeu de puissance et coup de klaxon de joie, cela fait un partout. Un but somptueux du Lituanien, estampille LNH, Dainius Zubrus. Un but du revers, en coin ! Chapeau ! Parfait ! En tout cas, deux buts sur les deux premiers powerplays de chaque équipe, cela s'appelle de l'efficacité maximale ! Certains en France (suivez mon regard...) devraient venir faire un stage en Russie !

Bon, cela ne marche pas non plus à cent pour cent... Dans la minute qui suit l'égalisation, l'attaquant "cheminot" Dimitri Vlassenkov est a son tour sanctionné. Le Lada attend juste que la prison soit terminée pour marquer une deuxième fois, par un superbe tour de cage de l'un des deux frères Sevostianov, Sergueï en l'occurrence. Et voilà Togliatti qui a renversé la vapeur (de la Loko bien sûr...) en quatre minutes à peine ! Cela sent le roussi pour le Loko, car il n'est jamais simple de s'en sortir lorsque les hommes de Piotr Vorobiev mènent et peuvent décider du tempo de la partie.

En attendant, le Loko a la possibilité de revenir dans le match suite à une pénalité infligée six secondes après le but à l'attaquant Alexandre Boutourline. Mais les joueurs de Iaroslavl ne retrouvent pas leur efficacité du début de match et Togliatti tue la pénalité. Les Lada passent la vitesse supérieure et reprennent leur course folle autour des défenseurs du Loko, poussés vers une voie de garage. La fin du tiers est un enfer pour les visiteurs. C'est une autoroute à Lada !

Les attaquants bleus déferlent sur la défense de Iaroslavl. Cela patine à une vitesse incroyable. Parfois, les joueurs de Togliatti restent quelques secondes sur la glace avant de rentrer sur le banc, pour simplement tenter de reprendre leur respiration. C'est vraiment impressionnant. La fin du tiers défile à une vitesse incroyable. Le Lada Togliatti cherche le K.O. !

Ce knock-out arrive en début de deuxième période. Et une fois encore en supériorité numérique, suite à une faute de Denis Chvidki. L'attaquant local Viktor Kozlov trouve la faille sur un tir lointain. Du coup, le chef de gare (l'entraîneur du Loko) change de gardien dans les cages des visiteurs. Le Canadien Marc Lamothe est remplace par le Russe Egor Podomatski (26'56). À 3-1 en début de deuxième période, les locaux ont réussi leur mission. Ils mènent la danse et peuvent désormais se concentrer sur ce qu'ils aiment faire : empêcher l'adversaire de revenir dans le match. Même les prisons s'annulent. Tout va donc bien pour les hommes de Piotr Vorobiev, avant d'engager l'ultime période.

Surtout qu'ils achèvent le suspense au bout de cinq minutes seulement. Une action magnifiquement jouée, partie (évidemment !) depuis la zone de défense du Lada. Une série de une-deux pour traverser la patinoire à fond (aussi vite qu'une Lada de course) et se présenter en surnombre devant la cage de Podomatski. C'est le défenseur Andrei Kroutchinine qui a fait la passe de départ en sortie de zone pour les compères Oleg Belkine et Alexandre Skougarev, ce dernier étant a la conclusion. 4-1, même à la 46e minute, c'est fini, on plie les gaules, on rentre le matériel dans le coffre et on va se garer. La soirée est terminée, mesdames et messieurs, vous pouvez rentrer chez vous ou, si vous n'avez pas le cœur sensible, vous pouvez rester pour assister à l'étouffement du chef de gare par le boa de Piotr. Non, ce n'est pas son truc en plumes, juste sa tactique ! Le dernier quart d'heure (de temps effectif, hélas...) n'est pas vraiment utile. Il suffit juste d'attendre. Pooooooooooooooon ! (Je fais bien la sirène, hein ?) Voilà, c'est fait, le Lada mène sa demi-finale par deux manches à zéro ! Le Loko est mal parti, direction voie d'aiguillage, car le Lada n'est jamais aussi fort que lorsqu'il n'a pas de jeu à faire et qu'il n'a qu'à attendre les fautes de l'adversaire. Ceci dit, les joueurs de Iaroslavl ont de la ressource offensive et il y a toujours 9026 spectateurs pour mettre du charbon dans la Locomotive !

Meilleurs joueurs du match selon Sport-Express : Viktor Kozlov (Lada), Sergueï Sevostyanov (Lada), Alexandre Titov (Lada).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Piotr Vorobiev (entraîneur de Togliatti) : "Je suis les autres championnats européens et j'ai du respect pour tous mes collègues. Le Lokomotiv pratique un hockey finlandais, plus agressif que le nôtre, et battre un entraîneur issu d'une autre école est toujours agréable. La tactique, il n'y a rien de plus intéressant pour un entraîneur. [...] Seluyanov s'était repris après son erreur du premier match, mais il a fait plusieurs mauvaises passes et était indisposé, alors j'ai fini par le laisser sur le banc Si Semenov n'était plus dans l'effectif, c'est qu'il était fatigué."

Kari Heikkilä (entraîneur de Yaroslavl) : "Comme je l'ai dit hier, nous jouons contre une bonne équipe. Mais nous prenons aussi trop de pénalités stupides pour la plupart. Nous disputons l'équivalent d'un tiers-temps à quatre contre cinq à chaque match, une telle différence dans les prisons ne peut que se refléter au score. C'est possible que l'euphorie consécutive à l'élimination de Kazan soit une des raisons de nos défaites à Togliatti. Je change rarement de gardien, c'est la première fois que je le fais depuis quatre ans. Marc Lamothe a eu un match difficile hier et, apparemment, il n'a pas eu le temps de s'en remettre."

 

Lada Togliatti - Lokomotiv Yaroslavl 4-1 (2-1, 1-0, 1-0)

Mardi 28 mars 2005 au palais des sports Volgar. 3000 spectateurs.

Arbitrage de M. Semenov (Moscou) assisté de MM. Shelyanin et Makarov.

Pénalités : Togliatti 10', Yaroslavl 16'.

Tirs : Togliatti 26 (13, 7, 6), Yaroslavl 12 (4, 5, 3).

Évolution du score :

0-1 à 05'54" : Schastlivy assisté de Vassiliev et Korolev (sup. num.)

1-1 à 07"13" : Zubrus assisté de Titov et I. Vorobiev (sup. num.)

2-1 à 11"35" : S. Sevostianov

3-1 à 22"56" : Kozlov assisté de Titov et Kondratiev (sup. num.)

4-1 à 45"17" : Skugarev assisté de Kruchinin et Belkin (sup. num.)

 

Lada Togliatti

Gardien : Jussi Markkanen (FIN).

Défenseurs : Aleksandr Seluïanov - Andreï Akhanov ; Maksim Kondratiev - Aleksandr Titov ; Grigori Panin - Filip Metliuk ; Andreï Krutchinin - Dmitri Vorobiev.

Attaquants : Aleksandr Buturlin - Yuri Butsaïev - Aleksandr Boïkov (c) ; Viktor Kozlov - Dainius Zubrus (LIT) - Ilya Vorobiev ; Oleg Belkin - Aleksandr Skugarev - Aleksandr Semin ; Mikhaïl Sevostianov - Sergueï Sevostianov - Dmitri Afanasenkov.

Lokomotiv Yaroslavl

Gardiens : Marc Lamothe (CAN) puis Egor Podomatski à 26'56".

Défenseurs : Alekseï Vassiliev - Curtis Murphy (CAN) ; Aleksandr Karpovtsev - Dmitri Krassotkin (c) ; Aleksandr Riazantsev - Karel Rachunek (TCH) ; Sergueï Zhukov.

Attaquants : Piotr Schastlivy - Igor Korolev - Dmitri Vlasenkov ; Ivan Tkachenko - Nikolaï Antropov (RUS/KAZ) - Alekseï Yashin ; Anton But - Grigori Shafigullin - Vladimir Antipov ; Alekseï Mikhnov - Denis Shvidki - Aleksandr Galimov ; Ivan Nepraïev.

 

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