Grenoble - Tours (26 mars 2005)

 

Demi-finale de la Ligue Magnus, quatrième manche

Quatrième rencontre dans la série entre Diables Noirs et Brûleurs de Loups, et cette fois c'est bien d'un match couperet dont il s'agit puisque Grenoble peut mettre un terme à la saison des Tourangeaux en s'imposant ce soir. La dynamique est grenobloise après deux blanchissages consécutifs mais les hommes de Robert Millette, au pied du mur, n'ont d'autre choix que de tout donner pour éviter une fin de saison prématurée.

Comme la veille, les Brûleurs prennent d'entrée l'initiative du jeu, mais les occasions franches se font rares. Il faut attendre la cinquième minute du jeu pour en voir une, et elle est tourangelle : Jan Simko se présente seul face à Patrick Rolland mais le portier grenoblois prolonge avec brio son invincibilité face aux Diables Noirs. Une première prison de Järvinen est aussitôt annulée par celle de Simko. Ce sont finalement les Brûleurs de Loups qui bénéficient de deux occasions d'ouvrir le score en supériorité numérique. Les Grenoblois montrent des progrès significatifs par rapport à la veille dans l'installation du jeu de puissance, mais malgré les tentatives de Järvinen de loin et l'activité de Jönsson pour s'installer dans la zone d'attaque, l'efficacité n'est cette fois pas au rendez-vous. La rencontre est, au niveau de l'enjeu, très tendue, et le premier tiers peut être qualifié de round d'observation : Grenoble presse mais sans se découvrir, Tours tient le choc et le score reste logiquement vierge à la pause.

Le décor ne change pas vraiment en début de deuxième période et l'on sent que le premier but pourrait bien avoir une importance capitale. L'occasion vient d'une nouvelle indiscipline tourangelle, un cinglage de Paillet. La suite est rapide : sur un engagement gagné par Lehtonen, Josef Podlaha hérite du palet et prend la responsabilité du shoot. Sopko se trouve sur la trajectoire du palet mais ne peut rien sur le rebond que le Tchèque reprend lui-même : il n'a fallu cette fois que huit secondes de supériorité à Grenoble pour ouvrir le score (1-0, 28'47"). On se dit que le plus dur est peut-être fait pour les Brûleurs de Loups, d'autant que les Diables Noirs continuent de séjourner sur le banc des prisons. Mais malgré un cinq contre trois pendant une vingtaine de secondes et des occasions à la pelle, les hommes de Gérald Guennelon ne parviennent pas à creuser l'écart et restent sous la menace tourangelle. Bien mal leur en prend puisqu'un bête surnombre (un pléonasme en soi...) a de sérieuses conséquences : sur l'infériorité, Pasi Järvinen casse la crosse de son vis-à-vis est envoyé en prison trente secondes plus tard. Quatre-vingt dix secondes à cinq contre trois, c'est bien plus qu'il n'en faut aux Diables Noirs pour vaincre la malédiction et battre Rolland après plus de cent cinquante minutes d'essais infructueux. Le tir plein axe de Philippe Roy est dévié par Loïc Sadoun qui ramène les siens à hauteur (1-1, 36'02"). Le match est complètement relancé et les Brûleurs de Loups frisent même la correctionnelle lorsque Meunier est envoyé en prison dans la foulée, provoquant une nouvelle double infériorité. La pression est énorme sur les cages de Rolland et Tours parvient même à marquer un deuxième but, mais il est logiquement refusé car M. Bocquet a sifflé une pénalité à l'encontre de Bohunicky une poignée de secondes auparavant. Gros coup de chaud à Pôle Sud en cette fin de tiers mais la dernière période doit bel et bien faire office de juge de paix.

Vingt minutes pour gagner sa place en finale et affronter les Scorpions de Mulhouse qui se sont qualifiés un peu plus tôt dans la soirée. Tel est le challenge proposé à la troupe grenobloise qui, sûre de son fait, reprend son travail de sape de la défense tourangelle en espérant la faire craquer à nouveau. Et c'est de nouveau sur une supériorité numérique que les Brûleurs de Loups font la différence. Avec dans le rôle du buteur celui qui aurait pu devenir le héros de la soirée : suite à un décalage de Järvinen, c'est encore 'Mister' Jo Podlaha qui expédie le palet en pleine lucarne d'un one-timer qui a laissé Sopko de marbre (2-1, 45'43"). Les Grenoblois n'ont plus qu'à gérer leur avance pendant les quinze minutes restantes comme ils ont si bien su le faire lors des deux matches précédents. Encore faut-il tenir le coup sur deux infériorités numériques bien négociées par la phalange grenobloise. Les supériorités sont plus utilisées pour gagner du temps que pour essayer d'accroître l'avance au score, ce qui est compréhensible car le risque de contre est grand. Les Grenoblois verrouillent la zone neutre, défendent à trois voire à quatre, et les minutes passent, les rapprochant inexorablement de la finale. Et puis, sur une des rares présences tourangelles en zone d'attaque, Anton Poznik parvient à armer en desperado un tir somme toute anodin... Le palet traverse une forêt de crosses et de jambes, et Patrick Rolland, visiblement masqué, laisse passer... Les Tourangeaux égalisent à la stupeur générale à un moment où même eux ne semblaient plus vraiment y croire (2-2, 56'54"). Dur de se remettre dans le bain pour Grenoble, et pourtant la réaction iséroise est immédiate. Malgré quelques actions chaudes devant Sopko, les deux équipes se dirigent droit vers la prolongation.

Une mort subite qui porte bien son nom pour des Brûleurs de Loups qui ont bien du mal à se porter à l'attaque, de peur visiblement de se découvrir. Il faut dire que, dès l'entame, les visiteurs sont tout près de marquer, mais l'attaquant tourangeau percute Rolland au lieu de glisser la rondelle au fond des filets. Par la suite, les essais de Meunier et Forget restent vains, et au fil des minutes, ce sont les Diables Noirs qui s'installaient dans la zone grenobloise. Millette sent son équipe capable de forcer la décision et demande un temps mort. Les Tourangeaux repartent de plus belle, et sur un débordement côté gauche, Jonathan Roy tire sur la cage grenobloise. Patrick Rolland ne fait que freiner le palet qui finit sa course juste derrière la ligne dans l'incrédulité générale. Tours a sauvé sa peau et force ainsi la tenue d'un cinquième match (2-3, 67'46").

Robert Millette l'avait dit, une série c'est cinq matches, et celle-ci ira donc jusqu'au bout du suspense. Les Grenoblois avaient pourtant toutes les cartes en main pour forcer la décision et gagner leur ticket en finale dès ce soir. Par deux fois ils ont mené au score grâce à un Josef Podlaha qui a retrouvé sa magie dans ces play-offs, et son deuxième but semblait bien être celui de la victoire. Oui mais voilà, les joueurs de Millette, sans être géniaux, sont des combattants dans l'âme. Ils sont allés chercher leur victoire tout en bénéficiant d'un coup de pouce du destin sur l'égalisation et d'un loupé de Patrick Rolland en prolongation.

Comme lors des matches précédents dans cette série, l'attaque grenobloise a considérablement manqué de réalisme (seulement six buts en quatre matches !). Un mal profond qui semble désormais irrémédiable à ce point de la saison. Dès lors, la victoire ne peut passer que par une rigueur de tous les instants en défense pour prendre le moins de buts possible. Ce fut le cas hier mais pas ce soir avec deux mauvais buts en fin de partie qui coûtent très cher au décompte final. La désillusion était terrible dans le camp grenoblois à l'issue de la rencontre car tous étaient conscients d'être passé si près de la finale. De leur capacité à se remobiliser pour le cinquième match mardi dépendra la fin de saison des Brûleurs de Loups. Car encore une fois, leur supériorité dans le jeu est évidente. Reste à savoir si elle leur sera suffisante pour remporter cette série face à une troupe tourangelle désormais gonflée à bloc et qui les attend de pied ferme mardi en Touraine.

Désignés meilleurs joueurs du match : Josef Podlaha (Grenoble) et Loïc Sadoun (Tours).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (sur France Bleu Isère et dans Le Dauphiné Libéré)

Jean-François Bonnard (défenseur de Grenoble) : "C'est un petit coup de poker. C'est bien pour eux, ils ont eu un petit peu de chance, et c'est bien pour nous aussi, ça nous permet d'avoir un match supplémentaire et de travailler un peu plus notre condition physique. ["Comme le dit l'entraîneur de Tours, est-ce que vous ne leur avez pas manqué de respect ?"] Je ne savais pas que Tours avait un entraîneur aujourd'hui. Si vous me le dites, ça doit être vrai... Pour moi, Tours est une équipe quelconque qui est à sa place en demi-finale, c'est bien mais elle n'ira pas plus loin puisque mardi on va mettre un terme à cette petite série..."

Josef Podlaha (attaquant de Grenoble) : "Nous n'avons pas à rougir, on peut sortir la tête haute. Il faut simplement aller chercher la victoire là-bas. Personnellement c'est dur, car j'ai marqué deux buts pour rien. J'aurais préféré cent fois qu'on s'impose 1-0 et que je ne score pas. Ce cinquième match, on va en profiter, j'adore ça. Je l'attends avec impatience, cette rencontre, même si on n'a évidemment pas fait exprès de perdre !"

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Ils nous avaient manqué de respect et on leur a montré qu'on était une équipe de hockey, pas une bande de bûcherons comme ils le laissent entendre. Nous ne sommes pas morts, nous avons battu le pronostic de Guennelon qui voyait une victoire en quatre manches. On ne joue pas qu'avec les bâtons comme des salauds, on n'est pas des bad boys. On n'a pas fini deuxième de la saison régulière pour rien devant Grenoble. Mes gars ont du caractère et du cœur. Ils méritent leur victoire. Le cinquième match ? Devant nos partisans ça va être la folie mais personne n'a encore gagné. Seulement le vent a tourné de bord."

 

Grenoble - Tours 2-3 après prolongation (0-0, 1-1, 1-1, 0-1)

Samedi 26 mars à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Cyril Carlin et Damien Velay.

Pénalités : Grenoble 12' (2', 6', 4'), Tours 30' (6', 8'+10', 6').

Évolution du score :

1-0 à 28'47" : Podlaha (sup. num.)

1-1 à 36'02" : L. Sadoun assisté de P. Roy et Eizenman (double sup. num.)

2-1 à 45'43" : Podlaha assisté de Järvinen et Lehtonen (sup. num.)

2-2 à 56'54" : Poznik assisté de L. Sadoun

2-3 à 67'46" : J. Roy assisté de L. Sadoun et P. Roy

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Nicolas Favarin.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Dominic Forget - Laurent Meunier (C) - Yven Sadoun ; Nicolas Antonoff - Laurent Deschaume - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa - Christophe Tartari - Romain Bachelet.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Martin Millerioux. Absent : Benoît Bachelet (fracture du péroné - saison terminée).

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Lubomir Duda - Anton Poznik ; Jan Supuka - Robert Fail.

Attaquants : Éric Perricone - Jonathan Roy - Rob Millar ; Kent Gillings (A) - Alon Eizenman - Loïc Sadoun ; Jan Simko - Benoît Paillet - Peter Bohunicky ; François Gleize (C).

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), Valère Falck, Gaël Cler. Absents : Frantisek Pulscak, Marcel Simak.

 

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