Briançon - Dunkerque (5 mars 2005)

 

Match comptant pour la trentième et dernière journée de Ligue Magnus.

Les images de la finale de coupe de lundi ont choqué le monde du hockey, pas habitué à ça, même si les cyniques trouvent que ça aidé à faire parler de soi médiatiquement. Luc Tardif déclarait ainsi dans L'Équipe : "Je pensais que ce genre d'évènements étaient du domaine du foot. Jusqu'ici, le hockey était à l'abri. Mais ce qu'on a vu est grave. On ne peut pas laisser faire ça. On aurait pu avoir des blessés, les arbitres ont été agressés. On a transformé un super match en une sorte de cauchemar. L'irresponsabilité du banc de Briançon n'a fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. Alors que rien ne pouvait justifier ça dans la décision des arbitres, il y a eu un manque de respect pour le jeu, pour les adversaires et pour la compétition, avec un trophée remis sous les huées et les projectiles."

Dans la confusion de la fin de match, Frédéric Bachelet a renvoyé beaucoup de monde aux vestiaires mais n'a retiré que deux licences, celles de l'entraîneur Luciano Basile, au comportement ambigu, et de Yannick Maillot, qui a chargé un juge de ligne par-derrière. Les autres auraient donc pu jouer ce soir, mais entre-temps la commission de discipline restreinte en a décidé autrement. Elle a renvoyé les cas Maillot et Basile à une commission de discipline plénière, qui devra vite statuer dès le 11 mars, jour de début des play-offs. Et dans la furie généralisée qui s'est emparée des joueurs et des supporters, elle n'a pas eu de mal à identifier d'autres coupables. Nicolas Pousset (trois matches ferme et un avec sursis), Lionel Orsolini et Martin Filip (deux matches ferme et un avec sursis) seront tous absents pour le début de quart de finale qui opposera Mulhouse et Briançon.

Ironie du sort, c'est Frédéric Bachelet, le meilleur arbitre français, vilipendé lors de la finale de coupe, qui devait initialement venir diriger le match de ce soir. Compte tenu du contexte pénible et de la théorie du complot qui continue à germes dans les fols esprits briançonnais, les instances ont pris une décision de bon sens en permutant les désignations entre René-Froger et le Coliséum amiénois. Il faut savoir en effet que M. Bachelet a porté plainte devant le procureur de la république de Riom (son lieu de résidence auvergnat, alors qu'il est originaire des Hautes-Alpes, gapençais pour être exact) pour "violences avec arme par destination" en raison des jets de projectiles. Il aurait même été en droit d'y ajouter une plainte pour diffamation s'il avait appris que l'épouse du gardien Beaubien s'était permis d'aller s'inscrire sur un forum de hockey européen uniquement pour l'accuser de corruption, en comparaison avec l'affaire des matches truqués de l'arbitre allemand de football M. Hoyzer.

Le bénéficiaire de cette situation pourrait être le HG Dunkerque. On n'aurait pas pensé il y a une semaine qu'il aurait été capable d'éviter la défaite ici, condition sine qua non pour ne pas finir en poule de relégation. Mais maintenant, on se prend à réviser son jugement en constatant que l'équipe briançonnaise est amputée de plusieurs membres, les suspendus et le joueur de NHL Mark Rycroft au repos. Effectivement, les Corsaires y croient en première période, avec un Clément Thomas motivé et volontaire. Daniel Saint-Amant s'échappe et bat Beaubien à mi-hauteur. Après vingt minutes de jeu, Dunkerque est en train d'obtenir son maintien direct en Ligue Magnus, une perspective qui paraissait vraiment irréaliste en début de saison.

Cependant, la physionomie du match change du tout au tout au retour sur la glace. Briançon impose une forte pression et Divisek ne met que deux minutes à égaliser. Ce sont alors les Diables Rouges qui font le jeu et s'installent en zone offensive. Edo Terglav et surtout Julien Desrosiers, qui ne cesse de s'infiltrer dans la défense, font craquer la résistance nordiste, alors que les Dunkerquois s'enfoncent en accumulant les pénalités. Desrosiers, qui frappe de plus en plus à la porte de l'équipe de France car il s'est marié à une Bordelaise et a donc été naturalisé, retrouve sa facilité à marquer des buts. Il aligne aujourd'hui son troisième hat-trick d'affilée face aux trois "petits", Épinal, Clermont et Dunkerque.

Trois équipes qui se retrouveront en poule de maintien, puisque Gap s'est sauvé ce soir. Mais le HGD, toujours sur la corde raide financièrement puisqu'il doit rembourser ses dettes pendant un concordat de dix ans qui doit encore durer trois saisons, est dans l'expectative à propos de cette poule de maintien. Il a invité Vincent Leignel, en charge du sport de haut niveau à la communauté urbaine de Dunkerque, à une réunion exceptionnelle du conseil d'administration du club vendredi prochain. Il y sera question de la poursuite de la saison.

 

Commentaire d'après-match (dans La Voix du Nord)

Jean-Pierre Thomas (président du Dunkerque) : "Le HGD se débrouille avec 340 000 €. Notre budget stagne depuis quelques saisons avec une légère tendance à la baisse. Les coûts augmentant, on ne va pas pouvoir continuer longtemps sur ce rythme. Nous sommes transparents. Pour l'ensemble du club, la masse salariale (charges comprises) s'élève à 150 000 €. Hormis Dewolf et Dubois qui touchent un peu plus que le SMIC, les autres ont des petits salaires. Deux joueurs touchent l'équivalent du SMIC, quatre sont entre le SMIC et le RMI, quatre touchent le RMI, quatre autres sont entre le RMI et l'allocation solidarité et quatre jeunes touchent 30 euros par match. Nous sommes dans l'incapacité de générer des ressources propres. L'exiguïté de la patinoire ne permet pas d'avoir des ressources importantes en billetterie. Il est impossible de faire des loges. La gestion de la patinoire étant confiée à une association, nous n'avons pas le droit de vendre des boissons ou des sandwiches, d'avoir une offre alléchante en merchandising. Nous sommes coincés. J'ai entendu qu'un projet de nouvelle patinoire existe. Mais je m'appelle Thomas et je ne crois que ce que je vois."

 

Briançon - Dunkerque 8-1 (0-1, 5-0, 3-0)

Samedi 5 mars 2005 à 20h30 à la patinoire René-Froger. 1200 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Nicolas Barbez et Gildas Fontaine.

Pénalités : Briançon 10' (0', 8', 0'), Dunkerque 24' (4', 16', 4').

Évolution du score :

0-1 à 13'46" : Saint-Amant assisté de Thomas et Dubois

1-1 à 22'26" : Divisek assisté de Terglav et Desrosiers (sup. num.)

2-1 à 25'41" : Terglav assisté de Divisek et Kramny (sup. num.)

3-1 à 30'27" : Desrosiers assisté de Jodoin (sup. num.)

4-1 à 32'31" : Terglav assisté de Blais et Boldron

5-1 à 38'13" : Desrosiers assisté de Borgnet et Jodoin (sup. num.)

6-1 à 43'54" : Boldron assisté de Vandecandelaere

7-1 à 53'25" : Desrosiers assisté de Terglav

8-1 à 59'13" : Jodoin assisté de Boldron et Rohat (sup. num.)

 

Briançon

Gardien : Frédérik Beaubien.

Défenseurs : Michal Divisek - Tomas Kramny ; Olivier Vandecandelaere - Jean-François Jodoin (A).

Attaquants : Frédéric Borgnet - Julien Desrosiers - Edo Terglav ; Éric Blais (C) - Arnaud Blanchard - Cédric Boldron (A) ; Cyril Trabichet - Sébastien Rohat.

Remplaçant : Sébastien Muret (G). Absents : Yannick Maillot (retrait de licence), Lionel Orsolini (suspendu), Nicolas Pousset (suspendu), Martin Filip (suspendu), Gary Levêque (genou), Mark Rycroft, Jasmin Gélinas.

Dunkerque

Gardien : Landry Macrez.

Défenseurs : Grégory Dubois (C) - Karl Dewolf ; Ghislain Folcke - Scott Gordon ; Benoît Guillemot - Clément Derepper.

Attaquants : Benjamin N'Guyen - Daniel Saint-Amant (A) - Clément Thomas ; Mathieu Becuwe (A) - Mickaël Bardet - Jean-Charles Charette ; Christophe Eichenholc - Tomas Valko - Arnaud Péan.

Remplaçants : Julien Peyre (G), Benjamin Louf.

 

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