Tours - Grenoble (26 février 2005)

 

Match comptant pour la vingt-neuvième journée de Ligue Magnus.

Les Diables noirs peuvent être fiers de leur parcours à domicile. À part les deux accrocs contre Briançon et Clemont-Ferrand, les coéquipiers de François Gleize ont réussi à faire chuter tous les grands du championnat. Après Amiens, Rouen, Mulhouse, c'est Grenoble qui a subi la furia tourangelle. Dans une patinoire archi-comble, il n'y avait qu'à voir la joie des joueurs de l'ASGT pour comprendre toute la portée du nouvel exploit réalisé.

Il aura fallu vingt-cinq secondes dans la prolongation pour délivrer les 1800 spectateurs. Mais pour arriver à ce fabuleux dénouement, l'ASGT a fait preuve de beaucoup d'abnégation et a su, encore une fois, se dépasser.

Le premier tiers se divise en deux moitiés. La première est à l'avantage des joueurs locaux qui bousculent des Brûleurs de Loup, prudents et bien en place. Radek Stepan est le premier à déclencher les hostilités, sur un slap puissant après trente secondes de jeu, mais Patrick Rolland dévie. Les Grenoblois sont sous pression et la première pénalité du match tombe pour Laurent Meunier (1'04). Lors de la supériorité, les deux attaquants feux follets de Tours, Rob Millar et Éric Perricone, sont tout proches d'ouvrir le score (1'28), juste avant leur compère Jonathan Roy (2'07) qui oblige Rolland à un bel arrêt. En face, Ramon Sopko s'illustre sur la première occasion grenobloise, un lancer de Laurent Meunier, capté sans problème (3'31). Mais l'ASGT a la maîtrise du jeu et Laurent Deschaume est obligé de commettre une nouvelle faute (4'45). Jonathan Roy a bien une chance de scorer mais Rolland veille toujours et, en contre, Pasi Järvinen fait passer un petit frisson dans le dos du public, sur un bon lancer. Et, dans la continuité du jeu, Sopko relance rapidement le palet qui parvient jusqu'à Jonathan Roy, encore énorme ce soir, mais l'attaquant canadien bute sur le portier grenoblois (6'14).

Alors que l'on peut légitimement penser, au vu des occasions du match, que Tours est bien entré dans le match, la force tranquille grenobloise va petit à petit faire la différence. Il faut dire aussi que les Tourangeaux paraissent déjà bien fatigués après cette première débauche d'énergie. Le signal du départ isérois est donné par Nicolas Antonoff, vraiment tout, tout proche de marquer. Il faut un sauvetage chanceux de Sopko pour l'éviter (7'47), et une faute de Rob Millar sanctionnée par l'arbitre. Sur la supériorité numérique, Sopko fait encore étalage de son talent, sur le lancer de Hecquefeuille (8'30), et encore sur un slap puissant du solide Podlaha (9'50). Nul doute que ça commence à chauffer sérieusement pour des Diables noirs. Et sur une nouvelle faute concédée par Philippe Roy (10'46), les Brûleurs de Loups trouvent le chemin des filets, sur un slap de Roger Jönsson. Le palet file entre une forêt de patins et de crosses, Sopko ne peut pas y faire grand-chose (0-1, 11'37). Coup dur et coup de froid dans les travées de la patinoire.

Et Ramon Sopko doit se dire que la soirée risque d'être longue car les assauts grenoblois continuent, notamment un face-à-face avec Josef Podlaha, que le géant isérois perd (12'05). L'ASGT est à la peine face au jeu puissant, très rapide et bien en place de Grenoble. Il faut encore une fois louer le travail défensif de toute l'équipe tourangelle en infériorité numérique (de nouveau une prison de Philippe Roy, à 13'36) et la grande classe de Roman Sopko, rassurant tout le monde.

Vers la fin du tiers, les Diables noirs relèvent un peu la tête : Jan Simko démarre enfin, il s'échappe seul mais un peu déporté sur la gauche de Rolland, son lancer est capté (17'01). Enfin, les Tourangeaux négocient mal un 3 contre 2 (18'05), le tir de Jonathan Roy finissant sous les jambières de Rolland.

Après le repos, les choses sérieuses reprennent très vite et Sopko prouve qu'il est concentré dès qu'il a un patin sur la glace. Il s'interpose de manière magistrale sur une grosse occasion de Jönsson (20'49). Et, comme au début du match, les Tourangeaux se procurent les plus belles occasions ; ils font tout pour revenir au score : Loïc Sadoun, Benoît Paillet, Alon Eizenman, Rob Millar, tous s'y essayent dans les premières minutes, sans succès. Grenoble donne l'impression d'un chat jouant avec une souris, en laissant juste ce qu'il faut à son adversaire pour croire au retour possible.

De temps en temps, une occasion nette, précise, fait pointer du doigt toute la valeur de cette équipe de Grenoble qui n'est pas leader de la Ligue Magnus par hasard. Tommi Hämäläinen est bel et bien là pour alerter Sopko (28'50). Mais chaque adversaire de Tours aura également appris que les Diables noirs, à domicile, ne lâchent rien. Ils s'installent bien dans la zone de Grenoble, et Philippe Roy ajuste parfaitement son tir, exacte réplique du but grenoblois (1-1, 31'15).

Mais, comme contre Clermont-Ferrand, après être revenus au score, un petit manque de concentration va coûter cher aux hommes de Millette. Suite à l'engagement, Grenoble récupère le palet, Laurent Deschaume enrhume littéralement la défense sur une superbe feinte et trompe Sopko pour permettre à son équipe de reprendre l'avantage (1-2, 31'15). Une joie de courte durée donc pour les supporters de Tours.

Loin d'être abattu par ce coup du sort, Tours repart de l'avant et le salut vient à nouveau du défenseur Philippe Roy, qui, à lui seul, remet sur rail son équipe, d'un nouveau slap (2-2, 33'01). Cette fois-ci, le doute s'installe du côté de Grenoble, et il faut un arrêt magistral de Rolland pour empêcher Eizenman de marquer, après un service de Gillings (36'39). Grenoble est pour l'instant sous l'éteignoir mais l'indiscipline tourangelle (2' de pénalité à Perricone, 36'59) lui donne l'occasion de pointer le bout de la palette vers Sopko, par l'intermédiaire de Järvinen (37'50). La fin de ce deuxième tiers, riche en rebondissements, se termine sur une nouvelle faute tourangelle (Gillings, 39'54).

Le dernier tiers est très équilibré, les deux équipes se rendant coup pour coup. Rob Millar et Jonathan Roy dégainent les premiers, et Rolland est un peu à la peine pour conserver sa cage inviolée (41'). En réponse, aussitôt, Grenoble répond avec un bon lancer de Nicolas Antonoff (41'39). L'ASGT aurait pu bénéficier d'occasions lors de deux supériorités numériques concédées par Antonoff et Järvinen, mais les Isérois parviennent à gêner considérablement le système de jeu tourangeau et les locaux ne brillent pas par une mise en place rapide et efficace. C'est au contraire Grenoble qui manque de profiter d'une supériorité numérique (Perricone, 52'04) avec un très gros lancer de Podlaha, capté de la mitaine par Sopko (53'16).

Fatigués, les Diables noirs se replient de plus en plus sur leur zone, laissant la maîtrise du jeu à leurs adversaires, et il faut dire que c'est quasi-miraculeux de ne pas concéder de but sur des actions plus que chaudes. Une nouvelle fois, le courage des joueurs et leur esprit de sacrifice ont raison des attaques adverses, mais au prix d'une débauche d'efforts incroyables. Romain Bachelet, Podlaha (décidément très bon) donnent le tournis à Sopko et à sa défense (57'58) et le salut de l'ASGT ne tient pas à grand-chose, un patin, une crosse, une jambière.

C'est un peu Fort Alamo sur la cage tourangelle. Antonoff puis Yven Sadoun ont presque la victoire au bout de la crosse, mais la défense tourangelle est héroïque, et Sopko, encore une fois, ne craque pas (58'40). L'ASGT tient son match nul, presque un exploit, en tous cas, une nouvelle belle performance dans cette saison 2004-2005. La dernière occasion est encore grenobloise, pour Podlaha (59') mais rien n'y fait.

On se dirige tout droit vers la prolongation de dix minutes. Encore dix longues minutes à tenir pour des organismes tourangeaux bien éprouvés... Mais vingt-cinq secondes suffisent aux Diables pour plier le match au grand soulagement de tout le monde. Le temps que Millette ordonne à son trio magique Millar-Perricone-J.Roy de monter sur la glace. La suite ? Une première occasion pour Rob Millar, puis Éric Perricone gratte le palet le long de la bande, se dégage et sert Jonathan Roy qui ne tremble pas face à Rolland (3-2, 60'25).

L'ASGT continue d'apprendre et marque des points importants dans l'optique des play-offs.

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Commentaires d'après-match (dans La Nouvelle République)

Bob Millette (entraîneur de Tours) : "Un beau cadeau ! Battre le leader, c'est formidable. On ne s'est pas laissé impressionner, même quand on a été mené 1-0. Un beau match, avec mes gars disciplinés, combatifs. Je suis fier d'eux et le public peut l'être aussi. Il y avait du spectacle et du suspense. C'est très encourageant pour le play-off. Alors, Angers ou Morzine ? Angers, c'est physique, c'est un derby, mais Morzine, c'est plus technique... Angers, c'est plus près de Tours. Morzine, c'est plus loin et il faudrait partir deux jours avant."

Kent Gillings (attaquant de Tours) : "J'ai été malade toute la semaine et je suis content d'avoir tenu le choc. Grenoble, c'est toujours très dur au départ. Après avoir égalisé, on a pris confiance et le match s'est équilibré. On était fatigué à la fin. Sopko nous a bien tenu le match. Et, durant la prolongation, on a pris tous les risques."

Philippe Roy (défenseur de Tours) : "C'était mon soir ! J'ai eu de la chance. Sur le premier tir, personne ne m'a attaqué et le palet est passé à travers une forêt de jambes. Sur le deuxième, j'étais derrière la cage de Grenoble et j'en ai profité."

 

Tours - Grenoble 3-2 a.p. (0-1, 2-1, 0-0, 1-0)

Samedi 26 février 2005 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Thibaud Juret et Éric Bouguin.

Pénalités : Tours 14' (6', 6', 2', 0'), Grenoble 10' (4', 2', 4', 0').

Évolution du score :

0-1 à 11'37" : Jönsson assisté de Hämäläinen (sup. num.)

1-1 à 31'01" : P. Roy assisté de Millar et Perricone

1-2 à 31'15" : Deschaume assisté de R. Bachelet et Bonnard

2-2 à 33'01" : P. Roy assisté de Millar et Perricone

3-2 à 60'25" : J. Roy assisté de Perricone et Millar

 

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Radek Stepan - Frantisek Pulscak (A) ; Anton Poznik - Philippe Roy (A) ; Robert Fail.

Attaquants : Rob Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Loïc Sadoun - François Gleize (C) - Jan Simko ; Kent Gillings - Alon Eizenman - Benoît Paillet.

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), Valère Falck. Absents : Jan Supuka, Peter Bohunicky.

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Nicolas Favarin ; Jean-François Bonnard (A) - Martin Millerioux.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Yven Sadoun - Laurent Meunier (C) - Nicolas Antonoff ; Kévin Hecquefeuille - Laurent Deschaume - Romain Bachelet.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Cyril Papa. Absents : Simon Bachelet (commotion et lésion acromio-claviculaire), Benoît Bachelet (fracture du péroné), Christophe Tartari (entorse du genou).

 

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