Tours - Gap (5 février 2005)

 

Match comptant pour la vingt-septième journée de Ligue Magnus.

Les Rapaces de Gap auront plané très exactement 4'35 sur la glace de Tours ; le temps d'apprécier de mener au score juste avant l'égalisation tourangelle par Loïc Sadoun.

Reprenons le fil des événements. Martin Forslund est mis à contribution par le trio d'attaquants Perricone-Roy-Millar dès la mise en jeu. Passée cette chaude alerte, les Rapaces s'enhardissent. Sur leur première incursion en zone offensive adverse, le jeune Gabriel Da Costa gratte un palet le long de la bande, sur la droite de Sopko. Il repique un peu sur la cage, lance et parvient à tromper le portier dans un angle "impossible". Sans doute que Ramon Sopko n'est pas exempt de tout reproche sur ce coup-là puisqu'il ne bouche pas totalement son angle, mais bon, toujours est-il que les Diables noirs sont cueillis à froid (1-0, 1'02). Ils frôlent même la correctionnelle sur une deuxième incursion de Romain Moussier. Seul devant Sopko, poursuivi par un défenseur, il parvient à marquer, mais dans son élan, il embarque tout avec lui, le gardien, le défenseur, la cage... L'arbitre, M. Calamoneri, refuse d'entériner le but alors que le juge de ligne semblait, lui, l'accorder (2'03).

Cette péripétie ne vient pas ternir l'esprit entre les deux équipes et le jeu reprend. L'équipe de Gap écope d'une pénalité pour surnombre (3'20) et l'ASGT ne se fait pas prier pour profiter de l'occasion ainsi offerte. Sur l'installation du jeu de puissance, Alon Eizenman passe le palet à Loïc Sadoun, qui file derrière la cage, repique au premier poteau et glisse le palet au fond des filets pour l'égalisation. Un très joli but qui récompense une fois de plus le travail de ce solide attaquant (1-1, 4'35).

À partir de ce moment-là, le match est à sens unique avec une très grosse domination tourangelle et des Gapençais qui réagissent par à-coups. Un peu plus d'une minute plus tard, Jo Roy corse l'addition sur un service de Rob Millar (2-1, 5'59). La pression tourangelle ne se desserre pas, ce qui pousse les visiteurs à la faute : 2' à Nicolas Ravoire pour charge contre la bande (6'36). Anton Poznik répond présent pour un premier lancer qui passe à côté de la cage de Forslund (7'15), juste avant Rob Millar à deux doigts de marquer, et l'action se termine sur un tir puissant de Philippe Roy, dévié. Gap ne ferme pas le jeu et se procure une belle occasion sur un tir de Vadim Sharifiyanov, dévié juste devant la cage par Patrick Turcotte, et qui oblige Ramon Sopko à un arrêt réflexe spectaculaire (9'14).

Pourtant guère menacée par des Rapaces timorés, l'ASGT bafouille un peu son hockey et commence à prendre des pénalités : Alon Eizenman (11'21) juste après une occasion ratée, Radek Stepan (11'41) obligeant ainsi l'équipe à jouer une double infériorité numérique périlleuse. Mais, là encore, le collectif des Tourangeaux est vraiment bien rôdé. Les joueurs se démènent, Ramon Sopko supplée ces coéquipiers par des arrêts propres et décisifs comme sur cet autre shoot à la bleue dévié (12'14). Et les espaces laissés conviennent parfaitement aux Simko, Millar ou Jonathan Roy. Ce dernier justement intercepte le palet dans sa zone défensive, il s'échappe mais est stoppé illégalement par Nicolas Ravoire, une prison qui rééquilibre un peu les forces en présence (13'26). Après avoir récupéré ses joueurs au complet, l'ASGT installe son jeu de puissance. Poznik lance de nouveau à côté mais le deuxième mouvement tourangeau sera le bond. Jan Simko, qui a retrouvé tout son tonus, perfore la défense gapençaise, il se heurte à Forslund mais ce dernier laisse un rebond exploité par Loïc Sadoun en embuscade (3-1, 14'36). Le break est fait pour Tours et la fin du premier tiers sera assez terne. On retiendra quand même deux belles occasions pour Tours, l'une pour Philippe Roy sur un très beau lancer capté sans rebond par Forslund (17'40), l'autre pour Jan Simko qui sème une fois de plus tous ses poursuivants. Lorsqu'il se présente devant le portier adverse, sa feinte déstabilise bien Forslund mais il ne parvient pas, dans son dernier geste, à lever suffisamment le palet pour tromper le gardien, déjà à terre (19'13).

L'entame du deuxième tiers ressemble beaucoup à la fin du premier, avec un jeu pas très alléchant ; certes, il y a du patinage des deux côtés mais les défenses parviennent souvent à prendre le pas sur les attaquants. À part un tir de Pulscak (26'11), on remarque plus M. Calamoneri qui siffle prison sur prison (quatre en moins de huit minutes dont trois pour Gap). Il faut dire que l'ASGT ne pousse pas non plus à fond et attend que les Rapaces sortent un peu de leur zone, autant dire que le spectacle n'est pas des plus affriolants. La troisième supériorité numérique tourangelle sera néanmoins la bonne. Stepan allume un premier pétard, Forslund repousse et Eizenman est tout près de reprendre (27'44). Et c'est encore le Canadien qui est au rebond sur un tir de Simko dévié par Forslund (4-1, 28'24). Il faut dire que ça faisait un moment que ça tournait autour...

À la mi-match, toujours dans ce faux rythme, Gap tente d'exploiter au mieux les rares miettes laissées par Tours : Moussier oblige Sopko à un arrêt en deux temps (30'32). Mais c'est bien l'ASGT qui contrôle. Alors qu'une pénalité différée est en attente contre Gap, Benoît Paillet s'empare du palet, profite un peu de la confusion qui règne alors avec l'entrée du sixième joueur de Tours, pour adresser un tir ras de glace qui surprend Forslund (5-1, 31'21). Les Gapençais à peine remis, c'est Jonathan Roy qui vient à nouveau s'inviter à la fête pour son doublé, en reprenant un palet repoussé par Forslund sur un tir de Perricone (6-1, 31'46).

L'addition commence à être lourde et le coach de Gap demande un temps mort. On pense alors à un changement de gardien, mais Forslund, vaillamment, retourne dans son but. La réaction des visiteurs n'est pas flagrante. Tours ne lâche plus sa proie et les occasions continuent de s'accumuler pour les attaquants locaux : Simko à bout portant puis Philippe Roy dans la foulée (32'44), un tir de Stepan (33'25), Rob Millar et Jo Roy en deux contre un (34'14), Simko à nouveau (35'41), autant de chances de marquer qui échouent à cause de Forslund, bien présent. Sur la fin de la période, les esprits s'échauffent un peu (Bohunicky pour 2'+2' et Arnaud pour 2' partent se calmer en prison). Andreï Kozyrev s'illustre par un bond lancer, dévié par Sopko (37'37) et la dernière péripétie est une crosse haute concédée par Ravoire (39'15).

Avec une belle avance au score, la suite des événements ne fait guère de doute pour le spectateur averti. Les Diables noirs jouent les coups sans franchement se donner à fond, leurs adversaires attendent le coup de sirène final. Et pourtant, rapidement, Éric Perricone trompe une nouvelle fois le portier gapençais, d'un slap puissant sur la gauche du gardien (7-1, 41'05). Gap a l'occasion d'alléger un peu la note lorsque Radek Stepan part se reposer deux minutes en prison (43'35) mais sur la supériorité numérique les hommes de Henrik Alfredsson ne seront pas franchement tranchants. C'est en toute fin de jeu de puissance qu'ils réussissent toutefois à marquer (7-2, 45'31), dans un contexte un peu particulier puisque le défenseur de l'ASGT, Philippe Roy, apparemment blessé, était resté allongé sur la glace. M. Calamoneri jugeant que ça ne valait pas la peine d'intervenir laissait le jeu se dérouler et le fait est qu'il y a eu un certain moment de flottement dont a su profiter Teddy Da Costa.

Mais les Diables noirs vont montrer à leurs adversaires du jour qu'ils sont bien les maîtres chez eux. Vingt secondes plus tard, après la mise en jeu gagnée par Tours, Alon Eizenman contrôle le palet, lève la tête et sert Jan Simko qui marque comme à la parade le dernier but de Tours (8-2, 45'52). Plus rien ne sera marqué désormais, on peut noter encore quelques actions de part et d'autre notamment un joli deux contre un pour Gap (47'16) mais le tir de Romain Masson passe au-dessus de la cage de Sopko. L'ASGT contrôle totalement la partie, en laissant venir des Rapaces quelque peu refroidis et sans illusions. Benoît Paillet est le dernier à se montrer le plus dangereux par un tir qui finit sa course dans la niche de Forslund (59'20).

À l'issue de la rencontre, on peut dire que la logique a été respectée. L'ASGT n'a jamais été inquietée et a contrôlé de bout en bout la rencontre. Il fallait assurer dans ce match et ne pas retomber dans les travers aperçus lors de rencontre contre Clermont-Ferrand par exemple. Désormais, les Diables noirs peuvent se concentrer sur leurs trois derniers objectifs : deux déplacements à Amiens et Villard, en attendant la réception de Grenoble pour ce qui s'annonce comme LE match de la fin de saison, ici à Tours.

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Commentaires d'après-match (dans La Nouvelle République et Le Dauphiné Libéré)

Bob Millette (entraîneur de Tours) : "Il n'y a pas de petits, ni de grands matchs : il faut jouer pareil. Gap était une équipe de patineurs. Si nous l'avions pris autrement que nous l'avons fait, cela aurait pu nous jouer un tour. On a montré notre supériorité, notre vitesse, notre jeu de passe. Le palet a bien circulé. On a fait le spectacle. Il n'y a pas eu photo. [...] Certains joueurs ont encore à travailler. Parce que pour les play-off, il faudra que tout le monde participe. C'est bien beau de marquer des buts contre Dijon ou Gap, mais cela ne m'intéresse pas. Il n'y a pas de secret. Pourquoi est-ce qu'on en est là aujourd'hui ? Parce qu'à un moment donné, on a eu un Goldman, un Lefrançois pour mettre des boîtes. Dans les jours qui viennent, il va falloir s'engager davantage."

Patrick Turcotte (attaquant de Gap) : "La dernière fois qu'on a joué ici, c'était un peu pareil. Souvent, on les cueille à froid, mais tenir après pendant soixante minutes, c'est difficile. Surtout sur une petite glace qui ne nous réussit pas en général. On n'a pas des gros gabarits, on n'a que des joueurs rapides, qui ont besoin d'espace. Est-ce qu'on venait ici pour faire un résultat ? Si on avait gratté un point, tant mieux. Le but de ce match était de venir chercher beaucoup de vitesse pour notre prochain match contre Clermont. Car c'est le match qui va décider celui qui, normalement, finira douzième. C'est pour ça que ce soir, c'est une déception sans en être une."

Henrik Alfredsson (entraîneur de Gap) : "On a très bien débuté la partie. Ensuite, les choses se sont compliquées, les Tourangeaux ont exploité nos trois premières prisons. Ils ont fait preuve d'un maximum d'efficacité. Le palet allait très vite, ils nous ont poussés à faire des fautes. Tours est vraiment une équipe redoutable. Ils nous ont vraiment impressionnés par leur organisation et leur vitesse. Leur schéma de jeu est bien en place, et chacun sait ce qu'il a à faire et le fait bien. C'est une équipe complète qui posera d'énormes problèmes à ses adversaires pendant les play-offs. [...] On sait toute l'importance que représente le prochain match à Clermont. Ils n'ont pas d'autres alternatives que nous battre. Si on gagne, on comptera quatre points d'avance sur eux, ça serait vraiment l'idéal."

 

Tours - Gap 8-2 (3-1, 3-0, 2-1)

Samedi 5 février 2005 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 1500 spectateurs.

Arbitrage de Thierry Calamoneri assisté de Damien Bliek et Benjamin Gremion.

Pénalités : Tours 18' (4', 10', 4'), Gap 24' (8', 10', 6').

Évolution du score :

0-1 à 01'02" : G. Da Costa

1-1 à 04'35" : Sadoun assisté d'Eizenman et Pulscak (sup. num.)

2-1 à 05'59" : J. Roy assisté de Millar et P. Roy

3-1 à 14'36" : Sadoun assisté de Simko (sup. num.)

4-1 à 28'24" : Eizenman assisté de Simko et Pulscak (double sup. num.)

5-1 à 31'21" : Paillet assisté de Fail et Bohunicky

6-1 à 31'46" : J. Roy assisté de Perricone et Pulscak

7-1 à 41'05" : Perricone assisté de P. Roy et J. Roy (sup. num.)

7-2 à 45'31" : T. Da Costa assisté de Sharifiyanov (sup. num.)

8-2 à 45'52" : Simko assisté d'Eizenman et Sadoun

 

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Anton Poznik - Frantisek Pulscak (A) ; Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Robert Fail.

Attaquants : Rob Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Loïc Sadoun - Benoît Paillet - Jan Simko ; Kent Gillings - Alon Eizenman - Peter Bohunicky ; François Gleize (C).

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), Valère Falck, José Deshais.

Gap

Gardien : Martin Forslund.

Défenseurs : Andreï Kozyrev - Ondrej Mertl ; Jan Lukac (A) - Alexandre Cornaire ; Jean François Cal (A) - Ludovic Garreau.

Attaquants : Teddy Da Costa - Vadim Sharifiyanov - Patrick Turcotte (C) ; Anthony Perez - Nicolas Ravoire - Gabriel Da Costa ; Romain Moussier - Benjamin Arnaud - Romain Masson.

Remplaçants : Olivier Courally (G), Jody Obninsky. Absents : Mickaël Perez, Yann Meyssirel, Sébastien Vidal.

 

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