Tours - Épinal (18 janvier 2005)

 

Match en retard de la vingt-et-unième journée de Ligue Magnus.

Ce match, plusieurs fois repoussé après une demande du club de Tours en raison de la sélection en équipe nationale de Benoît Paillet, intervient trois jours après ce que l'on peut appeler une contre-performance face à Clermont-Ferrand (3-3).

On pouvait légitimement se poser des questions sur la façon dont les Diables noirs allaient gérer la fatigue, les blessures (l'infirmerie se vide peu à peu mais Bohunicky et Simko, présents, sont toujours convalescents) et surtout le système de jeu adverse. On a vu les limites de l'attaque de Tours face à une équipe auvergnate très regroupée et un gardien en état de grâce.

Millette pourra toutefois compter sur le renfort, en défense, de Jan Supuka, de retour de Zvolen, enfin qualifié pour remplacer Marcel Simak, out pour la saison.

Dans quelles dispositions aussi étaient les Dauphins d'Épinal ? Viendraient-ils pour jouer ou tenter le même coup que les Sangliers ? La réponse ne s'est pas fait attendre. Sur la première incursion sérieuse des Diables noirs, Eric Perricone adresse un tir ras de glace sur la gauche du gardien spinalien Stanislav Petrik, pas prévenu que le match avait commencé (0'41"). C'est l'entame idéale pour les Tourangeaux. Sans doute que le fait de ne pas réussir à ouvrir le score contre Clermont avait crispé les attaquants de Millette. Là, c'est chose faite. Et puis, Épinal n'est pas venu pour rester derrière. C'est bien pour le jeu mais on verra plus tard que les Dauphins vont le payer cher.

Pourtant, les Vosgiens auraient pu profiter de ce jeu de puissance "offert" par Gillings (2'+2' pour crosse haute). Mais, ils ne parviendront pas vraiment à se montrer dangereux, sauf sur une combinaison qui oblige Ramon Sopko à effectuer une sortie loin de ses bases en plongeant sur le palet (4'25). Entre temps, les Diables noirs évoluent facilement dans les espaces déjà offerts par leurs adversaires, et Philippe Roy adresse un bon lancer, dévié par le gardien (3'02).

L'ASGT s'impose dans tous les compartiments du jeu. Et elle bénéficie à son tour d'une supériorité numérique (2' à Sejna pour accrocher), qui ne donnera rien malgré des occasions pour Philippe Roy ou encore Rob Millar. Les Tourangeaux, dans leur désir de vouloir se mettre à l'abri rapidement, oublient de défendre, et cela permet aux Spinaliens de sortir rapidement et de contrer. Ils bénéficient ainsi d'un deux contre un fort intéressant mais Robert Fail assure seul, en fermant la porte au porteur du palet. Un geste de grande classe défensive (9'44).

Le jeu est très alerte, le palet circule bien ; Épinal ne trouve de solution qu'en usant et abusant des dégagements interdits pour se donner de l'air. Mais, forcément, le jeu revient dans son camp. Côté spinalien justement, Daniel Goneau se montre le plus dangereux par sa vitesse de patinage ; il parvient à lancer, dans un angle fermé, et Sopko doit s'y reprendre à deux fois pour geler le palet (13'27).

Jusque là, la domination tourangelle est plus territoriale qu'en nombre d'occasions nettes. Anton Poznik, bien servi, lance mais manque le cadre (14'34), Eizenman et Sadoun, très complices, donnent des frayeurs à Petrik, mais le dernier mot revient au portier d'Épinal (15'30). On approche de la fin du premier tiers et c'est le moment que choisissent Peter Bohunicky et Steve Gainey pour s'échanger quelques amabilités. Seul le joueur de Tours sera sanctionné par M. Bocquet (10' pour conduite antisportive, 17'01) mais les deux équipes jouent toujours à égalité. La tension est légèrement montée d'un cran. Gavoille se fait prendre par la patrouille (2' pour faire trébucher, 17'55). Tours installe rapidement son jeu de puissance mais un palet intercepté à la ligne bleue donne l'occasion à Mihail Kozlov de se présenter seul face à Sopko. Ce dernier s'incline pour l'égalisation spinalienne à la surprise générale (1-1, 18'20). Perturbés, les Diables noirs laissent même Goneau en position de lancer, dévié de justesse par le portier de Tours (18'36). Ils finissent quand même ce premier tiers sur une belle occasion fournie par Poznik dont le gros slap oblige Petrik à un arrêt délicat (19').

La reprise du jeu est entièrement à l'avantage des Tourangeaux. Ils vont littéralement faire le siège des buts d'Épinal : gros lancer de Philippe Roy (20'48), arrêt de la mitaine sur une occasion de Jonathan Roy (21'28), double occasion pour Robert Fail dans un rôle nouveau d'attaquant (22'20), fabuleux slap de Poznik qui heurte le montant gauche du but spinalien (22'30), occasions pour Sadoun, Eizenman puis Gillings. Le bateau prend l'eau de toutes parts, mais Petrik parvient, avec talent mais aussi avec un peu de chance parfois, à colmater les brèches.

C'est très dur pour Épinal. Après une autre occasion pour Supuka, qui fête ainsi son retour chez les Diables noirs, Jiri Sevcik part pour deux minutes en prison (24'14). Sur le jeu de puissance, Tours ne se montre pas des plus performants malgré un tir de Pulscak (24'30). Et, paradoxalement, c'est juste après avoir tué cette pénalité que les Dauphins s'inclinent une deuxième fois. Installé derrière la cage, Jonathan Roy attend patiemment que son complice Éric Perricone soit en place. Sa passe est millimétrée, la reprise instantanée (2-1, 26'20).

Evidemment, Épinal réagit, notamment par l'intermédiaire de Sejna (26'47), mais l'ASGT est dans son match. On le sent aux sorties de zone, propres, rapides. Les joueurs se trouvent parfaitement et les vagues déferlent sur Petrik. Une nouvelle faute est commise par Trebaticky, laissant ses coéquipiers gérer une énième infériorité numérique (27'10). Trente secondes après, il ressortira, parce que Loïc Sadoun a dévié victorieusement un gros lancer de Poznik (3-1, 27'40).

Les Dauphins ne présentent pas le visage d'une équipe solidaire. Ils proposent un jeu assez décousu, sans beaucoup de liant. Chacun tire un peu de son côté. Sur une nouvelle infériorité numérique (Ilic, dureté, 28'32), les Dauphins encaissent un quatrième but, œuvre de Philippe Roy, démarqué idéalement par Rob Millar (4-1, 28'50).

Les Vosgiens ont alors cinq petites minutes pour respirer. Tours, fort de ses trois buts d'avance, commence à gérer, et se met même à la faute (Paillet, 2' pour accrocher, 30'57). Le temps pour Trebaticky (29'30) puis Gehin, par deux fois, de réchauffer Sopko qui passe une soirée des plus tranquilles. Et puis Roman Trebaticky, encore lui, écope de 2'+10' pour charge avec la crosse (32'44). L'ASGT ne peut qu'alors tenter d'en profiter. Jonathan Roy est à deux doigts d'y parvenir sur une passe géniale de Millar (33'23), Alon Eizenman retarde un peu trop son lancer en attendant que Petrik fasse le premier geste (34'23).

Mais dans un match à leur main, il est regrettable que l'indiscipline de certains joueurs de Tours vienne noircir le spectacle proposé : Benoît Paillet et Radek Stepan vont successivement sur le banc des pénalités (36'51 et 37'31), obligeant l'équipe à jouer à trois contre cinq. Même dans ce cas de figure, l'abnégation des Diables noirs fait plaisir à voir. Ils contiennent parfaitement les assauts adverses et c'est même Philippe Roy qui parvient à chiper un palet et qui se présente face à Petrik. Son lancer est bloqué difficilement par le gardien entre ses bottes (38'03).

Le troisième tiers est comme le dernier étage de la fusée. La mise en route, préparée juste avant, commence par un but très rapide, après seulement trente-cinq secondes de jeu. Alon Eizenman s'engouffre dans la défense spinalienne. Il parvient jusqu'au gardien, lance et croit avoir marqué. Mais l'arbitre n'a pas sifflé, il n'a pas validé le but. Une certaine confusion s'ensuit, la plupart des joueurs croyant au but ayant arrêté de jouer. Sauf Frantisek Pulscak, le plus prompt à analyser la situation. Il récupère le palet et ce coup-ci le propulse bien au fond des filets de Petrik (5-1, 40'35).

Les Diables noirs s'en donnent à cœur joie, bien aidés il est vrai par des Dauphins très timorés et visiblement peu concernés par la rencontre. Millar, Bohunicky qui revient doucement en forme, Paillet frappent à la porte, sans succès. Le deuxième but encaissé par des Tourangeaux totalement en confiance serait complètement anecdotique si la faute au départ n'avait été commise par Jan Supuka. Le malheureux défenseur remet en jeu Gaétan Gavoille qui part seul en break. Il trompe sans difficulté Sopko, dans le même genre de but que son compère Kozlov un peu avant (5-2, 45'21).

Épinal connaît alors un semblant de mieux avec un nouveau lancer de Goneau (46'44) puis un tir judicieux de Gainey, bien stoppé par un Sopko vigilant (47'02). Mais l'ASGT ne se contente pas d'un demi-succès ce soir. Paillet tente de reprendre un rebond laissé suite à un tir de Bohunicky (47'50), juste avant que Pospisil ne quitte ses camarades de jeu pour deux minutes (48'53). À une seconde de la fin de la supériorité, Anton Poznik se fait une nouvelle fois plaisir sur son slap de la ligne bleue, après un travail remarquable d'Alon Eizenman et de Lolo Sadoun (6-2, 50'52).

Et l'ASGT continue d'attaquer. Il faut dire que désormais les incursions spinaliennes ne se développent que rarement au-delà de la zone neutre. Jonathan Roy va de son petit but (7-2, 52'47), provoquant le changement de gardien pour Épinal. Franck Constantin prend la lourde responsabilité d'assurer les dernières minutes de jeu. Son homologue tourangeau doit quant à lui rester vigilant sur quelques contres développés avec la bienveillance de l'arrière-garde tourangelle. Christophe Ribanelli n'aurait pas dû tenter le diable ; après son occasion manquée (56'19), le contre tourangeau ne pardonne pas. Peter Bohunicky, lancé pleine glace par Robert Fail, ne laisse pas le temps au nouveau gardien de s'échauffer (8-2, 56'36). Double coup dur pour les Dauphins puisque Borislav Ilic se montre coupable d'un mauvais geste sur le but et écope de 2'+10' pour charge contre la tête.

Un peu plus d'une minute plus tard, Eric Perriconne est à la conclusion d'une action menée par Jonathan Roy (9-2, 57'20). Le chrono défile mais le temps ne passe pas assez vite pour des Dauphins littéralement assommés. Ils boivent le calice jusqu'à la lie avec un ultime but de Loïc Sadoun dans les dernières secondes de jeu (10-2, 59'16).

Même si le score peut paraître sévère, il reflète largement la partie, tant la domination des Diables noirs a été totale. Épinal n'a jamais su contrarier son adversaire. En se livrant de manière désordonnée, les Spinaliens se sont exposés au jeu rapide et technique de Tours.

Pour les Tourangeaux, c'est la mise en bouche idéale avant de s'attaquer au dragon rouennais dans ce qui sera sans doute un test majeur pour eux dans la course aux play-offs.

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Commentaires d'après-match (dans La Nouvelle République)

Bob Millette (entraîneur de Tours) : "L'équipe a tourné comme une horloge pendant soixante minutes. Notre victoire à Mulhouse nous a donné un élan qui nous a permis de monter en puissance. Comme un boxeur, nous commençons par analyser les faiblesses de l'adversaire, avant d'appuyer où cela fait mal. L'année 2005 commence très bien. On se rapproche de la première place et nous allons nous déplacer à Rouen en toute confiance."

Rob Millar (attaquant de Tours) : "Si, avec Villard l'an dernier, j'ai dû inscrire 18 ou 19 buts dans la saison, je ne sais plus, aujourd'hui, mon rôle est complètement différent car il y a beaucoup de joueurs à Tours capables de mettre le palet au fond des filets. On a un très bon gardien et j'ai plus confiance en mes équipiers : je peux jouer plus défensif. Tous les autres joueurs pensent comme moi, vous savez. L'important n'est pas de marquer mais de gagner des matchs. Regardez le classement : nous ne sommes pas l'équipe qui a inscrit le plus de buts mais celle qui a le plus de victoires. Elle est là, la différence. Je suis venu à Tours parce que j'estimais que ce club m'offrirait plus d'opportunités de gagner que Villard. Je ne pense pas m'être trompé."

 

Tours - Épinal 10-2 (1-1, 3-0, 6-1)

Mardi 18 janvier 2005 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 1000 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Damien Bliek et Thibaud Juret.

Pénalités : Tours 14' (2', 10', 2', 0'), Épinal 18' (6', 8', 4', 0').

Tirs : Tours 35+5, Épinal 18.

Évolution du score :

1-0 à 00'41" : Perricone assisté de J. Roy et Millar

1-1 à 18'20" : Kozlov assisté d'Ivanov (inf. num.)

2-1 à 26'20" : Perricone assisté de J. Roy et Millar

3-1 à 27'40" : Sadoun assisté de Poznik et Gillings (sup. num.)

4-1 à 28'50" : P. Roy assisté de Millar et J. Roy

5-1 à 40'35" : Pulscak assisté d'Eizenman et Sadoun

5-2 à 45'21" : Gavoille

6-2 à 50'52" : Poznik assisté de Gillings et Sadoun (sup. num.)

7-2 à 52'47" : J. Roy assisté de Perricone et Millar

8-2 à 56'36" : Bohunicky assisté de Fail

9-2 à 57'20" : Perricone assisté de J. Roy et P. Roy (sup. num.)

10-2 à 59'16" : Sadoun assisté d'Eizenman et Gillings

 

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Anton Poznik - Frantisek Pulscak (A) ; Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Robert Fail - Jan Supuka.

Attaquants : Rob Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Loïc Sadoun - François Gleize (C) - Benoît Paillet ; Kent Gillings - Alon Eizenman - Peter Bohunicky.

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), Valère Falck, Jan Simko.

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik puis Franck Constantin à 52'47".

Défenseurs : Robert Pospisil - Milan Sejna ; Radoslav Regenda (A) - Bohuslav Ptacek ; Jiri Sevcik - Borislav Ilic.

Attaquants : Guillaume Chassard - Mihail Kozlov - Maksim Ivanov ; Daniel Goneau - Roman Trebaticky - Steve Gainey ; Frédéric Dehaëne (C) - Gaétan Gavoille - Guillaume Papelier ; Guillaume Géhin.

Absents : Anthony Maurice (raisons professionnelles), Christophe Ribanelli (pied).

 

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