Avangard Omsk - Kärpät Oulu (16 janvier 2005)

 

Finale de la Coupe d'Europe des Champions 2005.

Les jalousies parfois suscitées par les millionnaires de l'Avangard (de toute façon aujourd'hui largués par ceux d'Ak Bars Kazan) se taisent aujourd'hui et la Russie est toute acquise à la cause de son champion national, capable de la faire gagner de nouveau sur la scène européenne. Poussé par les dix mille spectateurs, Omsk met ainsi la pression d'entrée, et Kärpät est contraint à défendre pour laisser passer l'orage. Andreï Kovalenko en particulier a une belle occasion mais son tir en angle fermé longe la ligne de but. Pourtant, après douze minutes de jeu, un tir de la bleue peu appuyé d'Ilkka Mikkola finit inexplicablement sa course dans la cage de Norm Maracle, sans doute en partie masqué. Ce but changement la physionomie de la partie car les Finlandais prennent alors le contrôle du jeu.

Pas pour très longtemps car la première période s'achève prématurément à 18'31". Dans un duel le long de la bande, la crosse de Mika Pyörälä casse le plexiglas décidément très fragile du Palais de Glace de Saint-Pétersbourg. Le jeu reprend avec du hockey de très haute intensité où nul n'épargne ses efforts, même pas Jaromir Jagr qui fait trois séjours en prison. L'Avangard donne tout ce qu'il a pour égaliser, mais se heurte à une défense solide et à un très bon Niklas Bäckström. Le gardien finlandais arrête tous les tirs russes... jusqu'à neuf secondes de la fin. Alors, Jaromir Jagr trouve une bonne passe pour Alekseï Kalyuzhny, dont le tir à quatre mètres du but se loge dans la lucarne la plus proche. Ne nous y trompons pas, si le score est aussi faible à la fin du temps réglementaire (1-1), c'est dû à la qualité des deux gardiens, car les deux équipes ont proposé de bonnes choses offensivement.

Si le match, joué avec passion et talent, était un plaisir à regarder, c'est encore plus vrai de la prolongation. Elle aurait pu basculer en faveur de Kärpät à 71'20" sur un tir de près d'Eero Somervuori, mais l'arbitre siffle trop tôt, pensant le palet gelé par Maracle, alors que le jeune espoir finlandais prend victorieusement le rebond. À quatre contre quatre, le duo Jagr-Sushinsky devient réellement très difficile à arrêter. Ce sont les individualités qui font pencher la balance en faveur de l'Avangard, car les Finlandais ne disposent pas de finisseurs de la qualité de ces deux-là. Malgré la qualité de leur système défensif, les arrières du Kärpät ont ainsi craqué à deux reprises aujourd'hui en essayant de maîtriser le danger adverse. Sur le but égalisateur, Mikkola et Lotvonen s'étaient concentrés sur le marquage de Jagr et avaient oublié Kalyuzhny, et sur le but vainqueur en prolongation, le scénario est similaire. Lasse Kukkonen et Mikko Lehtonen se précipitent tous deux sur Maksim Sushinsky lancé à toute vitesse, mais celui-ci fait une passe au moment juste pour décaler Jaromir Jagr, qui ne manque pas cette occasion.

Ce fut une vraie finale, et les équipes ont donné tout ce qu'elles avaient pour remporter cette Coupe d'Europe nouvelle version. Même s'il y a eu par moments un peu de déchet dans son jeu, il faut voir Jaromir Jagr, toujours supposé avare de ses efforts en certaines circonstances, terminer le match vidé et hagard. Il aurait presque plus de peine à soulever le trophée, pourtant ridiculement petit pour un évènement de cette importance (l'IIHF aurait pu faire plus d'efforts pour marquer le coup), qu'il n'en avait eu à soulever la très lourde Coupe Stanley dans sa jeunesse. Kärpät, le petit club du nord pas aussi suivi médiatiquement que ceux du sud de la Finlande, a représenté dignement la SM-liiga, mais en rivalisant dans l'envie, l'Avangard Omsk, à l'effectif plus fort, a su s'imposer comme le meilleur club d'Europe - et de fait comme le meilleur club du monde cette saison.

Les Russes ont une autre satisfaction, celui que cette victoire ait eu lieu à Saint-Pétersbourg, tuant ainsi le vieux démon des championnats du monde 2000 où la Sbornaïa avait terminé en ces mêmes lieux à une catastrophique onzième place. Après avoir repris la main dans les compétitions de clubs, les Russes se prennent déjà à rêver de faire de même avec leur équipe nationale. Mais ça, c'est une autre histoire.

Étoiles du match : *** Oleg Tverdovsky (Omsk), ** Jaromir Jagr (Omsk), * Niklas Bäckström (Oulu).

 

Commentaires d'après-match (dans Sport-Express et STT-YLE)

Jaromir Jagr (attaquant de l'Avangard) : "C'était un match très difficile. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Une finale est une finale, et en prolongation tout se joue sur un tir réussi, sur une erreur. Heureusement, cette erreur, ce n'est pas nous qui l'avons commise. Je voudrais dédier mon but à Maksim Sushinsky, qui m'a fait une passe idéale. C'est un splendide hockeyeur. Son passage en NHL ne s'est pas bien passé, mais maintenant il prouve constamment qu'il est un vrai champion. Jouer trois fois en quatre jours face à des adversaires de qualité a été difficile, mais nous avons prouvé que l'Avangard est une équipe de caractère."

Oleg Tverdovsky (défenseur de l'Avangard) : "En finale, c'est l'envie de vaincre à tout pris qui compte. Même le talent passe au second plan. Nous savions que les Finlandais se caractérisaient par leur très bonne condition physique et qu'ils lutteraient sur toute la surface de la glace, nous n'avons donc pas été surpris. Nous voulions montrer qu'à l'Avangard il y a des joueurs qui ne tremblent pas au moment décisif. Et malgré notre début de championnat raté, nous avons prouvé à nous-mêmes et à tout le monde qu'il ne faut pas nous écarter trop vite de la course au titre. Toute victoire s'obtient à force d'un travail phénoménal. Je ne me souviens pas avoir déjà été fatigué à ce point après un match. Même après de longs matches de play-offs de Coupe Stanley, il me restait quelques forces. Là, je suis complètement cuit."

Juha Junno (manager général de Kärpät) : "Excellent match. Même les gens de l'IIHF nous ont félicité pour avoir contribué à faire de ce match une si belle conclusion pour la compétition. Je suis fier de mon équipe, qui s'est bien battue contre un adversaire très fort. Je pense que ce tournoi est bien tel quel, avec une formule courte. Cette patinoire a fait ses preuves aux Mondiaux 2000, les matches d'Omsk se sont joués quasiment à guichets fermés, et l'atmosphère était fantastique."

 

Avangard Omsk - Kärpät Oulu 2-1 après prolongation (0-1, 0-0, 1-0, 1-0)

Dimanche 16 janvier 2005 à 16h00 au Palais de Glace de Saint-Pétersbourg. 10002 spectateurs.

Arbitrage de Christer Lärking (SUE) assisté de Pavel Makarov et Konstantin Olenin (RUS).

Pénalités : Omsk 12' (4', 6', 2', 0'), Oulu 28' (4', 8'+10', 4', 2').

Tirs : Omsk 33 (5, 10, 11, 7), Oulu 29 (12, 4, 6, 7).

Évolution du score :

0-1 à 12'16" : Mikkola assisté de Vihukola

1-1 à 51'00" : Kalyuzhny assisté de Jagr et Tverdovsky

2-1 à 74'38" : Jagr assisté de Sushinsky et Nikitin

 

Avangard Omsk (2' pour surnombre)

Gardien : Norm Maracle.

Défenseurs : Aleksandr Guskov - Dmitri Ryabykin ; Oleg Tverdovsky - Alekseï Bondarev ; Yuri Panov - Sergueï Gusev (2') ; Nikita Nikitin.

Attaquants : Maksim Sushinsky - Aleksandr Prokopiev - Dmitri Zatonsky ; Jaromir Jagr (6') - Alekseï Kalyuzhny - Aleksandr Popov ; Andreï Kovalenko - Jaroslav Bednar - Anton Kurianov (2') ; Evgueni Khatseï - Aleksandr Perezhogin - Dmitri Subbotin ; Andreï Nazarov.

Remplaçant : Maksim Sokolov (G).

Kärpät Oulu

Gardien : Niklas Bäckström.

Défenseurs : Mikko Lehtonen - Lasse Kukkonen (4') ; Ari Vallin (2'+10') - Josef Boumedienne (4') ; Ilkka Mikkola - Kimmo Lotvonen ; Oskari Korpikari.

Attaquants : Petr Tenkrat - Sakari Palsola (2') - Jussi Jokinen (2') ; Mika Pyörälä - Jari Viuhkola (2') - Eero Somervuori ; Juha-Pekka Haataja - Pekka Saarenheimo (2') - Viktor Ujcik ; Henrik Juntunen - Toni Sihvonen - Janne Pesonen ; Antti Aarnio.

Remplaçant : Pekka Rinne (G).

 

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