Avangard Omsk - HV71 Jönköping (15 janvier 2005)

 

Match comptant pour la Coupe d'Europe des Champions 2005, groupe B.

L'Avangard Omsk est au grand complet. Les joueurs atteints par des palets jeudi (Sushinsky et Popov) sont rétablis, et le défenseur Ryabykin, remis sur pied mercredi et revenu au jeu jeudi contre Trencin, tient finalement sa place. Son retour a été concluant et n'a pas réveillé de blessure. Face à une équipe motivée et en pleine possession de ses moyens, mettre en face un gardien junior, Magnus Åkerlund, équivaut à l'envoyer au suicide.

C'est pourtant ce que fait Mårts, qui avait décidé par avance de profiter de ce second match pour reposer son portier Stefan Liv, celui qui avait amené HV71 au titre au printemps dernier avec ses quatre blanchissages en finale. Cette légèreté en dit long sur la désinvolture avec laquelle HV71 aborde ce tournoi. La Suède se focalise plus que jamais sur sa chère Elitserien et ne prête pas véritablement attention à ce qui se passe ici. C'est déjà elle qui avait précipité la mort de l'EHL, et il a fallu lui forcer la main pour la faire revenir dans une Coupe d'Europe, alors qu'elle pose toujours des exigences financières élevées qu'il est impossible de garantir si chacun n'y met pas d'abord un peu du sien pour pérenniser une vraie compétition européenne.

Les Suédois clament sur tous les toits que leur championnat est le meilleur d'Europe - et actuellement du monde. Les Russes aussi. La différence, c'est que ceux-ci n'ont qu'une hâte, le prouver sur la glace, une envie d'autant plus forte que cela fait longtemps qu'ils n'ont plus gagné grand-chose sur la scène internationale. Les Suédois, au contraire, ne sont pas du tout pressés de passer des paroles en actes. Cette arrogance, cet habituel dédain, ils vont les payer très cher ce soir.

Ils ne se sont même pas fatigués à analyser leur adversaire, alors que Valeri Belousov a disséqué le jeu des Suédois hier dans une séance théorique spéciale avec ses joueurs. Résultat, l'Avangard joue peut-être son meilleur match de la saison et exprime enfin tout son potentiel, en conservant la même attitude de la première à la dernière minute. HV71 rivalise pendant huit minutes avant de commencer à exploser dans les dernières secondes d'une pénalité contre Larsson pour charge incorrecte. Andreï Kovalenko reprend magnifiquement une belle passe transversale de Bednar. Ensuite, tout s'enchaîne. Les Russes se baladent où ils veulent dans une défense suédoise aux faiblesses criantes. Aleksandr Guskov rajoute un deuxième but en lucarne, avant que Maksim Sushinsky ne débute son festival en débordant par l'extérieur le jeune défenseur Ola Svanberg. Un festival qui se conclut par trois buts et deux assistances, un match de rêve dans sa ville natale, comme il n'en avait plus connu depuis un certain Russie-France du Mondial 2000...

Le pauvre Åkerlund est laissé à son triste sort, le repos de Liv étant sacré en prévision d'une rude semaine en Elitserien. En attendant, c'est le junior qui déguste... Sur le quatrième but de Perezhogin, il est tellement abandonné par ses défenseurs, absents sur les rebonds, qu'il se retrouve hors de position après avoir déjà repoussé plusieurs tirs. C'est encore Sushinsky qui prend son propre rebond pour le sixième but, et il n'y a pas grand-chose à faire sur la déviation de Kurianov sur le septième. Certes, les statistiques des tirs sont équilibrés, mais il est inutile d'accabler Magnus Åkerlund, le "bleu" envoyé inconsidérément à la boucherie, dans cette bérézina de l'équipe championne de Suède.

Car, si l'on recense les vraies occasions, la première à l'actif du club de Jönköping n'intervient qu'après la mi-match, sur un tir de l'enclave de très bonne qualité de Kimmo Peltonen. Les autres lancers que Norm Maracle a eu à arrêter n'étaient pas aussi dangereux.

La victoire étant acquise, l'entraîneur russe Belousov a conseillé à ses joueurs de se ménager et de ne pas se blesser. Mais eux ne sont pas rassasiés et en veulent toujours, déchaînés devant un public enfin nombreux, et qui ne s'est pas déplacé pour rien. Il suffit de voir la façon dont Aleksandr Perezhogin sort de son banc comme un mort de faim pour jouer le sixième homme sur une pénalité différée. Il part à tout berzingue avec un seul objectif, la cage, et il y arrive exactement au moment où le palet lui arrive pour le septième but. Il y en aura neuf en tout, une véritable débâcle.

Les Russes ne se sentent plus de joie et osent la référence ultime en comparant ce score à ceux que réalisaient le grand CSKA lorsqu'il archi-dominait le hockey européen pendant trois décennies. Pour une Suède qui trouve toujours que les adversaires qu'elle serait amenée à rencontrer dans les compétitions européennes ne sont pas assez bien pour elle, se prendre un 9-0 remet les choses à leur place en montrant qu'il ne faut pas prendre les petits pays de haut. Pas conviés à cette Coupe des champions, jouée en comité restreint afin que ce tournoi soit court et puisse s'insérer dans le calendrier sans trop perturber les grands championnats comme l'Elitserien, les petits clubs, eux, auraient apprécié le simple fait d'être en contact avec ce niveau et auraient beaucoup appris d'une telle démonstration. Pas le HV71, qui a évacué ce match en trois lignes sur le site officiel du club, comme une information à cacher au plus vite sous le tapis...

Seul le journal Expressen se fait l'écho de ce résultat en avançant une explication de l'humiliation de HV71 : bien que l'Elitserien soit le championnat le plus technique, elle est en retard au niveau de la rudesse, et les joueurs suédois ne sont pas assez forts physiquement pour utiliser leurs qualités techniques dans une compétition comme celle-ci. Une explication rassurante et pratique, mais un peu insuffisante, en ce sens qu'Omsk est loin d'être une équipe très physique. La preuve est que le joueur du match n'a pas été ce compromis de puissance et de technique qu'est Jagr, mais bel et bien Maksim Sushinsky, qui mesure 1,71 m, peut difficilement prétendre piler des Scandinaves dans les coins, mais est bourré de talent. Si les joueurs russes ont paru plus forts qu'ils ne le sont réellement, c'est peut-être parce qu'ils patinaient plus vite, auquel cas les Suédois feraient bien de se replonger dans leurs livres de physique...

Étoiles du match : *** Maksim Sushinsky (Omsk), ** Norm Maracle (Omsk), * Andreï Kovalenko (Omsk).

 

Commentaire d'après-match (dans Expressen)

Pär Mårts (entraîneur de HV71) : "C'était un peu humiliant. La différence ne devait pas être aussi grande, mais elle l'a été. En comparaison avec les Russes grands et forts, nous étions trop petits et faibles physiquement. Nous avons été capables de tirer au but mais nous n'avions pas assez de force pour aller chercher les rebonds. Omsk était largement meilleur que nous. Les rencontres internationales sont différents d'un match de championnat, il m'est donc difficile de dire ce que l'Avangard pourrait faire en Elitserien. Mais je pense qu'il serait indéniablement un des tout meilleurs."

 

Avangard Omsk - HV71 Jönköping 9-0 (4-0, 2-0, 3-0)

Samedi 15 janvier 2005 à 16h00 au Palais de Glace de Saint-Pétersbourg. 7500 spectateurs.

Arbitrage de Hannu Henriksson (FIN) assisté de Vladislav Kiselev et Konstantin Gordenko (RUS).

Pénalités : Omsk 12' (2', 4', 6'), Jönköping 12' (4', 4', 4').

Tirs : Omsk 32 (10, 13, 9), Jönköping 32 (9, 13, 10).

Évolution du score :

1-0 à 08'08" : Kovalenko assisté de Bednar et Ryabykin (sup. num.)

2-0 à 11'08" : Guskov assisté de Kovalenko

3-0 à 12'28" : Sushinsky assisté de Zatonsky et Prokopiev

4-0 à 18'02" : Perezhogin assisté de Khatseï

5-0 à 29'41" : Sushinsky assisté de Kovalenko (sup. num.)

6-0 à 31'27" : Kurianov assisté de Kovalenko et Perezhogin

7-0 à 53'25" : Perezhogin assisté de Sushinsky et Guskov

8-0 à 55'43" : Sushinsky assisté de Zatonsky et Panov

9-0 à 56'52" : Tverdovsky assisté de Jagr et Sushinsky (sup. num.)

 

Avangard Omsk

Gardien : Norm Maracle (sorti de sa cage de 53'19" à 53'25").

Défenseurs : Aleksandr Guskov - Dmitri Ryabykin ; Oleg Tverdovsky - Alekseï Bondarev (2') ; Yuri Panov - Sergueï Gusev ; Nikita Nikitin.

Attaquants : Maksim Sushinsky (2') - Aleksandr Prokopiev - Dmitri Zatonsky ; Jaromir Jagr (2') - Alekseï Kalyuzhny - Aleksandr Popov ; Andreï Kovalenko - Jaroslav Bednar - Anton Kurianov (2') ; Evgueni Khatseï - Aleksandr Perezhogin (2') - Dmitri Subbotin ; Andreï Nazarov (2').

Remplaçant : Maksim Sokolov (G).

HV71 Jönköping

Gardien : Magnus Åkerlund.

Défenseurs : Anders Eriksson - Simon Skoog ; Per Gustafsson - Fredrik Olausson ; Kimmo Peltonen (4') - Johan Halvardsson ; Ola Svanberg (4') - Niklas Hjalmarsson.

Attaquants : Andreas Karlsson - Matthias Tjärnqvist (2') - Stefan Hellqvist ; Johan Davidsson - Pasi Määttänen - Peter Ekelund ; Stefan Pettersson - Kalle Sahlstedt - Per-Åge Skrøder ; Alexander Larsson (2') - Martin Thornberg.

Remplaçant : Stefan Liv (G).

 

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