Tours - Angers (2 décembre 2004)
Match comptant pour la dix-septième journée de Ligue Magnus.
L'ASGA n'est pas franchement en réussite depuis quelques années, lors de ses venues chez son voisin de Tours. Cette année encore, ce sera le cas et, en plus du score, il y aura la manière. Ce match revêt cette année un caractère supplémentaire avec la retransmission télévisée du match sous les caméras de Sport+, la première du nouvel accord signé par l'AEHF avec la chaîne câblée.
Les premiers à se mettre en action sous les feux de la rampe sont les Tourangeaux, avec Peter Bohunicky qui vient chauffer la mitaine de Figved après quelques secondes de jeu. Le gardien angevin n'a pas franchement le temps de récupérer ses esprits qu'un nouveau déboulé de Simko alerte l'arrière-garde des Ducs. La rapidité du joueur slovaque crée une brèche dans laquelle s'engouffre Robert Millar, pour adresser un lancer en angle fermé qui fait mouche aussitôt (1-0, 0'48"). Une entame de match idéale pour les hommes de Millette.
Angers, apparemment, ne rentre pas dans la rencontre très facilement et deux joueurs se trouvent pénalisés simultanément : Guillaume Rodrigue pour retenir et Michael Irani pour une crosse haute (2'29). Après un bon lancer du défenseur Philippe Roy (2'35), les Diables noirs ne parviennent pas à installer leur jeu de puissance, gâchant ainsi une belle occasion de faire le break rapidement.
Il faut attendre la cinquième minute pour voir enfin la première nette occasion angevine : Tomas Mysicka oblige Ramon Sopko à un arrêt délicat. S'ensuit un joli cafouillage sans conséquence devant la cage du portier tourangeau. Puis c'est Patrice Bellier qui oblige de nouveau Sopko à se mettre en valeur sur un lancer lointain (5'26). Passées ces deux occasions, la machine tourangelle repart de l'avant. Sur un palet envoyé au fond et récupéré par l'attaque tourangelle, Radek Stepan lance une première fois depuis la ligne bleue ; Figved laisse un rebond qui atterrit dans la palette de Millar. Il n'en faut pas plus à l'attaquant pour analyser la situation et lancer ; le geste est précis, et la lucarne de Figved, masqué au départ du tir, est nettoyée proprement (2-0, 6'38).
L'ASGT, qui sent déjà le match lui revenir, décide alors de durcir encore le jeu mais ce n'est pas tout à fait du goût de l'arbitre qui envoie consécutivement Poznik (7'52 pour obstruction) puis Pulscak (9'02 pour retenir) en prison. Évidemment, cette situation est favorable à Angers : Michael Irani teste Sopko, obligé de laisser un rebond (8'45), puis c'est au tour de Radek Hovora de provoquer une chaude alerte sur le but du gardien de Tours, qui se termine en léger brassage (10'52). C'est là la meilleure période des adversaires de Tours qui ne referont plus surface que sporadiquement désormais.
La charge tourangelle est sonnée par Radek Stepan, à la conclusion d'une action des Diables noirs qui ont su profiter d'un mauvais changement de ligne de l'ASGA (11'41), d'autant plus que les Ducs écopent d'une nouvelle pénalité (cinglage de Rousselin). La suite est une longue série d'occasions pour les locaux : Poznik, Gillings qui tente d'y aller seul en profitant des appels de ses coéquipiers, Poznik à nouveau, avec un rebond repris par Eizenman et Philippe Roy concluant cette bonne période par un lancer bien capté (12'45).
Angers subit le jeu et se contente de profiter des quelques fautes laissées par Tours, comme ce palet perdu qui donne à Julien Pihant un breakaway intéressant. Mais le dernier rempart tourangeau ne se laisse pas prendre dans la feinte et s'interpose victorieusement (13'35). Après une pénalité distribuée pour chaque camp (Paillet pour retenir et Pihant pour cinglage, 14'11), l'ASGA se met de nouveau à la faute : Patrice Bellier veut empêcher Alon Eizenman de récupérer un palet dangereux devant le but de Bjennmyr (14'35). À quatre contre trois, les espaces créés sont favorables aux joueurs de Tours. La combinaison entre Alon Eizenman et Kent Gillings est de toute beauté : la passe entre les jambes de l'attaquant canadien mystifie l'arrière-garde angevine, et Gillings, du revers, crucifie Figved pour le 3-0 (15'49).
À voir les réactions d'Angers, on sent déjà la résignation. En face, Tours est sur son petit nuage. Euphoriques, les Diables noirs continuent de patiner et se font plaisir. Bohunicky manque de peu son occasion (17'01), et ce sera Rob Millar, pour son troisième but personnel de la soirée, qui fera frissonner de plaisir les travées de la patinoire (4-0, 17'49).
Robert Millette devant la tournure des événements demande un temps mort pour mettre au point un nouveau schéma tactique. Les consignes semblent claires : avec quatre buts d'avance, ce n'est plus la peine de faire le jeu. À Angers de faire le boulot. Et l'ASGA est une équipe de valeur comme le prouve son parcours et son classement. La combinaison menée par Julien Albert, Simon Lacroix et Tomas Mysicka trouve à la conclusion Claude Devèze, qui profite d'une sortie hasardeuse de Sopko pour réduire le score et redonner un peu d'espoir aux Ducs (4-1 à 18'17). Ce premier tiers de folie se termine sur une ultime occasion tourangelle avec un lancer de Bohunicky, capté parfaitement (18'57).
Au retour des vestiaires, Angers reste sur sa bonne dynamique de la fin de la première période et trouve le chemin des filets quelques secondes après la reprise. Guillaume Rodrigue donne le ton après vingt-six de jeu, et sur la récupération du palet, Jonathan Bellemare trompe Sopko, d'un tir précis (4-2, 20'34). Comme souvent dans ces cas-là, l'équipe qui vient de marquer reprend espoir et son adversaire doute. Robert Fail se laisse aller et écope de deux minutes (21'07 pour retenir la crosse), ce qui donne aux Ducs une occasion unique de revenir encore davantage au score. Les Angevins vont s'y employer : Simon Lacroix puis Patrice Bellier ont chacun leur chance mais l'abnégation des quatre joueurs de Tours parvient à préserver le but de Sopko.
Malgré une occasion pour Aton Poznik puis pour Robert Fail à sa sortie de prison, le jeu est tout à l'avantage d'Angers. Pihant (24'15), Rodrigue, qui oblige Sopko à dévier le palet de la crosse (24'30), et enfin Rousselin laissent de grands espoirs au coach d'Angers sur l'opportunité de son équipe à revenir au score. Mais, une fois de plus, l'ASGT aime ces situations où elle se laisse dominer pour mieux fondre sur sa proie. Et Peter Bohunicky se charge d'appliquer une fois de plus ce schéma pour porter le score à 5-2 et redonner une marge confortable à l'ASGT (25'40). Les Ducs d'Angers, dont le faible espoir de revenir dans le match après les deux buts marqués était encore fragile, prennent de nouveau un coup sur le casque.
Après son but, Peter Bohunicky écope de deux minutes (26'30) ce qui permet à Simon Lacroix de se distinguer à deux reprises sur des lancers lointains et puissants, mais Sopko est en totale confiance). Le portier tourangeau est un peu plus chanceux sur une phase de jeu angevine, où un rebond vicieux du palet donne à Radek Hovora et Claude Devèze une occasion de marquer (28'38).
Et les Diables noirs de dérouler en proposant de nouveau de belles valeurs collectives, dans un jeu rapide et inspiré comme celui proposé par Peter Bohunicky et Jan Simko. Ce dernier conclut victorieusement sur un rebond laissé par Figved (6-2, 28'54). Du coup, le gardien angevin cède sa place sans regret à Frédéric Gilbert. À peine le temps pour lui de s'échauffer, qu'une nouvelle vague noire débarque sur son but. Peter Bohunicky, encore lui, nettoie la lucarne du gardien (7-2, 29'32). Et dire que nous ne sommes seulement qu'à la moitié du match...
Alors, bien évidemment, le sort de la rencontre étant scellé depuis longtemps, on se pose des questions sur la suite des événements. Tours n'a plus à faire le jeu, Angers ne voit pas trop comment se sortir dignement d'une situation bien compromise. Logiquement, Tours ne pousse plus, même en cas de supériorité numérique. Et pourtant, ce sont bien les Diables noirs qui maîtrisent le jeu. Pulscak, Millar par deux fois, P. Roy ou Perricone donnent le tournis à la défense angevine. Angers ne peut suivre le rythme et les défenseurs continuent de commettre des fautes, ce qui n'arrange pas vraiment leurs affaires. Alors qu'on s'apprête à rejoindre les vestiaires pour la deuxième interruption du match, sur une supériorité numérique concédée par Rousselin, le tir d'Anton Poznik est dévié et prend à contre-pied le malheureux gardien d'Angers (8-2, 39'57).
Probablement que l'ambiance dans les vestiaires devait être bien différente et les discours des coachs sensiblement opposés. Toujours est-il qu'Angers revient avec une certaine motivation à l'entame du troisième tiers, mais très vite les Diables noirs prennent de nouveau la situation en main. Le palet circule d'une crosse à l'autre avec de longues passes, en attendant que les Angevins sortent un peu de leur zone. Le chrono défile assez vite, probablement à la grande satisfaction des deux équipes.
Alors qu'il faille ne plus s'attendre à voir grand chose, le match prend une tournure un peu plus virile. Tout commence par la blessure sévère de l'attaquant TGV de Tours, Jan Simko. Dans un contact qui ne semblait pas des plus rugueux, le genou du Slovaque cède. Simko est évacué sur civière (47'53). Ce qui semble agacer les Tourangeaux, c'est que les Angevins ne marquent aucune marque d'affectation pour le joueur qui sort sur une civière, ce qui est plutôt "traditionnel" dans ce genre de situation.
Une certaine tension s'installe alors et les hostilités ne tardent pas. Benoît Paillet se rend coupable d'une vilaine charge au niveau de la tête de Jonathan Bellemare, ce qui provoque une vive réaction du Canadien. Résultat, les deux joueurs prennent 2'+10'. L'abcès une fois percé, le jeu reprend ses droits. Patrik Bärgman, catastrophique défensivement et directement impliqué sur les cinq premiers buts encaissés, s'essaie par deux fois à des lancers sur Sopko, mais à chaque fois le gardien arrête le palet de la mitaine (49'45). Puis Julien Pihant se retrouve seul devant le portier tourangeau mais échoue (50'18) et enfin Sébastien Rousselin lance à son tour mais, comme ses coéquipiers, il trouve un Sopko impérial (52'26).
Dans les cinq dernières minutes, la boîte à baffes revient en force : Pihant et Bärgman d'un côté et Rob Millar de l'autre vont se calmer un peu sur le banc de la prison (55'48). En supériorité numérique, l'ASGT en profite pour mettre un dernier but. Après un premier lancer à côté de la cage d'Éric Perricone, le rebond derrière la balustrade revient dans la crosse de Philippe Roy qui trompe le gardien angevin (9-2, 57'11). Deux ultimes occasions de Bohunicky et de Jonathan Roy ne changeront plus rien à ce match plié depuis longtemps.
Au-delà de la large victoire tourangelle, le coach tourangeau Millette voit d'un mauvais il la nouvelle blessure du joueur emblématique de Tours, Jan Simko, déterminant depuis quelques semaines dans le système offensif de l'ASGT. Il sera indisponible pour plusieurs semaines.
Il n'en reste pas moins que l'ASGT a fait ce soir une véritable démonstration - télévisée - de force et de réalisme, confirmant, une fois encore, son remarquable parcours en Ligue Magnus.
Compte-rendu signé E. O'Grady
Commentaires d'après-match (dans La Nouvelle République)
Bob Millette (entraîneur de Tours) : "Belle démonstration de hockey. Personne n'a joué individuellement, tout le monde a touché le palet. Les gars méritent cette victoire amplement. Le côté négatif est qu'on sort avec deux blessés, ce soir. C'est dur mais il fallait gagner chez nous, montrer qu'on est leader, et on l'a fait d'une belle manière. Pour nous, pour nos sponsors, pour marquer le coup en deuxième phase, pour notre public, c'était très important de faire un spectacle comme ça. C'était pas évident avec la télé, le derby, mais quand j'ai vu les yeux de mes joueurs ce soir, j'ai compris que je n'avais rien à dire, qu'ils étaient prêts."
François Dusseau (entraîneur d'Angers) : "Ce soir on n'a vu qu'une équipe. On a vu Tours, c'est tout. Nous, on ne nous a pas vus. Je crois que c'est la différence qu'il y a entre Tours qui est premier et nous qui sommes sixièmes. On n'est pas dans une bonne phase, et puis en plus, ce soir, on n'a pas écouté. À partir de ce moment-là, on a couru partout et nulle part, on a fait n'importe quoi. On est tombé sur une équipe de Tours qui était motivée. On revient bien dans le deuxième, on a des occasions. Notre gardien fait deux gros arrêts, et puis là on fait une erreur encore, 5-2, 6-2, 7-2... Après, c'est parti. C'est terminé. On ne pensait pas prendre une fessée comme ça. Maintenant, ça fait partie du sport. Il va falloir se remettre au boulot pour finir l'année en prenant encore quelques points."
Tours - Angers 9-2 (4-1, 4-1, 1-0)
Jeudi 2 décembre 2004 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 1600 spectateurs.
Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Laurent Antunes et Thibaud Juret.
Pénalités : Tours 24' (6', 4', 4'+10'), Angers 32' (10', 6', 6'+10').
Évolution du score :
1-0 à 00'48" : Millar assisté de Simko
2-0 à 06'38" : Millar assisté de Stepan
3-0 à 15'49" : Gillings assisté d'Eizenman et P. Roy (sup. num.)
4-0 à 17'49" : Millar assisté de Simko et P. Roy
4-1 à 18'17" : Devèze
4-2 à 20'32" : Bellemare assisté de S. Lacroix
5-2 à 25'40" : Perricone assisté de Bohunicky
6-2 à 28'54" : Bohunicky assisté de Perricone
7-2 à 29'32" : Bohunicky assisté de Poznik et Perricone
8-2 à 39'57" : Poznik assisté de Gillings et Sadoun (sup. num.)
9-2 à 57'11" : P. Roy assisté de Perricone et Bohunicky
Tours
Gardien : Ramon Sopko.
Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Anton Poznik - Frantiek Pulscak (A) ; Robert Fail.
Attaquants : Jan Simko - Jonathan Roy - Rob Millar ; Peter Bohunicky - Benoît Paillet - Éric Perricone ; Kent Gillings - Alon Eizenman - François Gleize (C) ou Loïc Sadoun.
Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), Valère Falck. Absent : Marcel Simak.
Angers
Gardien : Julien Figved puis Frédéric Gilbert à 28'54".
Défenseurs : Simon Lacroix - Michael Irani ; Sébastien Rousselin - Patrik Bärgman ; Patrice Bellier.
Attaquants : Guillaume Rodrigue - Jonathan Bellemare - Martin Lacroix ; Claude Devèze (C) - Radek Hovora - Benjamin Mocquard ; Tomas Mysicka - Michal Piotrowski - Julien Pihant ; Julien Albert.
Remplaçant : Benjamin Tijou.