Grenoble - Amiens (9 octobre 2004)

 

Match comptant pour la septième journée de la Ligue Magnus.

Encore un sommet à Pôle Sud et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit tout simplement de l'affiche de la finale du Super 16 2003-04. Un match forcément placé sous le signe de la revanche du côté des Grenoblois qui n'ont toujours pas digéré les deux défaites encaissées en finale après avoir dominé la saison régulière. Mais la revanche attendue ne se situe pas seulement par rapport à la saison dernière. Car les prestations grenobloises à domicile cette saison ont été loin d'être convaincantes à l'image du gros échec vécu il y a une semaine face à Rouen. Depuis, Gérald Guennelon a changé ses lignes, les Brûleurs ont relevé la tête à Dijon mardi, mais une confirmation à domicile parait indispensable. Du côté amiénois, les performances très mitigées face à des adversaires de second rang soulèvent beaucoup de questions sur le potentiel du cru 2004-05. Premier gros test de la saison donc pour le champion sortant, privé de trois joueurs majeurs (Guillaume Karrer, Brice Chauvel et Julian Marcos).

Contrairement au match de la semaine précédente face à Rouen, celui-ci débutait à cent à l'heure. Oublié le long round d'observation, les Brûleurs de Loups avaient cette fois décidé de prendre le jeu à leur compte dès le coup d'envoi. Agressifs et déterminés, les Grenoblois semblaient animés d'un tout autre état d'esprit. La défense picarde souffrait et avait bien du mal à desserrer l'étau isérois. Mais il suffit parfois d'un moment d'inattention pour se faire piéger : c'est ce qui se produisit sur un contre mené tambour battant par Élie Marcos. À la conclusion se trouvait Richard Aimonetto seul devant la cage, profitant d'un moment de flottement entre Rolland et ses défenseurs pour loger le palet au fond des filets (0-1, 03'23"). Une ouverture du score des champions en titre contre le cours du jeu qui aurait pu faire douter les locaux. Mais les Brûleurs semblaient tellement sûrs de leur fait qu'ils repartirent à l'assaut des cages de Mindjimba comme si de rien n'était. Et leur pressing continu depuis le début de la rencontre finissait par payer grâce à la ligne des "jeunes" : gros travail d'Hecquefeuille et Tartari derrière la cage amiénoise, ce dernier trouvant en retrait Nicolas Antonoff démarqué devant le slot. Le revenant grenoblois, reconverti au centre, plaçait le palet dans la lucarne de Mindjimba (1-1, 06'48"). Remis à flot au score, les Brûleurs de Loups repartaient de plus belle et mettaient au supplice une défense amiénoise dépassée à l'image de Timo Willman et de Mathieu Jestin, contraints tour à tour à la faute. Sur la deuxième supériorité numérique, Antonoff héritait une nouvelle fois devant le slot d'un palet grappillé par Bonnard et le glissait hors de portée de Mindjimba (2-1, 11'43"). Belle réussite pour le jeune espoir tricolore qui signe ainsi un retour tonitruant sur les glaces de l'hexagone après une longue blessure.

Après avoir remis les pendules à l'heure lors de la période initiale, les Grenoblois étaient bien décidé à poursuivre sur leur lancée. Les trois blocs grenoblois, bien plus homogènes que ceux alignés la semaine dernière, étaient au diapason et ne laissaient pas les Gothiques sortir de leur zone. C'est donc logiquement que les hommes de Gérald Guennelon prenaient un peu plus le large au tableau d'affichage. Nicolas Antonoff passait tout près d'un hat-trick mais c'est cette fois Petri Lehtonen qui dépoussiérait de près la lucarne de Mindjimba (3-1, 24'42"). On attendait une réaction amiénoise mais celle-ci ne vint pas. Les Amiénois se montraient fébriles et empruntés, incapables de construire le moindre mouvement d'envergure, et ils s'en remettaient à des contres bien enrayés par une défense grenobloise en net progrès. Patrick Rolland s'ennuyait ferme tandis que son vis-à-vis devait colmater les brèches qui s'ouvraient de toute part. Et encore une fois le principal danger vint de cette ligne Tartari-Antonoff-Hecquefeuille omniprésente ce soir. Les trois larrons prenaient de vitesse la paire Jestin-Perez et le décalage d'Antonoff dans le tempo trouvait Christophe Tartari qui concluait une action très bien menée (4-1, 31'47"). La défaite amiénoise qui se profilait prenait des airs de déroute lorsque Petri Lehtonen ajoutait un but supplémentaire en reprenant un rebond consécutif à un tir de Roger Jönsson (5-1, 36'57"). Le calvaire amiénois s'arrêtait prématurément avec la deuxième période en raison d'une blessure de l'arbitre principal Jimmy Bergamelli.

Les acteurs de ce match revenaient donc pour un peu plus de vingt minutes. Comme on pouvait s'y attendre vu l'ampleur du score, Guennelon décidait de faire entrer sa quatrième ligne et l'intensité du jeu grenoblois baissait sensiblement d'un cran. Les Brûleurs, sans doute aussi émoussés après tant d'efforts produits au cours des quarante première minutes, se contentaient de contrôler la rencontre mais se faisaient surprendre en infériorité numérique par un slap de la bleue de Denis Perez dont la trajectoire surprenait un Rolland engourdi. Maigre consolation pour le vétéran défenseur amiénois qu'on a connu bien plus en forme au mois d'avril (il a été sur la glace lors de quatre buts grenoblois ce soir) et qui écopait d'une pénalité dans les dernières minutes. Amiens se procure malgré tout les meilleures occasions en cette fin de match, mais fait preuve de beaucoup d'approximation à l'image de cette cage grande ouverte manquée par François Rozenthal qu'on a connu plus efficace. Patrick Rolland doit tout de même s'employer dans les derniers instants pour conserver un écart reflétant au minimum la physionomie de la rencontre.

Les champions sortants voulaient un test de grande envergure, ils en ont eu un. Et ils ont pu mesurer tout le chemin qu'il leur reste à parcourir s'ils veulent retrouver le niveau qui était le leur il y a seulement six mois. Avec l'échéance rapprochée de la Coupe continentale, le retour des absents fera certes du bien mais ne suffira sans doute pas, car c'est aussi sur l'envie et la vitesse d'exécution que les Gothiques ont été battus ce soir. Le monde à l'envers. Et un sacré contraste côté grenoblois avec ce qui a été produit sur cette même glace il y a seulement une semaine : les nouvelles lignes sont bien plus percutantes avec en point d'orgue cette troisième ligne énergique emmenée par un Antonoff retrouvé. Mais plus que le résultat, c'est la manière qui a séduit un public passablement frustré par l'inconsistance du jeu grenoblois à Pôle Sud jusqu'à présent. Ce soir les joueurs de Guennelon ont été volontaires, plus collectifs et rigoureux défensivement. Avec un tel état d'esprit, les Brûleurs de Loups ont peut-être trouvé le match-référence qui leur manquait et enfin lancé leur saison sur de nouvelles bases. Un redressement à confirmer dès samedi prochain lors du derby à Villard-de-Lans.

Désignés meilleurs joueurs du match : Richard Aimonetto (Amiens) et Nicolas Antonoff (Grenoble).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Amiens 5-2 (2-1, 3-0, 0-1)

Samedi 9 octobre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3347 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Damien Velay et Guillaume Gielly.

Pénalités : Grenoble 4' (0', 0', 4'), Amiens 12' (4', 2', 6').

Évolution du score :

0-1 à 03'23" : Aimonetto assisté de E. Marcos

1-1 à 06'48" : Antonoff assisté de Tartari et Hecquefeuille

2-1 à 11'43" : Antonoff assisté de Bonnard (sup. num.)

3-1 à 24'42" : Lehtonen assisté de Jönsson

4-1 à 31'47" : Tartari assisté de Antonoff et Hecquefeuille

5-1 à 36'57" : Lehtonen assisté de Jönsson

5-2 à 51'09" : Perez assisté de Gras et L. Chauvel (inf. num.)

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Nicolas Favarin ; Martin Millerioux.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Yven Sadoun - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Christophe Tartari - Nicolas Antonoff - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa - Laurent Deschaume - Romain Bachelet.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Timo Bayon.

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Vincent Bachet - David Hennebert ; Denis Perez - Mathieu Jestin ; Timo Willman - Benjamin Dieu de Fauvel.

Attaquants : Jonathan Zwikel - Anthony Mortas (A) - François Rozenthal ; Luc Chauvel (C) - Laurent Gras (A) - Julien Lefranc ; Élie Marcos - Richard Aimonetto - Simon Petit ; Lionel Wiotte.

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G). Absents : Guillaume Karrer (blessé), Brice Chauvel (pubalgie), Julian Marcos (suspendu).

 

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